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all the rowboats

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Otello
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MessageSujet: all the rowboats all the rowboats EmptyLun 25 Mar - 5:04

Rome, Italie

Avril 2013.


Dix-huit degrés. Violent. Lorsqu’on est habitué à suffoquer sous la chaleur, même la plus douce des températures européennes a de quoi faire frissonner et grincer des dents. C’est dans ces instants que je me félicite d’avoir tenu à rentrer à Rome en premier, et pas à Salistruc. Combien il fait en Angleterre ? Un ? Deux degrés ? Clairement pas assez pour le supporter. Autour de nous, les romains, les vrais, ceux qui ne viennent pas de passer trois mois à cuire sous le soleil brésilien, déambulent en chemisettes, RayBan sur le nez. J’attire les regards en frictionnant les bras d’une Ismay en gros pull et bonnet. Le bonnet c’est pour la coupe de cheveux, mais ça, ils ne le savent pas. Aéroport Leonardo Vinci. Rome. 10h44. Et seulement quelques malheureuses petites heures de sommeil entrecoupées de gamin hurlant et hôtesse de l’air bien trop attentionnée. Et dire qu’on a eu un jet privé à l’aller... Le titre de finaliste de Prima Luce ne nous aura pas éviter le vol commercial Rio-Rome. Et maintenant, comme des cons, on attend que le tapis veuille bien cracher nos bagages, pendant que quelques iPhone se brandissent pour immortaliser nos tronches pas bien éveillés. D’où les bonnets. Évitons, autant que possible, de nous retrouver figés pour la postérité avec des coupes façon champignon atomique. Après 963 tours complets de tapis à bagages et autant de photos volées, je repère enfin ma valise, suivie de celle d’Ismay, et m’empresse d’aller les récupérer. C’est maintenant que la vraie vie commence. Héler un taxi, ne pas se le faire faucher par un troupeau d’italiens élevés comme au far-west, faire comprendre au chauffeur -gentiment si possible- qu’on n’est pas un connard de touriste, donc qu’il a plutôt intérêt à nous éviter le tour du propriétaire avec découverte de la Rome Antique, et compteur avoisinant le PIB national, et lorsque c’est chose faite, se taper tout le trajet avec Eros Ramazzotti en bande-son, couverte par la voix de fumeur de gitane du chauffeur, et tenter d’expliquer à sa copine que, non, c’est pas toujours aussi cheap que ça, l’Italie. Lorsque le taxi se gare enfin, et après un échange fleuri en italien -c’est notre façon de se saluer à nous- j’observe la façade de l’immeuble tout en tirant les valises du coffre. Trois mois que je n’ai pas foutu les pieds ici. Et quand j’en suis parti, je ne m’imaginais pas vraiment, la ramener ici. C’est étrange, c’est... Je ne sais pas, c’est comme hors sujet. Elle, ici. A la fois improbable et fascinant. C’est mon chez moi, c’est mon antre, l’endroit que j’aime le plus au monde, le lieu où je me sens le plus chez moi. Mais il n’empêche que l’appartement comme le bâtiment, appartient à l’une de mes maîtresses. Ex-maîtresse. Je chasse ces pensées, et les deux bagages dans une main, je récupère celle d’Ismay de l’autre. « Viens. » L’ex-maîtresse finira bien par me virer, mais en attendant, c’est encore chez moi. Pour preuve, la bientôt septuagénaire qui jaillit du hall pour m’entourer des ses bras trop courts. « Sei qui ! Finalmente ! Ho guardato tutto il tempo sullo schermo ! Ho cambiato le lenzuola, ho ventilato l'appartamento, ho riempito il frigo ! E la vecchia cagna è venuto a vedere voi ! E 'andato tre volte la settimana scorsa. Gli ho detto che non hai ancora tornato a casa, ma lei voleva vedere per se stessa. No, ma che ci vuole ? Mi sei mancato, Dio, mi sei mancato ! » Se lamente-t-elle contre mon torse, la seule chose qu’elle parvient à atteindre du haut de son mètre cinquante-cinq. Et puis, elle se recule, me maintenant par les bras tout en m’observant de pied en cap, l’air mécontent. Elle va critiquer mon poids et accuser la Terre entière de m’avoir mal nourri. Mais au lieu de ça, elle repère, Ismay, et tout en l’attrapant dans ses bras, s’adresse à moi. « Questo è ! Dal momento che il tempo me lo aspetto ! Ismay ! Sono spinto a dire, guarda. Ismay ! Ismay ! Ismay ! Che bella ! Lei è così bella ! Lei ha sempre avuto molto buon gusto ! » me félicite-t-elle d’un clin d’oeil, avant de s’écarter d’Ismay pour l’observer. « Ma è troppo magra. Si mangia abbastanza. Hai capito ? » Elle demande, avant de répéter plus lentement. « Tu ... Voi ! Non mangiare. Mangiare. Miam Miam. Sufficienza. Non sufficenza ! Capito ? » Elle insiste lourdement, à grand renfort de gestes bien infantilisant. « Elle dit que tu ne manges pas assez. Basta, Mamma. è stanca, sono stanca. Possiamo parlare più tardi ? » Elle me jette un regard noir qui s’adoucit très rapidement, comme toujours. « Si. Sul tardi, Bambino. Dio, mi sei mancato ! » Concède-t-elle en glissant les clefs dans ma main, avant de me pincer la joue en claquant la langue de désapprobation. Je ne lui laisse pas le temps de poursuivre, parce qu’elle poursuivra forcément, et j’entraine Ismay vers les escaliers. Le cerveau en friche, les neurones assommés par Mamma, je grimpe les deux étages machinalement, juste en savourant le grincement familier sous chacun de nos pas. L’escalier continue encore sur plusieurs étages, mais je m’arrête à celui-ci, faisant jouer le trousseau entre mes doigts à la recherche de la bonne clef. Il n’y a que deux portes à cet étage, et les deux sont à moi. Enfin, “à moi”... À ma propriétaire plutôt, qui m’a octroyé un étage complet. J’ouvre la lourde et ancienne porte, pour découvrir une pièce gorgée de lumière. Mamma n’a pas mentit, elle ne s’est pas seulement contentée d’aérer, elle a fait le ménage aussi, ouvert les volets et agrémenté la table de la salle à manger d’un bouquet de fleurs. L’appartement n’a rien d’ostentatoire, il ne doit pas dépasser les cent mètres carrés, mais dans le quartier, rien que le fait d’y loger représente un signe extérieur de richesse. Le parquet lustré et les fresques effacées par le temps au plafond, démontre le caractère ancien et historique de l’intégralité du bâtiment. J’habite dans un ancien palais reconvertit en vastes appartements par une grande famille romaine. Un grand salon-salle à manger faisant office d’entrée, une vaste cuisine sur la droite, tandis que sur la gauche, accessible par un spacieux couloir, on trouve la salle de bain, la bibliothèque, mon dressing et deux chambres. « Bienvenue chez moi. » dis-je, finalement, en déposant les deux valises contre le piano à queue près des cinq autres, envoyées par la Production et très certainement réceptionnées par Mamma. Sur la table du salon, mes paquets cadeaux encore intacts qui me rappellent que, la dernière fois que je me suis tenu ici, nous étions le 25 décembre 2012.
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MessageSujet: Re: all the rowboats all the rowboats EmptySam 30 Mar - 1:33

Encore un avion. Et un avion plein de gens bavardant, ronflant, riant, soupirant, déambulant. Dormir. Dormir. Serrer sa main et dormir. Lui dormait. Du moins, il dormait, la dernière fois qu'elle l'avait discrètement observé du coin de l’œil. Douze heures de vol qu'on comblait comme on pouvait. Et restés bloqués sur le fuseau horaire de Rio, c'était difficile de ne pas sombrer dans un sommeil trouble et peu reposant. Plus par anxiété que par réel manque de confort. Ce genre de vol, au prix que coutaient les billets, c'était le grand luxe. Mais il n'empêchait pas qu'ils étaient... en l'air. Survolant l'océan. Un immense océan qui nécessiterait des heures de navigation avant de tomber sur leur avion crashé en pleine mer. Elle s'efforçait de ne pas penser à ça, principalement en somnolant. Jamais complètement, jamais réellement. La tête en équilibre basculant si brusquement que ça la réveillait aussitôt. Ça, jusqu'à l’atterrissage. Elle avait déjà froid. Mais peut-être était-ce dû à sa mauvaise nuit. D'ici deux heures au maximum, sa curiosité l'emporterait sur son envie d'enfoncer son bonnet sur sa tête comme une cagoule pour se réchauffer le nez. Se faufilant derrière lui dans l'aéroport, son regard vagabondait ça et là, filant se poser sur tout et n'importe quoi, des cheveux, une valise, un banc, un guichet, un escalator, le plafond, le sol, une autre tête, un mur, encore une valise, ne le quittant toutefois jamais totalement. Il était son seul repère, ici en particulier, et il serait con de se perdre après seulement dix minutes sur le sol italien. Le sol italien. Italien. Le sol italien. C'était réellement étrange. Surréaliste. Elle allait avoir besoin d'au moins un jour pour s'y faire et se rendre vraiment compte. Même la partie nulle de l'aéroport la fascinait, le tapis à bagages, les gens, bougons, pressés, ennuyés, et les enfants surexcités qui attendaient patiemment leur valise. Les leurs tardèrent. Elle ne s'en agaça pas plus que ça, elle avait le temps. Peut-être pas lui, vu comme il fondit sur le tapis roulant pour agripper leurs deux sacs. L'accueillant d'un sourire, elle le suivit à nouveau jusqu'à l'étape taxi. Drôle de bolide. Ou plutôt, bolide très simple, en comparaison avec les taxis anglais, qui semblaient sortir tout droit d'un film des années vingt. Drôle de bonhomme aussi. Elle avait beau ne rien comprendre à ce qu'il disait, elle le gratifiait toutefois d'un sourire poli chaque fois qu'elle surprenait son regard dans le rétroviseur. Elle était trop absorbée par le paysage qui s'étendait derrière les fenêtres, de toute façon, paysage qui l'intéressait mille fois plus que le chauffeur du taxi. Quoi qu'au départ, ça se résumait au voisinage de tout aéroport : pas grand chose. Mais ils finiraient bien par arriver dans Rome, non ? Si si. Discutant un peu, observant beaucoup, baillant et frissonnant épisodiquement au bout d'un certain temps, elle sentit la voiture ralentir, dans ce qui ressemblait au très certainement centre-ville de la fameuse capitale. Congédiant enfin le chauffeur, sa présente fut bientôt remplacée par celle, plus attendrissante, d'une petite vieille courant dans leur direction. Toute la situation étant si improbable, qu'elle s'étonna à peine de la voir s'écraser contre sa poitrine, larmoyante et théâtrale. Fascinée, elle tenta de capter son discours en italien, l'observant avec curiosité, un mince sourire sur les lèvres, l'observant jusqu'à ce qu'elle se taise, se recule, braque le regard sur elle. Comme prise en faute, elle faillit faire un bond en arrière, mais la petite vieille l'en empêcha, fondant sur elle pour la serrer à son temps. Maladroitement, elle l'accueillit tant bien que mal, frustrée et agacée de ne saisir de ses paroles que ce qui était suffisamment ressemblant à ses notions de français de lycée. Bon, c'est déjà un rien plus clair la concernant, aussi elle lui renvoya son regard sincèrement curieux. Quoi ? Capito quoi ? Elle avait capito quoi ? Ok. Ok, problème de bouffe. Un truc comme ça. Miam miam. D'accord. D'accord, capito. En voulant s'empresser de lui répondre histoire qu'on évite l'épuisement ou la crise cardiaque à force de s'agiter ainsi, elle n'en eut pas le temps. Ne pas manger assez ? Ok, cet affront méritait bien un diner chez "Mamma" un de ces soirs. Elle semble se vexer par ses paroles, avant de sourire, de concéder finalement, de s'éloigner enfin. Ou plutôt, c'est eux qui s'éloignent. Ils étaient partis sans qu'elle ne s'en rende réellement compte, avançant à sa suite d'instinct. Des escaliers, encore des escaliers, un couloir, puis... Bienvenue chez lui. Dans un soucis de crédibilité, elle lâcha sa main et envoya son bras rejoindre l'autre, dressé vers le haut. « Waa !! » elle s'exclama en avançant dans la pièce. Combien de millier de mètres carrés il faisait, cet appart ?! « C'est pas un appartement que tu habites, c'est un aéroport ! » Son petit trente mètres carrés de Salisbury pouvait sérieusement tenir tout entier dans son seul salon. Ce n'est qu'une fois l'étonnement passé qu'elle retrouva un air décent, les bras toujours levés retombant le long de son flanc et se remettant droite. Là, alors, elle pu contemple réellement les lieux, découvrant son environnement, sa vie, son lieu de vie, son intimité. Elle-même évitait de ramener les gens chez elle, quand c'était possible. Il y avait en ce geste un laissé-aller évident qu'elle avait parfois du mal à faire. Laisser quelqu'un pénétrer chez soi, c'était comme laisser quelqu'un pénétrer dans sa tête. C'était toujours un peu bizarre, au début. « Elle est mignonne, ta petite mamma » elle sourit, le regard rivé sur la table, tirant de temps à autre sur sa main pour le faire bouger au fil de son investigation des lieux. Elle était curieuse et impatiente de tout en savoir, même si lui, évidemment, connaissait les lieux sur le bout des doigts. Normal, c'était chez lui. Chez lui. C'était encore un peu bizarre. À la fois bizarre et plaisant. Bizarrement plaisant. Cessant - pour l'instant - son repérage minutieux, elle tourna jusqu'à lui, venant à son tour s'écraser doucement contre son torse, les bras dans son dos, le regard pensif mais lumineux. « Ça doit être drôle de revenir après tout ce temps. Tu es content ? » elle l'interrogea en redressant la tête vers lui. Ça faisait quoi de retrouver son appartement après des mois, exactement ou presque tel qu'on l'avait quitté ? une seconde durant, elle s'imagina son appart à elle, constata qu'elle n'était pas aussi curieuse de savoir, et écarta donc cette pensée.
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MessageSujet: Re: all the rowboats all the rowboats EmptySam 30 Mar - 19:45

De l’ancien, du neuf, du minimalisme. C’est un peu à ça que peut se résumer mon appartement. C’est l’appartement d’un homme, et ça se ressent. Non pas d’un point de vue décoration, puisque tout italien qui se respecte à une notion du beau très affutée. Mais d’un point de vue organisation, à la différence d’un logement féminin, rien ne traine, rien ne s’entasse, tout a une utilité évidente. Ainsi, dans le salon, hormis le piano qui mange la moitié de l’espace, le reste est très fonctionnel. Une grande et vieille table rectiligne en bois, entourée de chaises bien plus moderne, et face à la cheminée, un sofa rouge d’un autre temps, des fauteuils dépareillés en cuir plus moderne, et une table basse. Rien d’autre. Quelques cadres de clichés en noir et blanc aux murs, et les fleurs de mamma pour réchauffer le tout. Ha, et une chaise en rotin, un fauteuil soleil je crois, datant des années cinquante. Une de mes ex aimant chiner et mon appartement aura subi de nombreux relookings en sa présence. J’ai viré beaucoup de choses, mais j’en ai gardé certaines. Et c’est en observant les lieux à travers les yeux d’Ismay que, pour la première fois, je prends conscience des marques laissées par ses autres. Ça ne m’avait jamais posé le moindre problème, mais à présent, ça a quelques choses de dérangeant. Cette dernière s’exclame, justement, levant ses deux bras en comparant mon appart à un aéroport. Elle est sérieuse ? Ok, c’est assez vaste, mais ce n’est pas non plus gigantesque. Elle ne risque pas de s’y perdre, disons. Cela dit, j’ai conscience qu’on ne trouvera pas mieux que ça, qu’importe le budget qu’on décidera d’y mettre. Alors, prions pour qu’on nous le laisse encore un peu. « Tu veux visiter ? » Non, elle ne veut pas, ou du moins pas tout de suite, puisqu’elle préfère évoquer mamma qu’elle trouve mignonne. Mamma est beaucoup de choses, mais mignonne ? « C’est la concierge de l’immeuble. » je rétorque, afin d’éviter tout malentendu. Certes, je l’appelle Mamma, mais c’est... C’est compliqué. J’ai obtenu cet appartement deux mois après avoir quitté le Vatican. Paumé, totalement étranger à une vie dite “normale”, elle s’est prise d’affection pour moi dès mon premier appel au secours concernant le compteur électrique... Ou le lave-vaisselle ? À moins qu’il ne s’agisse de mon inscription à la sécurité sociale ? Je ne sais plus. Je me souviens juste d’avoir dérangé la pauvre femme pour tout et n’importe quoi, tout ce que je ne connaissais pas. Un soir, tandis qu’elle remplissait ma déclaration d’impôts à ma place, elle m’a demandé de lui raconter mon histoire. Elle a fini en larmes, théâtrale comme toujours, et depuis ne me lâche pas, intrusive dans ma vie personnelle, surprotectrice à la moindre petite fièvre, et attentionnée en toutes circonstances. La figure maternelle par excellence, donc. Pas le temps d’en dire plus que la brunette se retrouve contre moi, m’interrogeant sur la bizarrerie de la situation tout en plantant son menton dans mon torse. Est-ce que je suis content ? Bonne question. « C’est encore trop tôt pour le dire. Je peux te répondre plus tard ? » Je l’interroge en agrippant sa taille pour la soulever et la ramener contre mon bassin. « Et maintenant, on visite. » je l’informe en quittant rapidement la pièce principale pour m’avancer dans le couloir bordé de grandes fenêtres donnant sur la rue. « La salle de bain. » j’annonce en dépassant la porte close. « La bibliothèque... Ha, le dressing, très important le dressing ! » je poursuis, sans jamais m’arrêter, ni ouvrir aucune porte. « Une chambre... » Ouai, on s’en fout de celle-ci, elle n’a même jamais servis. Je continue encore, et ne m’arrête qu’en arrivant à la dernière porte que j’ouvre d’un léger coup de pied. « Ma chambre. » j’annonce, finalement. J’aurais peut-être du dire “notre”. Ça viendra. « Notre visite s’achève ici... » Je prends mon ton de guide touristique, tout en progressant dans la pièce plongée dans la pénombre. Les volets tirés, on devine le grand lit à la tête en bois allongée, et ses piles de livres formant deux tours de chaque côté, sur les tables de chevet, les cadres aussi, même si on ne discerne pas ce qu’ils accueillent, mais qu’importe, on n’est pas là pour ça. Et à la façon dont je la jette sur le matelas, je crois qu’elle l’a rapidement compris. Après douze heures de vol, et plusieurs fuseaux horaires traversés, il est temps de se relaxer. je ne connais pas de meilleures façons de faire. Une heure plus tard, plus ou moins, la tête contre sa poitrine, je suis parfaitement détendu, et ravi d’avoir pu rapidement faire ce que tout couple doit faire en priorité dans un nouveau logement : asseoir une forme de légitimité. Et quoiqu’elle en pense, elle est la toute première en ses lieux. « Faut que je te montre quelque chose ! » je réagis, brusquement, en me redressant rapidement. « Il faut que tu vois ça. » j’insiste en ouvrant une fenêtre, avant de faire grincer les volets en les poussant contre la façade. J’observe la vue un instant, puis me décale pour l’offrir à ses yeux. « Le panthéon. » je souffle, respectueusement. Je n’ai pas besoin de le lui désigner, on ne voit que ça, les fenêtres de ma chambre donnant sur sa façade fraîchement restaurée, et la placette allant avec. Cela dit, nous somme suffisamment haut pour profiter de la vue de l’édifice, sans avoir à souffrir des centurions pour touristes, et des vendeurs de souvenirs. Puisque ville historique va de paire avec ville touristique, que dire lorsqu’on habite le quartier baptisé “centro storico” face à l’un des monuments les plus visité ? « Viens-là. » lui dis-je en tendant une main dans sa direction, lui laissant le temps de s’enrouler dans un drap avant de la faire passer devant moi, à la fenêtre. Son vertige ne va pas se réveiller, n’est-ce pas ? « Dès les beaux jours, les restaurants débordent sur la place, et tout n’est plus qu’une immense terrasse de tables et de chaises. Et tu vois l’inscription, là ? M.AGRIPPA.L.F.COS.TERTIVM.FECIT. Ça signifie, Marcus Agrippa, fils de Lucius, consul pour la troisième fois, le fit construire. Si l’on en croit ce qui est inscrit, alors le bâtiment que tu as sous les yeux date de l’an 27 avant notre ère. Et juste en-dessous de nous, dans le même bâtiment, là... » je désigne en me penchant légèrement, avant de me rappeler qu’elle n’aime pas ça. « Juste là, un Burger King. » Je conclus en faisant onduler mes sourcils. « C’est pas le meilleur emplacement au monde, sérieusement ? » Voilà, maintenant je suis content, amplement satisfait d’être de retour, essentiellement parce qu’elle est là, sinon ça n’aurait aucun intérêt. « Tu veux faire quoi ? Visiter l’appartement ? Visiter le quartier ? Visiter la ville ? » je m'enquière tout en ouvrant fenêtres et volets restants. On a le temps, mais... Pourquoi attendre demain ?
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