Au sud du bloc de verre central s'étend la bien nommée aile sud. Comme le reste de la villa, elle scintille de mille feux sous les rayons obliques du soleil. Ecrin de verre sur trois étages, elle est la symétrie parfaite de sa jumelle, l'aile nord. A elles deux, elles forment deux grands bras qui encadrent terrasse et piscine, tout en s'avançant vers la mer, l'océan en contre-bas. On y accède par le bâtiment central, ou simplement par l'extérieur via l'une des baie vitrée qui s'alignent à proximité de la piscine. Depuis les terrasses qui longent tout le bâtiment vous surplomberez d'un côté l'immensité de l'océan, et de l'autre les favelas, pour vous rappeler d'où vous venez, et où vous retournerez rapidement. Alors n'oubliez pas d'en profiter, les bonnes choses n'ont qu'un temps.
C'est la première chose que vous voyez après avoir émergé du jardin botanique. Passé les grandes grilles en fer forgé aux pointes dorées à la feuille d'or, c'est ce cube de verre qui attire votre attention. Au milieu de toute cette végétation luxuriante, il tranche, il dénote, tout en se fondant incroyablement dans les nuances de bleu que composent le ciel et la mer qui se rejoignent, en arrière plan. A flan de falaise, elle s'élève sur piloti sur le devant pour rattraper l'arrière au sommet. De part et d'autre, les ailes du bâtiment semblent s'étendre à perte de vue, et peut être est-ce le cas ? Pour le savoir, il vous faudra entrer ici, passer cette porte, cette imposante porte couleur bronze, dont les poignées en forme de pions vous invite à entrer. Grimpez la pluie de marches de marbre, et pénétrez dans le sanctuaire des pièces maîtresses. Ici tout est luxe calme et volupté... mais pour une durée limitée, très limitée.
Soeur jumelle de l'aile Sud, l'aile Nord est le deuxième bras aimant de la villa, encadrant piscine et terrasses, s'avançant vers l'océan depuis ses trois étages. Toute de verre, l'aile Nord est une fenêtre ouverte sur la nature environnante. Mer, soleil, végétation, favelas, chaque coin offre un point de vue unique sur la vaste propriété cernée de grilles hautes. Et à vos pieds, sous vos semelles, le reste du monde, le reste de votre monde restreint par nos soins. Bravo, vous êtes au sommet, la vue est splendide, n'est-ce pas ? Ouvrez les yeux, mémorisez bien tout ce que vous voyez, car bientôt, vous serez de l'autre côté, derrière ces grilles qui vous empêchent d'entrer. Et n'essayez pas d'escalader ou d'entrer de force, Ezequiel rôde. Vous ne le voyez pas, et c'est aussi bien comme ça. Lorsque votre regard se pose enfin sur lui, il est en général trop tard.
Encerclant toute la villa, formant un écrin végétal de calme et de luxe, la propriété s'étend sur plusieurs kilomètres carrés. Au sommet de la falaise, bien évidemment, vous trouverez la villa et sa piscine gigantesque, asymétrique, tortueuse, formée de plusieurs bassins jamais au même niveau. Et entre les différents bassin, outre les arbustes et autres plantes, des marches, menant d'un bassin à un autre, d'une terrasse à une autre, puis aboutissant au jardin en lui même. Vaste étendue verdoyante en pente douce, menant sur la droite à un nouveau plateau où, un peu excentré, vous trouverez un cour de tennis. Une autre pente douce vous mènera à l'improbable et inespéré terrain de golf. Tandis que si vous continuez tout droit, jusqu'au bord de la falaise, vous trouverez une succession de marches taillées à même la roche, menant à la plage privée une centaine de mètres plus bas. Enfin ça, c'est pour les plus courageux, sinon vous pouvez toujours emprunter l'ascenseur menant à la suite de fous, celle-ci donnant directement sur le sable blanc où aucun pions n'est admis. Alors, heureux ?
Véritable havre de paix à deux pas du tumulte, le jardin botanique est la plus grande fierté de la Production. Plus de 6000 espèces végétales bourgeonnent, éclosent, se déploient, resplendissent et se fanent dans ce lieu accessible à tous, pions comme roi. Reproduction miniature du grand jardin botanique de Rio, celui de Prima Luce ne démérite pas. Un hectare, c'est la superficie totale mise à votre disposition. De quoi s'y perdre, c'est vrai, d'autant que les caméras s'y font très discrètes pour ne pas déranger la faune locale. Oiseaux de paradis, poules d'eau, écureuils, papillons, et parfois même des toucans s'y promènent et volètent en toute liberté, eux, entre les étangs, les fleurs de lotus, les orchidées, ou encore les allées bordées de palmiers impériaux. C'est un portique de 1800 sépare la favela de ce paradis terrestre, tandis qu'à l'opposé, vous trouverez le grand portail en fer forgé qui mène à la villa, car oui, c'est en ces lieux que se situe l'entrée du saint des saints. Mais pas seulement, car c'est aussi ici, au centre du jardin, que vous trouverez le plateau où seront tournés tous les primes de l'émission. Un lieu incontournable, donc.
C'est dans cette baraque de prime abord peu attrayante, que vous trouverez les fameux casiers où vous serez invités à stocker toute votre vie. C'est sous le toit en taule et les murs d'un beige défraichi, très défraichi, que vous trouverez, sagement alignés, les casiers. Individuel, portant votre prénom et fermant par un cadenas, c'est là, derrière sa porte en acier blanc rouillé, que vous rangerez vos effets personnels. Journal de bord, clichés accumulés depuis le début de l'émission, souvenirs concrets, mais aussi des effets personnels réchappés de votre vie d'avant, la photo de vos parents, votre Ipod et son incomparable playlist, etc... Ceci dit, les casiers, à l'image de ceux des collèges américains, possèdent des fentes sur le haut de la porte, permettant d'y glisser post-it, lettres, billets doux, ou autres petits messages aptes à s'y faufiler. Le bâtiment se trouve à l'orée du jardin botanique, accessible par tous, que vous soyez pion ou pièce maîtresse. L'endroit semble seul et désolé d'extérieur, mais comme tout, ici, le délabré s'avère cosy, et à l'intérieur de la baraque, outre les casiers hors d'âge, on trouve des banquettes confortables, des lustres imitations Louis XV pendent du plafond donnant un certain charme aux lieux, et sur chaque casier, un prénom, un cadenas, et une clef, la votre. Ne la laissez pas trainer.
the scrapbook Mer 13 Mar - 15:46 Mads 82 SUJETS ★ 282 MESSAGES
C'est dans cette baraque plus vaste que toutes les autres, que se réunissent, traditionnellement, les favelados dès qu'ils en ont l'occasion. Il faut dire que l'espace est une denrée rare, ici bas, alors lorsque les murs se trouvent repoussés pour offrir une surface décente, les habitants s'y ruent pour en profiter, créant, par la même occasion, une vie communautaire unique au monde. Sur une même place, sur un même plateau entre deux ascensions d'escaliers, on trouve ce lieu de vie collectif, comprenant le réfectoire au rez-de-chaussée, le salon à l'étage, et l'incroyable terrasse surplombant et embrassant un panorama unique au monde. D'extérieur assez brut avec son revêtement à la chaux qui s'effrite par plaques entières, et ses fresques murales typiques des favelas, ils vous suffira d'entrer en ces lieux pour goûter à la chaleur et à la convivialité du Brésil.
Une baraque comme une autre, faisant face à la maison communautaire. Une baraque qu'on pourrait confondre avec toute les autres si sur son mur principal en lettres multicolores et stylisées on ne lisait "lavanderia automática". C'est ici que les favelados s'en vont laver leurs linges, à peu près une fois par semaine, parfois moins, rarement plus. Parce que si l'eau est un luxe, l'électricité l'est encore plus. D'ailleurs, la laverie en elle-même, est loin du confort de celles des grandes villes. Des machines dépareillées s'alignent contre un mur. Au nombre de cinq, elles sont grosses, vétustes, et font un boucan à réveiller les morts. En face, une salle d'attente improvisée contre le mur, des chaises en bois et à la rare paille, peintes en diverses couleurs, un banc de jardin en plastique, et une table piquée on ne sait où. Les murs ont été retapissés de vieilles affiches de films des années 50 et 60 faisant office de cache-misère. Pas de sèche-linges, mais contre le mur du fond, une étrange machine ressemblant à une fontaine à eau, sauf que ce qu'elle crache, elle, c'est de la lessive en échange de quelques Réals, 2,5 RBZ très exactement. Chaque dose vous en coûtera, alors veillez à ne pas renverser le verre doseur, la maison ne rembourse pas les maladresses.
Après une nouvelle série de marches interminable en quittant la maison communautaire, vous trouverez cette toute petite place à l'ombre des palmiers qui ont poussé d'eux-même aux quatre coins. C'est sur cette placette que l'on trouve, ou trouvait, les échoppes de produits et services de la favela. Comme ce vieux salon de coiffure dont la vitrine affiche toujours les lettrines blanchâtres du Barbier, et dont le matériel, bien que récupéré de partout et surtout d'un autre temps, peut encore faire ses preuves. Un mur entier composé de deux miroirs et d'étagères basses sur lesquelles se trouvent entassés sèche-cheveux, peignes, laques, et devant lesquelles on trouve les fauteuils à casque, imposant, avec repose-pied et cuir usé sous les fesses. L'un est turquoise au cuir beige, l'autre est rose, au cuir imitation zèbre. Classe, n'est-ce pas ? Devant la vitrine, des chaises et quelques casques mobiles, et en face, deux bacs avec fauteuils en léopard, pour le lavage des cheveux. Et des christ en croix, partout, tout le temps. En face du salon, le tabac. Une simple échoppe de quelques mètres carrés qui fleure bon la havane. Sur le mur du fond, un échiquier peint, et sur chaque case, le visage d'un candidat. Tous, ils sont tous représentés là, sur les noires et les blanches, rappelant que, finalement, vous êtes tous des pions dans le jeu du Grand Maître. Ici le cigare est roi, en ces lieux, mais il n'est pas gratuit, tout comme le paquet de cigarettes que vous tenez entre vos mains. Certes, il n'y a plus de vendeur pour vous conseiller et vous encaisser, mais les caméras ne rateront rien de vos prises de guerre, qui seront soustrait à votre budget hebdomadaire. Dans cet écrin tout en bois, servez-vous, cigarettes de toutes marques, cigares et cigarillos sont à disposition, mais n'abusez pas, ça coûte cher. Et en sortant, allez vous prélasser sur la placette où les favelados ont entassé tout un tas de mobilier de jardin, bancs, chaises, chaises-longues, dépareillés, évidemment, mais confortable. Et à l'ombre d'un palmier, un échiquier avec ses pions en pierre polie. Il était déjà là, la Production a trouvé le symbole amusant, et l'y a laissé.
Une nouvelle série de marches plus loin, en zigzag, les marches, hein, sinon c'est moins drôle, coincée entre deux baraques de deux étages, cette improbable église qui semble totalement hors-contexte dans cette favela où tout n'est que précarité et assemblages de bric et de broc. Ce lieu de culte est, quant à lui, majestueux, solide, installé là pour des années, des décennies, des siècles peut être. Il est là pour durer. Sa façade blanche réfléchissant le soleil, son toit crénelé, sa porte gigantesque en bois sculpté, tout en impose, malgré la peinture murale qui s'écaille légèrement et les quelques carreaux manquant. A l'intérieur, tout n'est que plafond peint et icônes dorées. Les murs sont blancs, et nus, et les bancs en bois simple s'alignent discrètement, mais en face de vous se trouve un Christ en croix de toute beauté. Niché dans une alcôve dorée, il impose son air de martyr au désespoir, tandis que de chaque côté, rangés en angles, deux autres alcôves abritent une vierge à l'enfant, et une pieta. L'autel, drapé de velours rouge, accueille un autre crucifix en or, un des rares trésor de la favela, et au plafond, entre les moulures, des scènes peintes représentant des passages de la Bible. L'Amérique latine a beau être très pauvre, elle est également très pieuse. Et en voici un exemple concret.
Les favelas sont connues pour leurs escaliers labyrinthiques qui se perdent dans les méandres des ruelles en pente. Notre favela confirme la règle, sauf qu'ici la particularité est qu'elle se trouve scindée en deux par un escalier droit menant de la place du jardin botanique, tout en haut, jusqu'à la route qui sépare la favela de la plage. C'est ainsi que l'on se retrouve avec deux quartiers de favela, l'un à droite de l'escalier monumental, l'autre à gauche. En tout c'est 449 marches raides dont l'ascension se trouve rythmée par les paliers menant à divers degrés des favelas, à gauche et à droite. Les rampes en acier sont branlantes mais relativement solide, pas assez, toutefois, pour supporter les glissades de votre postérieur. Si vous souhaitez descendre sans avoir à fournir le moindre effort, nous vous conseillons le funiculaire. A l'ancienne, en bois vert et jaune, avec ses bancs inconfortables et son petit look "haute savoie", il suit le trajet de l'escalier, le longeant lentement. C'est sur la place du jardin botanique qu'on y monte depuis le quai rudimentaire, ou depuis la place en bas des favelas. Composé de 3 cabines, chaque "train" peut remonter une vingtaine de personnes scindé en groupe de cinq ou six. Tout est automatisé depuis l'extérieur, donc pas de chauffeur, mais un funiculaire qui grimpe à deux à l'heure, et qui, parfois, connait quelques pannes...
En descendant de quelques degrés supplémentaires vous aboutirez dans un labyrinthe encore plus sinueux qu'en amont. Les ruelles sont tellement étroites et les escaliers tellement multiples que vous ne savez jamais réellement si vous êtes sur la voie "publique" ou sur le point de rentrer chez quelqu'un. Car c'est bien de cela qu'il est question ici, chaque cabane appartenant à un binôme. L'espace n'est plus de mise, et les baraques sont de tailles très réduites et aléatoires, certaines plus vastes que d'autres. A peine de quoi dormir et se laver sommairement. Toutefois, dans ce maelstrom d'habitations, on trouve aussi quelques espaces plus vastes, comme le baraquement des douches, ou encore celui des vestiaires. Mais pour le reste, tout n'est que marches montant ou descendant vers des cabanes colorées et cosy. Sur les marches, des pots de fleurs égayent les passages, les habillent, créant un espace intérieur à l'extérieur. Car ici, la vie se passe dehors, et ce n'est qu'une fois la nuit tombée et bien avancée, que chacun rejoint ses quartiers...
Cette baraque de deux étages annonce rapidement la couleur. A l'entrée de la favela de droite, au milieu de dizaine d'autres baraquement typique, se trouve cette cabane dont la porte en bois n'a rien d'engageant, pas plus que la fenêtre occultée par un lourd et épais rideau ne laissant rien entrevoir de ce qui se passe à l'intérieur. Normal, vous voici devant la cabane du bookmaker. Entrez, mais... veillez a informer quelqu'un d'où vous vous rendez au préalable, on ne sait jamais. Car c'est le QG d'Ezequiel. Qui ? Mais si, vous savez, ce Fondateur qui ne parle que rarement, et dont le regard vous paralyse. Alors entrez, pénétrez dans son antre sombre au parquet qui grince. Il n'y a rien à voir, juste quelques chaises pour patienter, un escalier qui mène à l'étage supérieur, et dans le fond, dans l'ombre, un comptoir grillagé derrière lequel vous pourrez éventuellement deviner le fondateur. Mais pour cela, il vous faudra sonner la cloche qui trône sur le comptoir comme dans les grands hôtels. Un coup de clochette, et Ezequiel vous apparaît. Oserez-vous ? Un conseil, si vous ne faite que passer pour vous rendre au buzzer, passez vite et discrètement. C'est plus sage.
Au fond d'une ruelle étroite, vous trouverez cet espace grillagé dont la porte -elle aussi grillagée, ferme mal et grince à chaque ouverture. C'est là que les gosses du quartier se retrouvent, ou se retrouvaient pour taper la balle. Parce que oui, le sport numéro un au Brésil, c'est quand même le foot, et le nombre d'étoiles alignées sur le maillot de l'équipe nationale sont là pour en attester. Même dans les favelas on s'y adonne. Surtout dans les favelas, à vrai dire. Les conditions sont précaires, un simple rectangle goudronné, des cages qui ont depuis longtemps perdus leurs filets, et des marques au sol pour délimiter le terrain. Les grillages hauts sont là pour empêcher la balle de s'échapper, et filer au travers des innombrables escaliers sur plusieurs centaines de mètres, voir kilomètres. En hauteur, vous trouverez, également, deux paniers de basket se faisant face, et au centre, deux piliers permettant d'étendre un filet de tennis. A côté de la porte se trouve un local étroit sur les rangements duquel sont stocker filets, ballons de foot, ballons de basket pas en très bon état, raquettes de tennis hors d'âge, et bien évidemment balles de tennis. Le terrain est grand, pas très luxueux, mais suffisant pour vous satisfaire, n'est-ce pas ?
Vous vous trouvez dans la patrie du Café, alors, certes, le Brésil n'a pas inventé ou fait découvrir le café, mais depuis XVIIème siècle, ses plantations de café se retrouvent dans les tasses de tous les petits européens à travers les siècles. Et c'est depuis cette époque que le café est devenu une tradition locale dont on rempli les biberons. Pas étonnant, alors, que l'on trouve des petits cafés un peu partout dans les favelas. Ici aussi. Au détour d'un escalier vous ne manquerez pas de tomber sur cet improbable café dont les tables et les chaises empiète sur la rue en pente. Un grand drapeau brésilien peint sur l'un des murs, et en façade, une simple inscription à la peinture blanche pour signaler la nature de ce lieu. On y entre par une double porte vitrée ouverte en permanence, sauf en cas de grosses intempéries. L'intérieur est sombre mes chaleureux, et étroit comme c'est toujours le cas dans les favelas. Quelques tables, pas plus de quatre, et des banquettes en angle pour optimiser l'espace, et sur tout un pan de mur, un comptoir équipé de tout ce qu'il faut pour torréfier le café et le cacao. Les sacs en toile de jute contenant les grains sont justement alignés derrière le comptoir, avec quelques vieilles enseignes vantant les mérites du caffea dou brasil, et autre cacao à l'arôme si particulier. D'ailleurs, c'est la première chose qui surprend quand on entre, ce parfum qui embaume la pièce. Des plantes en pot, partout, achèvent la décoration, tandis que contre un dernier mur, vous trouverez tasses de diverses tailles, soucoupes et autres vaisselles. Et sur le comptoir, sous cloche, des pâtisseries locales en libre service. Allez-y, c'est gratuit. La porte du fond ? C'est... pas important.
Sur une placette, à quelques marches des habitations, entre plusieurs palmiers et des parterres de fleurs, la boulangerie jouxte l'épicerie locale. Oubliez tout ce que ces deux termes vous inspire, vous êtes ici au Brésil, et fondamentalement, tout ce que vous trouverez dans ces étales n'aura rien à voir avec ce que vous avez jamais connu. Déjà, pour l'épicerie, il vous faudra un véritable travail de traduction. Vous savez ce que sont les feijao preto ? De gros haricots noirs, la base de l'alimentation des favelados, et donc de la votre à présent. Au détour de ces rayonnages colorés, vous trouverez de la farine de manioc, du riz, du lait de coco, du doce de leite, sans oublier le guaranà en poudre, et autres sucos et sodas locaux dans les grands frigos hors d'âge. La musique traditionnelle accompagnera votre pèlerinage, ainsi que les minuscules caddies qui vous serons très utiles pour ramener tout ça jusqu'au réfectoire. Juste à côté, dans une microscopique boutique, vous trouverez les pâtisseries traditionnelles. Quindim, beijinho, brigadeiro et bolo de macaxeira, autant de noms qui ne vous disent probablement rien, mais ça viendra. Le pain brésilien formé de plusieurs boules collées les unes aux autres, vous vous y ferez aussi, et les pao de queijo, vous adorerez.
Quelques degrés supplémentaires après l'épicerie, et quelques virages plus loin vous aboutirez dans un labyrinthe encore plus sinueux qu'en amont. Les ruelles sont tellement étroites et les escaliers tellement multiples que vous ne savez jamais réellement si vous êtes sur la voie "publique" ou sur le point de rentrer chez quelqu'un. Car c'est bien de cela qu'il est question ici, encore une fois, chaque cabane appartenant à un binôme, dans cette deuxième zone dortoir, à l'écart de la précédente. L'espace n'est plus de mise, et les baraques sont de tailles très réduites. A peine de quoi dormir et se laver sommairement. Toutefois, dans ce maelstrom d'habitations, on trouve aussi quelques espaces plus vastes, comme le baraquement des douches, ou encore celui des vestiaires. Mais pour le reste, tout n'est que marches montant ou descendant vers des cabanes colorées et cosy. Sur les marches, des pots de fleurs égayent les passages, les habillent, créant un espace intérieur à l'extérieur. Car ici, la vie se passe dehors, et ce n'est qu'une fois la nuit tombée et bien avancée, que chacun rejoint ses quartiers...
C'est quoi ce truc ? Oui, forcément, si on ne parle pas la langue... La Gafieira, c'est l'école de samba, présente dans chaque favela, et qui se transforme, le soir, en rendez-vous des fêtards noctambules. Le bâtiment est plutôt grand, et sa façade se trouve entièrement colorée, peinte dans la plus pure tradition des favelas. A l'intérieur, tout un pan de mur est réservé aux miroirs, tandis que celui qui lui fait face est recouvert de photos en noir et blanc des plus grands danseurs de samba issus des favelas depuis plusieurs décennies. Le parquet grince sous chacun de vos pas, et vous conduit à la petite estrade au fond de la vaste pièce, une estrade sur laquelle vous trouverez divers instruments de musique pour accompagner les danseurs. Piano, évidemment, droit, pas à queue, faut pas déconner, violon, contrebasse, diverses percussions, guitares sèches, maracas et timbales. Instruments, locaux, en somme. Au-dessus de l'estrade, une mezzanine à laquelle on accède par l'escalier sur le côté. Elle dépasse légèrement la longueur de l'estrade, mais guère plus, et donne accès à la terrasse ouverte sur laquelle on danse aussi, les soirs de fortes affluence. On y trouve des balancelles accrochées au toit de la terrasses, et des lanternes. Des lanternes qui danse aussi sur les poutres du toit de la salle de danse, éclairant les lieux d'une lumière festive la nuit. Le jour, les vastes fenêtres offre un éclairage suffisant.
La forêt de Tijuca fait partie intégrante de Rio de Janeiro, et de son parc national du même nom. C'est la plus grande forêt urbaine au monde. Urbaine, parce qu'elle jouxte les immeubles de standing et autres favelas. Rio ayant souffert d'une vaste campagne de déforestation au cour de son Histoire, celle de Tijuca est une oeuvre récente datant de 1861. Des milliers d'arbres sont plantés, jéquitiba, cèdres, goyaviers ou encore le célèbre pau-brasil. On installe également des ponts, de petites fontaines et des points de pique-niques. 3.972 hectares en tout. Mais ne rêvez pas, vous n'aurez pas accès à tout le parc où plus de 2 millions de touristes se croisent, chaque année. Non, votre territoire est balisé, encerclé, enclavé. Vous ne pourrez pas sortir de la zone que nous avons délimité pour vous. Mais cette zone est tellement vaste que, jamais, vous ne parviendrez à en atteindre les limites. Vous pouvez y pénétrez de n'importe où depuis la favela qu'elle borde sur toute sa longueur. Elle grimpe aussi jusqu'à la villa, mais les hautes grilles empêche de traverser de la forêt à la villa, et vice et versa. Un sentier est aménagé à hauteur de funiculaire, ainsi qu'au niveau de la plage, mais si vous préférez le hors-piste...
Au milieu du tumulte des rues et ruelles, des escaliers interminables et tortueux, des baraques et des funiculaires apparaît soudain une ouverture, un axe qui, inexplicablement, ne vient buter que sur le scintillement de l’océan et l’azur immaculé. Loin d’être une simple limite architecturale, la plage est, à la favela (et à Rio plus généralement), perçue comme un espace fondamental, central, et oserons-nous dire, vital ; une « Zone » vécue dans des pratiques fondamentalement différentes de celles que nous connaissons. Pour y accéder, il faut d’abord traverser le calçadão, sorte de promenade balnéaire servant de dernière frontière entre la ville et le rivage. cet espace préliminaire, c’est un trottoir, une voie routière, puis la promenade, un sol pavé de noires et de blanches comme sur... oh mais oui, un échiquier ! Quel hasard ! Ce calçadão de plus de trois kilomètres de long, offre un terrain propice aux balades, aux jogging, mais aussi à la pratique du vélo -vous en trouverez quelques uns, pas de prime jeunesse, sur la place du funiculaire, en face de la plage-. Et puis, quelques marches plus bas, le sable fin et chaud, grillé au soleil, et au-delà, la mer hostile. Car oui, n'espérez pas y nager pendant des heures, c'est même totalement interdit. Une barre de bouées située à quelques mètres vous en empêche. Pourquoi ? La houle est puissante, déversant sans relâche des vagues féroces qui font le plaisir des seuls surfeurs que vous n'êtes pas. Les plagistes se contente donc de se tremper dans la déferlante, le temps de batifoler, de discuter, de s’embrasser ou de s’y soulager. En plus, l'eau est trop froide pour les Brésiliens. Aussi, nous vous invitons à vous contenter de vous étendre sur votre serviette, avec un bon bouquin, et d'aller vous mouiller légèrement lorsque votre peau commence à cloquer. Et pour nager ? Economisez et payez-vous une journée à la villa.
C'est d'ici que partiront les excursions chaque semaine. Bien évidemment, ce point de ralliement est imaginaire, puisque en général il sera question d'un hélico passant chercher les chanceux candidat directement depuis le sommet du morros. Mais puisque les excursions auront toujours lieu en dehors de l'échiquier, il va de soi que ça ne pouvait se trouver autre part qu'en périphérie. Lors de ces fameuses excursions, vous serez suivis de plusieurs caméramans, accompagné d'au moins un Fondateur, et devrez suivre un planning établi. Pas de place pour l'imprévu, mais pour l'émerveillement et le découverte, évidemment que si !
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