you were a thief, you stole my heart~ 21.04

you were a thief, you stole my heart

Mes doigts effleurent sa douce peau. Lui, ma chair et mon sang. Je ne parviens toujours pas à le réaliser, mais ça y est: je suis maman. Dire que j'en avais toujours rêvé reviendrait à mentir, des enfants, je ne voulais même pas en entendre parler. Mais voila, Dieu en a décidé autrement et me voila aujourd'hui dans ce rôle que je pensais ne jamais pouvoir assumer, celui de mère. Et si j'ai mis du temps à me faire à cette idée de maternité, je suis désormais ce qu'on peut appeler une femme comblée. Je suis tombée enceinte à peine un mois après que Sami soit sorti du jeu. Personne ne savait alors qu'on avait recommencé à se fréquenter et personne ne savait non plus que Monsieur m'avait laissé un souvenir avant de s'envoler vers cet autre continent. Pas même moi, en fait. Je l'ai découvert bien plus tard, lorsque les symptômes ne pouvaient plus être confondus avec mes habitudes. J'ai toujours été irrégulière et provoqué des vomissements chez moi, comment aurais-je pu deviner que, cette fois, il en était tout autre ? Je me souviens avoir très mal vécu la situation. Sami, un peu moins, il me semble. Il avait déjà sa fille de cinq ans et était, contrairement à moi, plutôt calé niveau couches culottes et gémissements. D'ailleurs, s'il n'avait pas été d'un aussi bon soutien, mon fils, aujourd'hui, c'est à la DASS qu'on l'aurait retrouvé. Triste réalité, grossière erreur, mais le délai permis pour l'IVG était dépassé et je n'étais pas vraiment prête, du haut de mes vingt-deux ans, à endosser de telles responsabilités. Enfin, ça c'était avant que mon prince charmant ne débarque à Paris sur son cheval blanc. Il a réussi en quelques semaines à peine à nous dégoter un petit appartement sympa, moins étroit que celui que j'occupais déjà, et a tout de suite pris les choses en mains. De quoi me rassurer. Ma grossesse est restée secrète un moment, avant de finalement être annoncée à notre plus proche entourage. Ensemble, nous avons choisi de ne pas vendre notre histoire à la presse et j'ai pu de mon côté m'exercer dans ce rôle de maman avec celle qui est désormais devenu ma belle-fille. J'ai eu beaucoup de mal à accepter cette dernière dans ma vie. Et elle peut en dire autant de moi. Il faut dire que du jour au lendemain, chacune a pris une place importante dans la vie de l'autre. Peut-être un peu trop importante, d'ailleurs. Je me souviens en avoir voulu à Sami, pendant un moment. Le pauvre, quand j'y repense.. j'ai vraiment été affreuse pendant ma grossesse. A sa place, je me serai larguée.

Ses paupières se closent doucement et je me décide enfin à la poser dans son berceau. J'ai cette fâcheuse habitude, chaque fois que je croise son regard, de le prendre dans mes bras. Au début, c'était cool, on était à l'hôpital et j'avais rien d'autre à foutre que de le câliner. Mais maintenant que je suis revenue à l'appart, c'est un peu plus emmerdant. Je ne peux rien foutre sans qu'il se mette à pleurer pour que je le prenne contre moi. Oui, sérieusement, les enfants c'est chiant. Faites des gosses, faites des gosses, et puis quoi encore ? Promis, après celui-là, j'arrête. D'ailleurs, et l'accouchement.. On en parle de l'accouchement ? La porte claque et mes yeux s'écarquillent. Non ! Pas alors qu'il venait juste de tomber dans les bras de Morphée. Une, deux, trois secondes de suspense et... Et merde. « SA-MI ! » J'ai limite envie de chialer avec mon gosse tellement je suis remontée. Non, sérieux, mon fils je l'aime, mais bordel, plus casse-cou que lui, il n'y a pas. Quoi que, si y a son père.

NEVER GONNA GIVE YOU UP ft/elise

Être un père. Disons que je n'avais pas prévu de l'être une deuxième fois. Après ma sortie du célèbre jeu de télé-réalité franco-irlandais, je n'aurais pu prédire comment le vent allait tourner pour moi. Avoir été enfermé dans un domaine si restreint pendant deux longs mois sans voir personne était une expérience vraiment, comment dire ? Désagréable. Quand je suis sorti de ce jeu, j'avais l'impression d'avoir perdu tous mes repères. Je suis retourné dans mon pays natal, les States. J'ai retrouvé ma fille et ma putain d'erreur d'ex-femme. J'ai retrouvé mon entreprise aussi, celle que mon père m'avait légué. Mais je n'avais plus le goût de rien. Avec la notoriété que j'avais acquis grâce à l'émission télévisée, la mère de Lily ne m'autorisait plus à la voir, disant que cela aurait une mauvaise influence sur la vie de Lily d'être photographiée si elle sortait en rue avec son papa. J'ai laissé passé pendant un temps et je suis retourné voir Elise, par surprise, à Paris. Elise. La rencontre que j'attendais depuis longtemps, mon brin d'air frais. Je n'aurais jamais pensé rencontrer une telle personne dans un jeu comme celui-là. Mais visiblement le hasard fait bien les choses. On s'est revu, plusieurs fois. Les choses ont bien marché et puis je suis retourné quelques semaines aux States, faire le point sur ma vie, sur ce que j'allais faire. Sans savoir qu'avec Elise, nous avions donné naissance, dans son ventre, à un petit machin. Grâce à la visibilité que m'avait offerte ma participation à l'émission, une collecte de fonds avait été ouverte pour chercher un traitement à la maladie de Lily dès la fin du jeu. C'était un cadeau de mes fans, de mes proches, créé depuis ma sortie du jeu mais dont je n'avais jamais eu vent, ils me l'avaient intentionnellement caché pour ne pas me donner de quoi m'inquiéter. J'ai été prévenu de l'existence de ce fonds lorsque les fonds permettaient à des chercheurs d'avancer dans la procédure. Par miracle, ma Lily est aujourd'hui tirée d'affaires. Certes, il reste une longue liste de contrôles à faire tous les mois, mais elle est aujourd'hui une petite fille comme les autres, et j'en suis très fier. Sachant mon ex-femme intéressée par tout ce qui avait l'odeur de l'argent, je lui ai fait une offre en or pour qu'elle me laisse enfin m'occuper de ma fille. Je sais, c'est dégueulasse. Mais c'était le sel moyen qu'elle me laisse voir Lily. Puis, elle m'était redevable, grandement redevable d'avoir tout mis en oeuvre pour trouver le remède à la maladie de Lily. C'est donc ainsi que avec ma petite poupée maintenant âgée de presque six ans, je suis parti retrouver Elise à Paris, m'ayant appris la bonne et heureuse nouvelle. Enfin, bonne et heureuse nouvelle.. Tout dépend à qui vous demander. Disons qu'Elise n'a jamais vraiment été calme plus d'une demi-heure depuis l'annonce de sa grossesse jusqu'à l'accouchement. Ayant laissé derrière moi mon entreprise en Ohio, j'avais tout mon temps pour chouchouter mes trois amours. Le plus drôle était surtout de voir que celle qui avait le plus besoin d'être chouchoutée et réconfortée était Elise. Tout était nouveau pour elle alors il était normal qu'elle soit nerveuse. Moi, j'avais l'habitude des boîtes à caca, comme je les appelle si affectueusement, ces bébés. Même si tout n'est pas toujours rose dans notre nouveau petit chez nous, on fait avec. Et puis Matthis est maintenant là pour toujours nous donner le sourire, avec ses gaffes et ses beaux petits yeux globuleux.
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Huit heures du mat. Les embouteillages à Paris. J'adore ça. Non, sans déconner, je jure à chaque chauffard qui manoeuvre sa bagnole comme un trou du cul. Mais je me retiens de jurer en gueulant, c'est mieux que Lily n'entende pas ça. Là je la conduis à l'école voyez-vous. Vivement qu'elle ait l'âge d'y aller en train ou en bus ou en métro ou que sais-je, histoire de m'éviter tous ces bouchons. Oui je suis un père remarquable, je sais. Une fois le dernier bisou déposé sur sa joue, elle file à l'école et je reviens à la maison retrouver mes deux autres amours. N'imaginant pas une seule seconde que le petit soit endormi, je ne fais pas dans la délicatesse en ouvrant et en fermant la porte d'entrée. Oups, petit sourire gêné. J'ai droit à une engueulade digne d'Elise la furie. Matthis se met à pleurnicher. Je me dirige vers le berceau et le prend dans mes bras et sentant ma présence et mon odeur, il se calme peu à peu, se nichant dans mon cou. Ce que j'adore cette sensation, d'avoir un petit être se blotissant ainsi avec plein d'amour dans votre cou. J'embrasse Elise en faisant attention de ne pas secouer le petit et la regarde avec un regard plein d'amour. « La prochaine fois, mets un panneau qui dit 'chut bébé dort' sur la porte » je lui dis, le sourire aux lèvres pour la taquiner alors qu'elle risque très fort de le prendre au premier degré, quand elle est dans cette humeur-là. Je dépose un baiser sur la tête du petit loup avant de le reposer, endormi, dans son berceau. Ma main va alors à la rencontre de celle de ma maman préférée et nous nous dirigeons vers la cuisine, fermant la porte de la chambre du petit. Vous savez quoi ? Bizarrement, je ne me suis jamais senti aussi bien.

Après mon bref passage à la télévision, j'ai vu ma vie changer du tout au tout. Pour commencer, j'ai dû arrêter le cabaret, ma grande passion. On ne me prenait plus au sérieux et je n'étais, alors, plus reconnu que pour être la pleurnicharde de service. Sans oublier la réputation de catin que je me suis faite toute seule. Non vraiment, un épisode tragique dans ma "paisible" vie. Aussi étonnant cela puisse-t-il.. ne pas paraître, j'ai très mal digéré les critiques. Les moqueries, les insultes et les commérages à gogo m'ont épuisée à tel point que j'ai préféré m'isoler quelques jours, le temps qu'on oublie complètement mon nom. Il ne m'aura d'ailleurs pas fallu attendre dix ans pour que cela arrive puisque d'autres ont par la suite bien plus fait parler d'eux que j'avais pu le faire de moi. Enfin, malheureuse erreur de ma part que de participer à une telle connerie. Le seul point positif que je tire de tout cela étant Sami, évidemment. Quoiqu'il en soit, depuis ma sortie, on ne m'a que très rarement vue dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Faut dire que les journalistes se sont vite lassés de moi et m'ont facilement jetée aux oubliettes. Chose qui était tout à mon avantage. Ainsi, depuis les choses ont changé dans ma vie. Envolée la gamine pleurnicheuse. Quoique.. Parfois j'ai l'impression de faire le concours de celui qui gémira le plus fort avec Lily et Matthis. C'est ridicule. Je suis ridicule. Mais une gentille maman, tout de même.

Alors que je viens tout juste d'endormir mon capricieux de fils, voila que Sami débarque de je ne sais où, tel un enfant sauvage. Bien sûr, monsieur ne fait pas les choses à moitié: son entrée est remarquable puisqu'il parvient, par la même occasion, à réveiller notre progéniture. Cette même progéniture que j'avais peiné à endormir. Franchement, je ne comprends pas. Il fait la taille d'une crotte, comment un tout petit être comme celui-ci parvient-t-il à me briser les tympans ? Bien évidemment, comme à mon habitude, je n'épargne pas le papa. En effet, je ne tarde pas à piquer ma petite crise habituelle. J'ai les nerfs à vif et limite envie de chialer aussi. J'ai à peine pu fermer l’œil cette nuit. Sami débarque dans la pièce et ne tarde pas à prendre son petit marmot dans les bras. C'est bien mignon tout ça, mais le mal est fait et je suis toujours remontée. Matthis retombe doucement dans les bras de Morphée. Son père, quant à lui, vient doucement m'embrasser. « La prochaine fois, mets un panneau qui dit 'chut bébé dort' sur la porte » Dire que j'étais prête à lui pardonner ! Je pointe le doigt vers lui, furax, puis me résigne au silence. « Tu fais chier. », je murmure. Je soupire puis le regarde embrasser son fils avant de le déposer dans son berceau. Il a de la chance d'avoir autant de sex-appeal, sans quoi je lui aurais fait passer un sale quart d'heure. Il attrape ma main et nous dirige vers la sortie de la chambre. Cette fois, il ferme délicatement la porte- comme quoi ce n'était pas si difficile !- puis nous avançons vers la cuisine. Ma main quitte subitement la sienne et mes yeux se posent sur le sol. Je le laisse quelques secondes dans l'incompréhension la plus totale avant de venir me blottir dans ses bras. Ma tête vient se nicher dans son cou. Je lui suis tellement reconnaissante d'être là.. Mais s'il savait à quel point je vais mal, aujourd'hui. Je suis comblée, certes, mais cette peur, la peur de ne pas être à la hauteur, me hante. « T'as vu comme je suis sexy ? », dis-je sur le ton de la plaisanterie. J'en rigole, mais en réalité, ce sujet me frustre au plus haut point. J'ai sans cesse besoin d'être réconfortée, de sentir ses mains sur mon corps, de l'entendre me dire que je suis belle, qu'il ne me quittera pas pour quelques kilos superflus ou une dégaine de ménagère de cinquante ans. J'ai vu tellement de reportages où des hommes trompaient leurs femmes pendant et après leur grossesse, que ça en est presque devenu une obsession avec moi.