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after the end, it's still the end ? 06 août 2012

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Nora
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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 0:56

Je m’attèle à calmer les sursauts et soubresauts de mon palpitant, ma respiration désordonnée suite à cet échange effréné. Je passe faussement distraitement une main dans mes cheveux avant que mes prunelles endoctrinées n’avisent la maigre distance qui nous sépare déjà trop, beaucoup trop. Et que mon corps s’en va combler dans la foulée pour se retrouver au plus près de ce périmètre que je ne dois absolument pas quitter. Ce périmètre qui m’est accordé, ce périmètre presque vital et indispensable. Néanmoins, je laisse quelques secondes filer, infimes mais essentielles, avant de permettre un nouveau contact entre nos épidermes attisés et bien trop réceptifs. Le soleil se lève, son rayonnement menaçant, pressant, la luminosité chasse l’obscurité. Et moi, je connais les règles. Une partie du moins. Celle-ci. Il lâche un rire fébrile qui ne m’échappe pas. J’évite de penser au cataclysme que l’on vient d’éviter et que nous sommes, tout à fait, en proie de recréer, re-provoquer et je glisse lentement sous les draps lorsqu’il m’accuse de ne pas être une aide dans son obligation de ne laisser se former aucune pensée déplacée et immorale dans son pieux esprit. « Je ne pensais qu’à ton bien » je rétorque mutine en relevant les yeux vers lui un sourire aux lèvres. Et, dans le fond, c’est vrai. Je ne pensais pas à mal. C’est ensuite qu’il lâche une bombe qui m’aurait fait me redresser s’il ne m’avait pas rejoint et si son bras ne me prenait pas, déjà, en otage. « Non, je ne savais pas… » je confesse dans un souffle, pensive. A vrai dire, j’étais même persuadée qu’il ne pouvait me toucher, hm, de manière générale disons. Allez savoir d’où elle me sort cette idée. Soit. Son souffle chatouillant ma peau m’informe que tendresse et amour sont deux choses tout à fait saines, tout à fait purs, donc au programme ? Un doux sourire prend possession de mes lèvres, le bout de mes doigts allant effleurer légèrement ses lèvres, sa joue, le couvant d’un regard amoureux. Puis, il se charge de ne laisser aucun vide, aucun espace, entre nos deux corps, et mon dos réintègre son torse. Mon sourire ne déloge pas, juste ma tête alourdie qui s’enfonce dans l’oreiller, son bras venant contre ma poitrine, et nos doigts qui s’entremêlent. Je soupire doucement, apaisée, et même ravie force est de me rendre compte de cette nouvelle réalité. Cette réalité vraie qui prend racine, qui prend de nouvelles formes, une nouvelle direction. Cette même réalité dans laquelle nous sommes, à nouveau, deux. Un « nous » différent du tout premier. Un « nous » beaucoup plus approprié, beaucoup plus plaisant, beaucoup plus satisfaisant. Un « nous » incontestable, indéniable, légitime… Alors, je ferme les yeux sans hésitation, sans réticence, aucune. Y prenant gout, l’intégrant progressivement… Malgré mes paupières closes, je le vois, le sent et l’entend bien évidemment. « On va être complètement décalés si on dort maintenant… » j’échappe ensommeillée dans un bâillement que je réprime à moitié. Oui, décalés et pourtant ce sommeil est plus que nécessaire après avoir autant veillé, s‘être autant torturé. Ce n’est donc pas un énième acte de résistance. Bien au contraire. Une simple constatation. Mais, dans le fond, peu m’importe, peu importe. Ma jambe remontant paresseusement contre la sienne qui s’immisce entre les miennes avant de s’y nouer bizarrement, étroitement. Sa voix me parvient à nouveau, et j’acquiesce imperceptiblement. Quiétude et légèreté m’assaillent avec finesse et délicatesse si bien que, peu habituée à cela ces temps derniers, je m’en étonne intérieurement. Elles m’assiègent de façon si étrange et si agréable à la fois que lorsque s’ajoute l’élément fatigue et engourdissement je leur cède encore plus aisément. Et, ses paroles précédentes me font d’autant plus cautionner cela. Elles approuvent cette non-résistance à laquelle je me livre et m’adonne. Alors, après mes paupières, c’est mon esprit qui se laisse happer, progressivement, par l’inconscience. L’inconscience qui me berce, l’inconscience qui me fait resserrer sensiblement mes doigts noués aux siens, ramener fébrilement son bras contre moi, me blottissant d’autant plus contre lui. L’inconscience qui m’amène dans une réalité alternée appelée: rêve. Et, la seconde d’après, j’ai l’impression de plonger dans un coma. Un coma profond, sans fond. Un coma opaque et sourd. Tout ce contre quoi j’essayais de lutter durant des heures me revient brusquement et m’entraine plus profondément dans l’abîme, dans l’abysse. Je voudrais lutter pour ne pas sombrer dans une totale perte de conscience, de totale connaissance parce que je veux qu’une part de moi reste accrochée à ça, à lui. Je ne veux pas dormir sans avoir conscience de ses bras, de son souffle contre ma peau, de son corps contre le mien. Je veux m’apaiser et me reposer mais pas sans lui à mes côtés. Mais, je crois être arrivée à un stade, un point, où ma volonté n’a plus de poids. Plus assez de force pour se rebeller. Et, je ploie. Une chute interminable. Fatalement, je ploie…
Une secousse soudaine, un sursaut inopiné perturbe le paysage, cette scène idyllique qui se déroule sous mes yeux. Mes traits figés accusent un léger tremblement, un léger mouvement. Mon bras échoue contre mon buste. Et, j’ai automatiquement la sensation d’un manque. Non, quelque chose manque indubitablement. Dans cette semi-inconscience, dans ce paradis trop coloré, je plisse les yeux pour ajuster une vision floutée. Je plisse une seconde fois les yeux et ce paradis tangue. Je fronce les sourcils. Nouveau clignement, nouvel émergence, nouvelle prise de conscience, et ce paradis se désintègre et c’est autre chose, en moi, qui prend le dessus. J’avance, perdue, cherchant l’éclat. Quelque chose entre en contact avec ma peau et me brûle. J’étouffe une plainte. Les couleurs se désagrègent, se ternissent et s’assombrissent. J’ai la sensation de tournoyer sur moi-même contemplant avec effroi l’effondrement, la décadence. Ma respiration s’accélère. J’ai conscience sans avoir conscience. Je sais sans savoir. Je comprends sans comprendre. Et, j’ai l’impression d’être piégée dans cet entre-deux, impuissante. Conscience savante. Inconscience ignorante. Puis, je comprends. Ce paradis n’en n’a jamais été un. C’était une matérialisation de l’Enfer qui se tapissait dans l’ombre avant le levé de rideau. C’était une médiocre, amatrice, représentation durant l’entracte pour faire patienter ces spectateurs trop naïfs et avides avant la scène finale. Le coup final. Je le savais, je le savais. Un leurre. Je n’aurais jamais dû y croire… Je le savais, je le savais… J’étouffe dans cet atmosphère sordide, sous cet manigance diabolique. Parallèlement, je ne sens plus le touché de nos doigts précédemment emmêlés. Il n’est plus là, il n’est pas là… L’émeraude se confrontant brusquement à l’obscurité. Mes iris voilés scrutent dans la pénombre cette ombre, cette silhouette masculine mais ne trouve rien d’autre que le blanc, l’immaculé du drap, de ce lit immense et moi au milieu. Chétive, seule, désespérément seule. Mon cœur loupe un battement sur deux, cognant douloureusement contre une barrière fragile, gracile. Il n’est plus là, il n’est plus là… Je respire difficilement, m’agitant prisonnière de la soie, ce sentiment d’oppression m’envahissant. Cet angoisse résidante réapparaissant. Il n’a jamais été là, il n’a jamais été là… J’ai tout inventé ? J’ai tout imaginé ? Elle est là l’ignoble vérité, l’odieuse réalité. Je me suis réellement raccrochée à cette oasis, ce mirage, cette chimère ? Ou est-ce l’enchantement qui s’estompe ? Minuit et plus rien. Minuit et le carrosse redevient citrouille et toi, Cendrillon, tu retrouves tes haillons… Tes souvenirs en décomposition. C’était si réel, si… palpable et tangible. Comment suis-je arrivée reproduire sensations, sentiments, effluves et parfum avec autant de précision ? Comment suis-je parvenue à faire raisonner sa voix dans ma boite crânienne, à faire frissonner mon corps sous un touché inexistant ? Ai-je développé une sorte d’obsession ? Une folie maladive ? J’ai peur. Je suffoque, j’étouffe, je crève à petit feu… Je deviens folle et je me noies dans les méandres de mon aliénation, de ma déraison. Et quand tu te noies, tu arrêtes automatiquement de respirer jusqu’à ce que tu t‘étourdisses, jusqu‘à ce que tu t‘évanouisses... On appelle ca l’apnée volontaire. Peu importe à quel point tu deviens dingue sous cette surface striée, l’instinct de ne pas laisser passer l’eau est si puissante que tu n’ouvriras pas la bouche jusqu’à ce que tu sentes ta tête exploser sous la pression de tes poumons vidés, compressés, asséchés. Puis, tout redevient calme, un calme déplaisant et toujours aussi asphyxiant. Chez moi ce calme se traduit par une crainte constante, accablante, écrasante. Une hyper-vigilance, ce persistant sentiment d’être menacée. C'est comme une crise de panique, comme si je n'arrivais plus à respirer, comme si je me noyais… Oui, je me noie. Et si je décidais sciemment de ne pas ouvrir la bouche jusqu'à ce que ce réflexe instinctif passe, j'ai alors plus de temps pour être secourue ? Mais également plus de temps pour me débattre dans cette douleur agonisante… Néanmoins, quand il est question de survie, un peu d’agonie ne vaut-elle pas le coup ? Mais… et si c’était l’agonie présentement et après… l’Enfer ? Seulement et toujours l’Enfer… Ma poitrine se compresse d‘autant plus, mes poumons se contractent, se rapetissent dans cet espace qui leur est pourtant concédé et dédié tandis que mes lèvres s’entrouvrent malgré tout… Si c’est l’Enfer, si ce sont les terres d’Hadès au loin, alors, il me faut continuer tout droit, toujours tout droit sans jamais me retourner… Mes lèvres laissent alors échapper un souffle de vie, insignifiant, tout petit, minime. Et, je gémis son prénom, ses prénoms pour être sûre qu‘il répond ? J’en sais rien. Au moins qu’il entende, peut être… Une plainte, une complainte déchirante, paniquée, ponctuée de respirations, d’inspirations et battements cardiaques anarchiques et chaotiques. J’ai envie d’hurler, fort, et je le ferais si mes poumons n’étaient pas déjà éreintés, anémiés… Je ne saurais dire combien de temps il s’écoule entre cette unique plainte et ces mains qui prennent mon visage dans un étau, cette voix assimilable à un coup porté en pleine poitrine coupant un souffle déjà inexistant, paralysant une panique, immobilisant une angoisse fomentée. Un coup de poing entre les deux yeux. Encore une fois, je réalise. Est-ce la bonne cette fois-ci ? La bonne réalisation, la bonne réalité ? Ne suis-je pas encore entrain de me désillusionner ? Ne me suis-je pas, à nouveau, égarée ? Je rouvre les yeux pour vérifier et son visage surplombe le mien. J’ai l’impression que le temps s’arrête, se suspend, et qu’une tempête démarre dans mon esprit affranchit. Une tempête qui chasse -à tout jamais ?- ces maudites pensées. Des perles translucides et froides s’écrasent sur mon visage, sillonnent mes joues. Et, je me sens… ridicule et stupide. Ridicule d’avoir pu autant divaguer. Stupide d’y avoir autant cru. Mais, pourquoi je n’arrive pas à admettre, pourquoi je n’arrive pas simplement réaliser cette chance que j‘ai, cette chose que j’ai toujours souhaité ? Et pourquoi quand je commence à le faire tout s’écroule ? Quelle est cette chose sibylline qui vient toujours souffler sur ce château de carte aux fondations, pourtant, solides ? C’est inconscient, c’est subconscient. Mon esprit, mon corps, mon cœur acceptent, mais mon âme suspecte. Trop d’incertitudes ou au contraire, trop de fausses certitudes sont ancrées en moi. Elles sont enfouies en moi. Ces pensées que durant des jours, des semaines, j’ai gravé pour ne jamais oublier dont je dois désormais me débarrasser. Des mots que j’ai gravé pour accepter la fatalité. La fatalité d’un potentiel « nous » inexistant, impossible, et irréel. Seulement dans mes… rêves. Pourtant, une fatalité qui, à l’heure d’aujourd’hui, n’est plus. Plus du tout même. C’est fini tout ça. C’est fini le doute, la frustration, l’illégitimité. Mais pourquoi ça reste là ? Pourquoi ai-je autant besoin d’être rassurée ? Pourquoi ai-je toujours besoin de le voir, pour le croire ? J’en arrive à culpabiliser en me rappelant qu’il tient toujours ses promesses. Pire encore que je le sais… Evidemment que je le sais. Ses lèvres frôlent les miennes, ses lèvres pansent et apaisent. Mes paupières retombent et avec elle le voile d’opacité s’impose, une seconde à peine avant de recroiser son regard, ses traits déformés par ce que je reconnais comme étant la douleur. Par ma faute. Encore. Je me sens d’autant plus coupable de ce que cette réaction inappropriée que j’ai eu a pu engendrer. Du mal qu’elle lui fait. Du mal que je lui fais, à nouveau. Mon corps s’anime d‘une pulsion électrique. Je me redresse assise, mes jambes se repliant sur un côté pour me permettre d’aller enrouler mes bras autour de sa nuque tandis que mon visage se trouve une place pour se tapir dans son cou. Honteuse. « Je suis désolée Loxias, je ne comprends pas pourquoi je réagis comme ça, pourquoi j’ai réagis comme ça… Je, tellement désolée. Je ne comprends pourquoi je, je… J’ai toujours cette peur maladive de te perdre, ou de ne t’avoir jamais ’eu’, cette angoisse irrépressible de me lever, d’ouvrir les yeux, et voir que j’ai tout inventé, tout idéalisé, tout fabriqué… de voir que j’ai rendu possible une situation qui ne me le semblait pas, jamais, que j’ai cru impossible, inaccessible, inconciliable avec, avec… » je débite à une vitesse folle, ahurissante, balbutiant, sautant des mots, hésitant, le cœur battant. Je me détache légèrement pour lui faire face, que nos prunelles accrochent. Il faut qu’il comprenne, il faut qu’il comprenne que c’est pas intentionnel, pas du tout intentionnel même, que je ne veux pas de tout ça non plus, que je compte juguler tout ça, que je compte anéantir tout ça, que je ne veux pas, plus lui faire du mal, jamais. Et, je reprends cette frénésie oratoire. « …cette trouille m’empêche de, de… et je suis… Pardon, désolée, je ne dois pas douter de toi, de tes mots, et je ne doute pas mais, mais… pardonne-moi, s’il te plait » je poursuis dans ce flot de paroles incompréhensibles et intarissable. « …je t’aime » tellement, trop… Ca fuse spontanément dans un souffle, ca ponctue et ca conclu et je crois que ca explique tout. Ca raisonne dans ma boite crânienne comme le bruit d’une brise, je baisse les yeux vers la soie et soupire doucement. Un silence s’installe et j’ai pas envie de subir ce silence, non, le plus judicieux serait d’aller me passer la tête sous l’eau pour tout réactualiser. Alors, je recule, je glisse jusqu’au bord du lit, posant pied à terre. Je m’entends souffler un imperceptible: je reviens. Je croise mes bras sur une poitrine que je dissimule, en alignant les pas jusqu’à la salle de bain, pensive, distraite. Mon reflet s’impose après quelques minutes en même temps qu’un éclair de lucidité. Le périmètre ! Sans plus réfléchir, je pivote sur les talons, m’empressant de quitter la pièce sans l’avoir utilisée, tête semi-baissée, avant de me retrouver nez à nez avec… eh bien, Loxias.

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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 0:57

Une plainte s’élève, irréelle, immatérielle, et c’est tout mon corps qui se tend, tout mes muscles qui se crispent, comme une alerte accrochée par mon oreille, ressentie par l’intégralité de mon être. Je suis là, au milieu de cette salle de bain, les mains en coupe, réceptionnant l’eau fraîche que j’envoie rassasier mes traits tirés, mes traits fatigués, cherchant un éveil fictif au travers de ce simple geste inutile, presque candide, et la seconde d’après, sur un simple appel qui ne me semble pas en être un, je me retrouve hors de cette pièce, me précipitant vers ce lit où se dessine l’affolement dans sa forme la plus humaine. Elle a mal, et inexorablement, j’ai mal aussi. J’ai mal pour elle, j’ai mal comme elle. C’est physique, comme un flux de douleur qui passerait de l’un à l’autre. Je ressens ce qu’elle ressent, par un lien que je ne cherche pas à m’expliquer, mais qui était déjà présent bien avant tout ça, et je souffre individuellement de lui savoir tout ce mal. Double dose. Je suffoque. Je suffoque, j’étouffe, je meurs, mais je ne lâche rien, parce que ce qui prime avant tout, en cet instant, c’est de stopper sa propre douleur. La mienne, les miennes, j’m’en fous, j’en accepterais même une charge supplémentaire juste pour que la sienne prenne fin plus rapidement. Alors, je ne perds pas de temps, et un seul genou posé sur le matelas, l’autre jambe encore en mouvement, j’ai déjà son visage entre mes mains, et ma voix qui lui rappelle que je suis là, que je suis toujours là, que je serais toujours là, tant qu’elle voudra de moi, tant qu’elle aura besoin de moi. Je tente de l’abrutir de ma présence, de mon essence, l’arrimant à moi, de ma bouche qui se presse sur ma sienne, de ma peau s’impose contre la sienne. Je suis là. Parce que j’ai promis, je suis là. Et même sans ça, je suis là, parce que j’ai autant besoin de toi que tu as besoin de moi. Mais cette douleur, là, que je t’impose, que tu m’expose sans pudeur, c’est plus que ce que je ne peux encaisser, c’est plus que je ne pourrais jamais supporter. J’ai besoin qu’elle aille mieux, j’ai besoin qu’elle se rassure, j’ai besoin que son rythme cardiaque décélère, parce que je suis le seul responsable de son état, de sa peur, de son angoisse, je suis aussi le seul apte à réparer ça. Temporairement, du moins, puisque je sais que demain, et après-demain, à chaque matin se succédera un nouveau matin, mon seul réconfort étant de me dire que ça ira en s’amoindrissant. Parce qu’elle finira bien par si faire, non ? Elle finira bien par comprendre que je suis là pour de bon ? Et chaque matin apportera un peu plus de réalité à ma présence... Peut être même que celle-ci deviendra, finalement, naturelle, habituelle, et qu’un jour, ce sera mon absence qui lui semblera étrange et apaisante, lorsqu’elle en aura marre que j’occupe tout le lit, que j’écourte ses nuits... Mais en attendant, j’ai encore tout à prouver, parce que pour le moment, tout ce que j’ai fait, c’est la fragiliser, encore et encore, en offrant un peu, avant de tout reprendre. À présent, je veux tout lui offrir, et c’est tellement naturel qu’elle s’attende à ce que je lui reprenne plus que ce que je n’ai donné, emportant avec moi sa raison et son âme, que cette prise de conscience me fait un mal de chien. Je suis son tortionnaire, elle est ma victime consentante. Sous la force destructrice de cette pensée, je ferme les yeux, je froisse mes paupières, j’ai l’impression de me faire violence contre sa bouche. Et je ne vois rien venir. En quelques instants, je me retrouve repoussé, doucement, trop doucement, mais suffisamment pour me forcer à ouvrir les yeux, et retrouver ma verticale sur le matelas. Et tout aussi rapidement, elle me fait face, accrochant ses bras à mon cou, se pendant littéralement à mon cou, tandis que tout son visage y trouve refuge. Je ne sais pas ce qui m’attend, mais automatiquement, mes bras l’encerclent, accrochant la peau de son dos, chahutant, caressant, se réappropriant chaque centimètre carré de peau. C’est alors que la mélodie me parvient, la mélodie de sa voix qui débute et exécute une symphonie dissonante aux notes mal raccordées entre elles. Elle s’excuse, encore et encore, elle cherche à se justifier, à expliquer sa réaction, tout en se flagellant, elle commence des phrases qui ne finissent jamais, elle finit des phrases qu’elle a oublié de commencer, et bizarrement, je comprends tout. Je n’essaye pas de la couper, ce n’est pas la peine, elle a raison sur tout la ligne. C’est ma faute, c’est moi qui ai rendu cette situation impossible, c’est moi qui ai créé cette illusion d’inaccessibilité, comment pourrait-elle, aujourd’hui, se réveiller en trouvant normal de me voir à ses côtés quand je viens de passer le dernier moi à lui dire que je n’étais pas à elle, que je ne serais jamais à elle, et qu’elle devait tirer un trait sur moi ? Elle se recule légèrement, très légèrement, juste pour poursuivre en affrontant mon regard. Je ne sais pas ce qu’elle cherche à me prouver, je ne comprends pas. Elle n’a besoin de me convaincre de rien, je sais déjà tout ce qu’il y a à savoir. Ma faute, ma seule et unique faute, mais seul le temps pourra y faire quelque chose, seul le temps me permettra d’anéantir les démons que j’ai moi-même créé, et... Pourquoi s’excuse-t-elle ? Pourquoi implore-t-elle un pardon lorsqu’il s’agit de ma propre réplique ? En quoi devrait-elle s’excuser de... Le mot est lâché. Il tombe comme un glas, quelque chose auquel je ne m’attendais pas, quelque chose qui ponctue inexorablement cette nuit, cette vie. Quelque chose qu’on sait, quelque chose qui est, quelque chose de latent et présent, évidemment, mais quelque chose que je ne m’attendais pas à entendre parce que... On se l’est déjà dit, non ? Avec les yeux, avec les mains, avec nos peaux, nos corps qui s’entrechoquent, qui s’assemblent à la perfection, avec mon prénom murmuré juste au bon moment, avec ma demande, ma supplique formulée au creux de l’oreiller, l’enjoignant à ne jamais me quitter. Mais l’entendre, l’entendre pour de vrai, c’est tellement... différent. C’est pourtant évident, et néanmoins surprenant. Incongrue et naturel. Et peut être incongrue justement parce que ça semble tellement naturel. Désarmant de spontanéité et de légitimité. Prononcé par elle, je m’attendais à une sorte de malaise, une forme de culpabilité. Mais j’aime ça. J’aime ça et je veux l’entendre dire encore et encore... J’imaginais que j’aurais du mal à l’accepter de la bouche d’une autre femme que la mienne, mais... c’est tellement criant de vérité, tellement familier, que je pourrais en chialer. Le soulagement est réel, la surprise totale, si bien que j’en oublie de lui répondre, j’en oublie de prononcer le moindre mot, d’avoir la moindre réaction autre que mon immobilisme, et les traits de mon visage masquant mal mon étonnement. Je n’en prends conscience, tout à fait, que lorsqu’elle s’échappe, glissant du matelas, quittant les draps. Elle me dit quelque chose, mais je ne l’entends pas. Je n’entends que les battements sourds de mon palpitant, saccageant mes tempes au rythme de ses pas, l’éloignant de moi, la poitrine planquée sous ses bras. J’ai l’impression de vivre un retour arrière, elle se cachant de nouveau de moi, comme si tout ce que nous avions partagé ne signifiait rien d’autre que ça, un moment éphémère et puis basta, au matin, elle n’est de nouveau plus à moi. Elle est à moi ! T’es à moi, Nora ! C’est ce que mon corps hurle en se redressant, en calquant mes pas sur les siens, la suivant, instinctivement, parce que je ne sais faire que ça, guidé par son aura. Mais j’ai à peine le temps de passer la porte de la salle de bain, que ce corps que je cherche tant, retrouve déjà le mien. Rapidement, brusquement, elle me rentre dedans en revenant sur ses pas, tête basse, mine défaite. Alors, avant qu’elle ne se ravise, mes mains se verrouillent sur le haut de ses bras, empêchant toute fuite. Et le regard déterminé, sévère, je la repousse vers cette pièce qu’elle s’apprêtait à quitter, la forçant à reculer encore et encore, mon regard planté dans le sien. C’est pas le moment de me tenir tête. C’est le moment de se taire et d’écouter, d’assimiler et de ne pas s’entêter... C’est à mon tour de parler. « Pas ça... » je souffle, vindicatif, en détachant ses bras de sur sa poitrine, les obligeant à s’écarter pour me laisser voir, me laisser regarder. « T’es à moi, t’as pas le droit de te cacher, pas comme ça, pas alors que... » ça me rappelle que tu ne l’as pas toujours été. « J’aime pas quand tu me laisses pas te voir. » j’insiste, toujours dans un murmure, la paume de mes mains descendant et remontant lentement le long de ses bras, remontant suffisamment pour glisser sur ses épaules, puis sa nuque, l’obligeant à relever les yeux vers moi, comme il se doit. « C’est à moi de m’excuser, tu comprends ? C’est à cause de moi tout ça, et je sais que ça va prendre du temps... C’est pas toi qui me fait mal, Nora, c’est moi, en t’en faisant à toi... Et j’y peux rien, parce que le mal est déjà fait. Alors, tout ce qu’il me reste c’est du temps, du temps et encore du temps, pour te prouver que tu n’as rien à craindre, pour te prouver que ça... » dis-je en déposant mes lèvres sur les siennes, les y laissant trainer un instant, savourant, profitant, avant de me reculer légèrement et de reprendre. « ... Ça, c’est réel, c’est concret, c’est immuable. Ça prendra du temps, je le sais, mais je suis patient et... j’ai tout mon temps... » Mes mains accrochent sa taille, mes bras soulèvent ses hanches, et la posent délicatement dans l’espace aménagé entre les deux vasques faisant office de lavabo, juste à mon niveau, à hauteur de regard, tandis que je viens me loger entre ses deux cuisses. « Ce qu’il faut que tu saches... » je commence, mon front venant rencontrer le sien, s’y cacher, se soustraire à sa vue alors que j’ai pas du tout envie de lui confier ça. « Je... Quand je me suis réveillé, j’ai cru qu’on était encore dans le nid, et lorsque je t’ai vu j’ai... J’ai paniqué... » Voilà, c’est dit. Ça fait mal de le lui avouer, mais... « Ce que je veux dire c’est que... C’est normal, non ? On est un peu déboussolé, et c’est normal, pas vrai ? » je cherche à me rassurer plus qu’à la rassurer elle, parce que j’ai encore du mal avec ce rejet, effectué, à peine conscient, à peine éveillé. J’ai besoin qu’elle me dise que c’est normal, que ça ne signifie rien d’autre qu’une simple perte de repère temporaire, surtout temporaire, très temporaire. Je ne veux pas être ce monstre, ce lâche que j’ai croisé au détour d’un miroir, je veux... j’ai besoin... elle... tout simplement : elle. C’est aussi simple et compliqué que ça. Simple parce que ça coule de source, ça se lit dans chacun de mes regards, dans chacun de mes gestes, parce que la suite logique c’est que je le lui dise, que je le formule à voix haute. Et compliqué parce que... mes lèvres ont beau s’entrouvrir, ma pensée a beau chercher à se former, les mots refusent de sortir. Je suis là, muet, idiot, la bouche ânonnant dans le vide, tout bonnement incapable de lui dire que je l’aime. Le problème ce n’est pas ce que je ressens, le problème c’est ce que je suis incapable de formuler. C’est pas quelque chose que je dis facilement, c’est pas quelque chose que je dis, tout court. Ça doit venir spontanément, ça doit venir naturellement. Je ne peux pas y réfléchir et puis le dire... Je sais pas faire. Alors je me contente de lui répondre de la seule manière que je connaisse, la seule manière que je maîtrise... avec mes lèvres, certes, mais mes lèvres contre les siennes, dans ma langue, avec sa langue... Et tant pis si ce n’est pas réglementaire, je ne connais pas d’autre manière.
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MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 0:58

Je ne fuis pas. C’est pas une fuite. Parce que la fuite aurait impliqué que je me foute à courir pour creuser la distance vite, loin, beaucoup. C’est pas une fuite parce qu’autrement je n’aurais pas envie de revenir alors que c’est l’unique pensée qui tourne dans ma boite crânienne, c’est la réplique que je lui ai glissé avant de me retirer. Non, là, c’est une sorte de pause. Une pause que je veux m’accorder parce que je crois que j’en mérite une. Ou plutôt, que j’ai besoin d‘une. C’est pas une question de mérite mais bien de besoin. Comme depuis plusieurs semaines maintenant. Tout est devenu besoin et nécessité. Je suis devenu cet être animé de besoins plus ou moins importants, plus ou moins essentiels que je ne réprime plus, que je ne refoule plus. Et, ils s’étendent sur une frise bien échelonnée, délimitée et bornée. Au sommet, lui, ce besoin vital et incontrôlable. Lui, ce besoin boulimique et exaltant. Tout en dessous: rien, ce besoin inexistant et insignifiant, une accommodation à une situation. Entre les deux, cette pause. Ni excessivement vitale, ni insignifiante. Une pause pour mon esprit. Une pause pour mon corps. Une pause pour le remettre de ce que je viens de leur faire subir. Encore. Parce que je suis allée trop loin, parce que je les ai poussé trop loin. L’un et l’autre. Parce que je me suis noyée, parce que je me suis étourdie, parce que j’ai délibérément cessé de respirer, parce que j’ai frisé l’inconscience volontaire. Parce que j’ai torturé mon esprit, parce que j’ai divagué, parce que je l’ai forcé à imaginer, forcé à accepter ce qui n’est pas, ce qui n’a jamais été ou qui a été mais n‘est plus. Je l’ai forcé à ployer, je tenté de l’assujettir à une fausse réalité. Je les ai forcé à se courber, mon corps, mon esprit, sous une douleur que j’ai créé, que j’ai alimenté. Une douleur que j’ai fais passer maitre pour les asservir. Et, je dois me rattraper désormais parce que c‘était une erreur. Je dois lui demander pardon. Je me retrouve face à mon reflet, une demi-seconde à peine. Et, des prunelles me scrutent avec curiosité, me dévisagent avec… animosité ? Je sonde une âme. J’ai pas le temps pour ça qu’une pensée plus signifiante, primordiale, tinte dans ma tête. Le périmètre, le périmètre, le périmètre… Comme un martèlement régulier pulsant dans mes veines, battant dans mes tempes. L’évidence, ma réalité. Alors, je pivote hâtivement sur les talons, les yeux balayant le sol, les pieds se devançant rapidement jusqu’à me confronter à son corps faisant office de barrage. Et, je n’ai aucun doute la dessus. Un mur aurait été plus violent moins…accueillant. Je relève sensiblement le regard, quittant au moins le carrelage. Mon palpitant s’agite quelque peu, un automatisme. Et d’autant plus lorsque ses doigts se referment sur ma peau, que ses mains accrochent ma peau. A peine ai-je le temps de croiser l’azur que je me vois contrainte de céder, de reculer. Son regard m’intime le silence et mes lèvres n’osent se desceller. La seconde d’après je m’immobilise et son souffle vient m’ébranler, me faire tanguer. Mes traits trahissent mon incompréhension, avant que ses doigts ne viennent défaire l’étreinte de mes bras contre ma poitrine, retombant mollement contre mes flancs. Je suis à lui, je ne dois pas me cacher, je lui appartiens. Une réalité, des vérités, qui s’enracinent, qui s’enfoncent dans ma chair, je le sens. C’est progressif, c’est transitif. Et moi j’accuse, j’emprisonne, parce que j’aime quand il dit ça, j’aime le savoir penser ça, comme ça. A l’oral, à voix haute, ca confère une autre dimension, une autre représentation. Un ancrage graduel. Un arrimage sur le quai de la réalité. Puis, il me confie qu’il n’aime pas ça, il n’aime pas cette dissimulation malséante, ce camouflage effronté. Soudainement, désarmée, désarçonnée, je n’arrive même plus à parler. Mais, je ne dissimulais cette poitrine que parce qu’elle ne t’étais plus exposée. Seulement parce que je m’éloignais… De tel sorte à ce que personne d’autre ne puisse la voir… A la place, j’avance d’un pas, resserrant la distance, relâchant les filaments afin de ne plus jouer sur leur pression, ne les distendant plus. J’entrouvre les lèvres pour le lui dire, lui expliquer, mais ses mains caressant, effleurant mon épiderme, ses doigts créant des vagues successives de frissons électrisants, je me retrouve temporairement incapable de former toute pensée cohérente, indisponible à toute réaction, perdant une grande partie de mes moyens. Alors tout ce qui parvient à parvient à sortir, à s’échapper de ma bouche un souffle. Un souffle ridicule et chêtif dont les volutes, les arabesques laissent à désirer: « …je, je veux que tu vois… » presque inutile, il doit manquer un bout, un début. Non pas mal aisée, juste distraite, juste désorientée. Un état léthargique que je ne saisis pas et que nos prunelles confrontées ne font qu’amplifier. Après quoi, je l’entends reporter toute la faute de ma réaction sur lui, cette parole agissant comme une prise de conscience soudaine, effervescente et je secoue la tête vers la négative comme pour désapprouver, réprouver. Mes doigts se referment sur son avant-bras, ses avant-bras, les prunelles plantées dans les siennes. Muette par ses lèvres parasitant les siennes. Les siennes dont je me délecte. Les miennes qui enchainent, s’en mêlent et se pressent. Il finit par se reculer et j’en veux plus, comme toujours. Il se recule et laisse cette faim constamment grandissante que peu assouvie. Sa voix s’élève et clarifie. Je limite mes envies et me force à me replonger dans ses mots pour oublier les précédentes assaillantes. Il marque un point. Le temps est notre solution. J’en ai conscience également. Le temps. Simplement le temps… Cependant, plusieurs questions susceptibles de raviver mon agitation intérieure, une panique, se forment et se voient éclatées dans la seconde, puis moi apaisée. Il est patient et m’accorde son temps. Que demander de plus ? En effet, rien. C’est plus qu’il n’en faut. « Merci… » je souffle avec une air soulagé trainant sur mon visage, une fine esquisse aux lèvres avant de passer mes bras autour de son cou lorsque ses mains sur ma taille s’attèlent à me soulever puis de me reposer plus haut, assise entre les deux lavabos. Automatiquement, mes jambes se croisent et se nouent dans son dos, le maintenant captif. Nos fronts se retrouvent, créant une bulle d’intimité. Son souffle s’écrase à nouveau contre ma bouche. Néanmoins, je me sens arquer un sourcil face à tant de mystère. Que je sache ? Dans un reflexe instinctif, je soupire doucement pour me préparer… Il m’expose sa panique et évoque les reliquats, les espèces de séquelles que laissent une telle aventure, un tel conditionnement, un tel enfermement. Ca me surprend. Puis j’en arrive à me dire que je ne réalise pas plus qu’il ne semble le faire. Et pour cause, on vient de sortir. On s’extirpe à peine de cette cage dorée. Ca ne date que de quelques heures. Alors oui, c’est normal Loxias. Dès lors, je pose un doigt, mon index, contre ses lèvres pour lui imposer le silence. « C’est normal. » je répète et rassure. « Tout ceci est… encore nouveau, tout frais. Pour toi, pour moi… » je murmure doucement, tout doucement, mes doigts caressant tendrement sa nuque. « …pour Nous. » j’ajoute dans ce même murmure qui se veut apaisant. « Alors, ne t’en fais pas, on a… tout notre temps… » pour s’habituer à tout à ça, à l’un à l’autre, à ce qui nous attend, à la suite, à tout, parce que l’essentiel c’est qu’on soit tout les deux… « …tout les deux face à tout ça » je murmure à voix haute, terminant ma pensée précédente en même temps que mes bras raffermissent leur étreinte et le rapprochent d‘autant plus de moi. A deux, on est forcément plus fort, c‘est un fait. Et ca me rassure, alors rassure-toi, s’il te plait. Mon front s’échappe de quelques centimètres afin que ses traits dissimulés réapparaissent sous mes prunelles fureteuses, que j’y décèle une accalmie, que j’y lise un répit traduisant ton soulagement. Contre toute attente, et pour seule réponse: ses lèvres. Pas une parole, pas un son. Mais, un touché, un baiser. Impétueux, fougueux, où mes lèvres répondent, accrochent et se confondent avec les siennes, où sa langue entraine la mienne. Je ferme les yeux, resserrant bras et jambes afin que tout mon corps retrouve le sien… Les minutes défilent et je ne saurais dire exactement combien quand j’atteins ce point d’asphyxie notoire, de déchainement cardiaque manifeste qui m’oblige à y mettre fin. Je me détache, essoufflée, haletante, mes lèvres glissent sur sa joue, son cou avant que ma tête ne repose sur son épaule. Le palpitant à l’agonie, l’esprit ravi. De nouvelles secondes s’étirent lorsqu’une autre réalité me revient en tête. La réalité pour laquelle j’ai, un jour, signé, qui désormais s’est estompée mais pour avoir gagné, ma punition est de m’y re-confronter. Joie. Aussitôt, mes traits se déforment légèrement affichant un air dolent en me reculant. Ma main, à plat, s’écrase contre mon front. « ...j’ai une interview ce soir, je veux paaas ! » je m’exclame dans un gémissement plaintif. « Sauve-moi ! ou kidnappe-moi Loxias, je te le demande comme une faveur » je termine en me laissant tomber contre lui, son torse, le mélodrame suintant par tout les pores, les sons, de mon corps et ma voix tandis que mes doigts s’accrochent à sa taille.

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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 0:59

Est-ce qu’elle comprend ? Est-ce qu’elle me comprend ? Je crois que oui, j’espère que oui. Ses yeux, ses gestes, ses lèvres tendent à aller dans mon sens, m’affirmant que j’ai raison de penser ça, de penser comme ça, que j’ai le droit de penser à ça. Je me suis suffisamment débattu pour accéder à elle, à son corps, à son âme, à ce que nous sommes, pour ne pas me retrouver face à la nécessité de tout reprendre à zéro à chaque levé. Comme une amnésique partielle qui aurait besoin que je lui rappelle qu’elle m’aime, à chaque levé de soleil. C’est charmant mais également épuisant, et frustrant. J’ai besoin de brûler les étapes, quelque part, parce qu’on s’est réfréné trop longuement, et qu’à présent il y a ce besoin vital, primal, de rattraper le temps perdu, le temps gaspillé, d’être confronté à cette réalité qui aurait du être, si tant est que j’avais su, ce que je sais maintenant. Alors oui, oui il nous faut encore du temps, beaucoup de temps même, pour s’adapter, pour comprendre, pour assimiler, mais on ne doit en aucun cas se flageller pour ça, elle ne doit pas se flageller, parce qu’elle n’est en rien responsable. Hier encore je la repoussais avec acharnement, je prenais plaisir à faire cinq pas en arrière après en avoir fait un en avant, créant de mes mains cette atmosphère d’incertitude, me refusant à elle sans parvenir à la refuser à mon tour, lui prenant tout sans jamais rien lui offrir en retour. Alors comment lui en vouloir, aujourd’hui, de se trouver dans l’incapacité de réaliser que je lui donne, sans rien reprendre ? Moi aussi j’ai besoin de temps. J’ai besoin de me faire à ma culpabilité, à défaut de parvenir à totalement l'annihiler. Parce que, ce qui est arrivé ce matin, cette panique doublée de rejet, n’est née que de ce sentiment de culpabilité que je traine depuis des semaines. Et quand bien même Yonati sait tout, Yonati comprend tout, Yonati tolère tout, il n’en demeure pas moins que j’ai le sentiment de lui être infidèle à chaque minute, chaque seconde qui me sépare d’elle. Ça n’a rien d’évident de passer d’une femme à une autre tout en prétendant que tout va bien. Je suis demeuré sept ans de ma vie avec une seule et même femme, je lui ai tout offert, tout promis, et aujourd’hui... Aujourd’hui, je me trouve là, dans la salle de bain d’une autre chambre, dans les bras d’une autre femme, une femme qui tente de me rassurer, allant dans mon sens, m’expliquant qu’il nous faut du temps, simplement du temps, et qu’à nous deux... Nous deux... Une femme à qui je confie mes sentiments dans un baiser, un condensé d’amour à l’orée de mes lèvres, l’essence même de ce que je suis, de ce qu’elle est, de ce que j’éprouve pour elle, au bout de ma langue. Si je n’étais pas aussi égoïste, si je n’avais pas si intrinsèquement besoin d’elle, alors j’aurais préféré qu’elle s’accroche à quelqu’un capable de l’aimer autant qu’elle aime, quelqu’un d’entièrement disponible, quelqu’un qui, contrairement à moi, ne lui occasionnera pas tout ces coups que je distribue malgré moi. Mais même ça, je ne peux pas, j’ai pas la noblesse de faire ça, de l’encourager à ça. Elle est à moi, rien qu’à moi, et personne d’autre ne l’aura. Personne d’autre que moi ne posera le regard sur ces formes-là, personne d’autre que moi ne touchera le satiné, la douceur de cette peau-là, personne d’autre que moi ne devra déposer sa bouche sur ces lèvres-là, parce que personne d’autre que moi ne sera à même de créer tout ces frissons là nés au bout de mes doigts. Je ne possède pas grand chose, mais ce qui est à moi réveil mon caractère possessif et exclusif, peut être, justement, parce que le peu que j’ai, j’y tiens. Alors, je ferme les yeux, et je m’abandonne sur ses lèvres, à son avidité, à sa réponse anticipée. Je prends tout, je ne gâche rien, même si, inexorablement, ce baiser peut s’avérer catastrophique en terme de conséquences. Il faut que ça cesse rapidement, très rapidement, mais je suis incapable du moindre soubresaut de volonté. Je m’essouffle contre sa bouche, je déraisonne, je perds toutes mes convictions... Je vais bientôt avoir besoin de plus, tellement plus. Pourtant, elle s’échappe, glissant contre ma joue à mesure que mes paumes glissent sur ses reins. Elle m’achève, elle me frustre, et pourtant elle me sauve, agissant pour moi, raisonnant pour moi. Mon souffle perturbé me fait prendre conscience, trop rapidement, du désastre évité, et je tente de chasser, aussi rapidement que possible, ces pensées qui se chahutent et se bousculent contre mon crâne. Des pensées interdites, des pensées maudites, mais ô combien grisantes. Sa tête se pose sur mon épaule, et mon regard, privé du sien, se retrouve confronté à son écho, dans le miroir qui me fait face. Les yeux hagards, la mine chiffonnée, les cheveux en vrac, les lèvres gonflées de plaisir, j’arrive même pas à tenir dix minutes auprès d’elle sans en oublier tout les préceptes du Coran. Elle est la tentation absolue. Je passe une paume sur mon visage défait, avant de m’asséner une claque bien mérité, censée déplacer douleur et attention de mon caleçon à ma joue. Ça marche... approximativement. Et puis, comme une réponse, un écho, c’est au tour de Nora de se frapper elle-même, se reculant de mon épaule, grimaçante, pour s’infliger un cou sur le front, avant de gémir une explication, une révélation qu’elle vient d’avoir. Une interview ? Ah oui, j’avais quelque peu oublié ce léger détail qui pourtant, à son importance. Elle finit par s’écraser le front contre mon ventre, me suppliant de la kidnapper, de la sauver, et j’échappe un rire. « Tu veux encore tirer du fric à la production avec une demande de rançon ? J’pense qu’ils risquent de sentir le coup monté, et de nous envoyer Carmen en guise de négociatrice... Tu veux pas ça, pas vrai ? » je demande en lui relevant le menton, tout en secouant, moi-même, la tête de gauche à droite. « Non, tu ne veux pas ça. » je conclue, en me décalant pour venir m’asseoir à ses côtés, entre les deux vasques. « Moi aussi j’ai un truc ce soir... D’ailleurs, ils ont déjà du appeler dans ma... enfin dans l’autre chambre. Et je... » Je me penche à son épaule pour y déposer mes lèvres, furtivement, puis me redresser, ramenant mes genoux contre moi. « J’vais pas y aller seul, ils nous veulent à deux... Moi et... Elle. Yonati, enfin Swann. Je suppose qu’ils veulent nous faire parler du conflit israelo-palestinien, c’est d’actualité et ça fait vendre, alors tu penses, la petite-fille d’Ariel Sharon et le fils d’Ismaël Haniyeh c’est du pain béni... Et quelque part, c’était mon but avant... avant tout ça, avant toi. » dis-je en lui assénant un petit coup d’épaule maladroit. Parce que c’est ce que je suis, la maladresse incarnée, encore plus lorsqu’il s’agit d’aborder un sujet complexe dont j’appréhende l’issue. Je ne veux pas lui faire de mal et pourtant, j’ai l’impression qu’en tentant d’arrondir les angles, je ne fais que creuser la terre pour m’enfoncer, ou l’enfoncer elle, plus profondément. « Je suppose qu’ils vont chercher à me faire parler de toi, créer le scandale, mais... J’vais rien dire. Je ne veux rien dire. Je ne veux pas t’exposer plus que tu ne l’es déjà, et je veux pas de cette étiquette qu’ils s’empresseront de coller sur le front de Yonati. Tu comprends, n’est-ce pas ? » C’est pas nous que je cache, c’est toi, parce que je ne veux pas de tout ça, de cette traque médiatique, de cette traque politique, je veux juste une vie normale, avec toi. « Notre vie privée doit le rester, du moins pendant cette semaine de surexposition... et après... après... » Après Dublin, après cette semaine aux frais de la princesse, après, lorsqu’on aura été remercié par la production et que chacun devra réintégrer son chez soi. « Tu sais que je dois retourner à Paris, n’est-ce pas ? C’est pour ça que j’ai fait Fake Lover, c’est pour lui offrir ça, et... tout ce qu'il s’est passé depuis, tout ça ne change rien, je lui offrirais Paris. Je tiens toujours mes promesses... Et toi ? » Parce que si moi j’ai promis Paris à Yonati, Nora elle, elle m’a promis de ne jamais me quitter. C’est l’heure de vérité.
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MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:00

Rien qu’à y penser, à imaginer, j’en tremble d‘anxiété. Mon cerveau, mon esprit, tremblent parce qu’ils appréhendent et ne savent pas à quoi s’attendre. Parce que je ne pense pas que ce soit fait pour moi, tout ça. Tout ce strass, toutes ses paillettes. Je ne suis pas de ces gens que l’on place sous la lumière, celle des spots et des projecteurs. Je ne suis pas celle qui se nourrit de cette lumière artificielle et si peu naturelle. Je m’y suis essayée durant trois mois mais je n’en avais qu’une infime conscience alors que là, c’est différent. Aujourd’hui, je m’assieds sur un canapé et réponds à une série de questions et le lendemain je vois ma tête dans un magasine ou à la télévision en me promenant dans la rue. Non, je ne suis pas sûre que je sois faite pour ça ou être prête à voir ça, ni même à le vivre. Et, je sais, c’est assez ironique quand je me dis que depuis trois mois, on a dû m’apercevoir quotidiennement derrière le fameux écran, que, peut être, on s‘est habitué à ma tête ou que sais-je. Mais encore une fois, c’est différent. C’était différent. D’autant que je n’ai rien à dire. Rien à dire de plus que ce qui n’a déjà été diffusé. Je ne sais pas ce que je pourrais raconter de plus quand tout a déjà été dit ou vu. J’aimerais retomber dans l’anonymat et qu’on m’y laisse. Le jeu est terminé après tout, ce serait légitime non ? Puis, dans le fond, je n’ai pas envie de répondre à leur questions parce que je sais qu’elles vont m’indisposer pour la plus grande majorité et que j’ai tout à cacher. Une partie. Ma vie, notamment. Pas plus que je n’ai envie d’être considérée comme objet de convoitise, ou d’exploitation à des fins purement lucratives. Si, au moins, cela pouvait aider à une cause, une vraie. Je veux simplement retrouver une vie normale. Et, je crois que je ne réalisais pas, à l’époque, à ce moment là, à quoi je m’engageais réellement parce que l’envie de gagner, l’argent, la célébrité n’ont jamais été mes buts premiers. Ou mes motivations. Alors, au lieu d’être animée d’excitation présentement, je suis tétanisée d’appréhension. A cette pensée, mes doigts agrippent sensiblement sa peau cherchant réconfort, je ne sais pas trop. Je soupire doucement… Ils vont me poser des questions sur lui, sur nous, inévitablement, évidemment. Et les questions vont être… vicieuses, ambigües, indiscrètes. Et, j’ai cette horrible impression que l’on va chercher à me piéger, à tout faire pour que je lâche des informations qui ne leur appartiennent pas, qui ne les concernent pas. Alors oui, je veux qu’il me kidnappe, qu’on s’échappe. Soudainement, je l‘entends me parler fric, et moi je tombe dans la cupidité. Mon visage lui fait, de nouveau, face et j’arbore un air faussement désemparé. « Bah ouais, on en a jamais assez » je lui lance mutine en levant un sourcil successivement avant d’échapper un rire. Après quoi il essaie de me faire intégrer que je ne veux pas d’une Carmen en guise de médiatrice. J’ai envie de rire, je me retiens. A la place, je me racle la gorge, l’index crevant les airs façon miss-je-sais-tout prête à corriger l‘impair. « Non, non, TU ne veux pas de ça » je précise avant de filtrer un sourire. Oui, jusqu’aux dernières nouvelles Cerbère bloquait l’accès à Orphée pas Eurydice. « Trouillard ! » je scande alors afin de provoquer une réaction qui, j’espère, va lui donner le gout de réfuter et me prouver l’inverse. Toujours rien. Aucune réponse aux tests de stimulations cérébraux. Je me mords l’intérieur de la joue, pensive. Dernière tentative: les yeux de chien battu. J’abats mes dernières cartes. Je joins même mes mains, suppliante. Mais, Loxias ne lâche rien. Sauf mon corps dont il se défait pour venir s’asseoir à mon côté. Bien, je me débrouillerai seule. Je commence d’ores et déjà à établir quelques plans fumeux pour esquiver l’interview lorsqu’il m’annonce que lui aussi en a une. Automatiquement, je souris. Parce que notre peine est la même. Sentence uniforme. J’ai même envie d’en rire, sadique ! Du moins, jusqu’à ce qu’il m’annonce le contenu, le fond, la substance. Mon sourire s’affaisse et j’écoute redevenant sérieuse. Un baiser échoue contre mon épaule nue. Ses lèvres chaudes attisent ma peau, un léger frisson me parcourt. Swan et lui, interview, conflit israélo-palestinien, son but. Je me souviens, c’est-ce que je retiens. J’approuve d’un léger signe de tête. Je réceptionne son petit coup dans l’épaule avec un fin sourire. Puis, je comprends qu’il n’y’a pas que ça. Non, il y’a moi. Moi dans leur relation. Moi source de leur affliction. Moi qui vient ébranler ce message de paix qu’ils souhaitaient diffuser. Ce message à portée universelle. Bien loin des simples intérêts… Je ne suis pas dupe, et même s’il ne le dit pas parce qu’il ne le dira jamais, je le sais. Leur crédibilité est bancale avec moi dans les parages. Leur crédibilité se retrouve amoindrie si jamais… Ma gorge se noue, j’essaie de conserver une expression la plus naturelle possible, chassant et refoulant, pour l’instant, ce sentiment de culpabilité. Je cligne des yeux pour accuser les paroles suivantes. Je comprends, évidemment, trop même. Mes doigts glissent jusqu’au rebord qu’ils accrochent hargneusement. Je me sens coupable. Il enchaine en me parlant de notre vie à nous qui doit rester cachée, seulement pour l’instant. Et il insiste sur ce point comme si ca pouvait me déranger. Dans le fond ca devrait me déranger mais pas dans ce contexte là, pas dans notre contexte d‘aujourd‘hui. Parce que, moi non plus, je ne souhaite pas que ma vie devienne propriété publique, étalage publique. Ni notre relation. Je ne veux pas qu’on s’approprie ce qui nous appartient. Rien qu’à nous deux. Tout autant que je ne veux pas partager tout cela avec qui que ce soit sauf toi. Je suis égoïste, et tant pis. Mon bonheur ne se résume qu’à ça, qu’à toi, ca s’arrête là. Alors, à nouveau, j’acquiesce silencieusement. Sa voix s’estompe, se suspend un instant avant qu’il n’enchaine avec qu’autre chose. Un après et une ville: Paris. Je fronce les sourcils, mon expression trahissant mon incompréhension. Quoi ? Dans quelques jours il s’en va ? Mes prunelles dardent les siennes, les battements de mon palpitant s’accélèrent soudainement. « Non » je souffle d’une voix brisée en réponse à sa question. Comment le saurais-je ? Comment l’aurais-je su ? Les raisons de sa participation à Fake Lover parviennent jusqu’à mon cerveau, la suite également. « Tout ça » qu’il dit, qu’il qualifie. Mon cœur se serre dans ma poitrine. Un tout désincarné et abstrait… comme souvent, toujours. Et, je crois que ca commence à m’énerver et m’irriter qu’on ne mette, ni lui, ni moi, des mots sur cette chose là, sur cette relation là, sur la notre… Sur cette chose qui agite et maltraite mon palpitant, cette chose qui engourdit mon esprit, cette chose qui possède et hante mon âme, cette même et unique chose qui paralyse et anime mon corps tout entier. Je crois que je commence à vouloir poser des mots, poser des réalités immuables et stables. Parce que oui, comment pourrais-je réaliser et assimiler alors que la puissance de tout mes sentiments se retrouve réduite à un ridicule, grotesque et risible: ça. Je détourne le visage, portant mon attention sur le mur d’en face avant de chuter vers le carrelage. Conclusion: Swann aura Paris. Nouveau signe de tête affirmatif, instinctif. Une promesse est une promesse. Mes ongles crochètent machinalement, régulièrement, depuis de longues minutes déjà, le dessous du marbre sur lequel nous sommes assis. Et, ça signifie quoi pour nous ? Une fin prématurée ? Une relation avortée ? Ou un avenir altéré et éloigné ? Mes cheveux se rabattent de part et d’autre de mon visage, mes traits tanguent, mes traits sont à deux doigts de me trahir. Je ne comprends pas, plus. Je déglutis. Tandis que mes pieds, dans le vide, battent frénétiquement l’air, mes iris suivant le mouvement. Et moi ? Mon palpitant loupe un battement, ma propre promesse me giflant. « Tu veux que… je vienne avec toi, vous là-bas ? » je murmure tout bas, hésitante, mes jambes se figeant dans les airs, immobile, mes prunelles toujours braquées au sol. Je me rends alors compte de la portée de ma promesse, de tout ce qu’elle engage, de tout ce qu’elle apporte et est apte à modifier, changer… Que vais-je faire là-bas ? Ai-je réellement ma place là-bas dans ce pays que je ne connais pas ? Puis, qu’en est-il pour es études, mes… Ce n‘est pas la question. Et pourtant j‘ai l‘impression que ma réponse engage plus que ce qu‘elle laisse transparaitre. Je trouverai une solution, les solutions... « Je tiens toujours mes promesses » je répète et réponds. Est-ce qu’il se rend compte ? « Mais, je… » panique ? Parce que je ne connais rien à la culture, langue, pays, ville ? Je crois que ca me fout la trouille, tout ça. « T’es sûr ? » je ne peux m’empêcher de lui demander, de me rassurer pour conforter ma décision tacite, vrillant mes prunelles vers lui.

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MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:00

Trouillard... C’est ainsi qu’elle m’a qualifié... Pour plaisanter, bien évidemment, quoique seulement à moitié puisque Carmen en médiatrice version forces armées, ça me fait réellement flipper, mais pour le reste... Je pensais être aussi insubmersible que le Titanic, et fatalement, j’aurais fini comme lui, tremblant comme une fillette face à mes envies, mes besoins. Parce qu’elle réside là, ma véritable peur, dans l’incertitude du lendemain. Un lendemain que je veux avec elle, qui ne pourra pas se faire sans elle, un lendemain irréel puisque, jusqu’à présent, il n’est formé que dans mon esprit. C’est tellement ancré que ça en devient inconscient, et que je me surprends moi-même à formuler cette pensée, sans y croire réellement. Je n’ai réfléchi à rien, ni même programmé quoique ce soit, mais ça se profile tellement naturellement, comme une évidence. Il ne peut pas en être autrement. Yonati veut Paris, et moi je veux Nora. Pourquoi ça ne fonctionnerait pas aussi simplement que ça ? Et pourquoi je ne prends conscience de ces besoins, de ces envies, qu’après les avoir formulé à voix haute, qu’après l’avoir condamné à faire face à ses promesses. C’est petit, c’est mesquin, une vérité formulée sur l’oreiller ne devrait jamais servir de moyen de pression, et pourtant, n’est-ce pas exactement ce que je suis entrain de faire ? Plaçant la lame luisante du couteau sous sa gorge en la mettant au défi de ne pas tenir sa promesse ? Ce n’est pas comme ça que je souhaitais formuler les choses, je ne suis même pas certain que c’est ce que je souhaitais lui dire, mais au sortir de mes lèvres, ça y ressemble, et je contemple, impuissant, mon inconscient agonisant à ses pieds. Ses pieds qui battent l’air, ses doigts qui se crispent, ses phalanges qui blanchissent, et son air enjoué qui se fait la malle, autant d’indices témoignant de son mal. Qu’est-ce que j’ai fait ? Une connerie, visiblement. J’aurais pas du m’y prendre ainsi, j’aurais pas du m’y prendre tout court, j’aurais du attendre, que les choses se fassent aussi naturellement que le reste. A la place, elle tangue et je chavire. Je l’entends murmurer une question, une demande de précision, à peine audible, délicieusement hésitante, affreusement terrifiée. Est-ce que je veux qu’elle vienne avec nous là-bas ? « Je veux que tu viennes avec moi... Je crois... » Je crois, parce que je n’ai pas pris le temps de réfléchir à la question, elle est sortie avant que l’idée n’atteigne la zone consciente de mon cerveau, mais j’imagine que oui, je veux ça. De toute manière, à bien y réfléchir, on a quels autres choix ? J’ai tout envoyé valser pour elle, je ne me vois pas m’arrêter là. Pourquoi faire ? Reprendre ma vie avec Swann ? Faire comme si Nora n’était qu’une parenthèse, une crise passagère, un moyen de prendre un peu l’air ? Non, elle est une parenthèse qu’on ne referme pas, jamais, elle est une fatalité, ma finalité. Peu importe ce qu’elle décide, peu importe ce qu’on décidera, je trouverais le moyen que cette maladie ne cesse jamais, parce qu’à quoi bon se guérir quand le virus est si bon, et la santé si fade ? Je ne veux pas que ça s’arrête, je ne l’ai même pas envisagé une seule seconde, mais brusquement je comprends, je prends conscience que tout ce qui nous entoure n’est que temporaire et éphémère... Bientôt, dans ce décor, d’autres que nous déambuleront, respireront, vivront. Et nous ? Mon regard se promène dans l’espace restreint de la salle de bain, s’attarde sur la porte entrouverte qui laisse voir le reste de la suite. C’est pas à nous, c’est pas chez nous, il ne s’agit que d’un abris de fortune dans lequel on n’a pas d’avenir, dans lequel on ne peut rien construire, rien bâtir. Dans une semaine on sera dehors, et après quoi ? Chacun chez soi, et on se skype, tu te désappes via webcam, et je te dis que je t’aime par texto ? Ça ne peut pas marcher comme ça, et mon moi, mon ça, ou mon surmoi, le savait déjà. Mon esprit égaré se retrouve confronté à la réalité lorsqu’elle avoue toujours tenir ses promesses. Comme celle de ne jamais me quitter ? Mon regard la sonde, mon regard l’interroge, puis elle lâche un “mais” qui me met au supplice. Mais quoi ? Je vais trop vite ? Oui, certainement. Après tout, ça ne fait même pas un jour qu’on est ensemble et je lui propose innocemment de vivre ensemble. Je dois être croisé licorne pour imaginer que tout va couler naturellement, proprement, inexorablement, comme une rivière incapable de dévier de son lit, lentement je suis les marées, je dérive au gré des flots. La toile d’une vie que je tends et qui se remplie d’elle-même, sous la main d’un destin impétueux, un destin qui ne souffre d’être contrarié, une vie qui se joue de toi, de moi, de hauts, de bas, des nous. Je ne tiens pas la barre, ni surement, ni durement, je ne détiens pas les clefs, tout se fait machinalement, je ne contrôle absolument rien, et lorsqu’elle me demande si je suis sûr, j’ose m’avouer que je n’en suis pas certain. Je ne sais plus rien. « Trop rapide ? » j’interroge comme un gamin qui n’y connait rien. Je suis tombé amoureux quand j’avais 18 ans, de la petit-fille d’un tyran. On n’a pas eu à réfléchir, on n’a pas eu à s’interroger sur notre avenir à deux, on en avait pas, on n’avait aucun choix. Pas plus après que je l’ai enlevé, parce qu’après ça, il me fallait la garder, la surveiller, tout surveiller. Vivre ensemble n’avait rien d’évident c’était juste inévitable, incontournable... C’est ma seule et unique expérience, j’ai pas d’autre référence. Ça se passe comment dans la vraie vie ? C’est quoi la normalité ? Et comment s’y référer au sortir d’une télé-réalité ? « J’y connais rien à tout ça, Nora... » je confie finalement, une grimace infantile aux lèvres. « J’sais pas ce qui s’fait, ce qui ne s’fait pas, on a oublié de me fournir la frise chronologique. Mais si j’m’en réfère au dernier film cucul que j’ai eu l’honneur de visionner, j’suis censé attendre trois jours avant de te rappeler après cette nuit, alors j’imagine que oui, j’suis définitivement trop pressé. » J’hausse les épaules, résigné. « J’ai pas réfléchis avant de parler, et... Peut être que j’aurais du, peut être que je viens d’outrager le guide de survie de l’homo sapiens sapiens mâle, j’en sais rien, mais... Est-ce que ça change quelque chose ? » Question purement rhétorique, car bien évidemment, ça ne change absolument rien, pas pour moi en tout cas. « On fera comme tu voudras, Nora... » je tranche, finalement, déposant mes lèvres dans son cou, avant de m’éjecter, mes main faisant levier, de notre perchoir. « J’veux juste éviter d’avoir à te croiser entre deux aéroports. » Lui faire l’amour dans les toilettes publiques, une petite balade main dans la main sur le tarmac, un baiser échangé en duty free, et une déchirante séparation toutes les semaines ? Non. Inenvisageable. D’autant que si c’est pour être séparé de Swann au moins deux jours par semaine, ça ne sert à rien de tenter de maintenir ma promesse. Si je suis sans cesse entrain de m’inquiéter pour l’une, comment pourrais-je profiter de l’autre ? Et pourtant, aussi aberrant que ça puisse paraître, ce n’est absolument pas un ménage à trois que je lui propose. « Tu as le temps d’y réfléchir, d’accord ? » je tente de faire baisser sa pression, me glissant entre ses cuisses, à nouveau, pour lui voler ses lèvres, mes doigts glissant délicatement de ses joues à son menton, à mesure que je m’éloigne, me débarrassant de mon caleçon encombrant, et prenant la direction de la douche, imposante, majestueuse, improbable, trônant au milieu de la pièce. Une cabine tout en verre, avec lumière d’ambiance et même des... Nom de dieu, c’est quoi ça ? « Putain ! Y a des strapontins dans la douche, Chamsi ! » je m’exclame tandis que la porte en verre se referme doucement derrière moi, et que d’une main, je décroche un de ces fameux strapontins. « C’est pour si jamais t’es fatigué après avoir traversé la douche, tu crois ? Strapontin d’étape ! Oh zut, j’ai oublié mon savon de l’autre côté de la douche, j’vais encore en avoir pour trois jours... Pas grave, y a le strapontin d’étape qui te permettra de faire une pause ! » j’entonne façon mauvais présentateur du télé-achat. « On pourrait coller trois fois mon appart dans cette cabine de douche, j’ai l’impression d’être à Narnia ! Plus jamais de ma vie je bouge d’ici ! Laisse tomber Paris, on emménage dans la douche ! » je scande, bras écartés, excitation absolument pas simulée, jusqu’à ce que mon regard tombe sur le pommeau de douche vers l’Est, et son cadran sophistiqué commandant l’arrivée d’eau. Chez moi c’est bouton rouge pour chaud, bouton bleu pour froid, mais on dirait qu’ici aussi, le complot élitiste est de mise. « Noraaaaa ! J’vais avoir besoin de ton Bac + 8000 ans pour re-programmer Wall-E, le gouvernement a encore frappé. » De mon bras libre, celui qui n’est pas occupé à pianoter et tester tous les boutons, déclenchant au passage douce symphonie et lumières tamisées, je lui entrouvre la porte en verre, l’accueillant, la mine confuse, d’un simple mais touchant : « Tu vois ? Tu peux pas me quitter, j’ai déjà trop besoin de toi. » Quelle femme résisterait à ça ?
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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:01

Evidemment que je tiens mes promesses, parce que je n’ai qu’une parole. Ainsi, quand je la donne, je m’y tiens. Et, cette promesse de rester à ses côtés encore plus. Parce qu’égoïstement c’est tout ce que je désire. Parce que, lâchement, j’aurais l’impression de crever si je ne le faisais pas, si j’en venais à quitter notre périmètre, à le quitter lui. Résignation butée, décision exacerbée. Ce qui serait d’autant plus ironique et ridicule si j’en venais à tout envoyer en l‘air. Pas après tout ce que l’on a enduré, tout ce par quoi nous sommes passés. Oui, totalement absurde et incompréhensible. Pour cela que ca sonne comme une évidence. Mais, je ne sais pas à quoi m’attendre et je crois, simplement, que l’inconnu me fait peur, le grand saut, ce genre de choses. Alors ca me fait légèrement douter. Un doute faux et artificiel parce qu’au fond de moi je connais la réponse, je connais ma réponse. Peur, n’est peut être pas le mot, disons plutôt, pâlir. La peur ne peut plus faire partie de mon quotidien, elle ne peut plus hanter mes pensées car je ne suis plus seule. Et, ce à quoi je devrais me raccrocher, uniquement ça, n’est-ce pas ? Alors, je vais m’assurer, me rassurer, auprès de lui. Ce besoin constant de solidifier les bases, construire un étage, pourtant stables et immuables. Les cimenter, ces bases, ces étages, un peu plus pour les ancrer encore plus dans la réalité. Il rectifie, que je vienne avec lui. Il hésite. J’arque un sourcil, sceptique. Je sens mes ongles arrêter de s’auto-meurtrir, ma main desserrer sa prise, pour glisser délicatement, légèrement, sur le bois avant que mes doigts ne s’emparent des siens. Me parler de Paris fut un déclic parce que jusqu’à présent je n’avais pensé à rien. Juste à nous deux ensemble, sans imaginer un après, un après cette semaine, ici, dans cet hôtel. Parce que nous ne sommes pas infini ici, non, on va nous foutre dehors une fois qu’ils n’auront plus besoin de nous. On aurait fait quoi après ? Comment aurait-on envisagé la suite ? Tant de question qui auraient du s’imposer mais qui n’ont jamais émergé. Pour cause, je ne savais même pas qu’il me rejoindrait hier soir, qu‘il me retrouverait et qu‘il se passerait tout ce qu‘il s‘est passé, tout ce qu‘on s‘est dit... Et même avant cela, je n’avais rien prévu, rien avancé, et, fatalement, tout me serait tombé dessus mais je m’en serais accommodée. Quoique ma seule envie avant qu’il ne s’impose était de retourner avec mes parents et mes deux frères aux Etats-Unis, en Floride, et profiter d’un peu de répit. Désormais, cette pensée, cette envie, me parait bien loin. Elle ne s’est pas effacée, non, une autre s’y est substituée. Plus puissante, impérieuse, et douloureuse. Mes doigts s’emmêlent aux siens avant que mon pouce ne se mette à caresser le dos de sa main. Nos regards se confrontent et se sondent silencieusement. Un « mais » tombe, le mien. Crois-moi, je n’hésite pas. C’est pas ça. Il me demande si c’est trop rapide. Je sais qu’un fin sourire étire mes lèvres, et je n’ai aucune idée de sa signification. Peut être bien parce que j’en sais rien, j’ai pas de réponse à sa question. Comment savoir si c’est trop rapide ? On a rien fait dans les règles, on a rien fait normalement, notre situation n’a rien de normale ou de banale. Puis, qui se soucie encore des règles ? Qu’est-ce qu’on s’en fout des règles, on est pas dans un film, ni dans un scénario monté de toutes pièces. On a tout fait à notre manière, celle qui nous convient. Alors, Loxias, rapide ? J’en sais rien. « T’as pas besoin d’un mode d’emploi, d’aucun, on en a pas besoin, tu sais bien » je lui réponds alors mon sourire s’illuminant alors que mon autre main, celle de libre, s’en va se poser doucement contre sa joue s‘étendant vers son cou, contre ses traits soudainement enfantin. Il me parle d’un film à l’eau de rose et trois jours avant de me rappeler. J’échappe un rire. Il aurait attendu trois jours, je crois bien que je ne m’en serais jamais remise. Apparemment lui aussi, pressé qu’il se dit. Et, non ça ne change rien tu le sais bien. Ses lèvres font frissonner ma peau, mon cou, alors que nos doigts se détachent, il s’éloigne. Il me parle de se croiser dans un aéroport, je secoue la tête vers la négative, réprobatrice. Mauvaise idée. Hors de question. Et puis quoi encore, on se contente des long distance call et d’internet et compagnie, non. J’essaie de capter son regard pour lui faire comprendre le fond de ma pensée, comme s’il m’avait entendue, il se retourne et revient vers moi. Mes jambes l’accueillent, mes cuisses l’enserrent et mes bras se resserrent. Un baiser volé, deux paroles murmurées, soufflées comme une brise d‘été. Douce, délicieuse, exquise. « On fera comme on voudra, Loxias » Une. « C’est tout réfléchit… » Et deux. La seconde d’après, il s’échappe, et se désappe. Un nouveau sourire, amusé, trône fièrement sur mes lèvres alors que je me perds en contemplation. Une contemplation dont je me délecte, que je savoure, à présent ayant le temps, l’occasion. Je le détaille entièrement, complètement, bien qu’en mouvement, je le suis du regard. Et ne m’en extirpe seulement lorsque sa voix quémande mon attention. Je cligne des yeux, réintégrant l’espace-temps. Mon regard voguant sur la pièce avant de poser pied à terre, et aligner quelques pas. Je me cale contre l’encadrement qui sépare les deux sous-pièces qui en forment la grande. Je l’écoute avant d’éclater de rire. Hm, c’est maintenant que je lui casse son délire en lui révélant leur utilité ou je m’avise ? « T’as raison, certainement pour les fainéants » je lui lance un sourire limite bienveillant aux lèvres. Non, faut pas brimer l’imagination d’autrui. Je me lance ensuite dans une découverte, visite, des lieux. Une visite presque solennel et religieuse, les mains jointes dans le dos. Comme si je n’étais pas en droit de toucher, modifier, déplacer, chahuter ce décor trop parfait. Mes iris en arrivent à se poser sur mon reflet que je regarde sans vraiment regarder, mon esprit parasité par de nouvelles paroles. Je pouffe de rire. « Au moment où je commençais vraiment à me faire à l’idée de virer Parisienne » je le taquine, lui décochant un sourire mutin par miroir interposé. Le pire c’est qu’il s’emble réellement excité par tout ce faste. Et moi, je souris niaisement, limite attendrie par son agitation. Je m’avance d’autant plus vers le miroir, posant les mains sur les poignées de l’armoire. Curieuse, prête à les ouvrir et voir ce qui s’y cache. Parce que oui, j’ai l’intime conviction qu’il y’a quelque chose qui retiendra mon attention. Bref, je veux savoir ce qu’il y’a dedans, c’est tout. Et, je m’apprête à tirer sur mes bras pour ouvrir lorsque mon prénom crève les airs. Je sursaute, retire mes mains et pivote l’air de rien. Une gosse prit en flag et qui ose encore cacher son impair, vous voyez le tableau. Je plaque un sourire sur mes lèvres et il me parle d’un bac, d’une reprogrammation, et d’un complot gouvernemental. Mon esprit est renvoyé quelques semaines en arrière et mes souvenirs remontent. Clairs, limpides, prenants. Je me dirige vers lui au moment où il m’informe ne pouvoir le quitter tant mon aide lui est indispensable. Charmeur ! Mon sourire ne déloge pas, évidemment. Parce qu’il charme et ca marche. Plutôt deux fois qu’une. Mais, tout de même, avec cette conscience en fond de boite crânienne qui sautille et crie à la mièvrerie. Je me poste devant lui, lui qui m’invite innocemment à entrer. Et, presque aussitôt, l’ambiance change dans la bulle de cristal. Le genre cosy, musique douce et lumière tamisée. Je ne savais même pas qu’il était possible de faire ça dans un endroit pareil… Soit. « Tu ne rends vraiment pas les choses faciles… » je l’accuse dans un murmure, levant les prunelles vers lui, une esquisse mutine au visage, avant de poser un premier pied et finalement un second. Enfermée dans la cage aux lions, cette geôle de tentation. Est-ce qu’il se rend compte ? Est-ce qu’il le fait exprès ? Je le jauge un instant. Non parce que si c’est un test à la résistance autant que je le sache que je m’adonne à la tâche, ou fasse semblant au moins. Ou, un entrainement peut être ? Tellement je suis nulle et peu douée à cela, ca pourrait expliquer, eh bien tout ça. Mes prunelles s’attardent sur ses traits, ses prunelles, sa bouche, ses lèvres, son cou, son… Stop ! Je cligne de yeux, un léger et imperceptible raclement de gorge, je vrille mon attention sur le cadran qui posait difficulté. Mes jambes s’animent, et je lui fais face, à ce cadran. Je me pince les lèvres, fronçant un sourcil, pensive. « C’est comme avec le four Loxias, faut l’apprivoiser tu vois. Laisse moi faire. » j’essaie de légèrement dévier, de plaisanter, parce que je la sens la catastrophe. Imminente. Surtout de mon côté. Et en plus, le pire, c’est que je pourrais la provoquer. Or, c’est moi qui doit contrôler. Bref ! Focus Nora ! FOCUS ! Mes doigts s’agitent sur les touches, ils appuient, effleurent et ne parviennent qu’à rendre cette atmosphère plus intimiste. Oui, oui, comme ces artistes qui dévoilent leur sentiment dans une œuvre, moi, c’est là l’expression de mon inconsciente agitation. Si bien que j’échappe un rire qui sonne nerveux, légèrement, à peine... Trouve une parade, bordel ! « J’ai l’impression de programmer la Tsar Bomba avec tout ces boutons » je commente d’un air faussement dégagé, lui jetant un nouveau coup d’œil. Oui, oui, tout va bien, tu vois bien. Puis, là, j’sais pas ce que mes doigts foutent mais j’appuie sur un bouton qui enclenche, ou plutôt, déclenche une pluie diluvienne, une cascade torrentielle mais aussi et surtout: glaciale, frisant le gelé. Elle s’abat sur mon crâne, ruissellent sur mon visage, mon corps. J’échappe un cri de surprise, douleur aussi certainement. Mon corps tremble et mes mains baffent à l’aveuglette le cadran pour arrêter cette torture avant d’abandonner après plusieurs minutes de combat acharné. « C’est, c’est… c’est exactement ce qu’il me fallait... » je grelotte presque m'indignant et pourtant riant. Riant de l’ironie de la chose. Un signe céleste j’en suis sûre. Ou une sorte de punition à mon précédent comportement. J’en deviendrai presque superstitieuse.

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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:01

J’ai vécu dans des ruines la quasi totalité de ma vie. Et quand je parle de ruines, je parle littéralement de ruines. Gaza n’est pas vraiment le lieu d’habitat le plus paradisiaque au monde, et les obus qu’on a le plus de chance de trouver sur la plage n’ont absolument rien à voir avec ceux de Kim Kardashian. J’avais pas à me plaindre, en t’en que fils d’un des leaders du Hamas, on était plutôt bien logé, même si on bougeait sans cesse. Cela dit, bien logé à Gaza City, ça n’a rien à voir avec le concept européen de la chose. Et le fait de migrer en Europe, justement, n’a rien changé à la qualité de mon habitat. Certes les normes d’hygiène et de sécurité sont sensiblement différentes, mais en Europe, je n’étais plus le fils d’un homme important, je n’étais plus qu’une miette, une ombre parmi les ombres, vivotant au gré des petits boulots que je trouvais, des petits boulots que je permettais d’avoir à Swann, de temps en temps, lorsqu’elle insistait. À Athènes, on vivait dans un squat, en Bosnie dans un hôtel miteux, et en Croatie, pour notre premier appart, la baignoire faisait également office d’évier. Et même encore aujourd’hui, plusieurs années plus tard, et des salaires un peu moins insultants, on vit encore dans vingt-cinq mètres carrés, sous les toits, avec pour voisin de palier, un ukrainien qui semble faire de son sexe un commerce à but lucratif. Alors oui, ça, ça, tout ça, c’est carrément Disneyland, pour moi ! J’ai l’impression d’être Alice, sans la crinière blonde ni l’hideuse petite robe bleue, basculant dans le terrier pour finir à Wonderland ! Sans déconner, c’est mon Wonderland personnel, là ! Qui voudrait de Paris, Dublin ou Miami, lorsqu’on peut avoir cette cabine de douche XXL ? Tellement XXL qu’elle est fournie avec strapontins intégrés, des fois qu’on se soit trop fatigué à chercher la sortie. Mes exclamations ne font que rire Nora qui semble peu impressionnée, voir pas du tout, par la pièce et toutes ses fonctionnalités. Si ça ne l’impressionne pas, je me demande dans quoi elle vit au quotidien ? Le palais de la Belle au bois dormant ? La cave de Paris Hilton ? Buckingham Palace ? Je crois que j’aurais définitivement besoin de plus d’une vie pour tester tous les boutons de ce tableau de bord. Je me demande même s’il n’y en avait pas moins sur Curiosity, le robot de la Nasa. Et, partant du principe qu’il doit falloir plusieurs diplômes d’astrophysique pour venir à bout de navigation complexe, c’est tout naturellement que j’appelle Nora à l’aide. Comme pour le four. Comme pour tout objet électrique un peu sophistiqué, à vrai dire. Et non, je n’ai pas honte. Je suis artiste, pas scientifique. Et clairement, faut être le deuxième pour parvenir à se doucher de nos jours. J’essaye, j’essaye vraiment d’armer la chose par moi-même, mais tout ce que je parviens à faire c’est déclencher une musique venue tout droit des cieux -et qui me tire un regard perplexe en direction du plafond où je m’attends à trouver des petits angelots en ronde, jouant de la harpe de leur tout petits doigts boudinés- et à changer la couleur du plafonnier qui passe du bleu flash à l’orange tamisé. Et tandis que Nora entre à ma demande, en me faisant savoir que je ne rends pas les choses faciles, je m’exclame, perplexe, que « Cette douche est un sexshop de luxe ! Il ne manque plus que les nanas topless et on pourrait se croire à Amsterdam ! Oh, attends... » je baisse le regard vers la brune en culotte, et un sourire satisfait étire mes lèvres. « Et la voilà ! Amsterdam ! » Je finis par conclure en désignant la charmante poitrine de ma dulcinée de mes deux mains, avant de les écarter façon champignon atomique, un petit “booooom” quasi-muet au sortir de ma bouche. Comme si c’était ma faute, sérieusement ! Je n’y suis pour rien ! Je cherche juste à prendre une douche, pas à recréer l’ambiance playboy dans ma salle de bain. Je veux juste une douche, ce qui nécessite de l’eau, ce qui nécessite d’allumer l’eau. Malheureusement je ne fais qu’allumer un tas de truc passablement inutiles qui, combinés les uns aux autres, nous plonge tout droit dans la phase d’approche d’un mauvais film porno. « Un problème avec vot’ tuyauterie, m’dame ? Pas d’inquiétude, j’ai un gros outil spécial pour ça ! » je plagie, forçant la voix et les mimiques faciales, façon porno russe version ex-union soviétique. La moustache à la Staline en moins. Sauf que Nora n’a pas l’air d’apprécier mon humour de l’Est, à la place de quoi elle me regarde étrangement, comme faisant face à un beug de son cerveau. La douche est trop grande ? Elle s’est perdue ? « Par ici ! Ouhou ! » je scande à grand renfort de moulinets de bras, comme si elle se trouvait à six kilomètres au lieu de soixante... centimètres. Alors elle s’approche, et prend le relais. Et pendant ce temps-là, moi je m’occupe d’une mission de la plus haute importance : le choix des petits savons. Y en a plein, de différentes couleurs, de différentes senteurs, tous frappés du logo de cette grande chaîne hôtelière. Je suis tellement concentré sur ces merveilleuses petites sculptures sur savon, des Rodin de Marseille, que je ne fais pas trop attention à ma sauveuse qui, loin de réparer mes bêtises, semble ne parvenir qu’à les empirer. J’ai comme le sentiment que la lumière est devenue encore plus tamisée, et là, ce qui sort des enceintes, ce ne serait pas du Barry White ?! Même son rire n’attire pas plus mon attention que ça, bien que je lui jette, tout de même, un petit regard par-dessus mon épaule, avant de reprendre mon tri de savons en fredonnant “Can’t get enought of your love, Babe”. Toutefois, dès que je l’entends mentionner le Tsar Bomba, je pivote et fais volteface aussi rapidement qu’il est humainement possible de le faire. « Pourquoi tu parles de lui ? Pourquoi est-ce que tu ne fais, ne serait-ce que penser à lui ? Tsar Bomba, Tssss... » je siffle, perfide, jaloux, et ouvertement envieux. « J’suis Leadership Hamas Bomba, moi. LHB... Late Heavy Bombardment ! » j’annonce fièrement, façon Harlem, tout en m’adossant à la paroi en verre derrière moi. C’est juste à ce moment là que le déluge décrit dans l’Ancien Testament s’abat inéluctablement sur la pécheresse. Je ne sais par quel miracle je suis épargné, mais le courroux divin semble exclusivement dirigé sur Nora qui bat des mains à l’aveuglette afin d’arrêter l’apocalypse. Elle finit par baisser les bras, affrontant les trombes d’eau qui lui dégoulinent sur la peau. Fort heureusement pour elle, j’avais eu le temps, durant mon break “jalousie” d’observer attentivement ses dernières manipulations, et je n’ai pas peur de m’exposer à la pluie artificielle pour lui passer devant, et reprendre les choses en main. Si en appuyant sur ce bouton-là, elle a mit l’eau en route, alors il y a fort à parier qu’en appuyant progressivement sur le (+) on obtiendra une plus forte température, à contrario du bouton (-) que je décide de délaisser pour l’instant. Et lorsque la température de l’eau devient convenable, et que je me retrouve, accessoirement, trempé des pieds à la tête, je pivote sur moi-même, fièrement, poing en l’air, m’annonçant vainqueur par K.O sur la machine. « Et voil...... » je ne terminerais jamais cette exclamation, simplement parce que je viens de prendre conscience du corps grelottant d’une Nora toute proche, tellement proche qu’en me retournant sa poitrine est venue frôler la peau de mon torse, et qu’à présent, mes yeux ne voient plus que ça. Ces deux sphères parsemées de chair de poule délicieuse, et ses deux pointes tendues vers moi, qui semblent me crier “hello, bro’ ! Come and play with us !” de leur toute petite voix hypnotique. Maudite douche froide qui n’aura pas eu le même effet sur elle que sur moi. Car chez moi, déjà, la respiration devient plus lourde, le palpitant plus actif, et sans déconner, je crois que ça s’agite en bas. Je ne préfère même pas regarder, de toute manière, comment le pourrais-je, alors que mon regard ne veut se décrocher de sa poitrine ? Ma main s’anime, ma main prend vie toute seule, de son propre chef, laissant mes doigts glisser le long de son flanc, en une lente caresse qui n’a d’autre direction que son mont Olympe... ses monts Olympe, tandis que mes lèvres s’approchent encore et encore, de leurs homologues féminines. Ce n’est qu’une fois ma bouche contre la sienne, ma respiration se noyant dans la sienne, qu’un peu d’esprit me revient, et que, brandissant les deux mains en l’air, je me recule d’un coup, frappant mon dos contre le mur de la douche, et accessoirement son tableau de commande qui change de musique pour nous faire passer de Barry White à Nicki Minaj. Waaay better ! Les paupières closes, une grimace aux lèvres, je tente de reprendre le contrôle de mes deux cerveaux. « Hors de cette douche, démoniaque tentatrice ! » j’implose, avant de l’attraper par les épaules, pour la mettre, moi-même, à la porte de mon Wonderland. « V’là du rétro, l’ananas ! » j’enchaine dans mon yaourt phonétique usuel, rattrapant mon rudoiement, en déposant tendrement mes lèvres sur les siennes, avant de me décrocher et de refermer les portes en verre sur elle. Ai-je le choix ?! Aucunement ! Cette fille c’est mon talon d’Achille, mon manque de volonté personnifié, ma luxure à l’état brut. A présent, c’est moi qui ai besoin d’une douche froide, et c’est donc tout naturellement que je m’approche et appuie frénétiquement sur le fameux bouton (-), avant de plaquer mains et front contre le carrelage froid, tout en laissant courir l’eau frigorifique le long de ma nuque, mon dos, et mes reins. Ça a beau faire du bien, j’crois que j’ai jamais autant désiré d’être né chrétien...
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MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:02

J’ai le malheur -bonheur- d’évoquer la Tsar Bomba pour qu’il laisse transparaitre un soupçon de jalousie. Ceci dit, avant de désigner et qualifier l’un des chroniqueurs de Fake Lover, c’est avant tout la bombe hydrogène mais je crois que je vais laisser planer l’ambigüité… Et, un sourire étire mes lèvres. Parce que mine de rien, la jalousie, excessive a beau être un terrible défaut enclin à ruiner une relation, mais, à l’inverse, la jalousie bien dosée, naturelle, quant à elle est une plaisante déclaration. Il me rappelle son titre, et, en fait, je préfère qu’il n’en ait pas car si je ne me soucie guère de la première bombe, la seconde m’importe beaucoup plus. Je préférerais la garder intacte comme l’on conserve ces objets précieux dans les musées. Je préfère qu’on la considère comme désuète et inutilisable pour ne pas l’abimer. Surtout pas l’abimer. Je vais me charger de sa conservation d’ailleurs, pas question de la laisser aux soins d’autrui. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, c’est un fait. Je le couve d’un regard amoureux au moment où il évoque le cataclysme lunaire et que s’abat sur moi l’apocalypse de Jean. Furieuse, glaciale et assassine. J’essaie de me débattre, tentant de reprendre le contrôle de la machine que je commençais à dompter, oui oui, mais rien, l’eau froide s’infiltre et me paralyse, ralentissant le ticket cerveau-muscle. Non, sans déconner, cette douche ne remplit peut être pas que les simples fonctions de « douche ». Cette douche est peut être également munie d’une intelligence artificielle capable de relever les battements cardiaques qui s’accélèrent, de mesurer l’humidité et la moiteur de cette bulle vitrée et, pourquoi pas, celles des occupants ? Peut être même d’enregistrer les pulsions vénéneuses qui les anime ?! Et pourquoi pas lire et transcrire les pensées aussi ! Puis, selon la composition des pensées de chacun, parce que oui, soit t’es en totale concordance, soit en totale ou partielle discordance, soit t’es en pleine synergie ou palpable antinomie, soit c’est l’osmose soit c’est la psychose… hm, donc, après ça t’as droit à une analyse super poussée et une réponse de l’atmosphère. Ta bulle, elle devient soit temple de luxure, soit temple d’abstinence. Devinez lequel est tombé sur moi ? Et, devinez le facteur défaillant et récalcitrant au temple de la luxure dans l‘équation ? Exactement ! Tss ! Néanmoins, trop occupée à trembler de tout mes membres, à grelotter et essayer de me battre contre le siège glacé qui m’assaille, j’en oublie de lui jeter un regard faussement noir. Je ramène mes bras autour de moi pour conserver et un maximum de chaleur, me courbant sensiblement, alors qu’au final, il me suffirait simplement d’un pas en arrière pour mettre fin à mes tourments. Le cerveau paralysé et plus vraiment en état de fonctionner m’abandonne dans cette situation d’affliction et de congélation progressive. Je frisonne et c’est lorsque j’entends mes dents s’entrechoquer que je décide de tendre une main, tirer sur mes dernières forces, pour me re confronter au cadran afin de reprendre le contrôle. Cependant, lorsque ma main, tremblante, finit par atteindre et se poser c’est loin d’être sur une surface dure parsemée de boutons de commande mais bien une surface lisse et douce. J’ouvre un œil et aperçoit Loxias entrain de pianoter pour réfréner le cataclysme météorologique. Je le laisse faire… Euh, c’est quoi cette chose qui agresse mes tympans là, maintenant, qui raisonne dans ma boite crânienne, en tentant d’abattre mes résolutions butées et ses pieuses convictions ? La température ne cesse de monter et réchauffe lentement ma peau, mes os précédemment affligés, courroucés. Un cri de victoire étouffé plus tard, je relève les yeux vers mon sauveur, le messie, et c’est ma poitrine qui semble vouloir le remercier en allant involontairement frôler son torse dans son mouvement. Je frisonne légèrement bien trop fébrile pour opérer une quelconque maitrise. Je déglutis en sentant ma respiration se hâter, mon palpitant s’affoler. Je me fais la piètre médiatrice entre un corps désireux et une conscience emmerdante et gênante. Et, sa main remonte interminablement le long de mon flanc, ses lèvres… MAYDAY, MAYDAY ! Impact météorique sur planète tellurique éminente ! Impact cométaire sur planète tellurique dans trois, deux, cible verrouillée… un, zéro. Ma respiration, déjà, saccadée s’en va se mêler à la sienne jusqu’à s’amenuiser. Mes lèvres se font plus pressantes contre les siennes jusqu’au point de rupture. Rupture provoquée par ses soins. Mon souffle se brise et je recule d’un pas. Le fond sonore change de registre, de thème, de tout. Sa voix s’élève et il me fout dehors. Et, mon cerveau ne réactualise que lorsque l’air frais agresse de nouveau ma peau. Aussi, je ne réfléchis plus à rien sauf à contrebalancer ça, donc, je fonce, sans me retourner, jusqu’à l’armoire, l’ouvrir dans la volée, fouiller dans ses entrailles pour en ressortir une serviette dans laquelle je m’enveloppe et me recroqueville comme une rescapée. Je laisse filer quelques minutes afin de retrouver une température convenable avant de me mettre à faire des aller-retour. En effet, je m’en vais attraper une brosse à l’autre bout de la pièce, repassant devant Loxias et sa cabine de douche XXL, avant de refaire le trajet inverse dans l’idée de regagner le long miroir encastré de tout à l’heure. Sauf que mes jambes s’immobilisent, mes pieds me positionnent dans sa direction, et mes prunelles zieutent. Je constate que Loxias n’a toujours pas bougé. Face au mur, front contre carrelage et surtout… perles d’eau ruisselantes sur ses muscles beaucoup trop bien dessinés, sillonnant son corps beaucoup trop parfait, beaucoup trop attirant, beaucoup trop… hurlant. Hurlant à mon corps d’aller le rejoindre, d‘aller chercher et trouver son contact. Enfin, c’est-ce que je veux bien comprendre. Mais, je ne peux pas, je n’ai pas le droit. Du moins pas encore, pas maintenant, parce que le soleil est encore haut dans le ciel, parce que la luminosité est encore bien trop forte… parce que ce sont les règles. Règles frustrantes, oppressantes. Une plainte s’élève dans ma boite crânienne. Aussi, à l’abri de son regard, je me permets de grimacer, d’afficher la -ma- difficulté. Difficulté à rester concentrée, à ne pas déraper, à ne pas céder. Je ferme un œil sur les deux, l’un continuant de reluquer l’autre tentant de raisonner son comparse. Je me mords aussi la lèvre inférieure me faisant violence. Le seul moyen pour pallier à cela reste encore la connerie dans laquelle je compte bien m’enfoncer et me noyer pour rester à la surface. « ♪ hey, on a qu'une seule vie, viens tu me donnes trop chaud, aller viens vite te glisser dans mon lit » je chantonne, braille, poussant sur ma voix, tirant sur mes cordes vocales, pour que ces douces et très recherchées paroles lui parviennent jusqu’à l’oreille même si j’entame l’éloignement. Peut être même le perturbe dans son processus de refroidissement. Je ne vois toujours pas son visage mais son corps et sa posture en disent long. Le pauvre, je me montre un petit peu trop sadique sur les bords... Je crois que c’est une sorte de vengeance pour avoir été mise à la porte de l’Eden, peu importe. Alors, je fredonne et sifflote cet air que je l’ai déjà entendu chanter avec un sourire amusé et presque niais plaqué aux lèvres alors que je fais face au miroir encastré sur la porte de l’armoire une brosse à la main, essayant de démêler ma tignasse mouillée. « Dehors il fait froid et j’entends même le bruit de la pluie, aller viens te mettre à l’abri… » je poursuis en grimaçant légèrement par moment lorsque mon outil de torture à la main tire et arrache plus qu’il ne brosse ou ne démêle. La musique et ses paroles continuent de défiler dans ma tête, passant parfois la barrière de mes lèvres lorsque je ne suis pas occupée à grincer des dents. « …tu es la cause du réchauffement climatique, tu causes des troubles et sa c'est systématique… ♪ » Poésie, poésie. Je fronce les sourcils et finis par abandonner la brosse à cheveux, la substituant à mes doigts humides. Une fois la tâche terminée, je repasse devant lui, m’en allant poser la brosse dans un tiroir prévu à cet effet avant de revenir. Une idée lumineuse éclaire ma lanterne. Un sourire sournois prend possession de mes lèvres et je fais escale, à nouveau. « Loxias ! Loxias ! » je l’interpelle à plusieurs reprises à la façon d’une sourde qui n’entend pas sa propre voix raisonner, s‘élever. Je gesticule aussi pour donner un impact plus important à mon interpellation. En revanche, quant à lui, il ne doit certainement pas entendre grand-chose, seulement le nécessaire, mais il finit par, quand même, m‘observer, perplexe, interrogateur. J’affiche un sourire lumineux, mutin. Comble de ridicule, mes prunelles brillent aussi. Et là, j’articule un truc, une succession de truc qui passent pour des phrases, en faisant mine de lui parler naturellement, de poursuivre normalement. Ce que je lui raconte ? Que des conneries, ou presque. Consciente de l’eau qui s’écrase sur son crâne et de son ouïe, forcément, amoindrie, je place une main d’un côté de ma bouche, me penche légèrement en avant et accentue l’articulation, le ridicule dans le même temps. Je sais qu’il ne doit rien comprendre à ce que je lui dis, et que ca va finir par, passablement, l’énerver mais je dois avouer que ca m’amuse. Alors, je me plais à lui dire qu’il est beau, que je l’aime, qu’il re-beau, et que mes sentiments sont toujours les mêmes, ainsi de suite. Puis, soudainement, je stop le flot de paroles muettes en haussant les épaules. Et, je passe mon chemin à nouveau. Je retrouve la chambre, en fait le tour, en me disant que lorsque j’aurais atteins la salle de bain, il sera temps pour moi de l’expulser de son nouvel appartement strapontins intégrés. Je resserre ma serviette autour de mon corps, sillonne, et slalome autour des fauteuils, canapés, tables, chaises etc… Je monte sur le lit, le traverse, redescend, un miroir me fait face, je prend à gauche, et retombe sur la porte vitrée. Les dégâts qu’on fait mes doigts, mes ongles, dans son dos quasiment lacéré attirent mon attention. J’exagère à peine. J’écarquille les yeux effarée, ma mâchoire se décrochant légèrement. Cependant, ce n’est pas le moment de me dévier de mon but premier, je fais coulisser la porte, je m’approcher de côté et arrête l’eau. « C’est mon tour » j’annonce tout sourire, toujours recouverte de la serviette pour l’instant, avant que mon index ne pointe la sortie. Oui, je fais ça courtoisement moi. « Ah oui, et, je suis désolée pour ton dos » j’ajoute en hochant la tête d’un air solennel. Une minute file, peut être plus. « Je t’assure, tu sens trèès bon, tu as l’air très propre » je trouve bon d’ajouter histoire de peaufiner l’argumentaire.

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MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:03

La torture, je connais, j’y ai goûté, je l’ai éprouvé, je sais ce que c’est. Qu’elle soit physique ou psychologique, je les ai toutes testé. Quand, enfant, mon père me laissait sans boire ni manger, juste pour éprouver mon endurance, ou lorsqu’à l’âge de six ans, il m’a mit une arme entre les mains et m’a ordonné de tuer un chien. Je suis pas là pour me faire plaindre, j’en ai rien à foutre, il s’agit d’un autre monde, d’une autre vie, d’une normalité altérée. Lorsqu’on a la malchance de naître en plein milieu d’un conflit armé, la notion d’enfance est assez aléatoire, voir même carrément inexistante, mais il n’y a personne à blâmer, surtout pas quand le conflit remonte à des générations oubliées. Tout ce que je cherche à prouver c’est que je suis coutumier de la torture, familier, et pourtant celle que j’éprouve en ce moment est de loin la plus éreintante, la plus fracassante qu’il m’ait été donné de ressentir. Elle est psychologique, la frustration, l’interdiction, la punition parasitant l’intégralité de mon esprit, mais elle est également physique, la douleur, palpable, se faisant ressentir plus bas, vers ce membre ignoré qui hurle à l’injustice, qui hurle son supplice. J’ai beau avoir chassé la cause de mes tourments de mon tout nouvel appartement, l’envie reste là, primaire, impétueuse, solitaire, comme un reliquat qui ne veut pas se laisser emporter par les trombes d’eau s’échouant sur ma peau avant de s’en aller, agonisantes, trépasser dans le typhon à mes pieds. L’eau glacée ne fait qu’exacerber mon désir, tandis que je tente de chasser mes hérétiques pensées à coup d’images repoussantes. Ça ne fonctionne pas vraiment, et tout me ramène à elle... Je pense Yoda, et mes pensées dérivent vers Han Solo et Leia... Je pense corps agonisants, et mes pensées dévient vers Dame Geyla. Suis-je donc condamné à n’entendre que son rire dans mes oreilles sourdes, à ne voir que son sourire derrière mes paupières closes ? C’est l’enfer, mais un enfer dans lequel je veux et j’exige de me prélasser, de m’endormir pour ne plus jamais me réveiller. C’est tellement douloureux d’aimer comme ça, comment suis-je censé y survivre ? J’imagine que je ne peux pas, alors il ne me reste plus qu’à succomber, et prendre plaisir à ça. En attendant, la pression redescendant doucement, lentement, trop lentement, prenant tout son temps pour déserter mes membres immobiles depuis quelques minutes. Le front toujours collé au carrelage, le dos courbé, rompu, les mains prenant appui contre la paroi, j’ouvre les yeux pour observer mes cheveux trempés former un rideau devant mon nez et goutter jusqu’au sol. C’est alors que la voix de Nora me parvient, trouant légèrement les beuglements de la Minaj. J’hausse un sourcil avant de tourner légèrement la tête, jetant un regard à la brune par-dessus mon épaule. J’entends mal, vraiment mal, mais il me semble qu’elle chante cette masterpiece de la chanson française, celle que j’ai eu en tête pendant une bonne semaine dans le nid, et il me semble qu’elle la chante sans trop de difficulté. Je tends l’oreille en essayant de ne pas me faire repérer ce qui la forcerait à s’arrêter, et dès qu’elle se retrouve le dos tourné, je baisse sensiblement le volume des braillements Minajiens, afin de me focaliser sur les siens. Elle a du quitter la pièce, puisqu’ils ne sont plus que murmures lointains. Je la cherche des yeux, mais ne la trouve nulle part. Sa voix est toujours là, mais elle n’est plus. Puis, Minaj se la ferme le temps que la chanson change, le timbre de Nora réapparait sur la droite, dans l’angle mort, et mon palpitant s’apaise. C’est con, je sais qu’elle est dans la chambre et qu’il ne peut rien lui arriver, mais des années et des années de menaces, d’inquiétude, des années à vivre sur le fil, sur le qui-vive, ça ne s’efface pas si facilement, il s’agit d’un conditionnement qui ne s’en va pas comme ça. Alors même si c’est Nora, même si elle n’a absolument rien à craindre, encore moins ici, mon esprit ne trouve le parfait repos que lorsque je sais où elle est, où elle va, et comment elle va. Et quand ce n’est pas le cas, mon coeur s’arrête. C’est aussi simple et confus que ça. Aussi, l’esprit pas totalement serein, lorsqu’elle s’en vient hurler mon prénom à la porte de la douche, je ravale un mouvement de panique et peine à prendre sur moi. Je fini par lui offrir le regard qu’elle quémande qu’une fois mon pouls maitrisé. Par-dessus mon épaule, je la vois bouger les lèvres, sans parvenir à entendre un traître mot de ce qu’elle raconte. « J’entends pas ! » je tente de lui faire entendre, avant de chercher à le lui faire comprendre d’un index faisant la navette entre mon oreille et le plafond, d’où se déverse la musique. Ça ne change absolument rien, et elle continue, continue, articulant sans fin un discours auquel je ne comprends rien. Elle pousse même le vice jusqu’à se pencher en avant, une main contre sa joue, comme si elle s’apprêtait à me confier un secret. Sauf que là, j’entends paaaas ! J’essaye de lire sur ses lèvres, et si quelques phrases m’interpellent, elles ne collent pas entre elles, si bien que j’en arrive à la conclusion que je me plante. Je m’énerve, je m’agace, et elle me laisse en plan, dans un haussement d’épaule. Quoi ? Quoi ? Mais... « Pars pas ! Whooo !! » ça ne sert à rien, elle n’entends pas, et en voulant ouvrir la porte pour la suivre, j’inonde une partie de la marqueterie. « Merde ! » je jure en jetant une serviette au sol, en catastrophe, avant de refermer très rapidement la porte de la douche. « Merde ! » je répète, agacé, frustré, énervé, et, il faut bien l’avouer, sensiblement excité aussi. Du coup, échauffé, je retourne, après un dernier regard en arrière en direction de la porte qu’elle a franchi depuis un moment, ma nuque retourne se loger sous le jet d’eau fraiche, étouffant un cri en réaction à l'hypothermie que je subis. Cette fille aura ma peau. D’ailleurs, en parlant de peau, j’ai pas fini d’évacuer la mousse qui s’y trouve lorsque Nora refait son apparition. Je ne sais pas combien de temps, exactement, s’est écoulé depuis qu’elle a quitté la pièce, mais pas suffisamment pour que je puisse calmer mon excitation, mes sens, et que je puisse me servir de son utilité numéro une : prendre une douche, dans son intégralité. Je voudrais en profiter encore un peu, mais Nora semble en avoir décidé autrement puisque, à peine ai-je le temps de noter sa présence dans la cabine, qu’elle s’approche déjà pour couper l’eau. C’est son tour visiblement, elle en est même persuadée, m’informant que je sens bon et que j’ai l’air d’être propre, après s’être excusée pour mon dos. Quoi mon dos ? Il a quoi mon dos ? Je me contorsionne légèrement pour en aviser, et entraperçois ce que j’avais déjà oublié. « Oh, ça ? » j’interroge, pas vraiment impressionné. « Ca va cicatriser. » j’affirme avant de rallumer l’eau. « Si tu permets, j’aimerais assez me débarrasser complètement de la mousse avant d’être chassé. » j’argumente en repassant la tête sous le jet, frictionnant mes cheveux, puis ma nuque, mes bras, mon ventre, mes reins, et... ça ira ! Je me décale en zone sèche, là où Nora se tient, accrochant ses lèvres des miennes, tandis que mes doigts s’affairent sur le noeud de la serviette, au niveau de sa poitrine, serviette que je récupère avant qu’elle ne glisse au sol. Alors, il ne me reste plus qu’à me détacher de sa bouche, la serviette frottant mes cheveux humides d’une main, pendant que l’autre dirige la brune jusqu’au jet. « Au fait, la prochaine fois, teste Brel ou Piaf pour améliorer ton français, Kbida. » je provoque d’un dernier baiser contre sa nuque, avant de définitivement quitter la cabine de douche, la serviette frictionnant toujours mes cheveux, avant de s’attaquer au reste de mon corps, que j’enroule dedans. Ce n’est qu’une fois dans la chambre, le tissu éponge autour de mes hanches, que je prends conscience d’un soucis de taille : j’ai pas de vêtements de rechange. Mes valises sont restées un étage plus bas. « Merde ! » je lâche pour la troisième fois en récupérant mon jean au sol, ainsi que mon tee-shirt un peu plus loin. On dirait vraiment que Nora a semé mes fringues un peu partout afin de retrouver mon corps quoiqu’il arrive. J’enfile mon jean sans rien en dessous, tout en attrapant le combiné du téléphone avant de composer le fameux #706. Lorsque la voix connue souffle à mon oreille, je suis arcbouté sur le matelas, le téléphone coincé entre mon épaule et mon oreille, tandis que mes doigts s’activent à accrocher ma braguette. Deux minutes plus tard, j’ai appris que j’avais déjà une demie-heure de retard et que mon ex avait essayé de me joindre trois fois sur mon portable resté dans sa chambre. Super. C’est donc assez pressé, et passablement ennuyé, que je réintègre la salle de bain, et m’approche de la cabine de douche embuée. « Nora ! » j’appelle en toquant, comme un con, à la porte vitrée. « Je viens d’avoir Swann au téléphone, et en fait, j’suis déjà à la bourre pour l’interview... Et faut aussi que je passe me changer dans ma chambre, enfin dans mon ancienne chambre... Je sais pas à quelle heure t’as rendez-vous, mais il est déjà seize heures passées. » je tente d'augmenter, comme si j’étais en faute. « Faut vraiment que j’y aille... » je grimace en entrouvrant la porte pour y glisser juste ma bouche réclamant ses lèvres. « Essaye de pas trop me mouiller... » je finis par chuchoter dans un sourire, en renonçant à s’y peu, ouvrant complètement la porte pour que mon buste nu suive mon cou, et mes pieds nus aussi. Mes paumes capturent son visage, puis l’une d’elles se libère pour aller cavaler sur sa taille, puis sa chute de reins. Mais avant que je ne perde totalement le contrôle, je me recule, ricanant bêtement face à ma libido d’ado en ébullition. « Je fais vite... Bon courage pour ton interview, et... » j’enchaine en reculant, sortant de la cabine. « ... s’ils t’interrogent sur ta mine fatiguée et tes cernes, réponds que c’est à cause du late heavy bombardment ! Et techniquement, c’est pas vraiment un mensonge puisque tout, absolument tout est de la faute du LHB ! » je recule encore, maintenant malgré tout la porte entrouverte, et attends qu’elle ait le dos tourné pour laisser mon doigts glisser sur l’intérieur de la paroi, mon index traçant un coeur niais à souhait dans la buée formée. Et puis, aussi douloureux et inconfortable que ce soit, je m’éloigne, quittant la salle de bain, ramassant mon tee-shirt sur le lit, l’enfilant en route, puis passant la porte de la suite, atterrissant totalement déboussolé dans un couloir qui m’agresse déjà. J’veux retourner dans mon cocon, j’veux plus jamais le quitter, alors que dehors tout n’est qu’agression... Et pourtant, il me faut me faire une raison. La porte a claqué derrière moi, je n’ai pas le pass, je n’ai plus d’autre option... Et je m’éloigne en soupirant. J’en ai déjà ras le cul de la médiatisation.
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♙ les pions :

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MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:04

Je réintègre un espace sec pour préserver ma serviette, le sourire aux lèvres. Une seconde file et la moiteur ambiante de la cabine, non pas due à des envies sauvages mais plutôt à l’eau tiède qui l’embaume, ne me facilite pas le passage de l’air jusqu’à mes poumons saturés. Loxias traine, et j’en suis presque à vouloir ouvrir la porte vitrée pour me laisser respirer. C’est comme entrer tout habillé dans un sauna ou un hammam, insoutenable. C’est oppressant, c’est suffoquant. Sans ajouter les saveurs chargées dont il s’est imprégné. Je l’observe se contorsionner pour accéder à son dos. Il arbore un air suffisant, il me parle de cicatrisation. J’approuve d’un air faussement solennel, sage, calant mon épaule sur le carrelage transpirant. « Hm, ouais, je n’en suis pas si sûre… » Assez explicite où il me faut détailler ? Un sourire mutin vient parfaire le tableau. Eh bien oui, une blessure ne se soigne, ne se referme, que si on lui en laisse le temps… Après quoi, mon exaspération feinte se manifeste par un roulage de prunelle élaboré accompagné d’un soupire en demi-teinte, et d’un mouvement de recul afin de lui laisser le champ libre pour se débarrasser des reliquats de mousse. Evidemment, et contre toute attente, j’assiste à l’opération silencieuse, envieuse, désireuse… Je commence à penser que cette vague impérieuse et impétueuse déferle un peu trop souvent, quasiment pour un rien, ce n’est pas gênant juste… frustrant vu notre situation. Dès lors, mes prunelles dévient sur autre chose, des choses insignifiantes, comme les lumières dansantes au plafond d’où s’extirpe un fond sonore digne des soirées dublinoises. Un simple fond qui parvient à transformer une simple cabine de douche à la taille déjà hors norme en boite de nuit privée. Cette pensée suit sont cours dans mon esprit lorsque celui-ci est rappelé à l’ordre par ses lèvres capturant les miennes. Un fin sourire passe sur les miennes alors que cette source de chaleur cuisante ne cesse de s’approcher, se rapprocher, irradiant mon enveloppe déjà agonisante sous cette humidité et tiédeur environnante. Mes mains traversent le brasier et accrochent les flammes qui viennent brûler les lignes de ma main. Je ne tempère plus rien lorsque je décide de presser encore plus ma bouche contre la sienne, de mêler nos souffles et qu’il s’affaire à me subtiliser ma serviette. Le feu passe du vert au rouge, sautant le orange, dans mon esprit avec des « warning » criants. Et, on se détache. Puis, sa main dans mon dos m’indique la direction, me retrouvant sous le jet froid. J’échappe et réprime un cri au changement soudain de température. Je n’arrive pas à trouver cela reposant ou apaisant, juste agressant et perturbant. « Hm, je ne trouvais pas mon mimétisme si mauvais » je fais faussement innocente. Parce que ouais faut pas déconner, je ne parle pas un seul mot français, aussi m’étais-je contentée d’apprendre, ou plutôt retenir relativement bêtement, les paroles comme un gosse de deux ans qui apprend en singeant et répétant. Pour ce qui est de la compréhension, là aussi, je me suis contentée de traduction. D’ailleurs, dois-je lui indiquer que ni Brel, ni Piaf, ni Kbida n’ont de l’écho dans mon esprit ? Je frisonne au contact de ses lèvres sur ma nuque, ce qui a pour effet d’annihiler complètement ces dernières pensées. Je pivote sur les talons pour l’apercevoir sortir de ce cocon. Sans pouvoir rien y faire si ce n’est me pincer les lèvres et soupirer légèrement. Je me replace sous le jet, l’intensifie en même temps que j’augmente la température avant d’attraper le premier tube de shampoing qui me tombe sous la main. Je reste plusieurs secondes ainsi, fermant les yeux, en sentant les perles d’eau marteler mon crâne, ruisseler sur ma peau diaphane. Et, je m’active, je verse un peu du contenu dans ma paume avant de plaquer le tout sur le dessus de ma tête et masser. Je rêverai qu’on vienne le faire à ma place mais il faut se contenter des moyens du bord comme dirait quelqu‘un de plus avisé. J’évite d’ouvrir les yeux durant la manœuvre, puis laisse retomber mollement mes bras, m’appuyant contre le mur, le cadran, pour relâcher l’eau. La mousse formée s’échappe paresseusement de ma chevelure, sillonnant lentement mes joues, mon cou, épaule, buste avant de s’écraser au sol… Ce moment est rapidement interrompu par la voix de Loxias qui m’interpelle, j’ouvre les yeux, arque un sourcil. Pourquoi il toque ? J’échappe un rire en lui faisant signe de venir, d’ouvrir, peu importe. Il ne le voit pas ou n’ose pas j’en sais rien. Il parle, je fronce les sourcils en tendant l’oreille. Je capte quelques trucs et j’acquiesce, je saisis ce qu’il essaie de me faire comprendre. Un « je sais » raisonne dans ma boite crânienne lorsqu’il m’annonce ce que j’avais déjà deviné. Nouvel hochement de tête contraint. Ses lèvres finissent par se matérialiser, je souris, en quittant le jet pour m’avancer. Pas trop le mouiller, ca ne me plait que moyennement mais m’attèle à la chose. Je laisse plusieurs centimètres nous séparer, me penchant à mon tour afin que seul mes lèvres n’entrent en contact avec les siennes. Le genre de baiser insatisfaisant en tout point. Il le sait, le sent, et un sourire étire mes lèvres lorsque son buste suit le mouvement de sa bouche, ses mains. Et, je passe mes bras, sous les siens, pour entourer son cou, n’hésitant pas à le mouiller. Toute façon, n’avait-il pas précisé qu’il devait aller se changer ? Mon corps frémit sous ses doigts, ses voluptueuses caresses, et il recule. J’affiche une petite moue face à son rire avant d’hausser les épaules espiègle, et impuissante à la fois. Frustrant. Et, il ne me reste plus qu’à me raccrocher au fait qu’il soit déjà 16h passées, que l’on sera séparés une bonne partie de ce début de soirée donc la tentation sera diffuse, puis on se retrouvera ce soir… Ca ne peut qu’aller si je me rattache à cette pensée. Il me souhaite bon courage. « Toi aussi et souris ! » je lui lance taquine avec un fin clin d’œil espiègle. Je ris à son conseil à lui et joint mon index et mon pouce pour former un « o » traduisant un: reçu cinq sur cinq. Je me retiens de, justement, ne pas le retenir. Je me fais presque violence pour sceller mes lèvres et conserver un sourire crédible. Pour cela, j’évite de le regarder partir et retourne à ma douche. Je sais qu’il va revenir, je sais qu’il ne part pas définitivement, mais ca reste… douloureux. Il s’éloigne du périmètre c’est pour ça. D’autant que je sais pertinemment qu’il ne va rien lui arriver si ce n’est une trombe de question et, éventuellement, des centaines, peut être même plus, de fans, téléspectateurs, groupies, que sais-je. Faut dire que depuis notre sortie, on ne s’est pas vraiment encore, totalement, confronté au monde extérieur. Alors c’est comment ? Sur ces quelques réflexions, je fais face au mur et termine de rincer mes cheveux, passant mes doigts pour les coiffer avant d’y passer la brosse pour finir de les démêler. Je me savonne rapidement, me rince tout aussi vite pour m’extirper d’ici. J’ai bien envie de sortir, et voir ou revoir ce monde qui m’entoure. Aussi, quitter cette chambre parce qu’il n’y ait plus. Je m’approche de la porte vitrée, j’y vois un cœur dessiné. Je lève les yeux au plafond alors que paradoxalement mes lèvres s’étirent en un sourire niais, et qu‘une sensation de je ne sais quoi m‘envahit. Mièvre que je suis, mes prunelles font un fugace aller-retour sur les côtés comme pour guetter la présence d’un éventuel intrus, mais rien, alors mes lèvres vont se déposer furtivement au centre du dessin, y laisser une légère trace, puis je m’enveloppe dans un serviette et sors. Une fois dans la chambre, gros blackout agrémenté de questions superficielles digne de toute cette médiatisation dans laquelle je baigne. Comment m’habiller ? Comment me coiffer ? Normalement ? Simplement ou non ? Je ne me rappelle que trop bien l’espèce de fulgurante transformation que j’ai subis en arrivant telle que j’étais et entrant, dans le Nid, tel qu’ils voulaient. Comble d’ironie, je ne sais même pas où aller ni même comment y aller. Comment ils se sont organisés ? Le téléphone sonne. Y’a un téléphone ?! Faut dire que je n’ai pas vraiment eu le temps de faire le tour du propriétaire… Et, je me rends compte que je suis encore une fois laissée seule dans ce tourbillon médiatique. Personne pour indiquer ce qu’il faut faire et comment. Ou ne serait-ce qu’informer sur le programme. Non, l’on se contente de te laisser dans l’ignorance et de te trimballer à droite à gauche, d’un point A à un B, de te faire monter dans une voiture aux vitres fumées, de te demander de descendre, de suivre quelqu’un, de te changer, d’enfiler ce que l’on te demande, de te laisser tartiner le visage d’artifices, de laisser d’autres personnes s’occuper de comment tu vas apparaitre à l’écran. Parce qu’on se fiche pas mal de ce que tu penses ou veux. Non, tu as signé, tu te plies à leur envies en te disant que c’est bientôt fini. Une marionnette, une poupée, je passe de mains en mains avant d’être envoyée, un sourire plaqué, sous les feux des projecteurs puis, après quelques heures, te ramener là où ils ont décidé que tu serais pour leur confort et besoin. Aussi, je me retrouve à fouler le tapis de la somptueuse entrée, je ne m’aperçois qu’à peine de la nuit tombée. Et, j’en arrive rapidement à passer sous le regard de Carmen à qui j’adresse un sourire avant d’aller jusqu’à elle. Elle me déblatère un flot de paroles que je comprends qu’à peine et qui impliquent une mine fatiguée qui passe bien à l’écran, mais aussi des critiques plutôt acerbes sur un présentateur bien fouineur et indiscret. Elle trouve bon de me dire qu’elle est tenue par un secret je-ne-sais-trop-quoi alors oui Carmen sait, mais Carmen ne dira rien. Elle me lance même un regard complice et réprobateur à la fois. Je ris légèrement avant que mes rétines ne captent une silhouette familière déambuler dans le hall. Swann. Mon cœur s’arrête, c’est maintenant, la réaction ! Alors, mes traits s’animent d’eux même, affichant sur mon visage poupin un léger sourire, timide, accompagné d’un signe de main hésitant. Lorsqu’elle disparait, je reprends le contrôle, soupire exaspérée par ma réaction pitoyable à cette furtive interaction. En reportant mon attention sur l’hispanique, je constate qu’elle me dévisage d’un air interrogateur. Hors de question que je lui raconte quoique ce soit. Son puritanisme a suffisamment frappé. Je me contente d’un sourire et de lui demander si je peux récupérer le seconde clé électronique quémandée. Carmen m’informe qu’Il l’a déjà récupéré. Sa façon de parler de Loxias me fait rire. Aussi, j’acquiesce un sourire aux lèvres avant de lui souhaiter une bonne soirée et m’engouffrer dans l’ascenseur. Je reconnais la musique qui s’élève pour l’avoir entendu sous la douche dans l’après-midi. J’échappe un rire avant que la cage d’acier ne s’immobilise et ne m’indique la sortie. Et, à peine ai-je posé un pied sur le luxueux et vaporeux tapis que la silhouette du brun, mon brun, s’impose à mes iris. Automatiquement, le soulagement, l’apaisement cavale dans mes veines et prend possession de tout mon être. Mon visage s’illumine presque aussitôt jusqu’à ce que mes traits ne se déforment pour laisser transparaitre ma perplexité. Qu’est-ce qu’il fout ? On dirait qu’il tape les cent pas, de régulier aller-retour dans le couloir avant de s’adosser contre le mur un magasine en main. Mon cerveau essaie de reconstituer les faits. J’avance en le dévisageant. Pourquoi m’attendrait-il dehors alors qu’il dispose du pass ? Ou alors, il ne m’attend pas. Et, attendez, pourquoi il trouve bon de lire un magasine dehors ? Je regarde à ses pieds, pas de valise, pas de poche en plastique, pas de veste sur les épaules. Je fronce les sourcils. J’en conclus rapidement qu’il est arrivé depuis un moment et non pas à l’instant. Toute façon, j’ai vu Swann y’a pas cinq minutes, ils sont arrivés ensemble pour sûr, alors oui, il est là depuis un moment déjà. J’avance à pas de loup et finis par me caler discrètement en face, dos contre le mur, croisant un pied à côté de l‘autre. Oh ! Je sais ! « Ne me dis pas que tu as oublié ton pass à l’intérieur en allant chercher… » je penche la tête pour capter le nom du magasine… et j’éclate littéralement de rire. Oui, c’est le scénario que j’ai imaginé.

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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:04

Je ne sais pas si je suis l’homme le plus chanceux de la planète, ou à contrario, l’inverse. D’ordinaire, lorsqu’on quitte sa femme pour une autre, elle commence par brûler vos affaires personnelles, ravager vos oeuvre d’art avec vos clubs de golf, avant de vous envoyer par avocats interposés la demande de divorce qui lui permettra de garder la maison principale, la maison secondaire, les voitures, les gosses, les amis, et qui accessoirement, vous obligera à payer une pension alimentaire de malade. Sauf que moi, en plus de n’avoir ni oeuvres d’art, ni clubs de golf, ni même de voiture, j’ai une femme qui pense à moi avant de penser à elle. Et comme je suis dans la même optique, et que je pense à elle avant de penser à moi, on parvient à gérer cette situation d’une manière totalement inédite. Ce qui ne m’empêche pas de ressentir un léger inconfort en passant à l’aller et au retour devant une Carmen perplexe, léger inconfort aussi lorsqu’il s’agit de lutter contre des réflexes enracinés depuis sept longues années. Lui prendre la main, lui voler un baiser, la laisser être mienne, tout simplement. Ce n’est plus le cas, elle ne m’appartient plus, tout du moins pas comme avant, et je ne lui appartiens plus de cette même manière non plus. Les silences sont gênés, les conversations encore plus, le dialogue malaisé. Tout simplement parce qu’il est compliqué de répondre au fameux “tu as passé une bonne nuit ?” de son épouse quand cette dernière sait que vous l’avez passé avec une autre, et que vous n’étiez pas prédisposé pour une partie de Scrabble. Alors oui, ça a peut être des airs de paradis, mais croyez-moi, ça a un arrière-goût d’enfer, tout de même. Encore plus lorsque les questions sont posées par des journalistes sadiques qui cherchent dans nos silences des réponses à leurs interrogations. Ils veulent faire le buzz, ils veulent obtenir l’exclusivité sur l’adultère, la jalousie, peut être même espèrent-ils un pétage de plomb en direct ? Ils n’auront rien obtenu de tout ça, juste des roulements d’yeux exaspérés de la part de Yonati à chaque question censée nous piéger, et pour le reste beaucoup de sourires et de la complicité. Je ne sais pas ce qu’ils espéraient, mais s’ils s’attendaient à ce qu’on parle d’autre chose que de notre passé, ils n’ont rien eu. À la question Nora, j’ai simplement répondu qu’elle compte énormément pour moi, et Swann les a informé que c’était quelqu’un de bien. Ça ne leur a pas suffit, évidemment, ils en voulaient plus, et les pièges se sont succédé. Mais lorsqu’on a vécu dans la clandestinité pendant des années, changeant de nom, de prénom, de passé à chaque étape de sa fuite, on sait dissimuler des informations sous aucun prétexte, qu’importe les conditions dans lesquelles on se trouve. Alors, finalement, ils n’auront rien obtenu. Mais pour combien de temps ? Combien d’autres interviews on va devoir supporter ? Je vais devoir supporter ? Vivement la fin de la semaine, que je puisse rentrer chez moi loin de tout ça. Même si pour ça, il faudra aussi dire aurevoir à tout ce luxe. J’en prends conscience en laissant Swann retourner seule aux ascenseurs, l’informant que je la rejoins dans un instant, avant d’aller m’entretenir avec Carmen au sujet du deuxième pass. Yonati a beau être extrêmement tolérante, j’essaye de l’épargner le plus possible, et ça commence par ne pas demander devant elle à changer de chambre. J’en profite également pour demander à Carmen à quelle espèce elle appartient pour être là en permanence sans jamais dormir. Elle me répond qu’elle appartient à l’espèce de fauchés, je tente un high five, qui foire, et je remballe ma main avant qu’elle ne me l’arrache avec les dents. Elle m’aime pas, je l’aime bien, l’histoire de ma vie. Je ramasse le pass qu’elle me tend de mauvaise grâce, puis m’échappe en direction du septième étage. Swann ne m’attend pas, comme à son habitude, elle est occupée à tout un tas de trucs lorsque j’entre. Mes valises, pas défaites, m’attendent là où on les a déposé en arrivant, mais j’ose pas. J’ose pas juste les prendre et m’en aller. J’ose pas le faire, ce serait un manque de respect. Elle a beau se planquer derrière son magazine pour me faciliter les choses, je sais qu’elle ne rate aucun de mes mouvements, aucune de mes hésitations. Elle attend que je me décide, et moi, j’sais pas trop ce que j’attends. Un coup d’oeil au radio-réveil m’informe qu’il est tôt, encore trop tôt pour que Nora soit rentrée, bien trop tôt en fait. Alors, plutôt que d’aller m’enfermer dans une immense chambre vide, pourquoi ne pas essayer de joindre l’utile à agréable, et passer ce temps avec Yonati ? Alors, c’est ce que je m’emploie à faire, allant m’affaler sur le matelas à ses côtés pour lui piquer un bout de son magazine. Au moins, comme ça, je n’aurais pas totalement l’impression de la délaisser au profit d’une autre. Je peux faire les deux, je peux faire en sorte que tout le monde aille bien... Je peux le faire. Une heure plus tard, avec le sentiment d’être parvenu à concilier les deux pour aujourd'hui, je traine deux sacs jusqu’au huitième étage. Ce qui est intéressant c’est que je suis rentré dans le nid avec un seul sac en tout et pour tout, et que j’en suis ressorti avec le double. Les primes et les soirées, sans compter les nombreux sponsors trop heureux de voir leurs créations à l’écran, auront refait ma garde-robe de A à Z. Et vu qu’elle était partiellement limitée, c’est une excellente chose. La chambre est comme je l’ai laissé en partant, excepté la fille à poil sous la douche qui ne s’y trouve plus, évidemment. Je me surprends à chercher le moindre message planqué qu’elle aurait pu laisser, n’importe quoi, un post-it, un message au lipstick sur le miroir, et puis je me rends compte de la niaiserie de ma quête, et je cesse, immédiatement, lâchant un rire sec en vidant le contenu d’un de mes sacs sur le lit. C’est ma méthode de rangement. D’abord le chaos, puis l’ordre... Et bizarrement, j’ai l’impression que c’est le schéma de ma vie. D’abord le chaos, puis l’ordre. J’ai besoin du chaos pour engendrer la volonté de remettre en ordre, sinon je reste face à l’immobilité, inanimé, m’agitant en faisant du surplace. Sauf que parfois, ma conception du rangement n’est pas à la portée de tous, et parfois, lorsque la tentation est grande, elle met du temps à se mettre en marche. Cette nuit en débarquant, ou encore cet après-midi, en m’échappant, je n’ai pas vraiment eu le temps de profiter de la chambre, de la découvrir réellement. Du coup, en plein milieu de mon “rangement”, mon regard s’égare sur les rideaux encore tirés, que je m’en vais rapidement écarter. Puis la baie vitrée donnant sur la terrasse où je m’accorde une pause contemplation du paysage urbain. Et lorsque que je regagne la chambre c’est pour remarquer, seulement maintenant, que le ménage a été fait. Les boîtes de préservatif qui gisaient à terre sont à présent bien rangés dans le mini-bar, le lit est fait sous mon amas de vêtements, et le charriot de petit-dej a disparu... Mais ce sont surtout les boîtes Manix qui retiennent mon attention, et en quelques secondes je me retrouve sur le lit, l’ordinateur portable ouvert entre mes jambes, à taper “laboratoire d’analyses médicales Dublin” dans la barre de recherche Google. J’allume la télé également, passant d’une chaîne à une autre, et puisqu’il y en a à peu près 784, ça me prend un moment. Je trouve même une chaîne palestinienne que je laisse en fond sonore, juste pour le plaisir d’entendre ma langue natale tandis que, sans que je comprenne par quels moyens j’en suis arrivé là, je continue de faire défiler les offres immobilières dans Paris intramuros. C’est à cet instant précis, alors que je tombe sur une énième annonce d’appartement vétuste avec chiottes sur le palier, que l’information arrive jusqu’à mon cerveau... D’abord altérée par le peu d’attention que j’y accorde, puis de plus en plus présente tandis que je relève le nez vers l’écran, puis m’empare de la télécommande pour hausser le volume. J’écoute, les yeux rivés aux images qui défilent encore et encore, mon palpitant s’excitant tout seul. Je reste un instant immobile, incapable du moindre mouvement, puis le sang se remet à pulser à travers mes veines, et je bondis du lit en une fraction de seconde, quittant la chambre pour le salon, puis me précipitant vers la porte qui claque derrière moi pendant que je cavale dans le couloir, optant pour les escaliers plutôt que d’attendre l’ascenseur, pour finir par frapper à la porte de mon ancienne chambre, comme un damné. Sauf que dans ma précipitation j’ai oublié mon pass sur le lit, et accessoirement j’ai laissé écran plasma et MacBook allumés, mais ce n’est pas très important. Ce qui l’est, c’est que je me retrouve à la porte de ma propre chambre en voulant y retourner, et que j’ai beau supplier et implorer Carmen, cette dernière y voit comme un signe du destin et refuse d’utiliser son propre pass. Son seul geste d’entre-aide ? M’offrir un magazine pour “passer le temps” dixit ses propres termes. Fashion Daily News, c’est ce que je me retrouve à lire dans le couloir, en faisant les 100 pas devant ma propre porte de chambre. Le titre a beau être vendeur, il ne s’agit de rien d’autre que d’un féminin pour femmes d’âge mûr particulièrement portées sur la mode discutable et l’art sur ongles. Je suis d’ailleurs entrain de survoler un article expliquant comment reproduire ses petits yorkshires avec différentes couleurs de vernis, quand une voix attire mon attention, me faisant sursauter au passage. À croire que, finalement, j’étais vraiment tout à ma lecture. Nora, face à moi, allant même jusqu’à copier ma position, prend un malin plaisir à lire dans ma tête pour finir par l’exprimer à voix haute. « Tu devrais le crier un peu plus fort, je crois qu’il y a un type, sous sa douche, trois étages plus bas qui ne t’a pas bien entendu... » je rétorque, la bouche pleine de sarcasme, avant de refermer mon magazine. « Et pour ton information, non, je ne me suis pas enfermé à l’extérieur en allant chercher ça, j’ai ça parce que je suis enfermé à l’extérieur et qu’à défaut d’un nouveau pass, c’est tout ce que Carmen a bien voulu me donner... D’ailleurs, tu penses pas que c’est un vampire ou un truc comme ça ? Elle dort jamais !! » j’interroge après m’être rapproché sensiblement, suffisamment pour glisser mes mains dans les poches de son jean, les fouillant consciencieusement l’une après l’autre, devant, derrière, veste, jean... « Sérieusement, ça peut être un lycanthrope, ou un métamorphe quelconque, mi-femme, mi-nazi... Ha le voilà ! » je jubile en tirant le pass de la poche arrière de son jean, déposant un rapide baiser sur sa tempe pour la remercier de ne pas l’avoir oublié, elle, avant de tourner les talons et d’introduire -ENFIN !!- la carte magnétique dans le mécanisme prévu à cet effet. Le déclic tant espérer se fait alors entendre, et il ne me reste plus qu’à pousser la porte pour réintégrer Narnia et son ambiance très “gaza” avec la télé qui hurle de l’arabe à fond, et les fringues éparpillées partout façon débris d’explosion, sans oublier les pellicules que j’ai commencé à développer dans la salle de bain, dont quelques cliché sèchent en travers de la pièce, tandis que d’autres trempent toujours dans des bassines de fortune. Ce n’est qu’en contemplant la chambre avec du recul, le recul d’une bonne heure passée dans le couloir, que je me rends compte du bordel. « J’sais pas pourquoi, mais j’sens que d’ici trente secondes, tu vas hurler... » je lâche, brusquement immobile, en l’entendant approcher dans mon dos. Comment on dit déjà ? Oups !
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MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:05

Le Fashion Daily News ! Je continue de rire, mon corps presque secoué de spasmes incontrôlables. Et, j’en viens limite à me demander pourquoi ça m’étonne. Puisque justement plus rien ne le devrait venant de lui. Je finis par prendre de longues inspirations en vue de me calmer et de calmer les soubresauts de ma respiration, puis relever les yeux vers lui. Lui qui use et joue de sarcasme. « T’en fais pas pour lui va, les bruits de couloirs, les voisins, l’en informeront plus rapidement que tu ne le crois » je lui réponds d’un air exagérément dégagé avant de laisser passer un sourire sur mes lèvres. Après quoi Loxias s’engage dans tout un discours pour me démontrer par A+B que j’ai tort. « Hm, et qu’est-ce qu’il t’a pris pour sortir dehors sans penser à te munir de ton pass ? » je lance alors faussement dubitative, arquant un sourcil pour le forme. Parce que oui, dans le fond la question réside bien là. Puis j’hausse les épaules, amusée par son espèce de nonchalance étourdie, sa désinvolture insouciante. Ensuite, il pointe un fait assez percutant et qui m’interpelle. Carmen ne dort pas ! C’est vrai ça ! On la voit toujours à l’accueil à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. De même qu’elle décroche à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Mais… c’est scientifiquement impossible. Le corps ne peut pas enchainer un milliard de nuits blanches sans qu’un jour il ne claque, ou ne lâche… Vampire ? Je grimace légèrement peu convaincue par son hypothèse. Non, c’est impossible. J’ouvre la bouche pour rétorquer et contredire avec une explication très brillante… oui, oui, un truc qui montrera que c’est tout bonnement impossible. Sauf que cette explication ne vient pas. Et, je referme la bouche. Perdue dans mes pensées, je ne fais qu’à peine attention à ses mains qui glissent dans la poche de mon jean, les fouille toutes sans exception avec application. « Ou alors, c’est une femme-robot, femme génétiquement modifiée… » je propose, très sérieuse, en tapotant mes lèvres du bout de mon index. Après tout, les expériences de savants fous dégénérés qui sévissent dans les tréfonds des caves d’Albanie foirent toujours, aussi ca ne m’étonnerait pas… Pareil en ce qui concerne les manipulations foireuses de l’ADN… Hm, ok passons. Par ailleurs, ce n’est que lorsque ses mains s’attaquent à mes poches arrière que je percute. Je plante mes prunelles dans les siennes avec ce regard perplexe qu’on offre aux indiscrets pris sur le fait. Rappelez moi pourquoi j’ai droit à une fouille au corps ? « Dois-je te rappeler que tu es le LHB dans l‘histoire, je suis clean moi » je lance taquine. Pas de bombes, pas d’explosifs, aucun danger, je viens en paix. D’autres propositions concernant Carmen fusent, je me contente de lever les yeux au ciel en me disant cependant que je lui demanderais en passant, un jour, si j’y pense… Un cri de victoire et un baiser sur la tempe plus tard, il m’abandonne contre mon mur et se jette sur la porte. Je soupire légèrement impuissante avant, d’une simple impulsion, m’en décoller, de ce mur pour le suivre à l’intérieur. Je l’entends me dire que je vais hurler. Je fronce les sourcils. Je ne saisis pas. Enfin, pas maintenant, dans l’immédiat. Car, la seconde suivante, en posant un premier pied à l’intérieur, je trouve la pièce… changée, totalement retournée. Comme si un ouragan était passé par là. Une tornade même. Je ne la reconnais qu’à peine. Première réaction: « Han…c’est quoi ce bordel... » murmuré avec une expression de totale affliction, abasourdissement. Sérieusement, on dirait qu’une bombe a explosé la dedans ! Mes prunelles arrivent à peine à tout capter: vêtements éparpillés pêle-mêle sur le lit voire débordant et se déversant au sol qu‘ils jonchent, et la télévision agressant mes tympans en hurlant tout ce qu’elle peut dans une langue qui m’est totalement inconnue. Je cligne plusieurs fois des yeux pour essayer de tout réactualiser. Vainement. Mon attention, mon cerveau bug un instant avant de vriller vers le brun à mes côtés puis faisant de furtifs et brefs aller-retour entre la pièce et lui. C’est une blague ! A vrai dire, c’est que ça ferait presque ressortir ou créerait un côté maniaco-dépressif chez n’importe quelle personne équilibrée et saine d’esprit ! J’avance dans la suite comme une victime de cambriolage, les bras ballants, le long du corps, mon sac se balançant régulièrement au bout de mon bras. J’essaie de ne pas marcher sur ses vêtements jusqu’à parvenir au centre de la chambre. « Tu m’attendais pour ranger c’est ça ? » je lance d’une toute petite voix avant d’aligner encore quelques pas, mon attention se posant sur la télé allumée. Je détaille les images en me laissant tomber sur le canapé, me relevant dans la foulée comme piquée en sentant un truc trainer dessous, et me poser sur l’accoudoir. « Ca te manque ? » je finis par demander d’une voix sérieuse, basse, après de longues minutes en désignant d’un simple mouvement de menton l’écran. Mes prunelles captivées, mes prunelles n’arrivant pas à se décrocher de ces quelques images, de ces décombres, des ruines pointées par les journalistes, de cette réalité si opposée à la notre, de cette réalité lointaine et pourtant si réelle. C’est à la fois pervers et fascinant lorsqu’on a jamais connu ça, lorsqu’on a jamais vu, en vrai tout ça, lorsqu’on ne se fait que téléspectateur... D’ailleurs, je ne comprends pas un traitre mot des commentaires fait, aussi je me contente simplement des clichés, et de ce que mon imagination est en proie d’élucubrer. Et, malgré tout ça, dans un sens, ce serait potentiellement légitime, que ça lui manque. On reste profondément attaché à son pays d’origine, n’est-ce pas ? Peu importe son histoire passée ou actuelle, peu importe les événements qui en rythment la vie, le quotidien… Tellement qu’il en vient à en recréer les traits dans une chambre d’hôtel hors de prix… Sa famille aussi doit lui manquer, non ? Personnellement, il n’y’a pas un jour où je ne leur passe pas un coup de fil, ne leur envoie un message, ou qu’ils n’en font pas de même. Dans le fond, je ne sais même pas comment il vit tout ça. Je ne sais rien de tout ça. Je ne sais rien de ce Loxias là. Non, pas Loxias, Lior… J’ai un regard fugace en sa direction, mon cœur se compresse involontairement. Le désir de connaitre totalement quelqu’un est une façon de se l’approprier. C’est un souhait honteux auquel il faudrait renoncer. (OATES) Mais moi j’y arrive pas, je ne peux pas, ni ne veux. Egoïstement, je souhaite qu’il soit mien… Et, surtout parce que cette ignorance me donne l’impression d’être étrangère, de ne pas le connaitre complètement. Je me sens étrangère. Et, j’aime pas cette sensation, ce sentiment là. Je veux lui être proche, je veux… Je me souviens alors d’une discussion que nous avions pu avoir dans le Nid, entre les quatre murs du confessionnal, où je lui posais toute ces questions embarrassantes et importunes sur son passé, ses parents. Je me souviens également du malaise et sa non-envie d’en parler surtout. Est-ce que ca a changé depuis ? Si je m’écoutais je repartirais sur ce sujet parce que je veux le connaitre et le découvrir tout entier, dans sa totalité… Mes iris rencontrent le sol une quart de seconde avant que je ne secoue sensiblement la tête. Silencieuse depuis bien trop longtemps. « Tu me ranges cette pagaille illico Loxias ! » je scande en me remettant sur mes pieds, changeant également le timbre de ma voix, le rendant plus léger. Un sourire fend mes lèvres pour masquer, et pour plus de crédibilité. Je me dirige vers la salle de bain, posant mon sac-à-main sur la table encore intact, avant d’y aller à reculons, gesticulant de façon à l’informer sur mes intentions. Lorsqu’un mur rompt, de force, le contact visuel établi, je pivote brusquement sur les talons pour enclencher la marche avant. Sauf que je trébuche sur une bassine qui traine à sol, j’essaie de me rattraper afin de ne pas chuter mais c’est tout l’inverse qui se produit. Mes pieds s’embourbent dans un liquide froid, mes bras s’agitent pour tenter de rétablir un équilibre déjà rompu, je tente d’épargner les bassines et leur contenu mais tout ce que je parviens à faire c’est me vautrer sur le carrelage de la pièce, me retenant de justesse avec les mains, épargnant mon visage, ma tête en sacrifiant mes genoux. PUTAAAAAIN ! « ...LIOOOOOOOOOOOR ! » j’hurle son autre prénom inconsciemment, accusatrice dans tout ce fracas, ce vacarme, tandis que la gravité m’attire et que je finis par relâcher la pression sur mes mains et m’allonger une seconde au sol pour souffler. Quelques minutes filent, à peine, le temps de rouvrir les yeux sur la scène. « Non, non, non, ne viens surtout pas en fait, c’est bon, c’est bon, c’est bon » je balbutie, me répétant comme si ca allait arranger quelque chose aux dégâts provoqués. Aussitôt je m’agite, je glisse péniblement sur mes genoux meurtris jusqu’aux bassines en plastiques quasiment fracassées. De là, mes mains essaient de réparer.

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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:06

Bordélique, c’est un bien grand mot. Je ne suis pas bordélique, je suis artiste, et tout ça, ce n’est pas un bordel, il s’agit juste un désordre créatif, tout au plus. Un réaménagement de l’espace, un magma créateur, la matière, l’essence même de mon inspiration, mon esprit artistique prenant le dessus et se traduisant par un ensemble de formes et de couleurs dans un ordre précisément désordonné, savamment désordonné, même. C’est de l’art à l’état pur, tout simplement. Bon, en fait, c’est juste un chaos sans nom qu’il va falloir que je m’emploie à ranger très rapidement, mais si on me pose la question, j’aurais la mauvaise foi ET la prétention de répondre “Le monde a fait de moi une putain; je veux faire du monde un bordel.” rien de moins. En attendant, Nora tourne comme une lionne en cage, passant en revue l’étendue des dégâts, faisant l’inventaire des nouveautés composant la toute récente décoration, calculant, surement, le nombre d’heures ou de jours qu’il va nous falloir pour tout remettre en ordre... Oui, “nous”, parce que clairement, j’y arriverais pas tout seul. Quelque part, moi aussi je découvre. Lorsque j’étais assis au sommet de mon piédestal composé de fringues en boule, j’avais pas du tout la même perspective qu’en contemplant l’ensemble en fonction “paysage”. J’arrive même pas à comprendre comment j’ai pu faire tout ça tout seul ! Obligé, on m’a aidé, obligé j’ai été drogué et ligoté pendant que quatre ou cinq colosses s’éclataient à jouer les artificiers avec mes vêtements. « Vérifie qu’il te manque rien, j’appelle les flics... » j’ai l’audace de lancer avec sérieux, tout en faisant mine de m’approcher du téléphone. « C’est de ma faute, j’ai laissé la baie vitrée ouverte, ils ont du profiter de mon absence pour escalader la façade sur huit étages et... » et je ne suis pas crédible, mais en même temps, c’est pas vraiment le but. Disons que j’essaye de lui faire avaler la pile par overdose de sarcasmes. Ça marche ? Disons qu’elle n’a pas vraiment l’air en colère, pas plus qu’elle n’a l’air d’écouter ce que je dis. Je pense qu’elle est coincée dans une phase de stupéfaction qui la coupe du monde réel. Toutefois, lorsqu’elle en sort, c’est pour me demander si je l’attendais pour ranger. « Je t’attendais pour rentrer, nuance. » je la reprends en la rejoignant au milieu de la pièce, les mains dans les poches. « En ce qui concerne le reste, j’suis pas tout à fait sûr de pouvoir l’expliquer moi-même, mais Carmen aurait cherché à me piéger que ça m’étonnerait même pas, tu vois ? » Non, elle voit pas, puisqu’elle ne m’écoute plus, tournant les talons pour rejoindre le salon, son esprit entièrement focalisé sur la télé qui, non contente de balancer de l’arabe à fond les ballons, nous impose aussi des images de chez moi... Et pas les meilleures. Je la suis, comme son ombre, les yeux rivés, moi aussi, sur l’écran dont les images ravivent énormément de choses. Pas seulement le souvenir des intifadas, non, il y a aussi toute mon enfance, toute mon adolescence, tout ce que j’ai laissé là-bas, tout ce que j’ai abandonné derrière moi. Je ne changerais absolument rien, si c’était à refaire, mais il n’empêche... J’ai un mauvais goût sur la langue, du genre de ceux qui ne s’en vont pas comme ça, du genre de ceux qui restent pour que tu te rappelles, pour que tu n’oublies jamais ce que tu as fait. Et ça ne risque pas. Ça doit se lire sur mon visage, mes pensées doivent se refléter sur mes traits pour qu’elle me demande si ça me manque. Elle le sait, elle s’en doute, elle imagine très bien le prix de mon sacrifice, et sa question doit être relativement rhétorique. Ce qui ne m’empêche pas de lui répondre un « Surtout Maha... » qui m’échappe plutôt qu’autre chose. J’crois pas que j’avais envie ou conscience de dire ça à voix haute, et pourtant... Mes yeux ne quittant pas l’écran, j’ai le sentiment d’être ailleurs, d’être chez moi, un chez moi qui n’est plus chez moi, une terre d’asile qui m’est devenue hostile... par mon choix. C’est la voix de Nora, une fois encore, qui me ramène dans le présent, me forçant à réintégrer l’espace-temps d’ici et maintenant, et mon nouveau chez moi, le seul qui existe pour l’instant, le seul qui veut de moi. Son timbre léger et fruité tend à dédramatiser l’atmosphère, à effacer les dernières minutes en me rappelant que j’ai un boulot à terminer... ou plutôt, à commencer. Je laisse échapper un maigre « Oui... » docile, encore enlisé dans les décombres de ma vie passée que je tente de faire taire d’une pression de touche, coupant le son, changeant de chaîne, en finissant avec ma vie d’avant. Elle est toujours là, concrète, en miette, mais je ne la vois pas, alors on va dire que ça va. En attendant, ce regard esseulé se pose sur Nora qui s’éloigne, gesticulant à reculons en direction de la salle de bain. Oui, oui, je vais ranger, promis, si seulement je savais par quoi ou même par où commencer. Je suis entrain de soulever la première pierre de l’édifice de mon chaos, à savoir tee-shirt particulièrement coloré, lorsque j’entends la chute. Enfin, ce qui ne saura être autre chose qu’une chute connaissant Nora et son sens particulièrement aiguisé de la maladresse. Ça commence avec un bruit sourd que mon cerveau met une petite seconde à identifier. Je suis d’abord intrigué avant que l’image mentale de la salle de bain dans son état actuel ne se matérialise brusquement. Je revois tout, mais je revois surtout les bassines au sol, des bassines que j’avais décidé d’aligner contre le mur afin d’éviter de se prendre les pieds dedans, avant de... passer à autre chose et d’occulter totalement cette bonne résolution. Alors, je n’ai aucun mal à visualiser ce qui se passe en ce moment, mon esprit récupérant les sons, les bruits, pour en faire une frise chronologique en temps réel. Elle a déjà tapé dans un bassine, mais là, elle vient de taper dans une autre, et il y a fort à parier que l’eau renversée ne mettra que quelques instant à la faire gliss... Ha bah, voilà qui est fait, je constate en entendant clairement le son de son corps s’échouant contre le sol. J’ai déjà tout lâché et suis pratiquement à l’entrée de la salle de bain quand elle hurle mon prénom. Mon vrai prénom. Mon tout premier prénom. Et ça ne me dit absolument rien qui vaille. Finalement, je crois que j’aurais pu prévenir sa chute si cette suite n’avait pas été définitivement trop grande ! J’ai l’impression de taper un sprint depuis des jours pour finir par arriver trop tard. Quand je parviens à contourner tous les murs et les virages qui composent le labyrinthe menant jusqu’à elle, elle se trouve déjà au sol, la tête enfouie dans ses bras, soupirant de toute son âme. Du coup, j’ose pas trop entrer. Entre le bordel dans la chambre et ma tentative de meurtre dans la salle de bain, y a moyen qu’elle m’en veuille un peu quand même. À la place de quoi, je jette un rapide coup d’oeil sur le désastre, avant de reporter mon inquiétude sur elle. Ok, j’ai pas mal de clichés foutus, mais, pour l’instant, j’en ai un peu rien à péter, en fait. C’est elle qui m’intéresse, elle et l’état dans lequel elle se trouve tandis que je l’observe se redresser péniblement, tout en me hurlant de ne surtout pas venir. Dans quel monde elle vit pour croire que je ne suis pas déjà là après le boucan qu’elle vient de faire ? Évidemment que je suis déjà venu, évidemment que je serais venu même si elle ne m’avait pas appelé, j’aurais même pu arriver plus vite si... Bref. Elle est toujours entrain de répéter en boucle que c’est bon, que je suis déjà dans son dos, les bras croisé, à un pas d’elle, à peine, alors qu’elle tente de réparer les dégâts, je crois. « Tu me ranges cette pagaille illico, Nora. » je la plagie volontairement, me délectant de son léger sursaut, juste avant que mon instinct protecteur et mon inquiétude maladive et étouffante reprennent le dessus. « Tu vas bien ? » je l’interroge, soucieux, enjambant le bordel pour venir me placer face à elle, m’agenouillant à son niveau, la forçant à cesser de s’occuper des clichés perdus. « Tu vas me faire le plaisir d’arrêter les cascades, Nora ! C’est quoi cette habitude d’aller systématiquement enlacer le sol ? » J’croyais qu’il n’y avait que le Pape pour faire ce genre de chose. Mes paumes auscultent, mes yeux scrutent, je fais l’inventaire de chaque parcelle de peau, chaque membre, de son visage à ses mains, en passant par ses épaules, ses bras, ses coudes, avant que mon regard ne tombe sur ses genoux abimés, pas encore tout à fait guéris de la chute au pied de l’arbre, de nouveau endommagés par la chute au pied des photos de l’arbre. « Cette fois-ci, tu ne vas pas échapper au pansement... » j’annonce en passant un doigt caressant autour de la plaie. « Les gens vont finir par croire que je te bats, tu sais ? » Oui, je la frappe aux genoux, nouvelle technique de violence conjugale totalement innovante. En attendant qu’elle se décide à porter plainte, je me relève et entreprends de fouiller les placards à la recherche d’une pharmacie quelconque que je trouve, finalement, derrière les portes en bois. La petite boîte design entre les mains, je retourne m’asseoir en face de Nora, tout en faisant l’inventaire de ma pharmacie de fortune. Et bien décidé à la punir d’abimer ce qui m’appartient -son corps- de la sorte, je m’emploie à l’infantiliser au possible. Mercurochrome bien rouge pour désinfecter le bobo, puis pansement Winnie l’Ourson en travers du genou que j’embrasse en ponctuant le tout d’un « Bisou magique ! » volontairement ridicule. « Par contre, pour ton oreille interne, j’peux rien faire. » je poursuis, moqueur, avant que tout mon buste se tende vers elle en même temps que mes lèvres qui s’en viennent caresser les siennes doucement. « Je suis désolé pour le bazar, je pensais avoir le temps de ranger et, bêtement, je me suis enfermé à l’extérieur. Je suis vraiment désolé. » je souffle, dans son souffle, mes lèvres bougeant contre les siennes à chaque mot. Je suis un idiot j’en ai conscience, mais puisque je le reconnais... Circonstances atténuantes ?
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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:07

Merde, merde, merde ! Mes mains frémissent encore sous le choc subit, sous la chute qu’elles ont limité. Aussi, j’échappe un léger soupir lorsque mes mains entrent en contact avec le liquide froid déversé au sol. Liquide que j’essaie de contenir et retenir en me servant de mes mains endolories comme serpillère, et pourquoi pas éponge tant qu’on y est. Je repousse, repousse encore et toujours la flaque frénétiquement, butant parfois sur quelques clichés non-développés, pas complètement du moins. Je finis d’ailleurs par en tirer un, et l’observe curieuse, suspendu dans les airs entre mon pouce et mon index, je fronce un sourcil essayant de deviner… hm, un bout de bras, des ombres, du noir, un flou artistique non voulu. Une photo bonne pour être jetée en somme… Merde ! J’attrape une autre feuille blanche plus loin, trempant dans l’eau, même dégât, même résultat. Je me pince les lèvres et m’en veux de lui avoir ruiné ses photos. Le pire ce ne sont pas qu’une ou deux, mais bien toutes… Assise sur les talons, je rassemble tout les clichés à la quête de survivant mais rien, absolument rien. Que faire ? C’est à ce moment que sa voix s’élève juste derrière moi et que je sursaute en réprimant un léger cri. Je ne l’ai même pas vu ni même entendu venir, encore moi se poster derrière moi. En attendant, je suis là à genoux, les clichés abimés et foutus entre les mains avec aucune explication à donner si ce n’est des excuses. Ses bras croisés sur son torse n’annoncent rien qui vaille. Il est fâché ? En colère ? Enervé ? Il va gueuler à son tour ? Han je suis tellement désolée, si bien qu’une petite moue prend possession de mon visage, de mes traits qu’elle déforme à sa guise, les prunelles rivées vers lui. Lui qui me surplombe, lui qui me singe. Aussitôt, l’espèce d’anxiété retombe comme un soufflé raté. Et dire que j’étais à deux doigts de me répandre en excuse concernant ses clichés… Si je vais bien ? J’entame une rapide introspection et mon corps répond de lui-même, sans trop de mal. « Mes paumes me lancent toujours, et mes genoux ne sont plus qu’un vaste souvenir » je réponds d’une sincérité déconcertante. Car oui, j’aurais pu me contenter de serrer les dents, afficher un sourire radieux et affirmer que tout va bien, que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Mais, on a dépassé ce stade lui et moi. Je peux tout lui dire n’est-ce pas ? Alors, non, je ne lui omets pas la vérité. Ceci dit, je ne suis pas mourante pour autant. Je m’en remettrais sans mal avec un pack ecchymose-hématome remis gratuitement à la sortie. Rien de grave en somme. Puis, je lui décoche un sourire. Ses doigts se referment sur mes poignets afin de me faire cesser toute activité de rangement. Je le dévisage perplexe. On a dit ranger illico, personne n’a précisé l’existence d’handicap ! La seconde d’après, je comprends que ce n’est pas pour me ralentir dans ma tâche mais seulement pour m’empêcher de continuer… Hm, disons que mon cerveau lag en plus de cautionner et encaisser encore les dommages collatéraux. Je ris légèrement à sa remarque suivante. « On ne peut rien contre la gravité, tu sais » je soupire faussement désemparée, haussant les épaules impuissante, une moue au visage. La fatalité. Ses mains ne perdent pas de temps et cavalent, glissent, sur mon corps, de mon visage à mes épaules, mes épaules à mes bras passant par mes coudes avant d’arriver sur la réelle source de douleur: mes genoux contusionnés. Une grimace d’appréhension traverse mon visage lorsque ses doigts effleurent les contours d’une plaie encore à vif. Je me sens également frémir. Appréhension parce que les élancements sont palpables, terrées, prêt à m’assaillir au moindre geste brusque. Et, disons que ma capacité de résistance à la douleur physique est bien maigre… Loxias me parle de pansement et je ris à nouveau. « Les pansements n’auront aucun effet sur un hématome… sauf si tu souhaites recouvrir les plaies qui cicatrisent déjà » je fais ne regardant à mon tour mes genoux pour m’apercevoir des souvenirs qu’on laissé ma chute aux pieds de Grand-Mère Feuillage. Ou que ca lui fait plaisir. C’est comme filer du doliprane à tout le monde et dire que ca soigne tout. C’est psychologique. Et, tant qu’on y croit ca fonctionne parce que la force de l’esprit est d’une puissance insoupçonnée. Nous sommes conditionnés. Soit. Un rire franchit, de nouveau, mes lèvres lorsqu’il me parle de violence conjugale en se relevant. « Si ce n’est que ça, j’éviterai de les découvrir. Je ne suis pas sûre qu’un stage en prison soit ce qu’il te faut » je plaisante, taquine. Mon regard le suit, se pose sur la boite entre ses mains, puis devant moi lorsqu’il réintègre ce plan là. Loxias tartine mon bleu de rouge écarlate, je me retiens de rire. Il met tellement d’application à la tâche que je ne peux m’y résoudre. Ca lui donne un air tellement mignon que je ne veux pas tout casser. D’autant que j’ai même droit à un pansement Winnie l’Ourson. « Dis, t’as pas plutôt Princess Peach ? Ou Toad ? Il est trop mignon lui » je demande d’une voix enfantine, l’expression gamine qui va avec. Hum, apparemment non, à la place j’ai droit à un bisou magique. Je ris. Et j’évite de regarder mes genoux sur lesquels sont art s’est déversé. Mon oreille interne ? Je souris, ses lèvres venant occuper la périphérie des miennes. Les effleurant, les caressant. Son souffle contre ma bouche. Mon sourire ne déloge pas, seulement mon palpitant qui s’affole. « Ce n’est pas bien grave… juste quelques problèmes d'équilibre voire des crises de vertiges, quelques étourdissements éparses, une perte partielle et fluctuante d'audition, avec en prime des nausées vu la chance que j'ai. Tout ça traduisant une altération de la perception de la position angulaire de la tête et de son accélération… Ce n’est qu’un détail, pas vrai… » je débite d’une voix cependant basse, quasiment dans un souffle, mes lèvres trop occupée à s’impliquer et faire perdurer ce mouvement dans lequel nos lèvres se cherchent, se taquinent, sans jamais se donner satisfaction. « …t’es quand même sûr de rien pouvoir y faire ou essayer ? » je demande quand même mutine, un sourire malicieux se dessinant sur mes lèvres alors qu’une de mes paumes se dépose légèrement contre sa joue. Oh, je ne demande pas grand-chose, uniquement un baiser salvateur dont il doit détenir le secret pour sûr. Quelques secondes filent, des excuses filent. Un nouveau sourire fend mes lèvres contre les siennes. « On s’en fout… j’aime te voir prendre possession des lieux » je lui avoue sans trop de mal. Oui, parce que ca témoigne bien du naturel de la chose, de sa spontanéité. Tout autant que cela démontre bien qu’il n’y’a aucune gêne. Alors, ca ne fait que contribuer à l’enracinement de cette relation, de cette nouvelle réalité. « Je vais t’y aider... » je lui assure ensuite. Et peut être bien qu’il me prend par les sentiments, peut être bien que je me fais rouler, peut être bien aussi que je ne m’en rends absolument pas compte ou que ca m’est égal. Je ne sais pas trop. On s’en fout. « ...seulement, si tu me portes ! » je scande, mon unique contrepartie et je tends d’ores et déjà les bras. Quitte à me prendre pour une gosse autant y aller jusqu’au bout, n’est-ce pas. « Ouais, tu sais bien, problème d’oreille interne, équilibre précaire, genoux, tout ça quoi » je soupire en arborant un air faussement désemparé et penaud. La fatalité encore une fois. Il me dévisage relativement longuement. J’affiche cet air niais, battant des cils façon bambi avant qu’il ne finisse par me soulever passant un bras sous mes genoux et mon dos. Un sourire satisfait trône sur mes lèvres, mes bras entourent son cou, ma tête trouvant repos contre son épaule. On change rapidement de pièce et un truc me revient lorsque mes iris balaient la pièce, s’arrêtant une fraction de seconde sur la télévision, qui affiche un tout autre tableau. « Dis Lior… » je commence sur un ton quelque peu hésitant, son premier prénom fusant relativement aisément. J’ai connu Loxias mais pas Lior. Et, c’est présentement ce qui me taraude, qui me laisse… dubitative ? Ouais. Inspiration. « Qui est Maha ? » je souffle bas, très bas, mais notre proximité ne me laisse aucun doute sur le fait que la question lui soit passée. Je ne veux pas me faire intrusive mais d’un autre côté j’ai l’impression d’avoir besoin de savoir au moins pour conforter et juguler certaines de mes inquiétudes. J’ai le droit de demander pas vrai ? Est-ce légitime ? Je relève sensiblement les prunelles vers lui, son visage que je scrute. Parle moi de toi, parle moi de ce que je ne sais pas, s'il te plait…

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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:07

Oui, j’ai conscience que tout ce à quoi je m’emploie sur son genou n’est d’aucune utilité, si ce n’est la ridiculiser légèrement afin qu’elle retienne la leçon et se contente de rester bipède plutôt que de tester sans cesse l’évolution de l’espèce vers quelque chose de plus... terre à terre. Aussi, ses leçon sur l’utilisation et l’utilité d’un pansement ne me font ni chaud, ni froid. C’est pas le but. En tartinant son genou de rouge à haute dose, je ne tente pas de désinfecter une plaie que je sais déjà refermée et presque cicatrisée, pas plus que je ne cherche à stopper une hémorragie imaginaire en recouvrant le tout d’un pansement Winnie l’Ourson. Mon but est moins avouable que ça. Mon but c’est de la priver de sa féminité en lui imposant le pack complet de l’enfant de six ans trois quart, afin qu’elle s’en souvienne et qu’elle tente de faire un peu plus attention la prochaine fois. Sa maladresse est somme toute attendrissante et séduisante par bien des côtés, mais à force de tomber et/ou de se cogner, je ne compte plus les ecchymoses parsemant sa jolie peau. Si j’avais voulu me taper la schtroumpfette, j’aurais été faire mon marché dans un Comic Con quelconque. Un Comic Con où j’aurais très bien tomber sur Nora vu ses suggestions de décoration de pansement. J’avoue que j’en avais presque oublié le secret avec lequel elle était entrée dans le nid. Et à cet instant, je me demande à quel point je suis dans la merde en étant tombé sous le charme d’une Geek. Est-elle réellement Geek, au moins ? Ou bien est-ce juste une lubie pour une marque en particulier qui lui serait passé depuis ? Vais-je devoir me connecter et m’entretenir avec son elfette de sang chaque fois qu’on devra discuter courses, factures ou autre ? Non, parce que j’estime que ce sont des choses que je devrais savoir maintenant, plutôt que de les découvrir plus tard, trop tard, et ne pas avoir le temps de me préparer psychologiquement. Finalement, est-ce que je la connais réellement ? Le concept du nid est particulier, coupé de tout, de tous, et de toute forme de technologie, on côtoie une version altérée, modifiée des autres et même de soi. Est-il possible que la Nora de l’extérieur recouvrant sa liberté et ses habitudes me soit étrangère au point de moins me plaire, de ne plus me plaire ? Mais alors même que je me pose cette question, Nora se lance dans un diagnostic précis lié à la simple évocation, la mienne, d’un éventuel problème de l’oreille interne. Alors, elle se met à me débiter une suite de symptômes qui me force à rouler des yeux dans leur orbites en soupirant, le tout agrémenté d’un sourire qui étire le coin de mes lèvres. Oui, non, aucun risque en fait, Nora restera Nora avec ou sans nid. « Oui, donc en gros, tu souffres de la maladie de Ménière. » je rétorque comme s’il n’y avait rien de plus normal. « Hum... C’est bon à savoir. » je poursuis après avoir fais mine d’y réfléchir un instant, et juste avant d’aller réquisitionner ses lèvres. J’attise plus que je n’apaise, ce qui la met au supplice et l’oblige à quémander plus. Un plus que je lui offre volontiers dans un léger baiser, rien de plus, rien de moins, le soleil n’étant pas encore couché. Et c’est là, contre ses lèvres, dans leur périphérie, que je formule mes premières excuses pour le bordel que j’ai foutu, le bordel qui a causé sa chute, à n’en pas douter. Elle balaye mes excuses, prétextant qu’elle aime me voir prendre possession de l’espace. Un commentaire qui me force à me détacher légèrement afin de laisser mes yeux parcourir l’espace du champ de bataille, inspectant les bassines retournées, le sol rendu glissant, les clichés à semi développés gisant sur le carrelage, certains froissés, d’autres déchirés... Adieu notre belle salle de bain immaculée. C’est plus prendre possession des lieux, c’est carrément les saccager pour que plus personne, à part moi, n’en veuille. Un peu à l’image de Nora et de son genou rouge estampillé Winnie l’Ourson. Quoique non... même comme ça, n’importe qui voudrait d’elle. Elle m’informe qu’elle va m’aider à ranger mais à la seule et unique condition que je la porte. Pardon ? « C’est sûr que ça va être super pratique pour moi, de ranger avec toi dans les bras, et pour toi, de ranger, avec moi autour de toi. Tu m’expliques le concept ? » je demande, malgré tout en m’affairant, glissant mes bras sous son corps avant de la ramener à moi et me lever dans un seul et même mouvement. Il est clair que je ne vais pas pouvoir ramasser mon bordel dans ses conditions, ni elle non plus d’ailleurs, puisqu’elle se situe à près d’un mètre quatre-vingt du sol. J’imagine, alors, qu’il va falloir que je me débarrasse de ma charge sur le lit, ou le canapé, et prends la direction des pièces en question, traversant d’abord la chambre avant de décider de rejoindre le salon où l’écran plat nous balance des clips sans le son. Je suis entrain d’aviser le sofa jonché de vêtements en boule et autres matériel photo, lorsque ma charge se met à chuchoter mon prénom. Toujours le même, le premier du nom, Lior, celui qu’elle a à la bouche depuis plusieurs minutes, depuis... Je réalise alors qu’elle m’appelle ainsi depuis les images retransmises à la télévision, et tandis que je suis de lui répondre et de l’encourager à poser sa question, je m’interromps, prenant conscience de la future nature de celle-ci. Si l’emploi de mon prénom est lié aux images, alors il y a fort à parier que la question aussi, qu’elle aura à voir avec ma vie passée, et... J’suis pas sûr d’avoir envie d’en parler, j’suis pas sûr d’être prêt à en parler. A vrai dire, je n’en ai jamais parlé. J’avais l’excuse de devoir le cacher, et Yonati, déjà au courant, n’avait pas besoin de moi pour s’en rappeler et chercher, elle aussi, à l’étouffer. Alors est-ce que je peux ou ne veux en parler ? J’ai pas vraiment le temps de réellement réfléchir à la question que la sienne tombe déjà, concernant Maha. Je bloque une fraction de seconde, m’interrogeant sur le comment et le pourquoi elle connait ce prénom, puis je me souviens que parlé à voix haute tout à l’heure, et que cette information ne peut pas rester sans explication. Alors je soupire doucement, dégageant un bout de canapé à l’aide de mon pied. Je ferme les paupières un instant, me raisonnant intérieurement, me sermonnant. « Ma soeur. » je lâche finalement d’une voix atone, en la déposant sur le sofa dégagé, avant d’entreprendre de ramasser tout ce qui a été mis de côté par mon pied, m’en surchargeant les bras avant de disparaitre en direction de la chambre. Et frénétiquement, je m’emploie à tout plier, tout entasser sur le lit, d’un seul côté. Je crois que je n’ai jamais été aussi performant en si peu de temps. Evidemment, j’ai conscience d’avoir clairement opté pour la fuite, comme toujours, et que cette dernière ne me mènera nulle part si ce n’est au pied du mur, avec l’obligation de lui parler de tout, tout d’un coup, parce que... je peux pas envisager quoique ce soit avec elle sans qu’elle ne sache rien de moi, c’est pas possible, ça ne peut pas marcher comme ça. Je le sais, j’en ai conscience, putain, mais... C’est dur, c’est tellement dur de desceller les lèvres après des années de silence. Swann n’avait pas besoin que je lui explique, ni que je lui dise, elle savait, elle sait déjà. C’est injuste de les comparer sur ça, c’est injuste de les comparer tout court, mais c’est juste que je ne connais rien à ça non plus, se raconter à l’autre, s’ouvrir et tout vomir. Pourtant elle a besoin de savoir, et je comprends ce besoin, je crois qu’elle ne savait même pas que j’avais une soeur, je crois qu’elle ne sait définitivement rien de moi. Il faut que je parle, il faut que j’y parvienne, au moins un peu, juste un peu. À moins que quelqu’un d’autre le fasse à ma place ? Cette idée lumineuse est née de mon regard se posant sur Mac toujours allumé sur le lit. Alors je m’étire jusqu’à lui, le ramasse, et le ramène à moi. En me retournant, l’image de Nora s’impose à moi. Depuis combien de temps est-elle là ? Ça n’a aucune importance. Elle n’est pas idiote, elle aura compris, elle en aura souffert aussi. « Je peux pas en parler, j’y arrive pas. Ça fait mal, et tu comprendrais pas... » je tente de me justifier, trouant le silence pour la première fois depuis un moment, avant de traverser la pièce jusqu’à elle, l’attrapant par la main en continuant sur ma lancée jusqu’au salon. « Moi j’peux pas, mais j’sais qui pourra... » je l’informe en l’entrainant jusqu’au divan où je l’avais abandonné, m’y installant, et l’attirant à mon côté. Alors je lâche sa main, et force à coup de mot de passe, l’ordinateur à quitter sa veille, l’écran se rallumant sur ma recherche d’appartement lancée plus tôt. Je ne ferme pas l’onglet, mais en ouvre un nouveau très rapidement. Il me suffit alors de taper “Ismaël Haniyeh” dans la barre de recherche Google pour trouver la page [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui lui est consacré. Je l’ouvre avant de faire glisser le PC de mes genoux aux cuisses de Nora. « Lis... Lis et peut être qu’après ça, tu comprendras... un peu... » Du moins, ça l’aidera. Elle obtiendra une image plus nette de mon enfance, de mon adolescence, de mon endoctrinement, de ma fuite. Sans ça, les gens ne peuvent pas comprendre... Ils n’imaginent même pas. En attendant, je me lève, la laissant seule face à l’écran. J’ai pas envie de lire ses émotions sur son visage, je veux pas voir ses réactions, je ne veux pas supporter ses regards trainant sur moi. Alors je lui tourne le dos, restant dans la même pièce qu’elle, mais m’occupant les mains et l’esprit. Surtout l’esprit...
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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:07

Je me retrouve à hocher frénétiquement la tête avec un sourire aux lèvres lorsqu’il m’annonce la maladie dont je suis, éventuellement, en mesure d’être atteinte désormais, suite à cette agression de mon oreille interne. L’air détaché qu’il arbore m’arrache un rire. Puis, nos lèvres se rencontrent par deux fois, une pression plus longue mais guère satisfaisante. Mais, je m’en contente et le gratifie d’un nouveau sourire lorsqu’il s’éloigne sensiblement. Son regard balaie la salle de bain saccagée, souillée. Est-il entrain d’estimer les dégâts ? Ou alors, le temps qu’il faudra pour tout remettre en ordre ? Sauver ce qui doit l’être, autrement dit rien, et se débarrasser du reste ? « Je rangerai, promis » je lui assure ensuite. Néanmoins, pas de tout de suite, l’autre côté nous attend. Parce que l’autre côté se doit aussi d’être rangé et surtout on sera content de pouvoir s‘y vautrer une fois la première corvée terminée. J’en arrive à poser mes conditions, une seule l’unique, qu’il trouve bon de commenter. Je roule des yeux en lâchant un soupir. Ce n’est qu’un malentendu mon grand, un léger court-circuit dans notre connexion. « C’était seulement pour le long trajet, la longue traversée d’ici à là-bas » je lui explique en prenant une mine patiente. C’est-à-dire que vu les ravages, et l’eau non absorbée, je ne préfère pas réessayer. Réessayer de marcher, traverser, et manquer de glisser, chuter, embrasser le sol. Je ne fais plus confiance à mon équilibre, mes jambes, surtout pas post-trauma. Je leur laisse le temps de récupérer. Et, faire preuve de fainéantise en plus de me montrer quelque peu capricieuse. Loxias accède tout de même à ma demande, je souris, avant d’aller déposer mes lèvres sur sa joue en guise de remerciement. Puis, en réintégrant la pièce d’à côté, une question traverse mon esprit, tourne dans mon cerveau, avant de passer les barrières que représentent mes lèvres. Le cheminement de mon esprit à ma bouche est rapide, le sien plus lent. Le sien qui doit former la réponse plus hésitant. Dès lors, je ne fais plus attention à rien. Toute mon attention lui est octroyée, et mes prunelles n’observent plus que ses traits. Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres, j’interprète. Ses paupières closes quelques secondes, j’interprète. Patiente et attentive j’attends parce que j’essaie d’imaginer la difficulté que ce doit être. Et, mes doigts se font caressant contre sa peau, sa nuque. Doucement, tendrement. Puis, sa réponse tombe en même temps que mon corps trouve le canapé. Sa sœur… je ne savais pas… après tout, je n’ai jamais demandé. Il n’en reste pas moins que ça fait… bizarre. A quel point je ne le connais pas ? A quel profondeur s’étend mon ignorance ? Je contrôle mes traits et mon étonnement. Silencieuse, je l’observe s’affairer en tâches inutiles, futiles, pour s’occuper, éviter de penser, pour éviter de me regarder ? J’en sais trop rien. Mais, je ne connais que trop bien cette attitude d‘éviction, cette façon de se défiler pour l’utiliser quand la situation me déplait. Et, la seconde d’après, il disparait. Je reste quelques infimes instants sur le canapé, réfléchissant à comment l’aborder. Lui, pas ce sujet. Parce que je ne veux pas me faire envahissante, intrusive, parce que je n’arrive pas décrypter le fond de sa pensée pour adopter le meilleur comportement pour ne pas le brusquer, pour ne pas le contrarier… Parce que je n’arrive pas à savoir s’il souhaite que je lui foute la paix pour le moment ou pas… D’autant que sa façon de lâcher ces deux mots en dit long sur l’envie qu’il a d’en parler, ou développer sur le sujet. Je ne saurais rien de plus j‘ai l‘impression... Cependant, je ne peux me résigner à le laisser seul avec ses pensées, avec les souvenirs de son passé que j’ai fait tanguer. C’est plus fort que moi, alors, automatiquement, je me lève, je me mets en équilibre sur mes pieds, et le suit jusque dans la chambre où il s’attèle à plier, ordonner, amasser, ranger. Adossée contre le mur, je l’observe, et j’essaie de lutter contre ce sentiment qui m’envahit. Ce sentiment qui se rit de moi. Ce sentiment qui me rappelle que je ne sais rien de lui. Ou très peu, vraiment très peu. Alors que paradoxalement, j’ai l’impression qu’il sait tout de moi. Quasiment. Depuis longtemps qui plus est. Depuis ce jour, dans cette salle de musique, où je lui ai fais une esquisse révélatrice à partir d’une simple question: Qui est Nora. Ce jour là, je me souviens avoir évoqué famille, vie, passé. Je me suis confiée, je me suis ouverte à lui… et lui ? Jusqu’à récemment je ne connaissais même pas son réel prénom… Je soupire discrètement baissant les yeux vers le sol jusqu’à ce que sa voix s’élève… Aussitôt, mes prunelles accrochent les siennes. Je veux bien me contenter et accepter le fait que ca te fasse mal d’en parler, de ressasser tout ça, mais… ne pas comprendre ? J’ai pas l’impression d’être si attardée que ça tu vois. Avec des explications pour ne comprendrais-je pas ? Parce que je suis née de l’autre côté ? Parce que j’ai grandi du côté où notre seul gros problème est de savoir ce que l’on va manger à midi ? De savoir si on aura nos cadeaux à Noël, et lesquels ? Parce que je n’ai rien connu d’aussi violent et tragique ? Parce que la guerre m’est totalement inconnue ? Parce que je n’ai jamais vécu dans la peur ou l’angoisse de mourir à tout instant ? De voir un proche mourir dans la minute ? Parce que pour le comprendre, il aurait fallu le vivre, n’est-ce pas… Si c’est ça, alors oui c’est injuste. Injuste de ne pas me laisser une chance. Je détourne le regard et me terre dans le silence. Silence qui se voit bien vite brisé d’une parole, ainsi que de sa main dans la mienne, me trainant sur ses talons jusqu’au salon. Installée à son côté sur le divan, mes prunelles tombent sur sa recherche d’appartement, j’ai un furtif coup d’œil en sa direction, et comme une envie de me fondre dans ses bras. Je secoue légèrement la tête pour me concentrer sur ce qu’il est entrain de taper dans la barre de recherche avant qu’il ne me cale l’ordinateur sur les cuisses. Loxias me demande de lire et j’hoche simplement la tête vers l’affirmative. Je replace une mèche derrière mon oreille, vrille mes prunelles sur l’écran et me mets à ma lecture. Rapidement, j’en viens à bout. Je me retrouve même à relire histoire de bien imprimer certaines informations, n’en rater aucune également. Je me recule, et me laisse tomber contre le dossier du canapé, pensive. Des informations j’en ai eu pour le coup, mais sur son père uniquement, son engagement politique, sa participation au mouvement de libération de la Palestine, le fameux Hamas, sa place de premier ministre par la suite. Les grands événements marquant la vie de cet homme là en somme… Et, il veut que sur la base de ces données là, j’en vienne à reconstituer son quotidien à lui, son enfance, son adolescence ? Je veux bien penser que le quotidien de son père ait impacté plus que de raison sur le sien mais et après ? J’ai beau avoir de l’imagination, elle trouve des limites. Puis, je reviens sur la page du moteur de recherche, mes doigts pianotent, je relance à recherche. Plusieurs pages défilent sous mes yeux, je ne sais pas trop ce que je cherche, mais je cherche, puis, au bout de quelques minutes, je finis par tomber sur quelque chose… « Tu as deux sœurs… » Ma voix s’élevant d’elle-même dans la pièce. Non, je n’accuse pas, je constate seulement. Aussi, d’un clique j’agrandis la photo et me penche sensiblement pour mieux distinguer. Une petite brune à la peau diaphane, environ sept-huit ans pas plus. La légende me saute également aux yeux et je ne retiens qu’un seul prénom: Sarah. Après plusieurs minutes, je finis par relever le visage, cherchant Loxias. Toujours dos à moi, à faire je ne sais quoi. Je laisse filer de nouvelles minutes avant de me remettre sur pied, m’approcher, occuper son côté. Ma main droite part accrocher son bras droit tandis que l’autre part s’emparer de ses doigts, les nouant aux miens. Ma joue repose contre son épaule quelques instants, le temps de trouver les mots pour exprimer ce que je ressens. « Je… » commence sans savoir comment enchainer. Malin. « Je ne veux pas te forcer à me raconter quoique ce soit… » j’enchaine, relevant les yeux vers son visage, ma respiration s‘affolant. « mais… je ne veux pas t’être étrangère. » Oui voilà, le point sensible. C’est-ce que je crains… « Je, je ne veux pas me sentir étrangère… parce que, parce que je ne suis pas comme toi… » Fils d’un homme politique important engagé dans un conflit armé dans lequel tu t’es vu enrôlé, et à cause duquel tu as fuis. « …parce que je ne suis pas comme Elle ou Elle, parce qu’on a pas grandi de la même manière, parce qu‘on a vécu deux existences aux antipodes l‘une de l‘autre… » je poursuis, mes doigts se resserrant inconsciemment autour de son bras, par moment. « Ne me mets pas à l’écart Loxias… » S’il te plait… Je termine, la gorge légèrement nouée, mon front retrouvant son épaule.

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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:08

Se raconter. D’ordinaire, les gens adorent ça, ça flatte le côté nombrilique et égocentrique de chacun, même le plus humble. Parce que personne ne se connait véritablement complètement soi-même, alors se raconter c’est aussi une façon de s’appréhender, une façon de se connaître un peu mieux. À chaque fois qu’on se raconte on se découvre un peu soi-même, on se rencontre. Moi pas. C’est par mes actes, mes actions que je me découvre, c’est en constatant ce que je suis capable de faire que je me surprends, et que j’apprends. Je ne sais pas parler de moi, j’en suis incapable, parce que moi, c’est avant tout un conditionnement, une vie, une enfance passé à avaler bêtement, à haïr passionnément, à détester aveuglément. Je ne sais probablement toujours pas qui je suis, mais je sais ce que je ne suis pas. Je sais ce que je ne suis plus, ce que je n’ai probablement jamais été. Mais comment lui dire ça ? Comment lui faire comprendre ce que moi-même je ne sais pas ? J’sais pas qui je suis, j’sais pas ce que je suis. J’sais même pas où je vais. Je sais juste que j’y vais avec elle, parce que j’ai abandonné trop de choses dans ma vie pour ne pas en souffrir des conséquences et m’arranger pour ne jamais recommencer. C’est peut être pour ça que je suis incapable de m’éloigner de Swann, que je suis sans cesse entrain de penser à Valentina, ou encore que j’ai toujours un bras autour de Nora. Quelque soit mes sentiments à leur égard, je les aime. Et tout ce que j’aime ne doit pas être éloigné. C’est peut être mal, c’est peut être totalement anormal, ou exagéré, ce n’est pas quelque chose que je peux réfréner. C’est la vie qui m’a rendu ainsi, c’est ma vie qui m’a rendu ainsi. Et je suis incapable de l’expliquer, tout simplement parce que je ne sais pas en parler. Parler ça fait mal, parler ça réveille ce qui ne devrait pas l’être. Parler ça me rappelle tout ce que j’ai laissé de côté, ce que j’ai abandonné, mais pas oublié. Je n’oublie jamais, ça me suit partout, tout le temps. En parler ne fait qu’extérioriser ma douleur, la rendre réelle, palpable, visible aux yeux de l’autre. Et si l’autre la voit, si l’autre la cautionne, alors elle reviendra vers moi décuplée, démultipliée. Comment suis-je censé gérer ça quand j’ai du mal, déjà, à me confronter à sa version initiale ? Je sais pas faire, je ne suis même pas certain, d’un jour, être apte à le faire. Est-ce que je manque de courage ? Peut être. Je sais juste qu’en niant les choses, en les enterrant sous le sable, en fermant les yeux et en me bouchant les oreilles, c’est un peu moins douloureux à vivre au quotidien. Alors je remets toujours au lendemain, et ça se transforme en semaines, mois, années. Finalement, ça va faire sept années que je n’en ai pas parlé. Jamais. Pas un seul mot. Pas un seul. Et là encore, je ne parlerais pas. C’est pas moi qui vais lui expliquer, c’est Wikipédia, ou n’importe quel autre site dissertant sur mon père et ma famille. J’ai laissé l’ordinateur sur ses cuisses, et je suis allé m’affairer ailleurs, m’occuper ailleurs. Je n’ai pas quitter la pièce parce que je ne veux pas qu’elle croit que je désapprouve ce qu’elle est entrain de faire, c’est juste que... je ne veux pas lire la pitié dans son regard, je ne veux pas être témoins visuel de cette nouvelle image qu’elle aura, à présent, de moi, encore moins la voir se former, prendre vie sur ses rétines. Alors je m’esquive, j’enterre la tête sous le sable, comme d’habitude, comme j’ai toujours si bien fait. Fermer les yeux pour pouvoir prétendre que ça n’existe pas, que ça n’a jamais existé. Et le silence me tue. Un silence qui me permet de l’imaginer concentrée sur l’écran, toute à sa lecture. J’ai même une vague idée des images se formant dans son esprit. Des images que je connais par coeur pour les avoir vu, les avoir vécu. Alors je les chasse en ramassant le linge un peu partout, et en retournant à la table pour les plier consciencieusement. Et puis j’entends ses ongles cliqueter sur les touches, et je comprends qu’elle creuse plus profond, qu’elle cherche encore d’autres informations. Je ferme les yeux un instant, puis tente de couvrir le son de mon talon martelant frénétiquement le parquet de la pièce. C’est la nervosité qui m’assiège. Son jugement, sa prise de connaissance, de conscience... Autant de réactions possibles que j’en viens à redouter. N’était-ce pas mieux avant, sans ces bribes de passé venant interférer avec notre relation actuelle ? N’avons déjà nous pas assez de choses à gérer pour ne pas nous ajouter un facteur supplémentaire ? Mon pliage s’interrompt lorsque sa voix rompt le silence. J’ai deux soeurs, affirme-t-elle. Ce n’est pas une question, c’est un simple constat n’attendant, n’espérant aucune réponse de ma part. Alors je me contente de clore, à nouveau, mes paupières tandis que le prénom “Sarah” s’imprime sur la face intérieure de mon front. Un prénom, énième provocation envers Israël. Il l’a appelé Sarah, orthographié Sarah, “princesse” en hébreux. Les musulmans aussi ont des Sarah, mais nous l’orthographions Sarra ou Sara, jamais Sarah considéré pendant longtemps comme un prénom exclusivement juif. Après tout, Sarah n’était-elle pas la mère de tout le peuple d’Israël ? Mon père, par ce geste, montre, une fois de plus, sa volonté de tout retirer aux juifs, jusqu’à son prénom le plus précieux. Et ma soeur, Sarah, comme son prénom l’indique, est devenue la princesse de mon père, l’emblème d’un combat. Tout à ma réflexion, je n’ai pas entendu Nora se lever, ni même approcher. Ce n’est qu’en sentant sa main sur mon bras, que je retourne à la réalité, la vraie, celle qui se joue en cet instant même. En faisant glisser son autre main jusqu’à mes doigts, elle m’oblige à cesser toute activité, et bientôt nous nous retrouvons debout, immobile au milieu de cette pièce, elle reposant sur moi, et moi reposant sur rien. Et puis, le premier mot fuse. Un seul mot. Un sujet. Le sien. Elle hésite et puis reprends, exprimant sa tolérance à mon égard, sa compréhension vis-à-vis de mon silence, mais... n’hésitant pas à m’exprimer son propre besoin de connaissance, à mon propos, son besoin de savoir pour m’appréhender dans mon ensemble, pour partager ce que je suis, et le poids de ce que je serais toujours, se comparant à Yonati et se sentant inférieure car différente, mais elle n’a pas compris... Elle n’a pas compris. « Tu n’es pas aux antipodes de moi, Nora... Yonati est aux antipodes de moi. Si j’étais une thèse, elle serait mon antithèse. On a grandit de manière totalement différente, elle dans la peur de moi, moi dans la haine d’elle. Elle a été surprotégée là où j’ai été surexposé. Elle est une enfant qu’on a refusé de laisser grandir, je suis un adulte qui n’a jamais eu d’enfance. Alors non, non je ne te compare pas à elle dans la mesure où je ne la compare pas à moi non plus... Le seul avantage qu’elle a sur toi, c’est qu’elle est née, comme moi, au milieu d’un combat dont elle est partie prenante. Tu ne sauras jamais ce qui s’est passé là-bas, tu ne le comprendras jamais, simplement parce que je ne veux pas. Je ne veux pas avoir à te raconter ça, ni à te faire comprendre quoique ce soit. Ton enfance, ton éducation ne te le permettent pas, et crois-moi, je préfère ça. Je veux nous laisser en dehors de ça, Nora, toi et moi, autant que possible. Je ne cherche pas à te maintenir à l’écart, c’est juste que... » je débite d’un trait, sans la regarder, les yeux braqués devant moi, fixant un point invisible que je ne vois même pas. « ... Je ne pourrais jamais retourner là-bas, je ne pourrais jamais revoir qui que ce soit. Alors bien sûr que ça me manque, c’est évident, mais ça ne change rien, j’ai tiré un trait sur cette vie là, je l’ai effacé et cette vie m’a renié. » Renié mais pas oublié, évidemment. Parce que je suis toujours le fils du personnage le plus important du Hamas, parce que j’ai beau avoir été maintenu dans l’ombre après mon départ, je viens de faire explosé mon anonymat. En me protégeant du Hamas, je viens de m’offrir en pâture à ses opposants. Même si je pense n’être pas la cible privilégiée, je reste une cible éventuelle, je ne dois pas l’oublier, je ne peux pas l’oublier. « Tu sais qui était Sarah, Nora ? Il s’agit de la première épouse d’Abraham, le père de toutes les religions. Chez nous, on l’appelle Ibrahim, c’est l’un des prophètes les plus importants de l’Islam. Il a eu deux fils. Ismaël et Isaac. Le premier avec une servante, Hajar, le dernier avec son épouse, Sarah. Elle était stérile, mais la Bible, dans la Genèse, raconte que, déjà très âgée, trois anges lui apparurent pour lui annoncer qu’elle mettrait bientôt un fils au monde. Il est dit qu’elle aurait éclaté de rire, avant de donner naissance, neuf plus tard, à Isaac, le seul fils légitime d’Abraham. A sa naissance, Sarah demande à Ibrahim de chasser Ismaël, afin qu’Isaac n’ait pas a partager l’héritage avec son aîné. Ibrahim accepte de mauvaise grâce, et Ismaël et sa mère, commence alors une errance dans le désert jusqu’à La Mecque, où il contribuera à fonder l’Islam et deviendra le Père de tous les arabes. Tandis que, de son côté, Isaac deviendra celui du peuple juif. Il aura un fils, Jacob, considéré dans les livres saints comme le Israël. Ibrahim est donc le patriarche des arabes et des juifs, ce qui devrait nous rendre frères mais ne fait qu’attiser les haines, parce que le sacrifice du fils unique demandé par Allah à Ibrahim, ne peut être autre que celui de l’ainé, Ismaël, avant même la naissance d’Isaac, hors les juifs refusent de reconnaître Ismaël comme légitime, et continuent de prétendre que c’est le sacrifice d’Isaac, seul fils véritable, qui a été demandé par Dieu. Tu comprends ? Parce que Sarah à chassé Ismaël, elle est vénérée par les juifs, et dénigrée par les arabes... Alors que penser d’un palestinien nommant sa fille Sarah ? » Finalement, je me tourne vers elle, l’observant pour la première fois, ancrant mon regard au sien, affrontant le sien, ma main libre glissant jusqu’à ses reins qu’elle colonise. « Je n’ai pas connu ma soeur, ou très peu. Elle n’avait pas encore un an lorsque je suis parti, mais... J’ai pas besoin d’être là-bas pour savoir qu’il a fait d’elle son nouvel emblème, son étendard, sa provocation vivante. Rien que le fait que tu puisses apprendre son existence sur internet, là où tu ne trouveras nulle trace de Maha, prouve qu’il la met en avant, qu’il l’utilise pour sa propagande de masse. Il s’en sert pour faire oublier ma trahison, il s’en sert pour effacer mon image... Parce qu’avant Sarah, Nora... c’était moi. » Tu comprends n’est-ce pas ? Tu comprends aussi la différence de propagande entre un garçon et une fille, tu comprends que si elle est sa princesse, j’étais son petit soldat ? Tu comprends que ceci n’est pas au prendre au figuré mais bien au sens propre ? Est-ce que c’est comme ça que tu veux m’imaginer en fermant les yeux, posant avec un fusil entre les mains à l’âge de neuf ans ? Moi j’veux pas que tu me vois comme ça. J’veux pas.
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after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: after the end, it's still the end ? 06 août 2012 after the end, it's still the end ? 06 août 2012 - Page 2 EmptyDim 21 Oct - 1:09

Toujours contre lui, mon front reposant contre son épaule, ma main dans la sienne, mes doigts autour des siens, ce simple contact qui me garde physiquement contre lui alors que mon esprit tente de procéder à l’inverse, creuser l’écart spirituel en comparaisons dérangeantes et oppressantes. Je soupire doucement, essayant d’évacuer l’amas d’émotion condensé, l’amas de sensation étriqué qui culminent dans mon cerveau. Je ne veux tellement pas lui être étrangère, je ne veux tellement pas qu’il me considère différente, qu‘il me pense dans l‘incapacité de saisir, que ca parvient à me ronger de l’intérieur. Alors pour pallier à tout cela je veux savoir. Une envie que je fais passer pour besoin irrépressible et nécessaire. Je demande la délivrance par le savoir. J’essaie d’éponger les reliquats en demandant la connaissance. Je veux résorber en demandant le levé du voile opaque. Peut être à tort, j’en sais rien. C’est peut être ridicule. Mais comment savoir sans savoir ? Comment faire pour diminuer ces craintes fomentées ? Ces peurs désormais avouées ? Moi, je ne vois que cela, que cette solution là… Mais s’il refuse… Mes doigts autour de son bras frémissent sensiblement. Est-ce que je le prendrais comme un rejet ? Est-ce que sa réponse, ses mots parviendront à panser, à rassurer, me rassurer ? Seront-ils assez puissants pour laisser de côté ce nouveau besoin que je ne saurais contrôler qu’avec peine ? Pour le réprimer voire le supprimer définitivement ? Je n’en ai aucune idée. Et, oui, en plus de comparer nos vies, nos passés, j’en viens forcément à me comparer avec une autre, cette autre. Une comparaison qui la place, elle, au dessus. Inévitablement. Elle que je ne suis pas, que je ne serais jamais et que je ne cherche pas à être. Mais, Elle tout de même. Sa voix s’élève. J’écoute terrée dans mon immobilisme, les yeux clos. Il m’explique, je ne bronche pas. J’intègre. Il en vient à me parler d’un avantage et d’une envie, la sienne, aux antipodes de la mienne. Parce que si moi je veux savoir, lui ne veut rien me dire. Si moi je veux comprendre, lui ne veut rien raconter. Inflexible. Cependant, je veux bien admettre ou essayer de saisir que mon éducation, ma vie de manière générale, ne me permettrait pas d’en assimiler ou concevoir le dixième. Mais, je n’ai pas essayé alors comment être sûr ? C’est un risque qu’il ne souhaite prendre ou ne serait-ce qu’envisager. Et moi, je dois accepter. Ca me compresse le palpitant sans que je ne puisse rien y faire. Nous laisser en dehors de tout ça, c’est une intention noble. Moi non plus je ne veux pas devenir ou être partie prenante. Seulement en quoi savoir me rendrait actrice de la chose ? Lui-même n’en est plus, alors même en faisant de tendancieuses assimilations, je n’en serais pas plus. Je me mords l’intérieur de la joue dans un reflexe nerveux et machinal, limite instinctif. Juste que quoi ? Ce n’est seulement là que je relève légèrement les prunelles vers lui. La suite ne m’explique pas les paroles précédentes, elle ne se contente que d’ajouter des faits que je suis en mesure de deviner. Cette suite fait également ressurgir la douleur, la souffrance. Sa douleur, sa souffrance qui se lit sur son visage, sur ses traits… J’en viendrais à culpabiliser. Parce que ce n’était pas mon but premier. Je ne voulais pas le faire ressasser tout cela… Et j’essaie de capter son regard, attirer son attention pour lui faire comprendre. Lui faire comprendre que je ne veux plus rien savoir, que je ne veux pas le faire souffrir plus, que je ne veux pas le voir souffrir plus en repensant à tout ça, alors c’est bon, que je me fiche de tout ça, que le passé n’est que passé et que l’important désormais est le présent, le nôtre et notre avenir. C’est tout, seulement ça. Le passé ne m’avancera à rien. Je n’insisterai pas, plus. Je suis tombée amoureuse de Loxias, non Lior, ta seconde naissance, et ce que je sais de Lior me suffit à présent. C’est suffisant pour appréhender, pour t’appréhender, pour te cerner un peu plus. S’il te plait regarde moi. Mes doigts noués aux siens se resserrent puis il reprend. Je suis prête à lui couper la parole lorsqu’il me demande qui était Sarah. Mes iris lui hurlent d’arrêter d’en parler, d’arrêter de se torturer, mais il poursuit. Mon pouce se met à caresser doucement le dos de sa main alors que je l’écoute attentivement. Je ne comprends pas immédiatement où il souhaite en venir en me faisant part de cela mais je conserve mes lèvres scellées l’une à l’autre. Une minute file, un tableau se dessine, le début d’un conflit s’ébauche… Alors oui, que penser d’un palestinien qui nomme sa fille Sarah malgré l’histoire qui régit celle de son peuple, celle du peuple belligérant, celle du conflit sanglant et permanant. Je contrôle mon expression bien que je serais presque choquée par tant de provocation, d’acharnement, par la signification et la portée donné à cet acte qui, pourtant originellement, est anodin. Je reste muette et stupéfaite jusqu’à ce que l’azur de ses prunelles affronte l’émeraude des miennes. J’accuse un léger mouvement de surprise sans rompre le contact visuel instauré. Ma main se détache de son bras pour aller entourer sa taille tandis que la sienne occupe le bas de mon dos. Loxias reprend la parole, il débite un long flot de paroles qui n’est pas sans le laisser indifférent ou atone. Si bien que je sens presque l’agitation dans ses veines, les palpitations de son cœur dans sa poitrine contre la mienne, la cadence de ses inspirations s’écourter, se rapprocher… et, je finis par poser l’index de ma main autour de son dos contre ses lèvres, l’intimant au silence. Je laisse filer une seconde silencieuse, peut être même une minute… simplement pour laisser les images dans mon esprit se disséminer, mes pensées se raccorder. Je ne me permets aucun commentaire, aucun jugement là-dessus. Cependant… « …je ne veux pas te faire la morale Loxias, mais toutes ces choses font parties de toi et les nier, ou adopter la politique de l’autruche, ne changera rien à tout cela. Ca ne les effacera pas, pas plus que ca ne les atténuera ou les lénifiera… Tu le sais n’est-ce pas ? Alors inévitablement, elles ressortiront un jour ou l’autre. Et, un jour ou l’autre ca reviendra, plus fort, ca explosera peut être… » je lui dis sur un ton que j’essaie de contrôler, sur un ton qui se veut calme et pas agressant. Parce que c’est pas mon intention. Je veux juste qu’il sache. Je veux juste m’assurer de ça. « …ce jour là, je serais là, tu le sais aussi. » j’ajoute, mes prunelles toujours plantées dans les siennes, déterminée, résignée parce que je ne le quitterais pas, jamais. Et qu’en plus j’en ai fais la promesse, ca tombe bien. « …mais, en attendant, si c’est ton choix alors je l’accepterai, évidemment » parce que je ne suis pas en mesure de d’imposer quoique ce soit, parce que si c’est comme ça que tu veux faire alors ainsi soit-il. Moi, je serais simplement là pour t’épauler si tu le veux…

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