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A fever you can't sweat out (20/03, 22H47)

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Ismay
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MessageSujet: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyMar 19 Mar - 2:36

otello

Les tables du salon étaient jonchées d'affaires en tout genre. Des vêtements qui n'avaient plus de propriétaire, des objets identifiables ou non, des cahiers, un haut de bikini, des nécessaires de toilettes, des chaussures, une peluche, et même quelque chose qui ressemblait à un jouet de seconde zone cassé. Les vestiges de presque douze semaines de communauté, d'êtres humains errant dans ces lieux, vivant dans ces lieux, prenant leurs aises dans ces lieux. C'était les objets trouvés ? qui les avait déposés là ? était-ce les candidats restants, les éliminés restés, qui, au fur et à mesure, par altruisme, ajoutait chaque trouvaille à la brocante qui prenait forme dans le salon communautaire ? comment cela se faisait-il qu'elle n'avait rien remarqué ? ou rêvait-elle ces affaires qui traînaient là ? Clignant des yeux, elle constata que non. Non, c'était bien là. Parce que c'était la fin. La fin. La vraie fin. Elle ne savait plus si ça la rendait infiniment triste ou si, au contraire, elle s'en réjouissait. Là, tout de suite, même les favelas, qu'elle aimait pourtant tant, lui laissait un vicieux sentiment d'étouffement incontrôlable, une claustrophobie qu'elle ne s'expliquait pas. Et paradoxalement, partir signifiant partir. Puisque c'était la fin. La fin qui serait alors réelle, la fin qui serait alors définitive. Détachant le regard de la pile d'affaires après cinq bonnes minutes creuses à associer un visage à un vêtement ou à un objet, elle s'extirpa de son refuse. Refuge plutôt inattendu, puisque c'était, après un moment d'errance, le balcon de la maison communautaire qui l'avait recueillie pendant plusieurs heures. Les pieds dans le vide, les bras passés au travers des barreaux, les mains jointes et les yeux rivés tant bien que mal sur l'horizon, elle avait finalement trouvé un moyen de se tester tout en stimulant sa concentration. Méthode qu'on lui avait soufflé des semaines auparavant, à cet endroit précis. Même si le seul but à l'époque était de combattre sa peur. Ses réflexions le faisaient pour elle aujourd'hui, ou plutôt, l'attention absolue qu'elle leur accordait. Kundera disait que le vertige, c'était non pas la peur du vide au-dessous, mais l'envie de la chute, d'une chute envoutante, puisqu'on était envouté par elle, par sa voix. Elle ne devait pas écouter cette voix. Elle devait écouter une autre voix. Une voix qu'elle n'entendait pas. Une voix qui était désespérément lointaine mais qu'elle espérait désespérément entendre encore. Toujours. Alors elle se concentrait dessus. Sur son timbre d'abord, son accent chantant et puis ses paroles ensuite, puis elles seules. Et elle en revenait à ses réflexions, jusqu'à ce que, par présomption, par fanatisme, par fascination et par manque total de contrôle d'elle-même, elle ne finisse par se détourner vers le bas. Et le processus recommençait. La voix de la chute, sa voix, ses paroles, les réflexions qui en découlaient... Mais comme ça lui permettait, dans un sens, de se concentrer et de réfléchir, elle bénissait presque le sol, loin, loin, en bas, de l'appeler, de la séduire, de tournoyer sous son regard. Puis, à un moment, l'envoutement fut trop fort, trop exaspéré de ces quelques heures à s'abattre contre un mur de pensées qui le rendait aussi impuissant qu'une fuite d'eau dans une chaussure. Il se vengeait, et aussitôt ses mains crochetèrent les barreaux et elle cru mourir. Elle tombait, tombait. Elle chutait, enfin. La voix avait été trop forte. Non. Non, elle voulait pas chuter, elle ne voulait pas. Détournant le regard, fermant les yeux, elle aurait voulu boucher ses oreilles mais ça n'aurait servi à rien. Au lieu de ça, elle se concentra sur la pile de vêtements, pis-aller idiot mais un peu efficace. Suffisamment pour qu'elle parvienne à s'extirper de là pour chanceler jusqu'aux rues de la favela. Elle devait arrêter. Elle devait arrêter d'être aussi présomptueuse, de se croire plus forte qu'elle ne l'était, plus que tout et tout le monde, de croire qu'elle pouvait dompter ce que bon lui semblait. Elle devait arrêter de se croire ainsi puissante, plus que la nature et ce qu'elle avait créé, sa nature. Elle avait été créée, elle pouvait donc tout aussi facilement être détruite, et... Le regard hagard, elle tourna machinalement les talons pour partir à pas vifs vers la villa. Pour la première fois depuis plusieurs jours, elle avait une destination précise en tête, mais une fois les doigts sur la poignée, elle hésita à pousser la porte. S'exhortant au courant, elle passa finalement la tête dans la pièce et fut frappée par le silence. Était-il là ? Une seconde durant, son regard se porta jusqu'à la vitre, là, en haut, et une autre seconde durant, elle se surprit à la contempler, tandis qu'elle approchait à pas de loup du lit. Et... il dormait. C'était une bonne chose. Les nouvelles allaient vite ici. Et voir le médecin de la production débarquer sans prévenir, ça ne pouvait laisser présager qu'une chose. Balayant les alentours du regard, elle eut l'air mécontent, et elle ressortit aussitôt de la pièce. Son aller-retour fut bref et à peine une dizaine de minutes plus tard, elle était revenue sous le dôme, juste à son chevet. Déposant bouteille d'eau et plaquette d’anti-inflammatoires à côté du lit, elle recula jusqu'à un fauteuil proche sur lequel elle se laissa tomber, ramenant ses genoux contre sa poitrine, le menton appuyé dessus et le regard préoccupé rivé vers lui. Le plus horrible, avec les côtes, c'était qu'on ne pouvait rien faire. On ne devait rien faire. Tandis qu'elle cessait de gesticuler, il reprit le flambeau, manquant de la faire sursauter. Il ne bougeait pas trop cependant, la douleur sans doute. Mais ses yeux s'ouvrirent quand même. « Rendors-toi. » elle souffla suffisamment fort pour que ça lui parvienne. Avec un peu de chance, il croirait à un rêve, à une hallucination causée par les élancements dans sa cage thoracique, ne reconnaitrait pas sa voix, et obéirait à l'injonction sans prêter attention à elle, figée sur son fauteuil. Avec un peu de chance.
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Otello
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyMar 19 Mar - 4:34

J’ai mal. Je suis habitué à la douleur physique, elle a été ma compagne de chambre pendant de nombreuses années, suite à des blessures en tous genres. Le bras, la jambe, contusions et hématomes après les entrainements, et j’ai même reçu une balle, une fois. Une balle perdue, je n’étais même pas visé. Les deux poignets en même temps, la mâchoire, l’oreille interne aussi, une fois. Mais là, cette fois, c’est différent. Pas seulement parce que les côtes représente une douleur sourde et aiguë à la fois, vicieuse et indigne, mais surtout parce que cette douleur physique s’ajoute à la douleur psychologique et morale que je me trimballe depuis plusieurs jours déjà. C’est comme un écho de mon corps. Une enveloppe charnelle qui se mettrait au diapason. Ça fait mal dedans et dehors, ça fait mal à chaque battement de coeur, à chaque respiration. Ça fait mal d’avoir si mal. Ça empire, la douleur a fait de mon corps son empire. Empire State of Hurt. C’est primaire, c’est ancestral, c’est viscéral. Quelque part, je l’aime cette douleur physique. Elle peut être située, elle peut être circonscrite et analysée. Je sais exactement où, je sais exactement pourquoi, je sais où toucher pour faire mal, je sais quelle zone éviter pour alléger un peu ma peine. L’autre douleur est plus sournoise. Elle est partout et nulle part à la fois, elle est là et pas là en même temps, elle est diffuse et insupportable, elle ne disparait jamais vraiment, elle ne s’atténue qu’à peine, un bref moment, lorsque je dors, lorsque mes rêves ne me parviennent pas au matin. Et puis tout recommence. Nouveau chemin de croix, nouveau martyr. Et même ça, ça me ramène à ça. Chaque terme religieux, chaque comparaison chrétienne me ramène à ce moment-là, cet Instant-là, avec une majuscule, même s’il ne la mérite pas vraiment. Tout s’étiole, plus rien ne va. Tout fait mal, même Dieu, même la pensée de Dieu. C’est à cause de Lui tout ça. Non, je ne l’ai pas abandonné, je n’abandonne jamais personne, je l’avais dit à Maddie. C’est lui qui m’a abandonné, c’est lui qui m’a lâché si brusquement que j’en suis tombé... douloureusement... aux pieds de Malachi. Pendant l’espace d’une seconde, j’ai cru volé, pendant l’espace d’une seconde, j’ai cru mourir. Et j’ai aimé ça. Vraiment. De toute mon âme. Et ça aussi ça fait mal. Tout comme les questions du médecin. Etait-ce volontaire ? Non, évidemment que non ! Si j’avais voulu me tuer, je ne me serais pas raté. S’il y a une chose que je sais, c’est comment mettre fin à une vie. J’ai fait ça toute la mienne, de vie. Non, j’ai juste glissé, simplement glissé, comme un con. Et des millions de télés peuvent le confirmer. J’ai été con. J’ai été con d’accompagner Boshay, également. Mais je ne suis plus à une connerie près, finalement. Et maintenant je comate dans un lit trop grand pour moi, dans une chambre qui n’a jamais été pour moi. Relégué au fond de l’océan, côtes et médicaments m’empêchent de fuir ma claustrophobie. J’agonise. Seul. Oublié de tous. Noyé. Drogué. Asphyxié. J’ai mal. Prisonnier de mon propre corps, mon regard s’anime, mais rien d’autre ne suit. J’observe les poissons, je les vois se cogner à la vitre, venir en visite, se moquer. Railler mon immobilisme lorsqu’eux ont l’immensité de l’océan. Je délire, je sombre, je reviens, je lutte, je perds et finis par m’endormir, rendant les armes face à la toute puissante médication. Je cesse de fuir cette inconscience légitime et mérité. Après tout, puisque l’éveil n’a plus rien à m’offrir. Mais le répit est de courte durée, chaque mouvement réveil la douleur, et la douleur vient me cueillir au plus profond de mon silence ouaté, pour me ramener jusqu’à la réalité. Coincé sur le dos, je ne peux faire que ça, subir et assister à la cuisante défaite de ma volonté contre l’atroce réalité. Moi, alité, la douleur tressautante et aliénante, emprisonné dans une cache de verre, et puis elle. Je ne la rêve pas, pas plus qu’elle ne me hante, je sais qu’elle est vraiment là, elle et sa voix qui m’intime de me rendormir. Je le sais parce que la douleur est mille fois plus forte désormais, mentale et physique. Les cachets ont cessé de faire effet. « Qu’est-ce que tu fous là ? » je grogne en plaquant une paume contre mes côtes, comme pour les maintenir en place, comme pour les obliger à cesser une danse macabre qu’elles n’ont jamais entamé. C’est la seule illusion qu’il me reste, celle de mes côtes se baladant à l'intérieur de moi, les pics acérées des fêlures se plantant dans mes poumons pour créer cette respiration sifflante et chaotique. « Je n’ai pas besoin d’une infirmière. » Je gémis après avoir tenté de pivoter, enfonçant coude et avant-bras dans le matelas pour simplement tourner, lui offrir mon dos et cesser de la voir. Sauf que, même ça, j’en suis à présent incapable. C’est la douleur fulgurante qui m’a arraché ce gémissement et cette grimace que je planque derrière le pli de mon coude s’abattant sur mes yeux en m’en retournant sagement sur le dos. J’ai compris, j’ai compris, je ne bougerais plus, promis, mais faites que ça cesse, bordel ! Faites que ça cesse !
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Ismay
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyMar 19 Mar - 13:47

Il fallait qu'il se rendorme. Sinon, il ellait inévitablement finir par bouger de là. Coincé dans son immobilisme, il allait se mettre à penser à tout et n'importe quoi pour ne plus prêter attention à la douleur et mille et unes activités et choses à faire allaient lui apparaître, comme par hasard au moment même où il ne pouvait ni ne devait les faire. Résultat, ça guérirait moins vite et en plus de ça, cette lente guérison ne se ferait pas sans douleur. Donc il devait se rendormir. Pour éviter de se torturer l'esprit comme le corps. Elle pourrait ainsi également veiller à ce qu'il ne fasse pas n'importe quoi sans lui insuffler tout sentiment d'hostilité, qui n'était pas bon, dans son état. Le stress et la tension n'aidait en rien. En réalité, elle aurait pu tout aussi bien repartir et le laisser en paix, aussi n'aurait-il pas à canaliser quoi que ce soit, mais elle était tout simplement incapable de s'y résoudre. Même l'égoïsme apparent de son attitude ne parvenait pas à la faire décamper. Aussi, lorsqu'il se réveilla, qu'elle s'entendit parler, elle fut complètement prise de court. Bien sûr, elle savait pertinemment qu'il n'aurait pas envie de la voir, bien au contraire. Mais que ce soit au point de tournicoter entre ses draps dans l'espoir de ne plus l'avoir dans son champ de vision, malgré les lancements que ça provoquait dans ses côtes, ça la scandalisa et la blessa en même temps. Mais elle n'avait pas le droit d'avoir mal, puisqu'elle était indiscutablement responsable de le situation. Encore. Arrêterait-elle de faire n'importe quoi, un jour ? Allait-elle cesser, un jour, de causer le malheur des gens, ainsi que son propre malheur ? Elle ne pouvait pas avoir mal. Aussi, elle se contenta d'être courroucée. « Arrête de bouger ou je t'attache au lit ! » Évidemment, jamais elle n'aurait fait une telle chose. Jamais au grand jamais elle n'aurait été capable de faire ça, même si de son immobilité dépendait sa guérison. Elle était horrifiée chaque fois qu'ils étaient contraints de le faire, à la clinique, et ça lui donnait envie de vomir. Mais là, ça n'avait rien à voir. Soit il était trop en colère pour le savoir, soit il faisait semblant de ne pas le savoir. Soit il réarrangeait la réalité à sa façon. Une infirmière ? mais elle ne voulait pas être son infirmière. Elle voulait juste qu'il aille bien, pouvoir veiller à ce qu'il aille bien. Parce que voir l'homme qu'elle aimait dans cet état la rendait malade. Elle secoua inutilement la tête, se glissa hors de son fauteuil et ramassa eau et médicaments qu'elle lui présenta. « Prends ça, au moins, ça atténuera la douleur. » S'il te plait. Fais-le pour toi, par pour moi. Ne serait-ce que pour ne pas attendre un hypothétique arrêt de la douleur, qui ne viendrait pas tout de suite, puisque rien que sa convalescence devait, normalement, durer dans les quarante à cinquante jours. Sauf qu'il ne bougea pas d'un pouce. L'avait-il seulement entendue ? écoutée ? La prenait-il vraiment pour l'infirmière de service qui n'était là que pour ça ? Ou alors, ça serait encore son altruisme. Ou sa culpabilité, cette fois. Mais jamais l'amour, ça serait trop simple. « Tu as trop souvent eu mal à cause de moi, alors je voudrais juste t'aider pour une fois. » Et à nouveau, elle lui tendit les anti-inflammatoires et la bouteille. Elle voulait honorer une promesse qu'elle avait jusque là trop souvent bafouée, aussi. Celle d'être toujours là. Le "là" n'impliquant à ses yeux non pas seulement la proximité physique mais également d'être présente pour son coeur et son âme, ses joies et ses peines, ses doutes et ses certitudes, ses réflexions, ses rires et ses larmes. Là-dessus, elle avait l'affreux et tenace sentiment d'échouer, encore, et encore, et encore.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyMar 19 Mar - 16:52

Je ne bouge plus. Comment le pourrais-je, ça fait un mal de chien ? Pourtant, ça ne l’empêche pas de faire preuve d’autoritarisme envers moi, en me menaçant de me ligoter au lit. Mais c’est quoi son problème ? Si j’avais été dans mon état normal, si tout avait été normal et pas aussi froid et distant, peut être que je l’aurais interrogé sur sa propension à me rêver attacher à tout bout de champs. Mais c’est pas le cas, ce n’est plus le cas, rien n’est doux ou naturel, tout est austère, amer, laissant un goût acier sur mes lèvres. Alors je me contente de soulever mon bras pour l’observer avec cette forme d’interrogation froide. J’ai l’air d’avoir envie de bouger, là ? J’ai l’air de kiffer la douleur au point de la provoquer ? Non, clairement pas. Alors je rabaisse mon bras sur mes yeux, et je respire lentement pour évacuer la tension de ma cage thoracique. C’est ce que le médecin m’a dit de faire. Il m’a expliquer d’autres trucs, mais je n’ai pas écouté, ou entendu. A dire vrai, je ne voulais pas que ça s’éternise, c’était déjà bien assez humiliant comme ça pour ne pas en rajouter avec lui en blouse blanche me prodiguant des conseils comme à un gamin. J’ai eu envie de lui répondre “vous savez qui je suis ?”, mais j’ai trouvé ça trop cliché. Alors je me suis tut, et j’ai hoché de la tête sans rien écouter. Je sais à quelle heure prendre mes médicaments, et je sais l’effet qu’ils ont sur moi. C’est bien suffisant. Je sais aussi que c’est maintenant, je n’ai pas besoin qu’Imsay me le rappelle. Pourtant, c’est ce qu’elle fait, s’avançant vers moi avec les cachets dans une main et l’eau dans l’autre. Elle a l’air du courageux approchant la bête sauvage, les deux mains en évidence pour ne pas qu’elle se sente menacée et se mette à mordre. Je le sais parce que j’ai relevé à nouveau mon bras, jetant un coup d’oeil furtif à ce qu’elle me tendait. Je ne sais pas quel espoir vain je nourrissait, qu’elle me tende une bouteille de vodka, un sachet d’herbe, ou encore mieux, un flingue, mais l’espace d’une seconde j’ai espéré voir autre chose que ces foutus cachets dans sa main. « J’en veux pas. » je grogne, encore, en laissant retomber mon bras sur mes yeux. « Je veux pas, ça me shoote. » Et j’ai horreur de ne plus avoir le contrôle de moi-même. Elle devrait le savoir depuis le temps. Encore moins dans ce bocal à poissons inversé. Encore moins avec elle à mes côtés. C’est le bad trip assuré. Alors je geins, comme un gamin, ronchonnant, grognon, parce que malgré tout j’ai mal, malgré tout je sais que je vais devoir recourir à la sacro-sainte médecine. Alors après avoir secoué la tête sous mon bras, je finis par tendre l’autre bras, paume ouverte pour réceptionner mes petites pilules miraculeuses. Elles n’ôtent pas la douleur, mais elles me rendent insensible à tout le reste, si bien que, pendant quelques heures, je me trouve anesthésié de partout, jusque des neurones. Elle parle, elle parle encore. Je voudrais qu’elle se taise. Déjà parce que j’essaye de me redresser sans y parvenir et que c’est particulièrement agaçant, mais aussi parce que si c’est pour dire des conneries de ce style, elle ferait bien mieux de la fermer définitivement. « C’était donc toi, la tuile bancale de ce putain de toit ? » J’use de sarcasme en tentant divers infimes mouvements en vue de finir par parvenir à m’adosser pour boire. Je gigote, renonce, reprends, grimace, râle dans ma langue, m’énerve, renonce à nouveau. « Arrête de dire des conneries, c’est pas de ta faute si on est pas compatible. Tu es ce que tu es, je suis ce que je suis, et aussi triste que ça puisse l’être, ça s’accorde pas. Mais c’est clair que ce serait peut-être plus simple si je t’avais pas sous le nez en permanence... Aïeuh ! » je m’essouffle à force d’essayer, de glisser, de réessayer, de re-glisser, pour finir par totalement m’énerver en tapant des bras et des pieds sur ce matelas qui ne veut pas me laisser m’extraire de lui. Je retiens un cri de désespoir, puis me reprends, respirant comme me l’a montré le médecin, les yeux fermés, les poings sur les temps. « Et ce ne sont que quelques côtes fêlées... » je grince entre mes dents serrées. Ou cassées, peut-être ? Je ne sais plus, ça non plus je n’ai pas écouté, parce que ce sont des choses qui ne sont pas supposées m’arriver. Alors, je reste un moment immobile, comme ça, les yeux clos, la douleur tenace, avant de finir par me rendre à l’évidence. « Ok... Faut que tu m’aides à me redresser. » J’annonce, résigné, en laissant retomber mes bras. Bon, comment on s’y prend ?
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyMer 20 Mar - 2:20

Il en veut pas. Il en veut pas, ça le shoote. Des anti-inflammatoires ? Ça le shoote, des anti-inflammatoires ? si elle lui avait apporté de la marijuanna, elle aurait comprit, mais des anti-inflammatoires tout ce qu'il y avait de plus banal ? qu'est-ce que ça devait être quand il consommait réellement des substances ayant cet effet. certains anti-douleur avaient cet effet secondaire de "shooter" légèrement le consommateur, mais elle était certaine que ce n'était pas le cas de ceux-ci. Jamais elle n'aurait osé lui refiler des médicaments qui l'auraient shooté. Elle avait bien trop peur des effets que ça aurait pu avoir. Prête à baisser les bras, littéralement, elle se contenta de l'observer, avec la vague envie de courir se cacher dans un trou de souris. Il ne lui en laissa pas le temps, sa main se tendant finalement vers elle la cloua au sol. Elle bugua une seconde sur sa main, en se rappelant qu'elle n'était pas supposée y glisser la sienne, lui tendit les médicaments, et posa la bouteille sur le matelas. Elle voulait l'aider, juste l'aider. S'il ne souhaitait pas l'entendre, elle serait muette comme une carpe, retiendrait jusqu'à sa respiration pour ne pas l'indisposer, s'il ne souhaitait pas la voir, elle se cacherait derrière le lit, hors de son champ de vision. Mais elle ne s'en irait pas. Ça non. Quelque part, elle s'en sentit coupable. Encore plus, vu son ton. Elle n'avait clairement rien à faire là. Plus rien à faire là, en tout cas. Mais, silencieuse, elle se contenta de hausser les sourcils. La tuile bancale sur le toit ? La tuile bancale... qui l'avait fait tomber ? du toit ? elle faillit défaillir. Otello ? tomber d'un toit ? Non, ça c'était quelque chose qui n'arrivait pas. Pas dans le monde réel, pas une terre qui tourne autour du bon axe. C'était comme imaginer une Boshay pimbêche, ou de la neige au goût caramel. Effrayant. Suivant ses gestes des yeux mais incapable de réagir, trop focalisée sur l'image de son corps s'effondrant au pied d'une maisonnette, elle l'entendit malgré tout reprendre la parole. Pas compatibles ? Il pensait vraiment ça ? Pourtant, il lui avait toujours semblé qu'au contraire, ils s'accordaient juste comme il fallait. Juste assez pour être un sans se confondre au risque de perdre définitivement la tête, juste assez pour ne pas se crier dessus toutes les deux heures. Était-elle naïve au point de les croire équilibrés alors qu'il n'en était rien ? Chaque couple avait ses divergences d'opinions et de façon de vivre, parfois, mais sans jamais réellement être opposées, et c'est pour ça que ça marchait. Ça n'avait donc pas marché pour eux ? pas du tout ? « Non, c'est faux » elle s'entendit souffler. Non, c'était faux. Ils n'étaient pas incompatibles. Sinon, ils ne s'aimeraient pas. Juste différents, avec des parcours différents les ayant menés à un aboutissement différent et pourtant sensiblement pareil. Et c'était tant mieux, car sinon, ils ne s'aimeraient pas non plus. On n'aime jamais le reflet exact de soi. Elle avait murmuré en même temps que lui, et seul son "aïe" de fin lui parvint, la culbutant immédiatement sur terre, l'air inquiet. Un geste incontrôlable dans sa direction la fit avancer, puis s'arrêter. Ce n'était que des côtes fêlées. Dans un autre contexte, elle aurait poussé un profond soupir. Dans un autre contexte. Pire encore, dans une autre vie. Une autre galaxie. Une autre dimension. Tout lui paraissait si loin, et si proche à la fois. Comme un pan d'existence à laquelle on cherche désespérément à s'accrocher, en lui courant après, en l'attrapant entre ses doigts, mais elle est trop forte, et elle glisse d'entre les doigts en riant. Cette fois, son pas vers lui ne se stoppa pas net. Prudemment, de peur d'attiser la douleur, elle posa les genoux sur le matelas, attrapa l'oreiller inoccupé, le troisième supposé être au centre, gros, et moelleux, les déposa à côté d'elle. Elle faisait tout le temps ça. Mais d'habitude, ce n'était pas des hommes brisés dans leurs os, mais des hommes qui ne parvenaient plus à respirer après une crise qu'ils tentaient vainement de calmer. « Dis-moi si je te fais mal. » Glissant une main dans sa nuque, l'autre juste sous ses omoplates, elle le redressa doucement, avec mille précautions, juste assez pour que l'oreiller que la main à la nuque avait été rechercher en quatrième vitesse puisse se glisser sur le premier. Non. Pas assez haut. Décalant ses doigts d'un rien, elle pu le redresser un tout petit peu plus, pour intercaler le second oreiller. Ça devrait suffire. Il ne s'était pas redressé, mais il était redressé. Et de toute façon, se redresser n'était pas une bonne idée. « Là, ça va ? » en le regardant s'affaisser à nouveau sur la pile de coussins qui le surélevait. C'était suffisant pour boire. Elle n'aurait qu'à les retirer lorsqu'il consentirait à se rendormir. Son entreprise terminée, elle glissa du lit. Cette vision de lui, convalescent, redonna à son esprit tordu et masochiste la bonne idée de rejouer la scène imaginaire dans laquelle il glissait sur la tuile pour s'écraser plusieurs mètres plus bas, la faisant frissonner. « Tu es tombé d'un toit... » elle répéta, la voix déraillant, comme incapable d'y croire. Même l’agaçante pensée "je t'avais dit de ne pas..." ne lui vint pas à l'idée. C'était quoi, le prochain cataclysme ? Une météorite s'écrasant sur la terre ?
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Otello
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyMer 20 Mar - 3:59

Le négationnisme, toujours ce foutu négationnisme. A croire qu’elle ne sait pas faire une phrase sans y foutre des négations de partout ! C’est son truc, ça, collectionneuse de “ne”, “non”, “pas” et autres “rien”, “aucun”, “nul” etc... Un vrai dictionnaire de la négation à elle toute seule. C’est quoi cette fois ? “non, c’est faux.” A quel propos ? Notre incompatibilité ? Elle veut vraiment revenir là-dessus ? Il me semble qu’elle a déjà tout dit, et c’est bien assez. Je suis un homme de Dieu, elle ne croit pas en Dieu. Est-ce qu’on peut faire plus incompatible ? Ho, oui, probablement Hitler amoureux d’un juif tzigane homosexuel et franc-maçon... Au temps pour moi, j’avais oublié ce cas de figure ! Non, mais elle est sérieuse, là ? Elle ose m’affirmer ou plutôt protester contre mon affirmation ? C’est déjà assez compliqué comme ça, pas la peine qu’on revienne sur un débat qu’on a déjà eu et qui s’est soldé par ça. Qui plus est, si elle avait eu quelque chose à dire, c’était ce jour-là qu’il fallait le dire, pas une semaine plus tard sous prétexte que je suis tombé d’un toit. C’est quoi le truc ? Elle y a vu un message divin, c’est ça ? Otello se casse la gueule, c’est forcément que Dieu existe. A mon sens, c’est plutôt l’inverse. Une remise en question que je me garde bien de lui confier parce qu’elle en est responsable et que je lui en veux pour ça. Et puis, j’ai d’autres chats à fouetter. Faut que je me redresse, et puisque pivoter, tourner, plier ou même utiliser mes abdos -surtout utiliser mes abdos, en fait- m’est interdit par la douleur, il ne me reste plus que l’option remorquage façon grue par celle qui prétend ne pas être mon infirmière mais qui me force à avaler des médicaments, me fait la leçon, et arrange mes coussins. Je n’ai pas fait de nombreux séjours à l’hôpital mais, dites-moi si je me trompe, ça ressemble beaucoup au portrait-robot de l’infirmière quand même, non ? Et comme une infirmière, elle m’invite à lui confier si elle me fait mal. « Tu me fais mal. » je dis, alors qu’elle n’a même pas commencé à me remuer. Elle ne s’occupe que de mon oreiller, mais déjà ses cheveux s’abattent sur moi, son parfum empli ma bouche, et son corps appelle la version totalement cassée du mien. Elle me fait mal rien qu’en étant là, elle me fait mal rien qu’en existant, ou alors en me rendant conscient de son existence. Et le pire, c’est que je ne peux rien y changer. Quand bien même je la tuerais de mes propres mains, ça ne changerait rien au fait qu’elle a existé et que donc, quelque part, elle existe encore dans son vécu, dans son passé, surtout dans le mien, dans des souvenirs, surtout les miens. Il aurait fallu que je ne la rencontre jamais, mais là encore, c’était prendre le risque de la croiser, n’importe quand, n’importe où, et de tout revivre jusqu’à aboutir à cet instant présent. Le même, mais différent. Parce que la Terre n’est ni assez vaste, ni assez peuplée pour empêcher ce fléau de me tomber dessus. Quelque part, elle a forcément été créée pour moi. Je me suis juste planté sur la finalité. Elle n’est pas ma réussite, elle est ma perte. Elle est le résultat de ce que ce monde aura fait de nous. Le symbole de ce que j’aurais pu avoir si tant est que j’eusse été différent. Une épreuve supplémentaire. La pire. Est-ce que ça va, là ? J’en sais rien. J’ose même pas la toucher, si bien qu’elle se retrouve dans le rôle d’Omar Sy, version blanche et définitivement moins drôle. Je me laisse trimballer comme un impotent, et échoue dans une position étrange, rigide comme la mort. « Ca a l’air d’aller, à ton avis ? » je lui demande, finalement, en ne parvenant à bouger que le cou. « J’ai pas fait médecine, mais il me semble que côtes et colonne vertébrale c’est sensiblement pas la même chose. » je râle, tout en m’aidant de mes mains sur le matelas pour achever de me redresser complètement, et m’adosser comme il se doit. Ça fait un peu mal aux côtes au passage, en fait la douleur m’irradie totalement, mais... Mais ça passe dès que je m’immobilise. J’observe les cachets dans ma paume avec attention, notant que ce ne sont pas ceux que je prends habituellement. Ils sont blancs, les miens sont verts et jaunes. Qu’est-ce donc que cela ? Je suis sur le point de poser la question lorsqu’elle répète, encore une fois, que je suis tombé d’un toit, sa voix se brisant comme si elle s’apprêtait à fondre en larmes. Mais quoi ? Quoi ? « Et je n’en suis pas mort, tu vois ? » j’aimerais me montrer plus cassant, mais j’y parviens pas et ma voix prend une tournure plus rassurante que ce que j’avais projeté à la base. Je veux qu’elle se détache de moi, certes, mais je ne veux pas qu’elle se rende plus malade que nécessaire. Je ne veux pas qu’elle s’inquiète pour moi, surtout pas au point d’en trembler. « C’est rien. Arrête de me contempler comme si je m’apprêtais à expirer mon dernier souffle d’un instant à l’autre. Je suis tombé de deux mètres... » trois ou quatre. « ... Je me suis fêlé... » brisé. « ... une côte... » trois. « ... La belle affaire ! C’est ridicule et risible, ça va faire les belles heures du zapping pendant plusieurs années, je vais me la retaper pour chaque bêtisier de Noël, et dans toutes les langues, mais ça n’a rien de dramatique ! » J’ai connu pire. Pas au niveau de la douleur, mais au niveau de la gravité de la blessure. De celle-ci, au moins, je sais que je vais m’en tirer. « C’est le genre de chose qui arrive lorsque Dieu n’existe plus. » Je m’entends ajouter après avoir reporté mon attention sur les cachets avec lesquels, du bout du pouce, je joue au creux de ma paume. C’est quoi ?

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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyMer 20 Mar - 12:36

Évidemment qu'elle lui faisait mal. Elle-même se faisait mal au point de vouloir se mettre des claques pour atténuer le reste. Et ça, c'était seulement elle, mais alors lui ? elle n’osait l'imaginer, et pourtant, elle l’imaginait parfaitement bien. Et l'illusion de la douleur causée par un mouvement trop brusque n'était pas, puisqu'elle ne le touchait pas. Ravalant l'air torturé qui naissait sur ses traits, elle s'attela à la tâche. Comme elle pu, avec la douceur qu'elle pu. Résultat, ça n'allait pas. Disait-il. Même ça, elle n'était plus capable de le faire comme il faut. Mais elle était trop perturbée. Il était tombé d'un toit. D'un toit. Il n'était pas mort, certes, mais la mort n'était pas toujours le pire qui puisse advenir. Vivre avec une blessure, un déchirement trop profond, incurable, qui nous ronge, ça peut être mille fois pire que de mourir. L'âme ne se remet pas aussi facilement des coups que le corps peut le faire. En l'occurrence, il était juste tombé de deux mètres, s'était juste "fêlé" "une" côte. La belle affaire, en effet. Si ce n'était que ça. Mais... « C'est pas ça » elle couina tout bas. Si bas qu'elle n'avait peut-être même rien dit, en fait. Mais en tout cas, c'était pas ça. Enfin, si, un peu, mais ce n'était pas ça. Il y avait pire que ses - ou sa, puisqu'il y tenait tant - côtes cassées - ou fêlées, évidemment - bien pire. Elle ne savait pas quoi exactement, elle ne parvenait pas à exprimer ce ressenti bizarre auquel elle ne pouvait donner de nom. Ce fut finalement lui qui mit des mots dessus, et résultat, c'était pire que tout. « Non ! » Non, non, non, non et non. Il pouvait pas dire ça. Il pouvait pas. Il ne pouvait surtout pas penser des trucs pareils ! C'était toute sa vie, littéralement, ça avait été toute sa vie, il était hors de propos qu'il balaye tout simplement à cause de quelques mots qu'elle avait prononcé. Ou plutôt, qu'elle balaye tout à cause de quelques mots qu'elle avait prononcé et qu'il se contente de la regarder faire, sans protester, sans récupérer ce qu'elle avait jeté. « Il n'existe plus dans ta tête, pour l'instant, parce qu'une imbécile a été y coller des idées ridicules mais il est toujours là » c'était sûr et certain. Sa chute, ce n'était pas l'absence soudaine d'une force supérieure, c'était le trou béant que son absence métaphorique avait forgé dans son âme qui le déséquilibrait. Mais la réalité, c'est qu'il était toujours là, toujours. On ne fait pas disparaître dieu comme ça ! dieu, il apparaissait parfois inopinément au beau milieu d'une vie, mais il n'en fuyait pas, pas une fois qu'il était là. « Je suis une imbécile, j'ai le meilleur argument sous le nez et je reste bornée et fermée alors que c'est contraire à tout ce que je crois, » cette évidence, qui l'avait frappée dans les jours précédents, avait précédé une longue période de remise en question et de peur incontrôlable. Peut-être était-ce exagéré, peut-être était-elle mélodramatique, mais la notion du légitime et de l'absurde lui était devenue totalement étrangère, encore plus que lorsqu'il en avait pulvérisé les limites, lui et sa personne improbable et fascinante. Quand on y songeait, il n'y avait aucune raison d'être aussi catégorique. Était-ce à ce point impossible qu'un dieu existe ? Pourquoi alors, certains hommes, comme lui, lui vouaient leurs vies ? était-ce anodin ? Il était pourtant très loin d'être idiot, d'être simplet, et loin de vouloir privilégier une réponse facile et indolore à une réalité parfois dure. Pourtant, jamais elle ne s'était réellement posée la question, jamais elle n'avait vraiment tenté de se mettre à leur place. Ça l'avait bouleversée au-delà des mots, son manque total d'empathie envers ces gens qui vivaient avec par-dessus leur épaule sa présence. Bien sûr, elle s'était souvent questionnée sur lui, sur dieu, sur ses disciples, mais toujours avec ce costume de non-croyante. Qu'est-ce qu'il ressentait, lui ? Otello ? et tous ceux qui croyaient en dieu ? Elle tentait, elle avait tenté de voir les choses sous un autre angle, tentait de voir si ça lui montrait l'évidence, si ça lui apportait des réponses. Par exemple, cette question, qu'elle se posait sans arrêt depuis qu'elle était en âge de réfléchir, lui tournait sans cesse en tête. Qu'y avait-il après ? pas après la mort, ça n'avait rien à voir. Mais après le monde. Il y avait eux, au Brésil, sur Terre, dans le système solaire, dans la galaxie, dans l'univers... et puis ? rien ? le vide ? mais dans quoi était le vide ? il existait, tout simplement ? réponse simpliste qui ne la satisfaisait pas. Pourtant, elle était totalement incapable d'y trouver une réponse, tout comme les astrophysiciens semblaient incapables d'y trouver une réponse. Dieu était-il une réponse ? ou était-ce simplement qu'ils étaient encore incapables de pousser leurs recherches jusque là ? le simple fait qu'elle se pose la question la troublait. Bien sûr, elle continuait d'accorder l'existence des hommes aux théories de Darwin, mais, le reste ? N'était-ce pas trop simple, comme explication ? mais y en avait-il seulement une autre ? était-ce simple justement car évident ? « Tu ne dois pas douter une seule seconde, tu ne dois pas m'écouter, pas sur ça, tu dois pas , je doute trop moi-même » et s'il se mettait à suivre aveuglement les dérives de quelqu'un qui ne savait même plus où il en était, sur ça, sur dieu, sur sa vie entière, alors tout serait foutu. Lui, et elle à travers lui. Évidemment, il en resté à l'étape de l'athéisme, puisqu'il n'avaient plus échangé un mot depuis. Et même, depuis qu'elle réfléchissait, elle n'avait jamais réellement eu dans l'idée de lui faire part des ouvertures qui se faisaient dans son esprit. C'était opportuniste et surtout, il ne la croirait pas. Pas vraiment. Et elle ne voulait pas l'accabler davantage. Aussi, elle avança la bouteille vers lui, pour pas qu'il en profite pour oublier, elle recula, trébuchant comme une idiote, rejoignit son fauteuil et sa position de boule. C'était tout ce qu'elle pouvait encore faire pour lui, jouer les gardes de nuit. Puisque tout le reste, elle n'était pas foutue de le faire correctement, même pas les échos de ce qui était supposé être son métier. Mais elle le ferait quand même, même si c'était la dernière chose qu'elle pouvait faire.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyMer 20 Mar - 16:46

C’est pas ça ? Ça m’aurait étonné, aussi, qu’elle ne colle pas une négation quelque part pour réfuter en bloc mon ou mes affirmations. Ça doit être le sport national à Salisbury... Sali... Oh merde, j’crois que je viens de le prononcer correctement cette fois ! Il suffit d’attendre que ça n’ait plus aucune utilité pour que mon cerveau daigne me fournir le nom correct du premier coup. Tout va bien. Et pendant ce temps là, Ismay continue de rejeter systématiquement tout ce que je dis. Tout fout le camp, tout se barre en couille, et tout ça depuis que Lui n’a plus cette place affirmée et confirmée dans ma tête et dans mon âme. Voilà ce que je lui réponds, sans même m’en rendre compte, voilà pourquoi tout déconne au point de me voir chuter d’un toit. Parce que Dieu n’existe plus. Il m’a suffit d’une conversation avec elle pour que l’intégralité de ma vie, passé et avenir compris, se retrouve dystrophié, toujours identique mais différent, car perçu par d’autres yeux. C’est au travers des siens que je m’observe désormais, et plus rien de ce que j’ai fait, ou de ce que je risquais de faire, n’a de sens. Si elle dit que Dieu n’existe pas, alors, je me dois de remettre en question chacune de mes croyances. Et remettre en question n’est-ce pas, déjà, l’affirmation de l’inexistence de Dieu ? Elle s’exclame, me faisant sursauter au passage, m’obligeant à plaquer un poing sur mes côtes en formant un “Aouch” muet. Quoi encore ? Elle est à ce point accroc à la négation qu’elle en vient à me contredire même lorsque je vais dans son sens ? Quoi, Dieu existe à présent ? Visiblement oui. Visiblement elle refuse catégoriquement que je cesse de croire en lui au profit d’une imbécile. Donc c’est elle, l’imbécile ? Je ne comprends absolument plus rien. Suis-je en plein délire ? Est-ce les effets rétroactifs de la morphine ? Si ça se trouve, elle n’est même pas là, et tout ceci n’est que la création de mon esprit torturé. Oui, c’est bien un truc de mon cerveau de m’envoyer l’image d’une Ismay présente et repentante, juste pour le plaisir sadique de la désillusion finale lorsque les effets se seront dissipés. Elle poursuit, insistant avec son concept de l’imbécile, évoquant des arguments qu’elle aurait sous le nez. Ha ouai, quoi ? Je tourne la tête un instant, avant de comprendre qu’elle parle de moi. C’est moi l’argument ? Et c’est maintenant qu’elle se réveille ? Ok, je suis en plein délire, ça ne peut être que ça. J’essaye de chasser son image en battant des paupières, mais rien n’y fait, elle reste là. Et sa voix aussi. Voilà qu’elle m’ordonne de ne pas douter de moi, de ne pas l’écouter elle, pas à ce sujet là. On est forcément dans une dimension parallèle. On est carrément dans une dimension parallèle. Je réceptionne la bouteille d’eau ouverte qu’elle me tend, mais à présent je sais que rien de tout ça n’est réel. Dans quelques instants je vais me réveiller dans la chambre vide, mais puisque le temps rêvé semble toujours plus long que le temps réel, je peux rester coincé encore plusieurs heures dans ce songe. Et je ne sais pas si j’en suis ravi ou consterné. J’avale les médocs, puisqu’ils seront sans effet, ils sont comme tout le reste ici, imaginaire. Totalement imaginaire. Cela dit, c’est fou comme la douleur peut paraître réelle. « Tu comptes rester là toute la nuit ? » je demande en l’observant du coin de l’oeil, entrain de s’installer en boule sur le fauteuil. « Tu risques de te faire chier, à moins que tu n’aies prévu un petit baptême exprès dans le lavabo ? J’officierais bien, mais comme tu le vois, je suis pas en état. » je dis, en désignant mes côtes d’un mouvement de menton. « Ni physiquement, ni mentalement d’ailleurs. J’ai eu la connerie d’accorder une confiance aveugle à quelqu’un qui en a clairement abusé, réduisant à néant l’intégralité de ce que je suis sans même réfléchir une seule seconde avant de parler. » J’explique très calmement, sans rancoeur ni amertume, comme insensibilisé de l’intérieur. « Et tu vois ce qu’il y a de bien avec cette foutue morphine, c’est que je peux absolument te dire tout ce que je pense sans avoir a craindre de te blesser ou heurter ta sensibilité puisque tu n’es pas réelle. Alors, en toute honnêteté, et avec tout mon amour, tu me casses les couilles, Ismay ! Tu es la personne la plus instable qu’il m’ait été donné de rencontrer. Tu voues une passion insensée envers le mot “non”, si bien que des fois je me demande si tu ne t’opposes pas juste pour avoir le plaisir de le prononcer. Tu ne prends rien au sérieux, ou alors les mauvaises choses. Tu n’as pas la moindre conscience de tout ce à quoi j’ai renoncé pour toi, oui, juste pour toi ! Mais ce n’était pas suffisant, il fallait en plus que mes croyances ne collent pas avec l’absence des tiennes. Alors quoi ? Il aurait fallut que je fasse quoi ? Que j’accepte de n’avoir aucun avenir sérieux avec toi sous prétexte que, Dieu n’existant pas, le mariage et tout le reste c’était devenu inenvisageable ? Non pas que j’ai pu être particulièrement pressé, mais c’était un peu la finalité quand même ! Alors, oui, oui, oui, d’accord, c’est vrai, j’ai pas toujours eu la vie d’un saint, me tapant tout ce qui était comestible et potentiellement blindé. Oui, mon sexe s’est baladé à travers toute la renaissance italienne... Et, oui, la Rome antique aussi, mais... C’était trop demander de vouloir faire les choses bien, avec toi ? C’est trop demander de vouloir revenir dans le droit chemin pour toi ? Pas une seconde tu t’es dit que si, après tout ce temps, je n’avais jamais renoncé à Dieu malgré ma vie de débauché, c’est parce que j’attendais de rencontrer quelqu’un qui soit digne de Lui ? Alors oui, j’avais envie de faire les choses bien, je me devais de faire les choses bien, et c’est même pas possible parce que toi, toi la casse couilles, t’as décidé de ne pas croire en Dieu, pas même un peu ! Et moi, pauvre connard, je crois tellement en toi que pour la première fois de ma vie je me dis “et si ?”. Tu sais combien de femmes m’ont soutenu la même chose que toi ? Tu sais combien de connasses alanguies ont osé bafouer Son nom juste pour que je les baise plus rapidement ? Et tu sais pourquoi ça ne m’a, à chaque fois, fait ni chaud ni froid ? Parce qu’elles n’avaient aucune importance. Aucune. Une simple succession de corps et de billets mauves. Je m’en foutais de leurs croyances, de leur morale, de leur philosophie made in Louboutin. J’avais pas l’intention de les épouser, elles. Je suis jamais tombé amoureux d’elles. » Oh Seigneur ! C’est ce que j’expulse dans mon crâne en reprenant ma respiration, un sourire satisfait aux lèvres. J’ai pas tout dis, mais... « Ca soulage ! » Voilà, je peux me réveiller maintenant. Allez ! Je ferme les yeux, et j’appelle la réalité de mes voeux. Je pousse même le vice jusqu’à faire un décompte... 5... 4... 3... 2... 1... J’ouvre un oeil. Elle est toujours là. Trop là, même. Et si ? « Je dors pas, c’est ça ? » Et merde !
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyJeu 21 Mar - 0:05

Elle était néfaste, la vérité c'était qu'elle était complètement néfaste. La preuve, elle ne cessait de le mette dans cet état. Enfin, pas l'état d'handicapé physique, mais cet état moral. Sa théorie de la compatibilité, elle n'y croyait que moyennement. Voire pas du tout. Elle connaissait des couples incroyablement non-assortis, non compatibles, qui, pourtant, marchaient depuis des années. Donc elle clochait. Elle clochait forcément. Elle clochait depuis toujours, en réalité. Il ne manquait plus qu'elle se soit gourée dans les cachets qu'elle venait de lui filer, et qu'il était en train d'avaler. Dans le doute, son regard fila vers la plaquette. Non. Non, c'est bon. C'était déjà ça. Elle pouvait donc se rassoir, hors de son champ de vision avec un peu de chance. Parce que oui, elle comptait bien rester là toute la nuit, et elle le signifia d'un hochement de tête. Elle serait de toue façon incapable de dormir, et c'était la seule occupation qui ne l'agacerait pas après seulement deux minutes. C'était aussi la seule et unique occupation qu'elle voulait avoir. Et à moins qu'il ne lui demande catégoriquement et sans détour de s'en aller, elle ne bougerait plus de là. Mais au lieu de ça, sa langue sembla se délier et redressant le nez, elle le suivi dans un monologue qu'il mettait sous le compte de la morphine. Pourquoi s'imaginait-il sans arrêt qu'elle n'était pas réelle ? que son esprit le trompait sans cesse ? Dans quelles circonstances était-elle vraiment ? dans quelles circonstances était-elle un simple objet de son imaginaire ? impossible à dire. Ça devait être en fonction de ses humeurs, de ce qu'elle disait, exprimait, par les mots, les regards ou les gestes. Il le disait lui-même. Elle était instable, et elle cassait les couilles. Complètement instable et complètement casse-couilles. Pas une seconde, même pas dans sa tête, elle n'aurait songé à se défendre sur ce point. Parce qu'elle le savait très bien. Jamais elle n'avait été stable, et elle avait toujours été casse-couilles. Lui n'était jusque là pas totalement objectif, et ignorait sans doute que les gens de la vie extérieur étaient loin de la trouver aussi sympa que ceux d'ici. Chez elle, il n'était pas rare qu'elle agace, qu'elle dérange, qu'elle mette mal à l'aise. Elle ne savait pas pourquoi lui n'avait pas ressenti ça, mais c'était un fait. Sa vie ici n'était pas un très bon reflet de la réalité. Par exemple, il ne lui semblait pas "vouer une passion" au mot "non". Au contraire, on lui reprochait parfois de dire trop facilement oui, d'être trop gentille, de ne pas savoir refuser quoi que ce soit. Est-ce qu'elle disait tout le temps "non" ? mais quand ? sinon quand elle essayait de l'empêcher de penser n'importe quoi ? c'était peut-être ça. C'était peut-être trop souvent. Ou c'était ce qu'elle pensait être n'importe quoi. Et la boucle était bouclée. Abandonnant cette réflexion, elle se contenta de l'écouter encore. Et l'écouter lui fit monter la bile aux lèvres. Elle redoutait ce genre d'arguments. Elle redoutait de savoir à quel point elle avait failli, et été aveugle. C'était ce qu'il pensait ? que parce qu'elle n'était pas croyante comme lui, que parce qu'elle envisageait à peine une potentielle existence de quelque chose qu'elle n'aimait pas appeler "dieu" depuis seulement quelques jours, ils n'avaient aucun avenir ? mais le... mariage, avant d'être une cérémonie religieuse, c'était une institution juridique. Et des centaines de couples se mariaient à l'église, face au prêtre, sans même réellement croire en dieu. Elle l'aurait fait sans sourciller, si, un jour, il le lui avait demandé. Tout ça, c'était ce qu'elle se serait dit, quelque chose comme une semaine plus tôt. Là, rien. Si mariage voulait dire religion, alors d'accord. Mariage voulait dire religion. Elle ne cherchait pas plus loin. Mordant ses lèvres pour retenir toute réaction, elle laissa ses mots la percuter avec violence. Non, elle ne se l'était jamais dit. Sans doute parce qu'elle ne savait pas ce que c'était de croire en dieu, de croire vraiment en dieu, d'y croire dur comme ferme. Et si ça ne pouvait en rien lui servir d'excuse, ça lui rappela momentanément ce fait. Qu'elle n'avait jamais pris la peine de se mettre dans la peau d'un véritable croyant. Mais là n'était pas vraiment la question. Il fallait qu'elle arrête de penser comme ça. C'était pas un croyant. C'était Otello. Otello, dont la fin de la tirade lui laissa le coeur en morceaux. Pas à cause de la dureté de ses mots, mais à cause de tout ce qu'elle avait gâché, qui lui revenait en pleine face. Elle ne vit pas son sourire, ses épaules s'alléger, elle l'entendit à peine, capta tout juste son étrange manège à fermer les yeux comme s'il s'attendait à voir apparaître le cadeau de Noël tant désiré une fois rouverts. Il ne dort pas ? comment ça, il ne dort pas ? « Tu es réveillé depuis un moment » elle confirma. Enfin, un moment. Quelques minutes. Ou plus, elle n'en savait trop rien, peut-être était-il réveillé déjà avant d'ouvrir les yeux, sans qu'elle ne le sache. Elle repérait en général les gens qui ne dormaient plus mais faisaient illusion, mais c'était possible qu'il soit devenu expert en la matière, ou que son trouble constant depuis quelques jours l'ait empêchée de voir clair. C'était même tout à fait probable. « J'aurais aimé me marier avec toi » souffla-t-elle tristement, sans plus chercher à retenir quoi que ce soit. Au point où ils en étaient. Elle voulait juste avoir l'air forte. Un peu forte. Parce qu'elle ne voulait pas qu'il prenne pitié ou qu'il se sente coupable de quelque chose dont il ne l'était pas, le coupable. Pire, elle n'avait pas envie d'être une loque, pas face à lui. Et pire, pire encore ! elle refusait d'être heurtée dans sa sensibilité ou d'être blessée, elle refusait en tout cas que cela ne se voit en outrance. Elle était bien évidemment incapable de rester impassible, mais elle pouvait toujours limiter les dégâts. Sauf que c'était ses paroles qu'elle devait modérer, sa propension à dire n'importe quoi. C'était entre autres ce qu'il lui reprochait. « Même si je suis réelle, vas-y, si ça te soulage. Je peux l'entendre. Ne fais pas attention à ce que je ressens, continue. » On était à un stade où se soucier de ce qu'elle ressentait ou ce qu'elle pensait, ou se plier à ses exigences à elle n'était plus d'actualité. Ou ne devait plus l'être. Il avait assez fait de compromis entre ce qui était naturel pour lui et qu'elle ne prenait, sans s'en rendre compte, pas la peine d'écouter et ce qu'elle lui imposait tout aussi inconsciemment. La vérité, c'était qu'elle n'était peut-être tout simplement pas douée pour les relations. Quand on y pensait, les siennes ne s'étaient que rarement mieux terminées que celle-c... même mentalement, elle peinait à accepter le fait qu'ils puissent être finis. Comment pouvait-on être finis lorsqu'on avait à peine commencé ? même, pas vraiment commencé ?
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyJeu 21 Mar - 1:36

Je ne dors pas. Bordel de merde, je ne dors pas. Pas plus que je ne délire à cause des médoc. Alors quoi ? Je viens vraiment de lui dire tout ça ? Je viens vraiment de lui envoyer tout ça dans la face ? Qui plus est devant des millions de témoins ? C’est vraiment moi, ça, ce genre de type pédant et moralisateur qui n’hésite pas à juger, hurler, humilier ? Non, c’est pas moi. Ça n’a jamais été moi et ça ne le sera jamais. Combien de milliards d’années je vais m’en vouloir pour ça ? « T’es sûre ? » je demande quand même, comme un con, grimaçant l’expression d’une gamin s’apprêtant à se ramasser une gifle. Et la gifle c’est ça, tout simplement ça, la réalité. Ce n’est ni un rêve, ni un délire, tout ceci ne vient pas de simplement se dérouler dans ma tête, toutes les horreurs que j’ai dite, je les lui ai dite en face, en vrai, à voix haute. Et merde ! Je n’ai jamais voulu ça ! Je le pense, évidemment, je pense tout ce que j’ai dit, mais je n’aurais jamais présenté les choses ainsi, de manière aussi froide et directe, si j’avais su, si j’avais compris que... Et présenter des excuses ne servirait à rien. Je ne peux pas m’excuser d’avoir dit ce que je pense, sinon ça reviendrait à cautionner les non-dits et les messes basses. Je ne pratique pas l’art de la discussion dorsale - “parler dans le dos” pour ceux qui n’auraient pas assimilé ma tentative de langage soutenu approximatif - je pratique l’art du gardé pour soi. Oui, je la trouve instable, oui, je la trouve casse-couilles, et ça a toujours été le cas, mais... Jamais je ne le lui aurais dit comme ça, jamais je n’aurais présenté les choses de cette manière. Parce que... Hormis lorsque cela touche des sujets importants, déterminants et non-discutables tels que la religion ou le sexe - très important, le sexe -, j’aime son côté casse-couilles, j’aime son incapacité à se taire plus de trois secondes, j’aime qu’elle discute tout ce que je dis, tout ce que je fais, j’aime qu’elle m’emmerde du soir au matin, réclamant une attention qu’elle aura toujours, de toute manière. J’aime lorsqu’elle est chiante, lorsqu’elle est intenable, j’aime lorsqu’elle chante pendant que je lis parce que ça la fait chier que je lise à ce moment précis, j’aime lorsqu’elle s’allonge en travers de moi pour m’empêcher de quitter un lit dans lequel j’ai déjà trop trainé. J’aime son insolence lorsqu’elle n’est que jeu. Je l’aime beaucoup moins lorsqu’elle remet en question tout ce que je suis, tout ce que nous aurions pu être. Et non, je n’envisage pas une seconde une union civile qui n’est que la récupération politique et laïque d’une institution religieuse qui existe depuis que l’amour existe. C’est comme le baptême civil... Est ce que quelqu’un peut m’expliquer à quoi ça sert ? Voilà encore quelque chose que je n’aurais jamais du évoquer... Le mariage ! Mais qu’est-ce qui m’a prit de parler de ça ? Je ne dors pas, je ne délire pas, tout ce dont j’ai parlé a été entendu, et pire, enregistré. « Heureusement que j’ai pas évoqué ma dépendance au sexe et mon incapacité à me masturber, ça aurait été vraiment gênant. » je lâche, à défaut de pouvoir dire quelque chose d’intelligent, d’intéressant, ou d’utile. Je tente le troisième degré, en espérant qu’il m’offre une porte de sortie. Ce n’est pas le cas, et le silence se fait encore plus lourd, plus oppressant, presque autant que toute cette haut sur la fine vitre juste au-dessus de moi. Je pensais que je ne pouvais pas être plus claustro, le silence vient de me prouver le contraire. C’est elle qui le rompt, en réactualisant le thème du mariage. Elle aurait aimé ? « C’était pas une demande. » je la préviens, même si je sais que la signification est toute autre. Je sais qu’au travers de cet aveu, elle me parle de l’église, et tente de nuancer mes précédentes affirmations concernant cet avenir que je lui décris comme atomiser. Mais ça ne marche pas. Ça ne marchera jamais comme ça. Pourquoi faut-il toujours qu’elle se trouve confrontée au “c’est trop tard” pour m’avouer ce genre de trucs ? Ça les rend moins authentiques, presque forcés, ils perdent en crédibilité. C’est pas maintenant que je veux entendre ça ! C’était hier, avant-hier et l’avant-veille aussi, de manière inopinée, et totalement hors-sujet. Parce que c’est le genre de connerie qu’elle pourrait totalement sortir en suivant un fil de pensées qui me serait étranger. Et que c’est ça, aussi, que j’aime chez elle. Pas ça, pas cette façon de se rattraper aux branches, de me dire ce que j’ai envie d’entendre à contre-temps. Ni ça, cette propension masochiste à s’offrir en pâture. Au nom de quoi, au juste ? C’est exactement ce qu’elle vient de faire, m’invitant à poursuivre sans m’inquiéter de la heurter, lui faire mal, juste histoire de me soulager... « Oui, bien sûr, et après ça qu’est-ce que tu penses d’un petit viol bien brutal ? Ça aussi ça pourrait me soulager ! » je siffle, le regard aussi sévère que le ton que j’emploi. « Joue pas les martyrs sur la croix, j’ai horreur de ça ! Comme si ça pouvait me faire du bien de te faire du mal... » Comment peut-elle penser ça ? Comment peut-elle ne serait-ce que l’envisager ? C’est ce genre de réactions que je déplore, ce genre de soumissions masochistes qui, je le sais, ne sont pas de mon fait, mais plutôt de son passif à elle. « Arrête ça, et reste pas là ! Si tu dois passer la nuit ici, autant que tu t’installes un peu mieux que ça. Et ça non plus, c’est pas une demande. » Je la préviens en désignant l’immensité vide sur l’autre côté du matelas. « Et avant que tu n’utilises ton mot favori, je te préviens, c’est le lit ou la porte. » Trop autoritaire ? Oui, peut-être, mais il est hors de question que je la laisse passer la nid recroquevillée dans un fauteuil. Et puisqu’elle semble décidée à rester... Ce n’est pas comme si c’était la première fois qu’on partageait un lit.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyJeu 21 Mar - 16:20

Elle était même sûre et certaine. Ou alors, son somnambulisme était particulièrement convaincant. Mais il n'avait jamais été somnambule, donc non. Non, il était bel et bien éveillé. De toute façon, qu'est-ce que ça changeait ? si c'était ce qu'il pensait, c'était mieux qu'il le dise plutôt qu'il ne le garde pour lui, non ? c'était toujours ce qu'il y avait de pire, parce qu'on ressassait, on fulminait, on se taisait, puis un jour, on explosait. Et en général, ça se terminait mal, l'explosion. Parce que les mots étaient toujours bien plus violents lors de l'explosion qu'ils ne l'auraient été à petites doses, de temps en temps. Où en était-il ? à la petite dose où à l'explosion ? Autant le savoir, non ? Sauf qu'il ne voit pas les choses comme ça. Pas du tout, même. Fronçant les sourcils par-delà ses bras enroulés autour d'elle, elle resta interdite. Un viol ? martyr ? mais... qu'est-ce qu'il raconte ? l’honnêteté était forcément violente pour lui ? « Tu peux dire ce que tu penses de manière civilisée » elle objecta. La pensait-il à ce point incapable d'accepter une critique qu'il parlait aussitôt de lui faire du mal ? et eux, incapables de parler en adultes ? Pas sûr qu'il l'ait écouté, ni même entendu, cela dit, puisqu'il reprit aussitôt. Hein ? baissant instinctivement les yeux vers son fauteuil, elle mit une seconde à percuter. Bah, il était pas si inconfortable, ce fauteuil. Et puis déjà qu'elle lui imposait sa présence, elle n'allait pas... « C'est complètement faux, c'est pas mon mot fav... » elle s'interrompit, puis grogna. Ok. D'accord. Et râla. Râla lorsqu'elle s'extirpa de son fauteuil, râla sur le chemin qui la séparait du lit, râla en se hissant du côté vide, râla en retrouvant sa position fétiche : la boule. Râla même en laissant finalement retomber ses épaules sur le matelas, les mains sur le ventre. Puis elle cessa de râler. Elle ne savait pas râler. Pas vraiment, en tout cas. C'était contraire à sa génétique. Du coup, pour compenser, elle laissa son regard se plonger dans les profondeurs, ou ce qui était censé l'être, de la mer. Suivant distraitement des yeux un petit poisson solitaire a l'air perdu, elle se demanda si c'était possible que la vitre explose sous la pression de l'eau. Les architectes et ingénieurs avaient sans doute bien calculé leur coup, mais avec l'usure, le verre pouvait-il se fatiguer ? Elle avait passé toute une semaine dans cette chambre, et jamais elle ne s'était posé la question. Et là, là, maintenant qu'elle prenait réellement conscience des tonnes et des tonnes d'eau et de vie au-dessus de sa tête, elle se sentit minuscule, et insignifiante. Et perdue dans l'immensité aquatique, ses lèvres se décelèrent malgré elle. « Tu sais, la vérité c'est qu'au final, j'en sais rien. Si dieu existe. Peut-être que oui, peut-être que tu as raison. Il y a même autant de chance que tu aies raison que de chance que tu aies tord. Mais moi, je sais pas. Et je déteste ça, je déteste ne pas savoir, ça me fout la trouille, d'ignorer si je vis par moi-même ou si c'est sans arrêt des coups de pouce d'une entité supérieure qui me fait aller là où je crois aller toute seule, si autre chose que moi ou que toi a emprise sur ma volonté. Et je déteste tellement rester sans savoir que je deviens extrême, et je préfère me dire qu'il n'existe pas. Ou alors, je préférerais qu'il se montre, et... et dans un sens, c'est faible, et c'est ridicule, parce que dieu, c'est pas que ça, c'est pas que négatif, et... et... » et quoi ? elle ne voulait rien dire, elle n'avait rien à dire « et rien, je devrais même pas dire ça. » Elle ne voulait même pas le dire. Parce que c'était faible, justement, et parce que ça faisait des années qu'elle pratiquait très bien cette politique de l'autruche. Et aussi parce qu'elle avait l'air suffisamment pitoyable, pas la peine d'apparaître comme une opportuniste ratée en plus de ça. Machinalement, elle détourna la tête, ne voyant plus que l'autre côté de la chambre, dont elle connaissait encore chaque détail par cœur. « Pourquoi tu n'es pas retourné dans la suite royale ? ça doit être l'enfer pour toi, ici » elle pensa tout haut. On lui avait attribué la fameuse suite à elle, mais elle n'était pas certaine que ça lui fasse plaisir. C'était bien trop étrange, toute seule, et trop déplaisant. Elle avait un poids sur le cœur, sur la conscience, la vicieuse impression d'être une veuve qui se retrouvait dans une maison bien trop grande pour elle, alors que paradoxalement, sa peine était telle que même l'immensité de la pièce était trop petite pour l'accueillir. Quitte à être seule, elle aurait préféré que ça soit ailleurs. Alors il pouvait y retourner. Il aimait bien cette chambre. Plus que celle des fous, en tout cas. Elle savait que celle-ci, il ne l'aimait pas et s'y sentait mal. Mais l'autre, si sa présence l'avait dérangé, elle la lui aurait laissée.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyJeu 21 Mar - 20:35

Elle peut bien râler autant qu’elle le souhaite, et trainer des pieds aussi, ça ne changera absolument rien a ce qu’il en est. Je ne supporte plus de la voir ainsi, abattue, résignée, soumise. Ça rime à quoi tout ça ? Quel est l’intérêt ? Est-ce que ça l’aide ? Est-ce que ça m’aide ? J’ai pas besoin d’une infirmière, je le lui ai déjà dit, et de son côté, elle se défend d’en être une... Enfin, pas là. Pas avec moi... Alors pourquoi est-elle là ? Pourquoi souhaite-t-elle passer la nuit recroquevillée dans un fauteuil, si ce n’est pas pour m’aider s’il m’arrive quoique ce soit durant mon sommeil ? Sachant que la pire chose serait une insomnie, je ne vois pas vraiment ce que je risque à passer la nuit seul. Alors c’est quoi ? Elle veut qu’on parle, c’est ça ? Mais parler de quoi ? On s’est déjà tout dit, et ce que je n’avais pas encore dit, je viens de, méchamment, le lui envoyer à la tronche. Pour ma défense, je pensais que ce n’était pas elle, enfin pas vraiment elle, juste une création de mon esprit afin de soulager ma douleur. Plus que quatre jours et notre calvaire sera terminé. Le sien. Le mien. Indépendamment l’un de l’autre. Ce ne sera pas facile, mais au moins on ne se verra plus, et peut être que ça aidera... un peu ? Je n’ai pas envie d’y penser, je n’ai pas envie de me replonger dans la perspective d’un retour à Rome autrement plus chaotique que le précédent. La dernière fois, j’avais encore les vestiges de ma précédente existence. Cette fois, je n’aurais plus rien. Rien du tout. Même pas elle. Elle qui s’avance parce que je l’ai ordonné. Elle qui se hisse prudemment, avant d’opter pour la même position que sur le fauteuil. Par insolence ? Non, juste par esprit de contradiction, d’opposition, comme toujours. Interdite d’utilisation du mot “non”, elle le représente gestuellement. Patient, je la laisse faire, sachant pertinemment qu’elle finira par s’allonger, et par s’endormir, aussi, même si en l’état actuel des choses, si je lui pose la question, elle me soutiendra que non, elle ne fermera pas l’oeil de la nuit. Il est vingt-trois heures passées, je parie qu’avant une heure du matin, elle dormira à poings fermés. En attendant, puisqu’elle veut me surveiller, elle peut très bien le faire allongée. Ce qu’elle finit par faire, d’ailleurs, comme je l’avais prédit, se laissant retomber sur les oreillers, et cessant de râler du même fait. Tant mieux, ça commençait à devenir agaçant. Et maintenant ? Maintenant rien. Elle plonge dans un silence bienvenue, et moi je consulte la pile de livres mise à ma disposition. C’est l’oeuvre de Malachi. Si j’avais été dans la suite royale, j’aurais eu quantité de films à disposition, mais je suis dans la suite des fous, et à part regarder la vie sexuelle des poissons... Le brésilien a pensé à tout et a été piller une partie de la bibliothèque pour moi. J’ai d’ailleurs faillis lui faire une blague sur l’art du pillage culturel de ses ancêtres, mais ça n’aurait fait rire que moi. Bref, qu’avons-nous là ? Je suis en pleine lecture de quatrième de couv, lorsqu’elle reprend la parole, trouant le silence et l’ambiance confinée. Elle parle si doucement, que j’en suis contraint de reposer le livre sur mes jambes et tourner la tête vers elle pour l’entendre. Elle parle de Dieu, elle parle de sa peur de Dieu, de son extrémisme à elle, dans sa prise de décision. J’écoute parce que ce qu’elle dit me parle et fait sens. C’est la première fois qu’elle tient un discours cohérent concernant les croyances, concernant sa position vis-à-vis de ça. La dernière fois, elle n’avait répondu à aucune de mes questions, elle s’était contenté d’avorter le débat d’un simple “je n’y crois pas”. Aucune explication. Juste un “non”, encore et toujours ce foutu “non”. Cette fois, elle s’explique, sauf que cette fois, je n’ai rien demandé, et cette fois arrive après le “trop tard”. C’est quoi ce timing de merde ? J’aimerais lui répondre, mais je ne sais pas quoi dire. De toute manière, elle se détourne et change de sujet. Pourquoi je suis ici ? « Parce que c’est la chambre qui m’a été attribuée. » Tout simplement. Nous ne sommes plus un couple, nous ne sommes même plus un binôme. Alors quelle légitimité j’aurais à m’en aller squatter sa chambre, ou ne serait-ce que la réclamer ? « Et puis... C’est pas si mal, ici. » Mensonge ! J’ai l’impression de crever à chaque fois que je lève les yeux vers la paroi. Mais je n’ai pas l’intention de lui dire ça. Cela dit, c’est vrai que c’est plus supportable la nuit, lorsque l’océan se trouve plongé dans l’obscurité et qu’on ne distingue les poissons que lorsqu’ils frôlent le verre. Là, je peux me dire qu’il s’agit de murs normaux, du moins, jusqu’au levé du soleil. Et le reste du temps, je m’arrange pour être à l’extérieur. C’est pas si mal. C’est pas si mal. Et à force de me le répéter, je vais m’en convaincre. La chambre replonge dans le silence, et moi... Moi je reprends mon livre, l’ouvre en oubliant que je n’ai pas fini de lire le résumé, et... « Pourquoi t’es ici ? » voilà exactement ce que je voulais éviter. Revenir sur ses précédent propos. Et pourtant, je le fais, je ne résiste pas, parce que c’est dans ma nature aussi, répondre aux questions concernant Dieu. « Je ne parle pas de la chambre, je parle de l’émission... Et d’ailleurs, je ne parle même pas de celle-ci, je parle de l’autre, je parle de ta toute première inscription. Peux-tu me dire le moment exact où cette idée, cette envie t’es venue ? Peux-tu me dire quand, comment et pourquoi tu as brusquement pris la décision de participer à ce genre d’émission ? » Je ne lui demande pas réfléchir au pourquoi du comment de ma question. Je veux une réponse honnête et réfléchie. L’explication suivra après. Et c’est tout ce qu’elle aura, alors qu’elle ne s’avise pas de brûler des étapes que j’ai la bêtise de lui offrir. Surtout pas.
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Ismay
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyVen 22 Mar - 0:06

Tout ce qu'elle pouvait conclure, c'était que volontairement ou non, maintenant, il savait plus ou moins. Plus ou moins, parce qu'elle avait une propension à s'exprimer comme un enfant de six ans lorsqu'elle était confrontée à ce genre d'aveux la concernant. Elle était définitivement plus douée pour poser les questions que pour y répondre. Pourtant, elle devrait prendre l'habitude. Ou plutôt, elle aurait dû. Si songer à lui mentir un jour, sur quoi que ce soit, était tout simplement inenvisageable, confier tout et n'importe quoi lui était parfois encore un peu difficile. Sa confiance en lui était totale, pourtant, malgré qu'il soit parfois plus prompt au "tout ou rien" qu'au compromis. Mais il y avait certains trucs qu'elle n'estimait pas nécessaire de dire, ou qu'elle n'avait pas à dire, ou encore qu'elle ne voulait pas dire, parce qu'elle ne voulait pas le penser. Ça, par exemple. Et pire, comment dire à son (ex-)jules qui est, accessoirement, (ex-)prêtre qu'on préfère refuser tout net l'existence de son dieu parce qu'une curiosité inassouvie face à ladite potentielle existence est aussi dure à supporter qu'une balle en pleine tête, que l'idée même que son tout-puissant puisse penser pour elle, agir pour elle, réagir pour elle, lui filait la pétoche au point de fermer tout simplement les yeux ? on ne peut pas. Alors on abrège et on sort la version officielle. Et c'est pire que tout. Elle pouvait se consoler en se disant qu'elle aurait au moins comprit cette leçon. Qu'elle l'aurait même mangée en pleine face. Mais même ça, c'était secondaire. Bien sûr, dans l'hypothèse où elle retournerait simplement à sa vie normale, elle ne se laisserait pas totalement ronger par le chagrin et le remords qui la boufferaient pourtant. Elle reprendrait le cours de sa vie, sourirait, répondrait qu'elle allait bien même lorsque ça n'était pas le cas, s'efforcerait de ne garder de leur histoire que les bons souvenirs, et tâcherait d'avancer. Surtout parce qu'elle s'en serait voulu au-delà des mots d'inquiéter ses proches, ses parents surtout. Eux, elle pourrait leur mentir. Ça ne serait pas la première fois. Pourtant, lui, elle était incapable de lui mentir. Elle était même incapable de simplement abréger indéfiniment. La preuve. Au moins, il n'aurait pas comme dernière impression d'elle qu'elle était complètement fermée et vaniteuse. Et si la véritable réponse à sa question ne faisait que la rendre plus horrible à ses yeux, au moins, il aura la vérité et pas une vérité tronquée, erronée, qu'elle se répétait pour se rassurer. Maintenant, ils pouvaient changer de sujet. Ou arrêter de parler. Non, en fait, elle n'avait pas envie d'arrêter de parler. S'ils devaient se quitter dimanche, elle préférait pouvoir entendre encore sa voix, puisque ça serait la dernière fois. Pour ça, elle se retrouva incapable d'interrompre la discussion. Ce qui faisait office de discussion, en tout cas. Pour ça, et aussi pour une révélation soudaine. Quelle idée de merde de l'avoir foutu dans cette chambre ? D'autant plus que maintenant, il était condamné à ne pas partir en vadrouille à tout bout de champ mais plutôt à reposer sa cage thoracique, dans son lit. Donc ici. Puisque comme il le faisait si bien remarquer, c'était la chambre qu'on lui avait attribué. Sans blague. Et alors ? Et puis, c'était pas si mal ici. Elle ne pouvait que confirmer, évidemment, sauf que... « Très convaincant. » Menteur. Était-il utile de préciser qu'elle n'y croyait pas une seconde ? La trouille, la trouille irrépressible, ridicule, poignante, violente, mais néanmoins irrépressible, elle savait ce que c'était. Elle savait que ça ne partait pas comme ça, simplement parce que le décor n'était "pas si mal". Il fallait donc prendre des mesures. « On échangera. » Il retournerait là-bas, elle viendrait ici. Non négociable. Elle demanderait à Malachi de l'y traîner par la tignasse, s'il fallait. Mais en y faisant un peu attention quand même. Elle voulait pas la gâcher, sa jolie tignasse. Puis, le silence retomba. Qu'il lise, s'il le souhaitait. Elle, elle replongea littéralement dans la contemplation du plafond, tentant vainement d'apercevoir et de percer la surface de l'eau à l'aide ses pauvres yeux d'humains. Mission impossible, bien sûr. Mais elle s'acharna, plissa les paupières, pour se faufiler au travers du bleu trompeur et des algues qui reposaient sur la vitre. Ce n'est qu'au bout d'un moment, où elle s'apprêtait à abandonner, que sa voix perça le silence, retenant son attention. Pourquoi elle était ici ? bah, euh... fronçant les sourcils, elle s'apprêtait à lui répondre, mais il poursuivit. Ah. Ah, d'accord. C'était déjà plus compréhensible, comme question. Enfin... Spontanément, elle aurait voulu lui répondre que ça lui était juste venu comme ça, en apercevant la pub à la télé. Mais ça aurait été ridicule. Aussi, ne répondant pas tout de suite, elle prit le temps de réfléchir. Quand ? Comment ? Pourquoi ? bonne question. « Je crois que c'était quelques semaines après avoir quitté Londres. J'avais un peu de mal à trouver mes marques dans Salisbury, j'apprenais à m'habituer mais elle restait étrangère, je ne sais pas comment expliquer, j'aimais la ville, mais elle n'était chez moi. Sauf que je ne pouvais pas y retourner, chez moi. Du coup, lorsque j'ai entendu parler de l'émission, l'idée de faire un break, de n'être ni là-bas, ni à Londres, m'a un peu trop plu, sans que j'aie pu vraiment la contrôler. Un entre-deux, un arrêt dans le temps, un moment de répit pour essayer de retrouver respiration, raison et équilibre avant de sauter à nouveau et définitivement dans la vie réelle, dans une vie réelle, quelle qu'elle soit. » Elle se tut une seconde. « Il y a des jours où je me prenais encore plus pour une folle de vouloir participer à une télé-réalité... Puis finalement, au-delà de la raison principale, j'ai fini par devenir curieuse d'apprendre à découvrir des gens au-delà du cadre ordinaire de la vie de tous les jours, et ça m'a confortée dans ma décision, sans aller jusqu'à dire que je m'en sentais un peu moins idiote. » Voilà. C'est tout. Un humble besoin d'échapper à une réalité qui peinait à retrouver de sa simplicité, en vérité. Même si ce n'était pas cette vraie raison qu'elle avait donné à ses proches. Sans ça, elle n'aurait sans doute pas mis les pieds aux castings. Aujourd'hui, cette idée lui semblait un peu bizarre, tant qu'elle ne regrettait pas d'avoir dû passer par là pour finir ici. Enfin, pas ici ici, mais ici, là, là où elle en était à présent. Même si tout était loin d'être parfait.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyVen 22 Mar - 2:20

Echanger ? Pourquoi faire ? Non. C’est absolument hors de question. Je suis bien ici. Ici, au moins, j’ai pas à me taper tous les souvenirs liés au lieu. Ils sont toujours présents, évidemment, mais moins palpable. Qu’est-ce que j’irais foutre dans cette grande chambre tout seul ? Sans compter les escaliers. Chaque marche est une torture pour moi. Pour la suite des fous, au moins, il y a un ascenseur. Pas besoin de monter et descendre, à part pour la plage. Mais la plage, j’y vais pas non plus. Pareil, trop de souvenirs. C’est ça, la définition exacte du “pas si mal”. Au royaume du pire, je préfère le moins pire, puisque je ne peux avoir le mieux. C’est aussi simple que ça. Alors non, non, il est hors de question que je change de chambre. Celle-ci me convient très bien, celle-ci est parfaite pour mon état, pour mes états. Et tant pis si je suffoque à chaque fois que mes yeux se posent sur l’une ou l’autre des parois. Je gère. Aussi, je la laisse dire, parce que je n’ai pas envie d’entrer dans un débat où une partie de mes arguments se résumeront à “toi”, et parce que je sais que ce ne sont que des mots, qu’elle n’a absolument pas les moyens de me faire bouger de force. Je décide. Donc je garde le silence et reprends une lecture que je n’avais jamais commencé. Mais je ne m’en rends pas compte, c’est dire l’importance que je prête à ce que je suis entrain de lire. En réalité, je ne suis pas concentré, et malgré les mots qui défilent sous mes yeux et les pages que je tourne inlassablement, mon esprit vagabonde, revenant sur ce qu’elle m’a confié précédemment. Sa peur de Dieu. Sa peur d’un Dieu dirigeant sa vie à sa place. Ce n’est pas ma conception des choses, ce n’est pas ce qu’on m’a appris, ce n’est pas non plus mon expérience personnelle. Mais comment lui expliquer ça ? Comment le lui faire comprendre alors que je n’ai pas de preuves concrètes et qu’elle ne demande que ça, des preuves concrètes ? La religion ne se prouve pas. Et c’est bien là l’un des principaux arguments contre nous. Il faut donc que je l’amène à me fournir elle-même la preuve, ou tout du moins un début de preuve, et je crois avoir ce qu’il me faut. C’est comme ça que j’en viens à reposer un livre que je ne lisais pas, de toute manière, pour l’interroger sur les raisons qui l’ont poussé à s’inscrire à une émission de télé-réalité. Pas celle-ci, celle-ci je sais pourquoi. Mais la précédente, c’était quoi ses raisons ? Elle met du temps à me répondre, mais je la connais suffisamment pour savoir qu’elle n’est pas entrain d’essayer d’esquiver mais plutôt d’approfondir. Chaque question est importante à ses yeux, mais dans le contexte actuel, elles deviennent existentielles, comme si sa vie en dépendait. Ou son futur. Alors j’attends, j’attends, et j’attends encore, tournant et retournant, machinalement, les pages de mon livre. C’est quoi le titre, déjà ? L'assommoir. Ok. Et puis elle se met enfin à parler, évoquant son départ de Londres, son arrivée difficile à Salisbury, me renvoyant à ce qu’elle m’avait confié sur sa volonté de vivre ailleurs, et si possible avec moi, à Rome. Merde, je ne dois pas penser à ça. Il ne faut pas que je laisse mon esprit dériver sur le gâchis de tout ceci, et que je me concentre sur ce qu’elle dit. C’est la seule chose à faire, alors je la fais, écoutant la suite avec le plus grand des sérieux. J’écoute et je déniche la preuve que j’attendais, le début de preuve. Du moins, c’est comme ça que je le vois, et son point de vue ne sera pas forcément le même que le mien. Et puis, elle utilise les mots que j’attendais. Folie. Raison initiale. Confortée. « Donc tu as eu une envie étrange, incohérente et spontanée, et tu t’es efforcée, par la suite, de te convaincre que ce n’était, finalement, pas une si mauvaise idée que ça. » Voilà comment je résume les choses. J’ai raison ou non ? Visiblement, elle attend la suite, c’est que je ne dois pas être si loin que ça de la vérité. « Parce que, te connaissant, en ayant besoin d’un break, tu aurais opté pour des vacances loin de tout, un voyage pour remettre de l’ordre dans tes idées, te recentrer sur toi, tes ambitions, tes projets. Jamais l’idée d’aller t’enfermer avec de parfaits tarés sous l’oeil d’un million de voyeurs assoiffés de sexe et de clash, ne t’aurait effleuré l’esprit. Et ce n’était pas comme s’il s’agissait d’une émission inconnue du grand public, tu savais à quoi t’attendre, tu savais que le niveau intellectuel était proche du néant, et que la seule ambition des candidats était de s’envoyer en l’air et de gagner en popularité pour se lancer dans une carrière de has-been dès leur sortie... » je lève un oeil vers cette caméra qui vient d’émettre le bruit de rotation me signifiant que là, j’intéresse du monde. Oh merde ! « Personne n’est parfait. » je lance, à l’intention du production uniquement composée d’ex-candidats de cette fameuse télé-réalité racoleuse. Je viens de perdre des points, c’est ça ? M’en fout. « Toi et moi... » je reprends en reportant mon attention sur elle. « ... On avait rien à foutre là. Mais moi, j’avais une bonne raison, moi j’y étais dans le cadre de ma boulimie. Je voulais tout voir, tout faire, tout ce que les autres avaient eu la chance d’expérimenter depuis leur plus tendre enfance, moi je le découvrais en express, et de manière extrême. La musique, je ne voulais pas que l’écouter, je voulais la faire, les livres, je ne voulais pas en entendre parler, je voulais les lire... Alors la télé-réalité, je ne pouvais pas juste me contenter de la regarder. Il fallait que je la fasse. Tu vois ce que je veux dire ? Moi, je peux expliquer la raison de ma présence, je peux te relater le cheminement de ma décision, je sais exactement quand, pourquoi et comment, là où toi, tu peux juste me dire que tu “crois que”, “du coup” tu, et “finalement”. En fait, tu ne sais pas pourquoi tu as pris cette décision. Tu sais juste que c’est arrivé, et pour te convaincre que ça venait de toi, tu as chercher une raison rationnelle pour tout ça. Mais tu sais que ça ne tient pas debout, tu parles même de folie. Tu comprends ce que j’essaye de te montrer ? » Est-ce qu’elle comprend ce que je pense, moi, de tout ça ? Oui, à mes yeux, c’est l’oeuvre d’une volonté supérieure à la sienne. Celle de Dieu, ou Allah, ou autre, peu importe. Mais Il ne l’a forcé à rien, Il n’a pas agit avec elle comme avec une marionnette, ce n’est pas là le but de ma démonstration. « On t’a donné cette envie que tu n’aurais jamais eu toute seule. Le but ? Je ne veux pas le connaître et ce n’est pas le propos... » Non, parce que ce serait admettre que la seule raison valable pour laquelle elle aurait eu à faire cette émission, c’est moi. Et ça... Non, je ne peux pas. « ... Mais l’important c’est que on t’a donné l’envie, on ne t’a pas donné la volonté. Une envie, tu peux la combattre autant que tu veux. Là, par exemple, j’ai une furieuse envie de chocolat chaud et de tartines beurrées, et pourtant, je ne vais pas y céder, essentiellement parce que je ne peux pas me lever, mais c’est pas le propos. D’ailleurs, c’est une drôle d’envie, tu crois que ça vient des médoc ? » Je m’interroge. A moins que ça ne vienne d’ailleurs, mais je ne vois pas l’intérêt de me faire monter jusqu’à la cuisine quand mon avenir semble se jouer ici, dans cette chambre. « Bref. Ce que je veux dire, c’est que tu pouvais dire non, que tu pouvais rejeter cette envie et continuer ta vie comme d’ordinaire, ou prendre un billet d’avion pour Paris pour un vrai break, et les choses seraient bien différentes, pour toi, aujourd’hui. Parce que tu as choisi d’assouvir cette envie. C’est toi qui a choisi d’être ici. Si une puissance supérieure te guide, elle ne fait que ça, te guider. Elle ne prend pas les décision à ta place. Comme un parent, un père, une mère, qui t’aide sans jamais réellement interférer. Alors oui, il faut suivre ses envies, surtout les plus étranges et inexplicables. Mais si tu ne les suis pas, ça ne veut pas dire que tu prends un mauvais chemin. Tu en prends juste un autre, un différent, un plus long peut-être, plus doux peut-être. C’est toi qui choisi, parce que... Il existe un truc qu’aucune croyance ne remettra jamais en question, et qui s’appelle le libre-arbitre. Il est dit que Dieu a créé l’Homme à son image, tu es donc son enfant, pas son jouet. » Voilà. C’est ça, ma religion à moi. Et j'ai toujours cette foutue envie de chocolat.

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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyVen 22 Mar - 15:15

Pourquoi ? Pourquoi cette question ? ou plutôt, pourquoi maintenant ? Enfin, cela faisait des mois qu'ils n'étaient plus là-bas, et donc que la question ne se posait plus vraiment. Il aurait pu la lui poser plus tôt, ça aurait été plus légitime. Ou disons, moins bizarre, et étonnant. Et incompréhensible, aussi. Pourquoi vouloir savoir maintenant ce qui l'avait poussée à aller là-bas ? Sûrement pas par curiosité, comme elle aurait pu lui demander encore aujourd'hui ce qui avait motivé sa décision, comme n'importe quel élément mineur de sa vie l'aurait autant intéressée, mais lui n'avait plu aucun intérêt à savoir ce genre de chose. Mais bon. Après tout, si ça l'amusait de savoir ? Elle pouvait bien répondre à ça. Enfin, fallait-il encore qu'elle sache quoi répondre. Elle savait, mais sans savoir. Sans savoir vraiment, sans trouver ses mots, sans pouvoir exprimer des ressentis. Et si la raison n'en était pas vraiment une ? Si, en réalité, il n'y avait pas de raison ? Mais il ne raisonnait pas comme ça. Évidemment. Non, au lieu de ça, il prit la parole, et bizarrement, elle devina presque tout de suite qu'il allait partir dans une de ces tirades dont il avait le secret. Elle eut envie de se love sur le drap, comme elle en avait l'habitude dans ces cas-là, mais elle se contenta de tourner la tête vers lui, l'observant en attendant qu'il poursuive. Oui. Oui, on pouvait en gros résumer ça comme ça. Pas complètement, parce qu'il y avait malgré tout une base à cette idée spontanée, incohérente et étrange, mais il n'avait pas tord sur le fait que l'idée était bel et bien spontanée, incohérente et étrange. Comme elle l'avait deviné, il enchaîna. Il cernait plus pu moins bien la chose, mais plus ou moins, seulement. Se recentrer sur elle-même, sur ses projets et ses ambitions, ça avait été le cadet de ses soucis. Tout ce qu'elle voulait, c'était foutre le camp et s'enterrer la tête dans le sol pour ne penser à rien. Et peut-être que là, là, loin de la vie réelle, elle y serait parvenue. Mais il était vrai qu'en se cassant simplement loin de tout ce qu'elle connaissait, ça aurait été possible. Le Brésil, par exemple, semblait faire son effet. Le voyant détourner la tête, elle suivit son regard jusqu'à un coin de la pièce, tout a fait semblable à un autre. Hm ? bah. Elle ne reprit le fil de la conversation que lorsqu'il sembla se réintéresser à elle. Ils n'avaient rien à faire là, ça, c'était sûr? Elle ne regrettait pas d'être là, bien sûr, comme elle n'avait jamais réellement regretté d'avoir été là-bas avant, mais ça n'empêchait pas qu'elle s'était parfois sérieusement demandé ce qu'elle foutait là, dans ce contexte particulier et insensé qui ne l'avait jusque là absolument pas intéressée. Donc, effectivement, cette décision n'avait pas réellement de sens sinon celui d'une femme apeurée qui avait agi sur un coup de tête. C'était ce qu'elle s'était dit, mais c'était autre chose qu'il semblait vouloir lui faire comprendre. Et elle n'était pas idiote. Elle voyait bien où il voulait en venir. Ou du moins, la base de ses réflexions. Peut-être y avait-il autre chose, mais le fil conducteur était limpide. Aussi, elle hocha simplement la tête contre son oreiller. Et il entreprit de confirmer presque aussitôt ce qu'elle pensait. Bien sûr, c'était ça. Ce n'était pas réellement elle qui avait eu l'idée, un vent supérieur n'avait fait que lui souffler à l'oreille un soir de pleine lune. C'était difficile et pas très agréable à croire. Elle s'efforça de faire fit de tout préjugé, cependant, n'écoutant que sa voix et ses certitudes qui perçaient à travers elle. Il semblait si sûr de lui. Comment pouvait-il être si sûr de lui ? Elle aurait aimé l'être aussi. Quelque part, elle lui enviait cette certitude. Elle, maintenant, tout de suite, elle n'en avait plus aucune. Même lui, elle ne l'avait plus. Alors qu'il terminait, elle, resta silencieuse, et vrilla le regard sur le plafond. Se perdant dans le bleu de l'eau sans réellement s'y perdre, trop concentrée sur ses pensées. Présenté ainsi, c'était pas si mal, de croire. La vie pouvait être très simple, et on se sentait toujours soutenu, quelque part. Mais si l'homme était l'enfant de dieu, ça voulait que sept milliards d'hommes étaient les enfants de dieu. Que pouvait-il bien avoir à faire avec un insecte insignifiant comme elle, tout surpuissant qu'il était ? et avait-il vraiment été là lorsqu'elle avait enchaîné les mauvais choix ? elle repoussa cette pensée. Ses propres parents n'avaient pas plus insisté pour l'en empêcher, mettant un point d'honneur à la laisser décider par elle-même. C'était presque pareil. Si elle l'accusait lui, alors elle les accusait eux. « Il est sympa, dieu » elle souffla, incapable de trouver quoi que ce soit de plus sérieux à dire. Pas qu'elle ne le pensait pas, au contraire, mais elle était tellement déboussolée que son esprit avait régressé vers ses huit ans. « J'aimerais bien qu'il fasse un signe, là, maintenant » pensa-t-elle tout haut, méditative, malgré qu'elle soit consciente de l'idiotie et de l'impossibilité de son souhait. Pour ça, il faudrait d'abord avoir la certitude qu'il existe, et c'était précisément la raison pour laquelle elle voulait un signe. Et une fois cette condition remplie, tout dépendait de sa bonne volonté ponctuelle. Peut-être qu'il était en plein de match de foot céleste, branché quelque part sur un nuage, et qu'il se disputait avec Satan par téléphone. « Est-ce que tu es un signe ? » elle continua, vrillant vers lui un regard suspicieux et pensif sous des sourcils froncés, sans réellement lui parler en particulier. N'était-il pas en train de lui retourner le cerveau ? dans le bon sens du terme, évidemment. Bon. Elle s’emballait peut-être. Secouant finalement la tête, elle suivit du regard la trajectoire d'un petit poisson particulièrement téméraire.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyVen 22 Mar - 17:54

Je n’affirme rien, je ne fais que lui faire part de mon point de vue. Je ne tente pas de la convaincre, juste de lui offrir une perspective différente dans laquelle elle pourra se projeter ou non. C’est son choix, il lui appartient. Je ne demande rien, ni qu’elle change d’avis, ni qu’elle se range au mien, et surtout pas qu’elle accepte tout ce que je dis sans y réfléchir de son côté. Ce n’est pas son style, qui plus est. Qu’elle accepte sans broncher, à mes yeux, serait la preuve que rien de tout ça n’est réel, que ce n’est que le fruit de son besoin de rattraper les évènements de la semaine passée, quitte à sacrifier tout ses principes. Alors j’attends, j’attends qu’elle prenne la parole pour me donner son avis sur ce que je viens de dire. Peu importe ce qu’il en sera, peu importe si elle décide de poursuivre le débat, ou qu’elle souhaite y mettre fin, du moment que j’ai la conviction qu’elle réfléchit par elle-même. Elle garde le silence, et je m’occupe en tournant et retournant les pages d’un livre que je ne lirais pas, de toute manière. N’a-t-elle donc rien à dire à ce propos ? Même pas une connerie ? Elle a toujours un truc à dire, elle est la reine du truc à dire. Même en dormant elle dit des trucs. Alors, c’est quoi, cette fois, qui l’empêche de parler, de donner son avis, et de me contredire ? Parce qu’elle finira, forcément, par me contredire, l’emploi du “non” étant indéniablement inévitable. Sauf qu’elle ne dit rien, et que je ne peux empêcher mon regard de cavaler sur elle. Les yeux rivés au plafond, elle semble plongée dans ses pensées. Des pensées qui m’échappent et qui m’énervent. J’aimerais savoir à quoi elle songe. Et rien que ça, ça me dérange. Je devrais m’en foutre, c’est du passé. Je devrais pouvoir tirer un trait dessus, bien que ce soit encore un peu trop tôt, un peu trop frais. Quand bien même elle en viendrait à changer d’avis sur l’essence même de notre dispute, ça ne change rien au fait que l’on ne cesse de s’engueuler, de se séparer, puis de s’offrir un nombre incalculable de secondes chances. On se connait depuis six mois, on aura vécu ensemble pendant un peu plus de trois mois, et on aura été réellement ensemble pendant trois semaines... Et on en est déjà à notre troisième séparation. Est-ce normal ? C’est quoi l’avenir d’un couple qui commence comme ça ? Vaut-il mieux s’acharner ou stopper l’hémorragie ? J’ai décidé de mettre fin au carnage, et pendant ce qui m’a semblé une éternité, elle avait l’air de partager mon avis, m’évitant comme la peste, ne m’adressant pas la parole une seule fois, arrivant très en retard sur un prime durant lequel elle n’aura absolument rien fait pour venir jusqu’à moi. Elle était d’accord, elle était totalement d’accord avec ça. Alors pourquoi est-elle là, aujourd’hui ? Juste parce que je suis tombé d’un toit ? Qu’est-ce qu’on s’en fout, je ne suis pas mort ! Je ne risque pas de mourir non plus. Alors pourquoi ? Pourquoi brusquement revient-elle faire le siège de mon espace vital ? Elle reprend la parole, et je détourne instantanément le regard, comme coupable qu’elle puisse surprendre mes yeux posés sur elle. Dieu est sympa ? Ce n’est pas l’adjectif qualificatif que j’aurais employé, mais je sais reconnaître du second degré lorsqu’il s’en présente. Alors je ne dis rien, je ne réponds pas, je me contente de garder le cou ployé pendant que je triture, encore et toujours, les pages de mon livre. Elle veut un signe. Elle veut un signe maintenant. Avant de me demander si c’est moi, le signe. Le regard qu’elle pose sur moi me laisse perplexe, voir un peu sur la défensive. « Un signe de quoi ? De l’existence de Dieu ? Pourquoi je serais plus un signe que n’importe qui d’autre ? C’est l’humanité en elle-même qui est un signe, c’est la rencontre et l’amour de tes parents jusqu’à l’aboutissement de ta création qui est un signe. Et pourquoi veux-tu absolument te convaincre de son existence ? Tu n’y croyais pas y a une semaine, tu m’as soutenu que Dieu n’existait pas. Alors, pourquoi, maintenant, tu as autant besoin de te convaincre du contraire ? » Pour moi, c’est ça ? C’est pour moi, qu’elle fait tout ça, c’est parce qu’elle veut me faire revenir sur ma décision, pas vrai ? « T’as eu tous les signes dont tu avais besoin, et plus encore, et ce depuis six mois. Qu’est-ce qu’il te faut de plus ? Je te comprends pas. Je ne te comprends plus. Si tu n’étais pas d’accord avec ma décision, fallait le dire y a une semaine, pas attendre, pas laisser passer un nombre incalculable d’heures et de minutes avant de revenir me hanter pour me parler de Dieu, comme si ça allait arranger les choses, comme si ça suffisait à tout effacer. » je m’emporte, brusquement, comme si le trop plein qui menaçait depuis un moment ne pouvait plus être contenu. « Et non, non ! T’as pas le droit de me sortir ton air de martyr sacrifié, ton expression de soumission insupportable ! T’es adulte, Ismay ! C’est une horreur de devoir passer après cet autre qui t’a ruiné le cerveau, qui t’a ôté toute volonté autonome. J’aimerais que tu sois dans le couple comme tu es dans la vie. Je ne veux pas de cette petite chose rampante à mes pieds. J’ai jamais voulu ça. Ça c’est ce que lui voulait. Et lui était malade. Pas toi. » Quoi ? Qu’est-ce qu’elle s’imaginait ? Que j’ignorais tout ? Si j’ai réussi a me procurer les coordonnées géographiques exactes de sa naissance, il va sans dire que j’ai eu accès à un certain nombre d’autres informations confidentielles. J’ai beau avoir quitté la garde palatine, je reste un ange, et un frère. Et on ne refuse jamais rien à son frère.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyVen 22 Mar - 20:10

C'est vrai après tout. Pourquoi ne serait-il pas un signe ? on avait déjà vu plus improbable et moins important, comme signe. Pourquoi est-ce qu'il le prenait aussi mal ? il était prêtre. n'était-il pas, par définition, un putain de signe ? et pourquoi, alors qu'il lui reprochait une semaine auparavant, d'être incapable de remettre en doute ses convictions, c'était maintenant le fait qu'elle le fasse qui le dérange ? était-il vraiment sur qu'elle était la plus instable des deux ? et que voulait-il vraiment, d'ailleurs ? il la quittait, lui reprochait de l'avoir laissé partir ? c'était ça ? mais pourquoi la quitter, alors ? dans ces moments-là, elle aussi avait du mal à le comprendre. Mais elle le savait, elle savait depuis le début, elle l'avait même dit, dans son casting, la toute première fois. Qu'il fallait un non-amour. Et là, le non-amour, ils ne l'avaient pas. Ils n'avaient aucun recul, ils étaient à vif à longueur de journée, n'avaient rien pour maintenir l'équilibre, avec aucune autre possibilité que d'imploser. Même deux personnes destinées l'une à l'autre ne pouvaient que surchauffer dans cette atmosphère. Il fallait une vie. Il leur fallait une vie. Peut-être même que s'ils s'étaient connus à l'extérieur, jamais ils ne se seraient disputés. Pas une fois. Mais ce cas de figure n'était pas, donc inutile d'imaginer des possibilités qui n'avaient pas lieu d'être. Elle l'observa, tandis qu'il s'emportait, tandis qu'il lui intimait de ne pas jouer les martyrs. C'était comme ça qu'il la voyait ? Le reste de ses paroles la firent se redresser brutalement, décomposée. « Tais-toi ! tais-toi ! comment est-ce que tu pourrais savoir ! ne parle jamais, jamais de ça ! » elle articula. Même à lui, ça, elle n'en parlait pas. Elle l'avait fait une fois, ici même, dans le domaine la villa, en ôtant son micro, par culpabilité et c'était une fois de trop. Elle ne voulait même pas savoir d'où il tenait ce qu'il pensait être ses informations. Elle ne voulait pas. Parce que tout ce qu'elle savait, c'était que jamais il n'aurait pu deviner tout seul, même en la connaissant très bien, c'était chose impossible. Tout ce qu'il avait glané comme info à ce sujet, ça venait d'ailleurs. C'est-à-dire de quelqu'un d'ignorant. Car les seules personnes à avoir jamais eu ce qui s'apparentait à des détails, c'était ses parents, son demi-frère, et Maddie. « Tu crois que moi, je l'ai voulu ? Tu crois que c'est ce que moi, je veux ? » Le simple fait qu'il puisse évoquer quelque chose dont elle ne voulait plus jamais entendre parler la foutait en rogne. C'était un enfer de passer après l'autre ? mais qu'est-ce que ça devait être de vivre avec sa trace indélébile dans la tête à chaque minute, chaque heure, chaque jour de sa vie ? Elle était adulte ? waw, elle avait oublié que le conditionnement forcé prenait ça en compte ! Cette simple pensée, cette simple mais brusque soif de cynisme la désespéra. Les doigts crispés dans ses cheveux relevés, elle secoua la tête, horrifiée de l'avoir et de la voir en vrac, au point de devenir mesquine, même dans sa tête. « Je ne veux pas me convaincre de l'existence de dieu, t'y es pas du tout, je veux comprendre s'il existe ou pas, et comment je pourrais faire, sans signe ? sans véritable signe ? Je le tire à pile ou face ? non, et c'est pour ça que je ne prends pas ta vision des choses à la légère. » Il pouvait voir ça comme il le voulait, pour elle, sa naissance, l'amour (ou pas, hein) de ses parents, et toute la biologie n'étaient pas des signes. Pas des signes irréfutables. Et c'était tout ce qu'elle voulait. Que dieu existe ou non, en définitive, ce n'était pas si important. Quitte à paraître trop terre à terre, trop scientifique, tout ce qu'elle voulait, c'était être fixée, et une fois fixée, alors elle pourrait décider de comment elle envisage les choses. Même si c'était en contradiction avec ce en quoi il croyait. L'amour par exemple. Il pensait vraiment que c'était l’œuvre de dieu ? bien sûr, il pouvait mettre une personne sur le chemin de celle à qui elle était destinée, leur laissant le choix de se remarquer ou non. Mais quand même. Elle avait du mal à y croire, du mal à se dire que ça puisse être un signe. « Et comment tu pourrais ne serait-ce qu'imaginer que je sois d'accord avec le fait de te perdre ? mais est-ce que j'ai pour autant le droit de te garder pour moi, si c'est pour qu'en contrepartie, tu finisses toujours plus malheureux ? tu me quittes à cause de quelque chose que je dis ou fais qui t'insupporte, forcément, tu ne peux pas revenir comme si rien n'était, comme si ce quelque chose n'était plus. Je veux me battre, je veux me battre pour toi, plus que tout, et je serais prête à le faire toute ma vie, mais pas si ça te fait souffrir quand même. Tu peux penser que c'est de la soumission ou une absence de volonté, ou quoi que ce soit, je m'en fiche. » Parce qu'elle serait aussitôt revenue vers lui, si elle avait eu la certitude que ça ne lui aurait rien fait. Lui imposer une présence qui lui aurait sans cesse fait du mal était hors de propos. N'était-ce pas ce qui l'effrayait tant, avant, au début, et peut-être encore récemment ? de faire quelque chose qui la forcerait à le quitter ? ne se rendait-il pas compte à quel point c'était en réalité l'inverse ? « Et là, ce soir, j'ai craqué, parce que mes sentiments ne s'envolent pas comme ça. Quand Malachi m'a dit que tu étais là, j'ai voulu voir comment tu allais, et je ne serais pas restée, mais tu as dit que tu étais tombé d'un toit, et j'ai eu peur. Pas du fait que tu te sois blessé, enfin, si, aussi... mais tu ne tombes pas des toits » et encore une fois, elle ne s'expliquait que moyennement ce point. Otello, il ne tombait pas d'un toit, il se moquait de lui et de la pesanteur à laquelle il le soumettait.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyVen 22 Mar - 21:36

Oui, je me suis renseigné sur elle ! Évidemment que je me suis renseigné sur elle ! Je me renseigne sur tout le monde ! J’avais eu l’intitulé de son secret entre les mains, et pas la moindre explication. Alors, elle s’imaginait quoi ? Que j’allais laisser tomber, attendre qu’elle m’en parle, qu’elle m’explique ? Non. Il y avait déjà beaucoup trop de choses soumises au hasard. Il fallait que je sache ça, il fallait que je puisse comprendre ça. Et éventuellement le contrôler. Au moins ça. Et ça, c’est absolument pas compliqué de l’apprendre lorsqu’on sait où chercher. Et le Vatican sait toujours où chercher. Pas chez ses parents, pas chez son frère, ça aurait été une perte de temps. Mais de l’autre côté, ce fut d’une facilité déconcertante. Qu’est-ce que ça a provoqué en moi ? Un cataclysme sans précédent qui m’a obligé à me maintenir dans l’ignorance de l’identité complète de cet autre. Sinon... Sinon, je ne serais certainement pas là en ce moment, mais plutôt entrain de purger une peine en prison. J’ai attendu qu’elle m’en parle d’elle-même, parce que ça devait venir d’elle. J’ai attendu, j’ai patienté, et j’aurais pu encore supporter cette attente pendant longtemps si... Si elle ne m’avait pas poussé à bout avec son comportement de soumission extrême. Sauf que cette fois, c’est moi qui la pousse à bout, l’amène à l’orée de l’implosion tandis qu’elle m’ordonne de me taire. La surprise passée, c’est la rage qui prend le relais. Comment peut-elle m’ordonner ça ? Comment peut-elle passer son temps à me pousser à répondre à toutes ces foutues questions, à m’en ouvrir intégralement à elle, quand, de son côté, elle cache, elle dissimule, elle décide d’une ligne à ne pas franchir. C’est ça l’équité ? C’est ça s’offrir à l’autre ? Elle hausse la voix, elle s’énerve, elle gesticule et s’arrache la moitié des cheveux... Et loin de me calmer, loin de m’accabler, ça m’agresse, ça me légitime, ça m’enrage. Elle n’a aucun droit de m’ordonner quoique ce soit, et surtout pas de me taire ! Elle n’a aucun droit de présumer de ce que je sais ou de ce que je ne sais pas. Manifestement, je sais bien plus qu’elle ne se l’imaginait. Manifestement je sais les tenants et les aboutissants, et je subis le résultat de son conditionnement. En partie, du moins. Elle finit par se calmer, mais ça ne change rien pour moi. De mon côté, mon sang bouillonne toujours dans mes veines. Elle me parle à nouveau de Dieu, et toujours ce putain de signe qu’elle réclame. Comme si Dieu lui devait quoique ce soit ! Qu’elle croit ou non en lui, Il s’en fout, très probablement, elle se rendra compte de ses erreurs plus tard, mais... Moi ? C’est moi qui ne m’en fout pas. Donc c’est à moi de passer ma vie à lui trouver et traduire des signes ? C’est à moi de m’épuiser à ça, juste parce qu’elle a besoin d’une foutue preuve concrète ? N’a-t-elle jamais eu foi en quoique ce soit ? Elle change de sujet, repassant à moi, à son inaction qu’elle tente d’expliquer par son soucis de mon bonheur à moi. Ah ouai, c’est clair, j’ai l’air super heureux là, maintenant, tout de suite ! Est-elle aveugle ou juste profondément crétine ? Se battre pour moi ? Quand ? Lorsqu’elle a décidé de couper court à la discussion en arrêtant de me répondre ? En tournant les talons ? En ne m’adressant plus la parole ? En ne daignant même pas arriver à l’heure sur le prime ? C’est ça, se battre pour moi ? Alors il aura fallu que je tombe d’un toit pour qu’elle se réveille ? Et pourquoi ça ? Je ne comprends même pas. Comment ça, je ne tombe pas des toits ? Ça veut dire quoi, ça ? Elle s’imagine quoi ? Que Dieu m’a poussé ? La blague ! Si elle veut croire en un Dieu malveillant, je préfère encore qu’elle ne croit en rien du tout. « Tu crois que c’est ça, ton signe ? » j’articule entre mes mâchoires contractées. « Tu crois que c’est moi tombant d’un toit ? » Ridicule ! « Ou alors, tu crois que je suis volontairement tombé du toit ?! » je réalise, brusquement, ce que, peut-être, elle essaye de me faire comprendre depuis un moment. Et cette idée me révulse au plus haut point. Alors je me lève, me foutant de la douleur que mon geste brusque entraine. Je me lève, et contourne le lit pour rejoindre son côté rapidement. Trop rapidement. Mes côtes m’élancent, mais je m’en fous, et je tends le bras pour attraper le sien, et la soulever du matelas. Je suis brutal en la collant contre le mur, mais dans mon état, ça aurait pu être bien pire. Je me contiens. « Tu veux le voir, ton putain de signe ? » Je l’interroge, une main enserrant toujours le haut de son bras pour la maintenir contre le mur, tandis que l’autre reste collée contre mes côtes, pour les maintenir en place, elles aussi. Et sans lui demander son avis, sans même prendre en considération ce dont elle peut avoir envie ou non, je me lance dans ma démonstration en fondant sur sa bouche. Bien sûr que ça me manquait, mais ça ne veut rien dire. D’autant que ce que je lui offre n’a rien de doux, de tendre ou d’amoureux. C’est juste instinctif, brutal, primaire, animal. Un échange basique, sans sentiment, sans émotion particulière. Un besoin de possession, un besoin de reproduction, comme les animaux que nous étions et que nous resterons toujours selon la sacro-sainte science. Et lorsque je la relâche, lorsque hagard, essoufflé, les lèvres chaudes et douloureuses à l’image de son menton et ses joues rougies par ma barbe naissante, c’est là que la démonstration commence. Ma main sur son bras descend légèrement, et le force à remonter jusqu’à elle. « Ca, tu l’expliques comment ? » j’interroge, sec et froid, en désignant chaque poil dressé sur son avant-bras. Sur tout son corps, d’ailleurs. « Quelqu’un d’autre que moi est capable de faire ça ? » j’enfonce le clou, avant d’attraper sa main pour la plaquer sur le côté gauche de mon coeur, laissant mon palpitant frénétique venir se cogner contre sa paume. « Et ça ? Ça c’est quoi ? T’as une explication scientifique pour ça ? Tu crois que ça vient d’où, l’amour ? » Les animaux sont incapables de ça. Alors pourquoi nous ? C’est quoi l’explication scientifique ? « Ca t’ira comme signe, ou il te faut plus ? » je demande, en la relâchant complètement pour reculer autant que possible. « Maintenant, écoute-moi bien, parce que je ne le répèterais pas ! Je n’ai pas sauté du toit, j’ai juste perdu l’équilibre, j’ai fait preuve d’inattention, et ça arrive simplement parce que je suis humain... Et deuxièmement, tu n’as absolument aucun droit de m’interdire de parler de quoique ce soit ! Tu n’en as pas le droit parce que je me suis complètement ouvert à toi sur ta demande, sur ton ordre ! Alors non, il n’existe rien te concernant qui m’est interdit d’accès. Est-ce que j’ai été bien clair ? » Autoritaire ? Si peu. « Maintenant, je vais quitter cette chambre, et tu ne vas pas me suivre, tu ne vas surtout pas me suivre ! Premièrement parce qu’il faut que je me calme et que j’ai besoin de quelques minutes seul pour ce faire, et ensuite parce que... » Je parle tout en avançant dans le couloir menant à l’ascenseur. Bientôt, elle ne distingue plus que mon ombre, ma voix, et le tintement de l’ouverture des portes de la machine. « ... Parce que j’ai toujours envie de ce chocolat ! Toi, tu ne bouges pas de là ! » Je vais revenir, je l’ai dis, je l’ai promis. Et un peu moins de quinze minutes plus tard, c’est en effet le cas, les bras chargés de ce plateau que je viens de préparer.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyVen 22 Mar - 23:31

Comme elle, il se mit en colère. Encore plus en colère. Au point de virer couettes et couvertures et de bondir - presque - sur ses pieds - tant bien que mal. Quelle idée a bien pu lui faire avoir cette réaction ? qu'il pense que le signe qu'elle souhaitait était sa chute du toit ? mais non. Lui se jetant volontairement du toit, alors ? même pas ! qu'il puisse penser ça, c'était horrible. Tout ce qu'elle avait en tête, c'était que marcher sur les toits, c'était quelque chose qu'il faisait toujours et d'après ce qu'elle avait comprit, depuis toujours. Les tuiles branlantes, il devait pourtant être habitué. Qu'est-ce qui avait bien pu le distraire au point d'en oublier cette pratique fréquente ? c'était comme si Fantine oubliait de regarder Maddie en passant devant elle, comme si Gabriel oubliait de rigoler en voyant quelqu'un se casser la figure, comme si on teignait Ashley en noir et qu'on ornait le doigt de J.J d'un anneau de chasteté. Elle n'a pas le temps de répondre quoi que ce soit, ce qu'elle aurait adoré faire, parce que déjà sa poigne la propulsa contre le mur. Immobile, oubliant d'essayer de se dégager, oubliant de répondre, elle resta là à le regarder bêtement, cherchant désespérément ce qu'il pouvait bien avoir en tête. Coupant court à ses réflexions, ses lèvres s'écrasèrent sur les siennes d'une façon tout à fait inédite. Et pas forcément dans le bon sens. C'était plus brutal que d'ordinaire. Et pourtant, malgré ça, l'idée même que ça soit ses lèvres, son simple contact lui prodiguait toujours les mêmes sensations. Tellement que lorsqu'il se dégagea, elle fut presque déçue, à moitié assommée, complètement étourdie. Ah, le manque. Il était pire que la nicotine. Mais ce n'était que le début. Attrapant son poignet à présent, il la fit lever le bras, exposant sous ses yeux perdus un spectacle qu'elle lui avait confié des semaines auparavant. Coup bas. Et encore, il continua. Son cœur. Son cœur qui battait. Son cœur dont elle aurait pu reconnaître le battement, tant elle avait l'impression d'avoir passé sa vie l'oreille collée dessus, la joue sur sa poitrine. Lorsqu'il la relâcha pour de bon, elle se retrouva incapable de répondre quoi que ce soit. Le fait qu'elle soit à moitié sur le point de défaillir mis à part, qu'aurait-elle bien pu dire ? Elle fut presque soulagée lorsqu'il reprit. D'accord. D'accord, il était humain. C'était même son argument fétiche lors des débats de société concernant un individu en particulier. Puis... Oui, elle avait bien imaginé qu'il pensait ça. Elle l'avait bien imaginé parce qu'il avait raison, évidemment. Enfin, il n'avait pas raison évidemment de se renseigner sur elle dans son dos, il avait raison évidemment d'estimer qu'il avait le droit de savoir n'importe quoi sur elle dans la mesure où elle exigeait la même chose de lui. Pourtant, c'était loin d'être une volonté de lui cacher quoi que ce soit, c'était loin, très loin d'un manque de confiance. C'était... la honte ? la honte. La honte d'avoir mal agi et d'en être devenu un monstre. Redressant alors farouchement la tête, prête à s'opposer fermement à ce qu'il aille se balader seul, en pleine nuit et avec des côtes cassées, elle n'eut loisir de le faire. Bon. Retenant un soupir conciliant, elle ne protesta pas, hocha la tête pour signifier que non, non, elle ne bougerait pas de là, et termina en le suivant des yeux, jusqu'à ce qu'il passe la porte, parlant toujours, lui ordonnant toujours de ne pas bouger. D'accord, d'accord. Et elle fut seule. Finalement, elle bougea. Bon, son ordre se limitait à la chambre, pas vrai ? Se décollant du mur sur lequel elle eut l'impression de laisser la moitié de sa peau et de sa cervelle, elle avança prudemment sur le marbre, observant et tout et n'importe quoi, du lit aux fauteuils, au jacuzzi, au bureau, suivant les courbes des murs de verre, atterrissant une énième fois dans le plafond-océan. On n'y voyait presque plus rien. Seule la lumière artificielle des lampes permettaient encore de ne pas être totalement plongé dans le noir de la nuit, qui troublait l'eau et la rendait impénétrable. Elle n'aimait pas ça. S'approchant d'un des murs, puis s'arrêtant, elle fixa une seconde son reflet, presque net à cause de la noirceur au-delà. Clignant des yeux, alors, ses doigts s'élevèrent au niveau de son visage, et délicatement, se posèrent sur le verre. Elle aimait bien la douceur de la matière sous sa peau. Elle aimait savoir à quel point il pouvait parfois être fragile malgré sa robustesse et sa solidité. Sans s'en rendre compte, elle dériva vers la droite, l'index et le majeur filant tels deux petites jambes en pleine course le long de la paroi. Dans leur sprint, ils durent sauter, éviter, contourner, tourner, retourner, catapulter, avant de s'immobiliser, plusieurs mètres plus tard. À présent face au bureau, elle se demanda s'il y avait quelque chose dans ses tiroirs. Peut-être quelque chose oublié par un précédent fou. S'obligeant à faire preuve de discrétion, elle s'empêcha d'aller farfouiller. Au lieu de ça, elle grimpa sur le meuble, après avoir vérifié qu'il était suffisamment solide, se dressa sur la pointe des pieds, et essaya de percer les eaux troubles malgré sa vision limitée. La lumière n'aidait pas, faisait contre jour. Pour ça, elle descendit de son perchoir et partit l'éteindre, avant d'y revenir, de retourner dessus, et de reprendre son inspection là où elle l'avait laissée. Au bout d'un certain temps, plusieurs minutes, la course folle d'un petit poisson à peine visible la fit sursauter. Mais il avait déjà disparu. Déçue, elle changea de zone d'exploration. Enfin, il revint. Ou peut-être était-ce un autre poisson. En tout cas, il était moins rapide, semblait plus à l'aise, plus curieux, car on aurait dit qu'il tapotait sur la vitre. Elle aurait devait lui apparaître comme une drôle de grosse bestiole. Un sourire idiot se peignit sur ses lèvres, tandis qu'elle levait la main pour essayer d'atteindre le plafond. Il bougea un peu, de peur, sans doute, puis revint. Elle aimait bien les poissons. C'était libre et tranquille. Enfin, quand ils avaient un peu de chance. Brusquement, il eut un soubresaut, fit une pirouette et s'en alla. Elle se rendit compte alors du bruit de la porte qui grinçait et elle tourna aussitôt la tête. Il était bien chargé dis donc. Elle faillit sourire, vestige de son entrevue avec le poisson, puis se rappela qu'il n'y avait pas vraiment de quoi sourire. « J'aimerais bien me réincarner en poisson. » elle laissa tomber sans y penser, pas vraiment pour lui. Elle pourrait aller où elle voulait dans la mer, ou se contenterait de tourner dans son petit bocal. En attendant, elle était toujours sur le bureau. Ah, oui. Merde. Vu de là, c'était tout de suite moins tranquille. S'y laissant glisser, elle s'assit en tailleur sur le bois, l'observant retourner vers le lit et commencer à boire son fameux chocolat. Comment avaient-ils pu en arriver à ça ? « Otello » elle finit par appeler, après un instant de silence et de pensées volages. Redressant le nez dans sa direction, elle haussa les sourcils. « T'as du chocolat, là » elle ânonna en désignant sans réelle conviction le bout de son nez, bien loin de ses paroles initiales. Surtout parce qu'elle n'avait pas envie qu'il réagisse mal encore une fois. Il avait déjà suffisamment provoqué son corps ce soir. Sauf qu'en l'observant, elle ne pu s'empêcher de réitérer. « Otello. » Ok, il devait présentement être à dix-neuf sur dix de l'échelle otelienne de l'agacement. Dire qu'il était sorti pour pouvoir se calmer. Mais ce serait bref. « Je t'aime. Et je veux pas que ça soit fini entre nous, encore moins comme ça... Je sais que tu le sais, mais je sais pas si tu y crois encore, alors je le répète. » Et aussi parce qu'elle aimait bien le lui dire. Qu'elle l'aimait, bien sûr. Et comme il semblait rester dans la perspective de retourner seul à Rome, il ne lui restait que peu de temps pour faire stock. « Tu crois que ça aurait différent si on s'était connus dans un autre contexte ? » elle demanda quand même, désespérément incapable de la boucler. Si ça se trouve, s'ils s'étaient rencontrés lors de vacances à Rome pour elle, par exemple, ils ne se seraient même pas remarqués. Ou alors, ils ne se seraient pas aimés. Ou alors, ils se seraient aimés sans encombres. Parce qu'ils n'étaient pas claquemurés dans un décor bien particulier et qu'ils auraient eu la vie autour d'eux. C'était étrange de s'imaginer vivre autrement, autre chose. Mais s'il y avait une chose de certaine, c'était que maintenant, elle ne parvenait plus à s'imaginer une vie où il n'était pas apparu, à un moment où à un autre.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptySam 23 Mar - 2:25

J’ai besoin de temps pour moi. D’instants en tête à tête avec moi-même. Parce que je sais, je me connais, et cette violence dont je viens de faire preuve était contenue. Je viens de la bousculer, pour ne pas dire molester, et déjà je me retenais. Si je ne m’isole pas tout de suite, si je ne l’empêche pas de me suivre, Dieu seul sait de quoi je serais capable. Je dois me calmer, je dois absolument me calmer. Et ce processus commence dès l’ascenseur où je m’affale contre la paroi, tapotant sur mon ipod, avant de me laisser glisser contre, achevant ma course assis, les deux mains s’accrochant à mes côtes et les violents sanglots s’échappant de moi sans que j’en prenne réellement conscience. J’ai horreur de ça, j’ai horreur d’être comme ça, c’est assez inédit pour moi. Peut être parce qu’avant elle rien ne pouvait m’atteindre ? J’ai besoin de respirer, j’ai besoin de pouvoir penser. Dans cet état, rien de ce que je fais n’est cohérent. L’embrasser, par exemple. Quelle connerie ! Comment se faire encore plus de mal qu’il n’est humainement possible de l’imaginer ? Voilà, c’est fait. J’ai le cerveau en friche, l’âme en lambeau, comment est-ce que j’ai pu tomber encore plus bas ? Comment y suis-je parvenu ? L’ascenseur s’immobilise, et je me relève, m’accrochant à la paroi. J’en sors, tant bien que mal, et à mesure que l’espace se fait entre elle et moi, je respire à nouveau un peu mieux, je raisonne à nouveau un peu mieux. Je jette un oeil à l’application ouverte, puis re-range l’instrument dans la poche de mon débardeur. Je ne sais pas trop comment je me dirige jusqu’à la cuisine, l’intégralité du trajet semble ne pas être imprimé dans ma mémoire. Je marche, c’est tout. J’avance, c’est tout. Dans une autre vie, je ne me serais jamais arrêté. J’aurais pris la fuite, oui. Mais puisque je suis coincé ici, contraint de rester prisonnier jusqu’à dimanche, alors... Prima Luce m’aura au moins appris ça, à ne pas fuir mes problèmes, à ne pas disparaître dès que je suis dépassé. Prima Luce m’aura fait grandir, je crois. À moins que ce ne soit elle ? J’en sais rien, je ne sais plus rien. Alors, je décide de ne plus penser à rien, juste à ce que mes mains sont occupées à faire. Sortir un bol. Prendre le lait. Remplir le bol. Mettre le tout au micro-onde. Et puis, après réflexion, sortir un deuxième bol. Chercher le pain. Trouver le pain. Le mettre à griller. Remplir le deuxième bol. Sortir le premier bol du micro-onde. Réserver. Mettre le deuxième bol à chauffer. Récupérer le beurre. Trouver un plateau... Trouver un plateau... Trouver un putain de plateau... Ha, voilà ! Récupérer les toast, en remettre à chauffer. Trouver le chocolat en poudre, et y aller généreusement. Trop généreusement. Tester la température à l’aide de l’auriculaire. Trouver que c’est trop froid. Sortir le deuxième bol pour remettre le premier à chauffer, et répéter l’opération jusqu’à avoir le bon nombre de toast. Puis, le tout rangé sur le plateau, respirer un bon coup et se forcer à retourner dans les entrailles de la villa. C’est ça, le plus dur, je crois. Être calmé et devoir affronter et assumer ce dont l’énervement, la colère, l’emportement est responsable. Evidemment, avec le recul, j’ai conscience d’avoir été loin, trop loin, d’avoir été ridicule, aussi, en chialant comme un con dans l’ascenseur. Tout, dans mon comportement, me semble exagéré, me semble disproportionné. Je sais que je n’aurais pas du fouiller son passé, je sais que j’aurais du accepter qu’elle s’emporte à ce propos. Je sais que je n’aurais jamais du me montrer brutal avec elle, je sais que je n’aurais jamais du hausser la voix, pour commencer. Mais je ne sais jamais comment me comporter, comment agir, comment réagir. Je n’y connais rien, je découvre, j’apprends. Je me perds souvent, et je lui en veux de ne pas savoir me retrouver. L’ascenseur tinte à nouveau, et... Tout est noir. Je mets du temps à m’habituer à la pénombre en traversant le couloir avec précipitation. Précipitation parce que l’absence de lumière ne peut signifier qu’une seule chose : elle est partie. Comment pourrait-il en être autrement après ce que je lui ai dit ? Après ce que je lui ai fait ? Je pensais qu’elle resterait, j'espérais qu’elle resterait, mais je ne peux pas lui reprocher d’être partie. C’est juste... douloureux. Non, pas seulement douloureux, c’est asphyxiant. C’est comme un poing enserrant mon coeur, emprisonnant mon rythme cardiaque jusqu’à ce qu’il cesse. Sauf qu’il ne cesse pas, il s’accélère, comme il le fait depuis un moment déjà. Il s’accélère encore plus lorsque je parcours la chambre des yeux, ne la trouvant nulle part, avant de m’arrêter sur le bureau où elle se trouve. Debout. Les bras levés. Je respire à nouveau, mais mon coeur ne se calme pas pour autant. Et elle me parle de réincarnation en poisson. Oui, c’était déjà pas assez bizarre de la voir debout sur le bureau dans le noir, il fallait en plus qu’elle me parle de poisson. « Pour leur micro-mémoire ? » je demande à voix basse, entre grognements et râle, tandis que je contourne le lit pour retrouver ma place initiale. Je ne râle pas contre elle, mais plutôt contre moi-même. Parce que je n’assume pas. Parce que je ne sais pas comment agir. « T’es pas censée avoir le vertige ? Si tu veux te suicider, va falloir viser plus haut qu’un bureau. » je râle encore, passablement agacé, par mon comportement, mais aussi le sien. Qu’est-ce qu’elle branle debout sur le bureau ? Elle peut pas faire comme tout le monde, attendre en se rongeant les ongles, et m’accueillir en s’excusant ou en me hurlant dessus, au choix ? Faut-il réellement que je rende folle toutes les filles que j’approche ? Après Maddie, c’est au tour d’Ismay. Elle fini par s’asseoir, et j’en fais de même, déposant mon plateau devant moi, avant de tenter de m’installer le plus confortablement possible. Elle, elle reste en place, comme si elle n’avait pas remarqué le deuxième bol sur le plateau, comme si elle avait pu se dire que les deux étaient pour moi. Je ne dis rien, parce que je ne sais pas comment dire, et je me contente d’ingurgiter bêtement et frénétiquement. Je plonge le nez dans mon bol, pour mieux disparaître, avant de me rappeler les toast que j’avais prévu. Alors je m’emploie à les beurrer, le crissement de couteau sur le pain emplissant tout l’espace sonore. Puis sa voix qui me paralyse, prononçant mon prénom. Oui ? Va-t-elle enfin dire quelque chose ? Mon nez. J’ai du chocolat dessus. Ce n’est pas ce que j’attendais, alors j’essuie d’un geste agacé. Quand va-t-elle m’offrir sa sanction ? Quand va-t-elle desceller ses lèvres pour autre chose que des futilités ? Mon prénom, à nouveau. Je relève la tête, un « Quoi ? » perdant patience filtrant d’entre mes lèvres. Quoi encore ? J’ai du beurre sur le coin de la bouche ? Du chocolat en poudre dans les cheveux ? Non. Elle m’aime. J’ai beau le savoir, j’ai beau ne pas l’attendre dans ce contexte, et peut-être même ne pas le vouloir, tant l’argument est simple et facile, ça a toujours le même impact sur moi. Celui de me faire manquer une respiration, et un battement. Comment si peu de mots peuvent faire tout ça ? Elle me dit qu’elle veut pas que ce soit fini, mais comment ça pourrait l’être ? C’est pas fini, ça ne sera jamais fini entre nous, parce que je l’aime. Et j’aurais beau être séparé d’elle et à l’autre bout de l'Europe, je l’aimerais quand même, je l’aimerais toujours. Elle et personne d’autre. Je sais qu’on dit souvent ça sur le coup, parce qu’on y croit, avant de rencontrer quelqu’un d’autre et de vite oublier qu’on était pas censé en aimer une autre, mais... Moi je suis différent. Moi j’étais pas supposé aimer une fois. J’étais pas supposé aimer une deuxième fois. Et surtout j’étais pas supposé aimer comme ça, aimer autant, à en devenir cinglé. Alors je sais, je ne crois pas savoir, je sais, que c’est elle ou personne. Alors non, non ce ne sera jamais fini pour moi, ce sera toujours là, même loin d’elle, même plus avec elle, elle restera “celle”. Elle me demande si ça aurait été différent dans un autre contexte. Oui. Indubitablement, oui. « Je t’aurais pas laissé m’approcher. » Voilà, c’est dit. Si elle s’imaginait que le contexte avait pu avoir raison de nous, maintenant elle sait que c’est l’exact contraire. À l’extérieur, j’aurais senti cette attraction aussi, et loin de me laisser faire, j’aurais pris la fuite. Ici, j’étais contraint de la laisser m’approcher parce que j’étais coincé. Et je me suis laisser apprivoiser, comme un con, avant d’atteindre le point de non-retour, celui qui m’empêche de lui dire “on oublie tout, désolé c’était une erreur.” Parce que la seule erreur, c’est d’être ce que je suis. « Viens, ton chocolat va refroidir. » je dis, alors, coupant court à la conversation, ou lui répondant peut être, parce que si dans un autre contexte je ne l’aurais pas laissé m’approcher, dans celui-ci, je l’invite à me rejoindre et je lui prépare même son petit-déjeuner... À minuit. Peu importe. J’attends qu’elle vienne se poser prudemment, pour sortir l’Ipod de ma poche, stopper l’application, et la lui tendre nonchalamment. Elle ne sait pas quoi faire du graphique entre ses mains. Je le comprends en sortant ma tête du bol pour lui jeter un regard. « Tu connais pas l’application Endomondo ? » Visiblement non. L’heure est grave. J’en repose mon bol et frotte mes deux paumes l’une contre l’autre. « Ca sert à mesurer ta respiration et ton rythme cardiaque pendant un entrainement. Je l’utilise quand je cours, et... Ok, on s’en fout. Je l’ai branché en quittant la chambre tout à l’heure, et je viens de l’arrêter à l’instant. Et là, c’est le graphique de mon rythme cardiaque durant... » je m’interrompt face au regard qu’elle me lance. « Ok, tu captes rien, c’est ça ? Donne-le moi. » je demande, en repoussant le plateau. « Le pic là, c’est dans l’ascenseur. Et puis ça redescend, progressivement. Plus je m’éloigne, et plus je me calme. Jusque là, rien d’anormal, puisque j’étais parti pour me calmer. » On est d’accord. Mais c’est après que ça devient intéressant. Je promène mon doigt le long de la ligne presque droite, où chaque minute est comptabilisée. Et minute 11, la ligne remonte. « Là, c’est quand j’ai quitté la cuisine. » Ca monte encore, et encore, et encore, et encore, et encore. Jusqu’à un pic. « L’ascenseur. » Puis un pic dans le pic. « Là ça compte pas, j’ai eu peur. » J’étais carrément terrifié en réalité. Ça redescend un peu. Juste un peu, jusqu’au niveau du premier pic, après avoir constaté qu’elle était encore là. Toujours là. Et finalement, le pic se transforme en ligne régulière. Un rythme cardiaque rapide mais constant. Et puis un autre pic, juste à la fin du graphique. « Et ça, c’est maintenant. » Je conclus, avant de lui rendre l’appareil et de récupérer le plateau. A elle d’en tirer les conclusions qui s’imposent. C’est elle la scientifique, elle qui pense pouvoir expliquer l’inexplicable. « Comment tu expliques ça ? » je demande, finalement, tout en allant tremper ma tartine dans le chocolat tiède. Parce que ce graphique, c’est pas seulement mon “je t’aime”. Ce graphique, c’est mon coeur réagissant à l’approche du sien, c’est mon coeur réagissant à la proximité du sien. Et ça n’a rien de cohérent. Ça n’a rien de normal. C’est même assez terrifiant. Parce que... si elle s'éloigne trop, si je m'éloigne trop, qu'en advient-il de mon coeur ?
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptySam 23 Mar - 21:58

Obnubilée, elle n'avait pas fait attention. Sans doute ressentait-elle trop le besoin de vider sa tête, de ne plus prêter attention qu'à une connerie, de penser à quelque chose d'indolore ou de ne plus penser à rien, de calfeutrer son esprit pour l'empêcher de partir en tous sens en ne serait-ce que pensant à tout ça, ou à n'importe quoi. Même grimper sur un bureau ne lui sembla pas anormal. Mais une fois revenue à la réalité, ce fut autre chose. Clairement. Écarquillant des yeux rivés vers le sol, son cœur avait accéléré, ses jambes étaient devenues lourdes et elle avait été obligée de s'abaisser doucement, tout doucement, tant l'image du bureau valdinguant en avant au moindre faux mouvement était vivace. Ok, du calme. Du calme. Du calme. Du... Ok. Ok, c'est bon. Assise à présent sur le meuble, elle peut faire plus attention. Et au moment où elle redirigeait son regard vers lui, il parla. Le vertige ? évidemment, elle avait à l'instant manqué de faire un arrêt respiratoire. Se suicider ? hm, non, n'exagérons rien. S'il y avait bien une chose qu'elle ne ferait jamais, c'était ça. Se suicider. Quelle drôle d'idée. « Tu n'es pas censé être claustrophobe ? » elle répliqua comme de l'évidence, roulant des billes vers la porte et, par synecdoque, vers l’ascenseur, dont elle avait entendu au loin le cling, puis le vroum signifiant qu'il était utilisé. Mais bon, elle savait ce qu'il allait rétorquer. Qu'il n'avait pas d'autre choix pour rejoindre la cuisine, sinon d'effectuer un détour de trois heures et demi, là où elle ne se gaussait de sa trouille paralysante que par pure fantaisie. Aussi, elle ne poussa pas plus loin, changea de sujet. Plus ou moins directement. Quelque part, dans un coin inoccupé de son esprit, elle le plaignit, pauvre homme condamné à supporter ses frasques insensées et pensées aussi brusques qu'inutiles, bien souvent. Ça devait être vraiment fatiguant, des fois. Ça ne l'empêchait pas de répondre, cela dit. Enfin, quand ils y étaient disposés, en tout cas. Mais en général, lorsqu'ils ne l'étaient pas, et bien elle ne demandait rien. Et en l'occurrence, elle ne demandait rien. Non, elle se contentait de dire. C'était bien non, pour changer un peu ? Juste dire. Des trucs essentiels, cependant. Le juste n'impliquait ni de près ni de loin des paroles en l'air, à l'inverse. C'était plutôt comme si elle s'était métamorphosée en de multiples petits "je t'aime" liés les uns aux autres qui constituaient à présent les fibres de sa peau. Et qu'il s'en aille ou non, c'était trop encré en elle pour que cela change. Il l'avait marquée bien trop profondément, de ses lèvres sur elle, de son regard dans le sien, de son âme martelant la sienne et s'y mêlant. Qu'il soit là ou pas, de toute façon, les jeux étaient faits. Restait à savoir si sa raison qu'il tenait en bandoulière resterait intacte s'il repartait chez lui, et elle en Angleterre. Ou ailleurs. En vrai, elle n'en savait rien, ne savait absolument rien de ce qu'elle allait bien pouvoir faire une fois la semaine terminée. La vérité, c'était qu'elle n'était pas sûre de vouloir savoir. Elle préférait être avec lui et s'imaginer être avec lui, même si elle devait finir par tomber d'infiniment haut. Ses paroles lui tirèrent un sourire. Snobinard. Elle n'était pas idiote, elle savait que ça n'avait rien à voir, mais ça l'amusait de voir les choses comme ça. Elle s'y autorisait surtout parce que, elle pouvait bien le répéter encore et encore, et encore, c'était une hypothèse qui n'existait pas et n'avait plus aucune chance d'exister. Alors quel que soit le résultat qu'elle aurait pu donner, il était caduque et totalement réduit à leur imaginaire. Clignant des yeux en entendant de nouveau sa voix, elle l'observa une seconde, puis loucha vers son plateau. Ah. Ah oui. Descendant de son perchoir, elle retourna vers le lit, se hissa dessus et s'approcha à quatre pattes. En vrai, le chocolat, elle s'en foutait un peu. Alors qu'elle se posait en tailleur, il farfouilla dans sa poche, et lui tendit un... iPod ? baissant les yeux vers l'écran qui affichait une suite de pics et de lignes en un graphique miniature, elle resta interdite. D'accord. Un graphique. Son manque total de réaction devait être particulièrement visible car il l'interpella. Quoimondo? Charitable, il s'évertua à lui expliquer ce qu'elle était supposée voir et comprendre dans ce truc. Enfin, maintenant qu'il l'expliquait, c'était tout à fait limpide. Mais quel était le but de la manœuvre ? Il faisait ça tout le temps ? il calculait son rythme cardiaque en permanence, ou... ? Oui, elle captait pas trop, enfin non, mais si. Mais non. Bref. Lui rendant l'objet, gardant le regard dessus, elle suivit des yeux les fines lignes qu'il s'évertuait à lui décrire et lui expliquer. L’ascenseur. Évidemment. Puis l’accalmie, quand il s'était éloigné. Comme quoi, il savait que faire pour apaiser son humeur. Puis le retour. Le début du retour. L'ascenseur de nouveau. Et puis maintenant. Récupérant l'iPod, elle l'observa un moment, curieuse, ouvrant juste l'oreiller pour l'écouter. Comment elle expliquait ? Quoi, le rythme de son cœur ? Ça s'expliquait ? Oui, oui. Évidemment, pour lui, ça s'expliquait. Redressant la tête, elle leva la main jusqu'à son visage et prudemment, pour ne pas lui faire mal, le tourna vers elle en même temps qu'elle allait jusqu'à ses lèvres. Mauvaise idée. Dur de se contenir maintenant. Juste le temps de fermer les yeux avant de le laisser en paix. Ou non. Comme les échos de son cœur étaient pareils aux siens, sans doute était-ce pareil là aussi. Et elle était à présent tout sauf en paix. « Je l'explique pas. Je préfère le ressentir. » Elle, parce qu'elle le ressentait autant. Maintenant, hier, demain, depuis des mois sans trop l'avoir compris. Et son graphique, c'était pas de la science, c'était de l'amour, ça s'expliquait pas.
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A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) Vide
MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyDim 24 Mar - 0:24

Un signe ! Juste un signe ! C’est ce qu’elle demande, c’est ce qu’elle réclame depuis des heures, des jours, des semaines. Mais comment lui montrer un signe qu’elle refuse de voir ? Ou tout du moins d’admettre comme tel. Parce que merde, mon coeur qui bombarde mes côtes pour lui sauter à la gueule, c’est quoi selon elle ? A-t-elle la moindre idée du nombre de personne qui ont été capable de ça ? Une. Une et une seule. Elle. L’autre ne compte pas, l’autre n’a finalement jamais compté, mais il fallait que je rencontre Ismay, il fallait que je vive et connaisse ça pour le comprendre. L’autre, c’était juste ma première fois, mon tout premier plaisir physique, charnel, un séisme dans mon crâne et dans mon bassin. Je ne connaissais pas, je ne savais pas ça possible. Et comme un con, j’ai confondu orgasme et amour. J’y ai cru, j’y ai forcément cru, comment aurait-il pu en être autrement. Elle était tout ce que j’avais jamais connu, elle était ma première fois pour tout, et déjà accroc, je voulais pouvoir vivre ça chaque jour, chaque heure, chaque minute. Mais maintenant que je sais réellement ce que c’est, ce qu’on ressent lorsqu’on est face à quelque chose qui transcende le sexe, qui va au-delà de sexe, qui se satisfait de presque rien, comme sa simple présence à côté de moi, et qui parallèlement, développe une forme d’intolérance et d’impatience pour tout le reste... Et bien je sais, je sais que ça n’avait rien à voir avec... Avec ça. Quoique que “ça” soit. Parce que c’est pas seulement de l’amour, je m’y refuse. J’ai vu des personnes amoureuses, j’ai vu des couples s’unir devant Dieu, et... Non, ça n’avait rien à voir avec ça. C’est différent. À moins que ce soit nous, qui sommes différents ? Trop instables, trop extrêmes, trop passionnés surtout. Ou bien trop jeunes. Trop jeunes sentimentalement. J’ai le parcours amoureux d’un nouveau-né, elle a été traumatisée par le précédent. À être anormaux, amours anormales. Peut-être. Je ne m’explique absolument rien. Et elle non plus. Elle préfère ressentir. C’est ce qu’elle m’avoue après que sa main soit venue chercher ma joue, et sa bouche cueillir mes lèvres. C’est délicat comme un frôlement, comme une caresse qui s’éternise. À peine une pression, et une bouche qui a du mal à partir. Il y a ce léger bruissement, ce bruit qu’on entend à peine mais qui parcours le corps d’un irrépressible frisson. C’est sa bouche sur la mienne, ses lèvres qui baisent les miennes, et qui peinent à se séparer après cette éphémère fusion. Je ne devrais pas y consentir, mais mon corps est un traitre, et répond à chaque de ses sollicitations. « C’était fourbe, ça. » je chuchote, contre ses lèvres, luttant contre cette furieuse envie d’y retourner. Elle peut pas régler toutes les disputes comme ça, elle peut pas décider d’y mettre un terme simplement en venant coller ses lèvres sur les miennes. Ça ne résout rien, ça ne fait qu’embrouiller davantage. « J’arrive pas à réfléchir quand t’es si près. » j’avoue, sans pour autant me reculer d’un millimètre, laissant, au contraire, mon souffle chahuter le sien, mon nez frôler l’aile du sien, sa bouche tenter la mienne. J’en dénigre mon plateau pour reporter une main hésitante auprès de sa joue. J’hésite, j’y danse, j’y valse, et puis je finis par y poser le bout d’un doigt, redessinant le contour d’une mâchoire, puis un deuxième doigt, avant que ma paume vienne lentement y cueillir sa dose de douceur. « C’est pas du jeu. Ça ne devrait pas compter. » je parviens à souffler, avant de reprendre possession de ses lèvres, sans plus parvenir à résister. C’est le manque qui parle, mais pas seulement. C’est au-delà de ça. Tellement plus fort que ça. Elle est apte à me manquer en étant juste à côté de moi. Elle est apte à me manquer en étant dans mes bras. C’est pas rationnel, c’est pas cohérent. Mais c’est un signe, n’est-ce pas ? C’est ce qui en fait un signe. Le signe qu’elle réclame à corps et à cris depuis ces fameuses heures, ces fameux jours, ces fameuses semaines. Non ? Non. Non ! « Non ! » je m’exclame en quittant son cou où j’avais dérivé, et en levant mes mains bien en évidence comme un suspect prit en flagrant délit. « On arrangera absolument rien comme ça ! » Elle le sait aussi bien que moi. Mais... Comment on peut faire alors ? Qu’est-ce que j’attends alors ? J’en sais rien. Je suis perdu. J’ai besoin d’être rassuré, assuré même. Mais j’ai pas la moindre idée de ce qu’elle devra faire ou dire pour y parvenir. Alors, je décide d’être honnête et franc, en lui avouant « Je suis perdu, Ismay. », sans artifice, sans faux-semblant. « C’est toi, ça a toujours été toi. Je l’ai su dès la première seconde. Je ne l’ai pas accepté tout de suite, parce que... parce que... J’ai rien fait pour mériter ça, j’ai rien fait pour te mériter toi. Et toi non plus, t’as pas mérité ça. T’étais un cadeau, moi je savais être un fardeau. Je savais que ce serait la merde ! C’est forcément la merde avec moi ! Et tu t’es accrochée, t’as insisté... Je pouvais pas t’oublier, mais... Je serais jamais allé te rechercher. Tu comprends ? Et regarde où on en est. Regarde où ça nous a mené ! » On en est à combien de disputes ? Combien de séparations ? « Et là, ce qu’on fait là, c’est... c’est fort, certes, c’est puissant aussi. Mais c’est comme jeter une poignée de paillettes sur un tas de fumier. » Tu comprends ? Est-ce que tu comprends que ça change rien, que le fumier reste là, et qu’à chaque nouvelle couche il ne fait que s'alourdir un peu plus ? « Je veux pas te quitter, je peux pas te quitter. Mais je sais pas t’aimer... » Pas correctement, en tout cas. Pas comme il faudrait. Pas comme elle mérite de l’être. Peut-être parce que je l’aime trop. Et trop fort.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyDim 24 Mar - 2:14

Le résultat, c'était qu'elle était à présent tout à fait incapable de se redresser, de s'écarter de lui, de son visage pour récupérer un air un peu décent et moins idiot. Non, là, elle restait penchée, pas vraiment loin mais pas vraiment tout contre non plus, juste de quoi sentir son souffle ou ce qu'il en restait sur ses lèvres à vif et avides. C'était pas fourbe, c'était le manque et le besoin. Bon, d'accord, c'était un peu fourbe, après coup, mais ses intentions de base étaient tout à fait louables. Mais évidemment, l'enfer est pavé de bonnes intentions et lui plus que quiconque doit connaître cette maxime idiote bien que véridique, parfois. Mais alors si c'était ça, l'enfer, alors elle deviendrait criminelle pour y être promise. Pas besoin de réfléchir, là-bas. Réfléchir ? Mais pourquoi réfléchir ? Glissant la tête dans la main qu'il présenta et les doigts jusqu'à la racine de ses cheveux, dans sa nuque, récupérant enfin ses lèvres, disparues depuis trop longtemps déjà, ce qui lui semblait être des années, des siècles. Rien que ça lui donna envie de fondre en larmes, mais elle était si absorbée qu'elle oublia. Puis... Puis il se recula, brusquement, la laissant seule et confuse, la main les lèvres et la peau brûlantes. Mais ? Mais... Mais quoi "non" ? pourquoi se mettait-il à adopter une philosophie qu'il pensait à tord lui avoir trouvé tout à l'heure ? Secouée, elle se contenta d'abord de le regarder bêtement. Ça y est ? il se souvenait qu'il ne voulait plus la voir et qu'il ne l'autorisait à rester que par obligation, qu'il la nourrissait par simple galanterie ? c'était ça ? il se rappelait qu'elle n'avait rien à faire là et s'apprêtait à l'envoyer se faire voir ? non, elle refusait d'y croire, elle préférait même croire ce qu'il disait, qu'ils n'arriveraient à rien de cette façon. Mais comment étaient-ils censés arranger ? comment arranger quelque chose basé sur quelque chose d'aussi solide et intime que des lignes de conduite ou principes de vie ? ne fallait-il pas plutôt vivre avec ? n'y avait-il pas un nombre incalculable de couples qui vivaient ainsi? Laissant retomber sa main sur le matelas avec une amertume qu'elle dissimula autant qu'elle pu dans son incompréhension, elle l'observa reprendre la parole. Perdu ? il était perdu ? que dire d'elle, qui avait le cerveau complètement explosé, les petits morceaux survivants jonchant l'intérieur de sa boite crânienne ? Elle ne dit rien, pourtant, l'écouta, plutôt. Mais ce qu'il lui présentait là, ce n'était pas d'avenir du tout. À l'entendre, ça ne s'arrangerait jamais, quel que soit le moyen employé. C'était douloureux. Elle refusait d'entendre ça. Elle refusait encore plus de l'entendre les comparer à du... fumier ? du fumier ?! Qu'est-ce qu'il fichait encore là, s'il pensait ainsi ? non, elle ne pouvait le laisser voir ça comme ça, quitte à ce que ça devienne des souvenirs plus tôt que prévu, autant que ça reste des bons souvenirs. « Mais tu m'aimes. Et je t'aime aussi. Ce n'est pas le principal ? » ce n'était pas ça, la base de tout ? l'important ? vivre d'amour, d'eau fraiche, et de naïveté délicieuse ? non ? le level au-dessus alors ? non, sérieusement, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple. « C'est pas la merde. On est juste très précoces dans notre crise de la quarantaine » fit-elle avec sérieux absolu. Même s'il n'avait jamais réellement vécu de relation poussée à ce point, n'avait-il jamais lu, vu, entendu ? la vie de couple n'était jamais sans encombre, jamais. La sessions de disputes arrivait plus tard, en général, mais était-ce décourageant à ce point, cependant ? Dans sa confiance totale et inébranlable, elle était persuadée que non. « Tu ne sais même pas comment ça pourrait se passer, dehors. Tu n'as pas envie de voir si ce n'est que passager ? si c'est pas simplement tout ça qui finit par nous peser ? qui te dit que ce n'est pas un temps d'adaptation et qu'une fois ce temps passé, tout sera parfait ? qui te dit qu'une fois libres, ça ne sera pas différent ? » On pouvait refaire le monde avec des "si" mais ils n'en avaient empruntés aucun jusqu'ici, alors pourquoi rester si hermétique à toute légère déviation, tant qu'elle revenait vers le chemin principal à un moment où à un autre. Attrapant doucement mais fermement l'une de ses mains, elle la serra fort, fort dans la sienne, volontaire. « Je ne suis pas plus un cadeau pour toi que tu ne l'es pour moi, et tu n'es pas plus un fardeau pour moi que je ne le suis pour toi. Des défauts, des qualités, des atomes crochus et de légers antagonismes, il y en a partout, dans toutes les vies à deux. C'est un équilibre. C'est la vie, justement. Tu dis que tu es perdu, mais moi, je sais ce je veux. Je te veux toi, avec moi, pour toujours, et ça sera le cas jusqu'à ce que tu me vires à coup de pied au cul. » L'index autoritaire pointé dans sa direction faillit partir tout seul mais grand dieu, elle se contint à temps. Ça n'empêchait pas pour autant son regard d'être farouche et sa volonté inébranlable.
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyDim 24 Mar - 4:58

Je ne sais pas comment lui dire que je l’aime, mais que je foire tout. Le problème c’est pas elle. C’est pas foncièrement moi non plus. C’est en grande partie la combinaison finale. Le “elle + moi”. Un autre que moi bénirait le Seigneur pour être aimé de cette fille. Un autre que moi dirait oui à tout, un autre que moi s’en foutrait royalement qu’elle partage ses croyances ou non. Lui, partagerait les siennes. Lui, renoncerait à tout ce en quoi il croyait pour simplement croire en elle. Parce qu’elle ne fait pas que séduire, elle envoûte aussi. Elle devient tout, oxygène, horizon, apaisement, excitation. Elle décide de mes humeurs et de mes émotions. Et c’est peut-être là le noeud du problème. Parce que contrairement à un autre, à cet autre hypothétique, je ne suis pas prêt à renoncer à tout. J’ai peur de me perdre en elle, j’ai peur d’abandonner trop de moi au passage. Elle-même ne le supporterait pas. Je crois tellement en elle, je crois tellement plus en elle qu’en n’importe quoi d’autre que... J’ai fini par douter de moi. Et de Lui à travers moi. En m’affirmant que Dieu n’existe pas, elle ne s’attendait pas à un tel cataclysme. Elle n’a pas compris pourquoi j’avais besoin qu’elle y croit aussi. Non pas pour l’endoctriner, non pas pour l'enrôler, et vivre le reste de notre vie avec le cul dans le bénitier... Je n’ai pas cherché à la convaincre, pas plus que je n’ai voulu l’obliger à se convertir à ma foi... J’ai juste eu peur. Et j’ai encore peur. Peur de cette foi en elle qui supplante ma foi en Lui. Peur de renier ce que j’étais et ce que je suis. Peur de devoir cracher sur vingt années de ma vie. Parce que si elle ne doute pas de son inexistence absolue, qui suis-je pour remettre sa parole en doute ? Personne. Et personne, c’est également ce que je deviens en l’absence d’un Dieu. Parce que ma vie n’a été que ça, consacrée à Dieu. À son étude, à ses enseignements, à sa défense. Je suis devenu d’autres choses depuis, et je peux être encore un milliard d’autre chose encore, mais ça, c’est une facette, c’est une partie de moi bien trop importante et imposante pour que je puisse l’abandonner dans mon sillage. Et non, je ne peux pas faire autrement, je ne peux pas continuer à croire en Lui, si elle, elle n’y croit pas. Elle. Avec une majuscule. Et lui. En minuscule. Alors oui, j’ai besoin qu’elle y croit. Mais pas pour asseoir ma supériorité, ni pour la dominer, juste pour moi, pour continuer d’exister. Je ne crois pas qu’elle comprenne ça. Je crois qu’elle ne s’en approche même pas. La preuve, elle s’imagine que l’amour c’est le principal. Oui, mais non. Et je secoue la tête. Parce que oui, l’amour c’est important, mais lorsqu’il est trop, lorsqu’on s’aime au point de se dévorer, de se consumer, c’est pas viable. Toutefois, elle me tire un mince sourire en évoquant la crise de la quarantaine. Pas encore, mais... J’ai 27 ans, peut-être la crise de la trentaine ? Et puis, elle refait le monde avec des “si”. Le genre de discours auquel je suis totalement hermétique. Les “si” n’ont jamais fait avancer. Les “si” ont toujours poussé l’individu à stagner. Pourquoi ce serait différent dehors ? Les caméras n’ont rien modifié. On a juste vécu les choses en accéléré. Chaque émotion, chaque sentiment, chaque expérience. Tout est plus rapide et plus fort ici. Avec le temps, les choses n'embellissent pas, elles se flétrissent. On est au tout début de notre relation, on est censé être en lune de miel. Alors si on se déchire dès le début, comment peut-elle espérer que ça s’améliore par la suite ? C’est pas censé se dérouler ainsi. On est pas les Benjamin Button de la relation amoureuse. Si ? Je ne sais plus. Elle me parle de légers antagonismes, et je soupire. Elle n’a toujours pas compris. Elle n’a toujours pas compris que ce qu’elle appelle léger antagonisme, c’est l’essence même de ce que je suis remis en cause par ma foi en elle. C’est pas juste léger. C’est viscéral. Cela dit, elle a raison, je ne peux pas la chasser, je ne peux pas lui demander de partir, je ne peux que prier pour qu’elle comprenne son erreur et parte d’elle-même. Tant qu’elle voudra de moi, je serais là. Je serais à elle. Et quand bien même, même après ça, même lorsqu’elle ne voudra plus de moi, je serais encore et toujours à elle. Alors, j’intercepte son index, celui qu’elle tend vers moi, et qui, je le crains, finira, dans un moment d’inattention, par s’enfoncer dans mes côtes. C’est son truc, ça. Je m’empare de son doigt, et le garde prisonnier de mon poing. « Tu sais ce que ça signifie, pour toujours, pas vrai ? Tu sais ce que ça signifie pour moi, n’est-ce pas ? » Je l’ai déjà évoqué tout à l’heure, sous le coup de la colère, certes, mais ça ne m’empêchait pas d’être sérieux, très sérieux. Je veux faire les choses bien, je me sentirais hypocrite d’être avec la femme qu’il me faut, sans faire ce qu’il faut, justement. Et, à mes yeux, ce genre d’acte n’a rien de civil. Il est religieux, ou il n’est pas. Et qui dit union religieuse, dit baptême, et donc, pour le coup, conversion. « Je veux que tu y réfléchisses vraiment. Je ne veux pas que tu prennes cette décision à la légère. C’est important. Ça l’est pour moi, mais surtout pour toi. » J’ai horreur de ce que je suis entrain de lui dire, ou de lui sous-entendre. Je me fais l’impression d’un Tom Cruise forçant la main à Katie Holmes. Surtout que je m’en moque du baptême. C’est une tradition, certes, mais qu’elle, elle soit baptisée ou non, ça n’a aucune importance à mes yeux. Mais à ceux de l’Eglise, c’est différent. Ça fait partie des obligations pour toute union devant Dieu. « Et... » je reprends en relâchant son doigt pour récupérer son poignet et la conduire doucement, précautionneusement vers moi, contre moi, sans heurter mon corps meurtris. « ... si tu peux vraiment pas, on trouvera une autre solution. » Je sais pas laquelle, j’en ai absolument aucune idée, mais il le faut. Il le faudra.
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Ismay
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MessageSujet: Re: A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) A fever you can't sweat out (20/03, 22H47) EmptyDim 24 Mar - 15:37


« Parfaitement, oui. » Parfaitement, oui, elle savait, et parfaitement, oui, elle parlait en connaissance de cause. Et parfaitement, oui, ça lui allait. Ça lui allait même très bien. Comment pourrait-il en être autrement ? Il ne lâcha pas l'affaire. Pourtant, elle ne l'interrompit pas, parce que ses paroles n'étaient pas un absolu non-sens. Évidemment. Dans sa famille, si personne n'avait jamais célébré son mariage à l'église, c'était principalement parce que personne n'était baptisé, et que c'était une condition essentielle pour que ça puisse se faire, sauf cas particulier. Ça n'avait pour autant jamais dérangé. Mais s'ils allaient comme ça semblait se prévoir jusqu'au fond des choses, elle serait en quelque sorte l'exception dans la maisonnée. Et dans la mesure où, d'elle-même, c'était quelque chose qu'elle n'aurait jamais fait, il était normal qu'il insiste. Mais bizarrement, la seule chose qui aurait pu la faire hésiter, ce n'était pas le fait de se ranger réellement à l'église et la religion. Elle avait surtout peur de faire quelque chose de complètement irrespectueux. Se faire baptiser, puis s'unir, tout ça sous la bénédiction de l'église catholique, alors qu'elle n'était pas croyante, ce n'était pas un peu irrévérencieux ? d'ailleurs, d'autant qu'elle le savait, elle n'avait pas besoin d'être baptisée, puisque lui l'était assurément. Tant qu'un des deux l'était, c'était bon, non ? Gardant ses digressions pour elle, cependant, elle se laissa attirer de bon cœur dans sa direction, s'installant contre lui, quoi que toujours inquiète pour ses côtes. Redressant le nez, elle déposa un baiser sur sa mâchoire. C'était adorable qu'il puisse envisager un autre futur, mais ce n'était pas utile, sinon pour la faire l'aimer encore plus, si seulement c'était possible. « Très bien, je vais y réfléchir. » elle fit grâce. Détournant le regard, prenant un air de penseur de Rodin, elle resta ainsi immobile une seconde, deux secondes, trois secondes. « Voilà, c'est fait ! » elle annonça finalement en le regardant à nouveau, dissimulant mal le sourire qui élargissait ses lèvres. Mais lui était sérieux, très sérieux, elle le savait bien, et son sourire se fit bien plus doux. Si son inquiétude était légitime, elle voulait que ses paroles le soient tout autant pour lui. Laissant reposer sa tête sur son épaule, faisant toujours attention de ne pas solliciter quelque chose qui puisse réveiller la douleur dans son buste, le bout de ses doigts allèrent glisser le long de sa peau, sur son avant-bras, dans un geste qui était aussi naturel que s'ils ne s'étaient jamais quittés. « Pas besoin d'autre solution, j'aime celle-là » elle assura, totalement sincère. Ce qui était important pour lui était important pour elle, et plus encore, il était lui-même important au-delà des mots, alors elle accepterait de bon cœur tout ce que ça impliquerait. Oui, elle l'avait décidé. Passer en robe blanche devant un prêtre, dans le fond, ce n'était pas comme si elle s'engageait à s'habiller en bonne sœur et prier cinq fois par jour. Bien sûr, elle n'était pas catholique, mais elle n'était pas anti-catholique non plus. Et comme il le fallait, elle passerait par l'étape du baptême aussi. Ça ne changerait rien, sinon dans l'administratif. Dans sa tête, ça ne changerait rien, elle serait toujours libre. Combien d'enfants avaient été baptisés avant de finir laïcs, simplement par tradition ou parce que leurs parents avaient souhaité se marier à l'église et donc, s'étaient engagés à baptiser leur progéniture ? Par contre, en preuve de sa bonne foi, le vieux barbu avait intérêt à lui octroyer un jour de très, très beau temps pour tout ça, c'était la moindre des choses.
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