JAN - JEUDI 4 - 14H
La serre c’est vraiment mon endroit préféré et je pouvais pas faire autrement que d’y passer encore quelques temps avant de quitter définitivement la Sibérie qui aura été si riche en émotion. Je m’y sens en paix avec moi-même et je trouve que c’est de loin l’endroit le plus paisible au monde. D’ailleurs, c’est ce que je reproche le plus à Jason, d’avoir ruiné tout ce que j’aimais. Je lui ai fait confiance, je lui ai dit tout ce que j’aimais, tout ce qui me touchait, ce en quoi je croyais et il a réussi à tout utiliser contre moi. J’ai été une proie facile. C’est dans cette même serre qu’on s’est mis plus ou moins ensembles et ça me tue qu’il est eu le culot d’en profiter. Je reste là, un instant, devant la porte, à me demander si j’ai vraiment envie d’y entrer ou pas. Mais il y a cette petite voix dans ma tête qui me répète de pas le laisser ruiner tout ce en quoi je croyais, tout ce qui me fait plaisir. Alors je pousse un petit sourire et je fonce tête baissée. J’enfile un petit tablier, j’attrape de quoi jardiner et je me dirige vers ce petit carré de fleurs aux couleurs d’Hawaii. Mes fleurs préférées. Je parviens même plus à penser au prime de dimanche, à toutes ces révélations plus blessantes les unes que les autres. Je profite simplement du moment tel qu’il est, papotant avec mes petites plantes, les mains dans la terre. Je les arrose avec amour, je les dorlote, parce que c’est tout ce qu’elles méritent ces beautés J’entends des petits bruits lointain et je m’arrête une seconde parce que ça me rappelle étrangement la scène avec Jason. L’espace de quelques instants je me demande s’il n’aurait pas eu le culot de venir se pointer là et gâcher ma semaine de finale. Je lâche tous les ustensiles et je laisse mes petites plantes à leur place, que ce soit lui ou pas, je veux en avoir le cœur net. J’écoute puis j’avance en direction des quelques bruits que je distingue. Finalement, j’aperçois une silhouette et je suis rassurée de voir qu’elle ne ressemble pas du tout à celle de Jason, mais je parviens toujours pas à discerner de qui il s’agit. Je m’avance encore à pas de loup. Puis je distingue Jan. Je souris d’un sourire rassurant. Lui aussi il a eu sa dose pendant le prime, comme nous tous je pense. Mais Jan est la personne qui mérite le moins ce qui lui arrive, son seul tort a été d’aimer Hinarani. « Ca va, Jan ? » Je glisse presque dans un murmure comme si j’avais peur de déranger les plantes ou comme si je voulais que la conversation ne soit que pour nous.

Je m’engouffre dans les serres, un lieu que je n’avais pas vraiment côtoyé de mon existence ici. Y’a certains lieux qui m’ont marqué, d’autre qui me laisse indifférent, comme celui-là. J’aime bien les plantes et la nature, ça me pousse à morpher vers un poète romantique blablabla, mais je sais pas c’est plus trop mes priorités les poèmes en ce moment. Je néglige les plantes minables du genre tulipes et autre conneries de ce genre pour me poster devant deux grosses plantes carnivores… C’est juste excitant ce spectacle, et ça me fait penser à Eléa aussi, bizarrement. La meuf je me trompais pas sur son compte, c’était une femme carnivore, sa tare en prime. Jan le clairvoyant, je trouve ça me va bien en plus. Je contemple silencieusement ces beautés, les mains dans les poches, presque absorbé par leurs mouvements synchronisés. Parfois j’ai juste envie de dégainer ma bite magnum pour pisser dessus et voir leur réaction face à l’acidité, et leurs différentes méthodes de défense. J’ai parfois des idées bizarres, souvent générées par mon cerveau en mode folie interne. Mine de rien je suis heureux ce matin, au top de ma forme, sentant qu'une béatitude suprême vient d’envelopper mon coprs. Je suis serein, placide et calme. Mes oreilles définissent l’odeur sonore d’un bruit, et je me retourne progressivement pour remarquer la présence de Gaïa. Elle me chuchote un ça va qui me fait sourire. D’ailleurs pourquoi elle parle à voix basse ? Je vois pas l’intérêt, on est tout seul ici… « euh … » à vrai dire moyennement, mais je garde mon sourire car le simple fait de la voir me fait sourire … J’ai mis de côté mes problèmes et la connerie familial qui s’est abattu sur moi pour profiter des derniers jours de cette aventure … Je me tourne complètement vers la demoiselle et je me dirige calmement en sa direction, virant mes mains de mes poches pour les tendre en l’air et la prendre dans mes bras. Je n’avais pas eu l’occasion de le faire durant le prime, donc je me rattrape ce matin. Et qu’elle ne se pose pas trop de questions ; qu’elle se contente d’apprécier la chaleur amicale que peut lui prodiguer mon corps, parce que je  me dis que … ça serait peut-être l’une des dernières fois où on sera finalement ... ensemble …

Jamais je n’aurais cru que je m’attacherais si vite à des personnes. J’ai cru que j’attendrais avec impatience la fin pour revoir ma famille et qu’il me manquerait plus que de raison, tellement que j’en aurais du mal à vivre. Et c’est le cas, je ressens ce vide perpetuel, ces moments où je me dis à que ça aurait plu à mes frères, à mes parents, qu’au contraire ils auraient détesté. Il y a pleins de moment que j’aurais aimé partager avec parce qu’alors ça aurait été parfait. Et pourtant, maintenant que la fin est toute proche, qu’elle est palpable, je la redoute. J’ai peur de ce qu’il se passera ensuite, j’ai peur d’être loin d’eux et de retrouver ma petite routine. Ce sera un changement trop brutal, j’ai l’impression que personne ne peut comprendre. Mon regard se pose sur Jan et c’est sans aucun doute, l’une des personnes qui me manquera le plus. C’est marrant, parce qu’avec Jan tout est venu naturellement, tranquillement, comme si de rien était. Jan est le genre de personne qui se rend indispensable. Il s’immisce dans votre tête, il vous fait rire, il vous charme et il ne s’en va jamais. Je lui demande s’il va bien, mais c’est plus pour le principe qu’autre chose, je vois bien que ce n’est pas le cas et sa réponse ne laisse aucun doute. Pourtant, il sourit et ça me fait sourire moi aussi. C’est communicatif. Il s’approche de moi en m’offrant ses bras et je m’y loge tout doucement, savourant l’idée que des tas de filles voudraient être à ma place. Je me rends compte d’ailleurs que Jan et moi, on a toujours bavé au même moment, comme si le sort ne s’était acharné que nous, même si moi c’était parfois plus par principe que Jan. D’abord lorsqu’on a vu les images de Jason et d’Hinarani et maintenant avec la révélation de leur secret respectif alors que ni l’un ni l’autre n’était présent. « Je crois qu’on a une sorte de connexion astrale pas très cool toi et moi. » Clairement, elle se fout sacrément de notre gueule cette grognasse. Je crois que mon aventure aurait été parfaite si j’avais été en binôme avec Jan. « Et je crois aussi qu’un jour tu trouveras une femme parfaite, à ton image, qui sera douce et aimante. » Très loin de tous les drames qui ont vu le jour avec l’entrée d’Hinarani dans sa vie, et ce même s’il elle n’en a pas toujours été responsable.

J’offre à la petite blondie un torse prêt à l’accueillir, et je me surprends à m’y plaire tellement j’ai l’impression que les sentiments que j’éprouve pour la demoiselle sont partagés. Je me contente simplement de la prendre dans mes bras, et de ne plus penser à quoique ce soit de négatif. Avec elle, je me retrouve plongée dans un monde ou la négativité n’existe pas, une sorte de royaume parallèle rose bonbon ou tout est joyeux et coloré. La vie en rose quoi, où l’optimisme est une règle d’or, et où la joie et la gaîté n’est pas qu’un simple mode de vie, mais une philosophie. J’apprécie tellement Gaïa que j’ai à présent du mal à m’imaginer un quotidien sans elle. Ces petites actions, quoique négligeables, sont devenues pour moi ce qu’on peut appeler des repères pour la vie quotidienne. Si on avait été plus proche, je crois que le processus aurait facilement été enclenché et ça nous aurait pondu quelque chose de plutôt pas mal. Mais je préfère largement là où nous sommes actuellement, c'est-à-dire une vraie belle relation, encadrée par un respect mutuel que j’ai tenu à placer dès le départ avec tout le monde ici. Avec certain ça a marché, avec d'autre pas comme je le voulais. Le fait de la voir dans une pièce me fait instantanément sourire, ajouté au fait de la voir dans mes bras, ici, dans une sorte de bulle hors zone, qui me fait encore plus sourire. Je suis en mode béatitude suprême, ne me souciant plus vraiment de mes problèmes. Je lui souffle dans ses oreilles, sans trop penser à ce qui aurait pu m’arriver si je n’avais pas fait cette aventure avec Hina. « oui on est les deux deux petits pauvres candidats victimisés de la saison … mais je me fais pas de soucis là-dessus, à ce que je vois ça a payé … » vu qu’on est arrivé tous les deux en finale. D’habitude le public vote toujours pour les candidats qui souffrent émotionnellement le plus et qui vivent une vraie histoire qui a mal tournée, histoire de les récompenser en quelque sorte du mélodrame qu’ils ont eu le courage de théâtraliser, ou bien de leur rembourser les gènes occasionnés … A vrai dire je me dis que si j’avais pas eu comme binôme Hinarani, je n’aurais jamais pu aller plus loin … et c’est bien grâce à elle que je suis ici, grâce à notre petit fait marquant assez people pour susciter l’intérêt général. Et si on pousse l’analyse un peu plus loin, Gaïa est loin devant moi si ma logique est juste, puisqu’elle endosse parfaitement le rôle de ‘’victime’’ de la saison vu sa petite altercation avec tête de bite et demeure ainsi toujours la favorite de cette saison. Je suis un homme, j’ai une tête de crétin séducteur qui fait pas trop pensé à une victime, plus à celui qui nique les victimes on va dire, donc ça passe auprès du public qui doit se douter que même malgré mon romantisme handicapant et ma sensibilité bien présente, je fais pas un bon gagnant méritant, puisqu’on a pas l’impression que j’ai tellement souffert, surtout que je pourrais toujours malmener les femmes en vue de mon statut d’homme, la preuve et que je crois que je suis plus vue en tant que tombeur que réel victime, alors que j'aurais bien aimé être le contraire pour une fois et pourquoi pas gagner l'émission grâce à ça, mais elle … je me dis que c'est la victime par excellence, tout le monde votera pour elle, vu qu'il est dur de se séparer d’une image de bouc émissaire en la regardant … « oh t’inquiètes, pour les femmes je m’y fais pas trop non plus tu sais … » ce domaine est trop facile, je rempli plusieurs critères qui me facilitent considérablement ma recherche de LA perle par excellence… Et je pense pas que je ferrais la même erreur en prenant une autre Hina. ça c'est le truc qui arrivera plus jamais. Les nana compliquées je vous les laisse les gars, c'est pas trop mon rayon. Je note aussi qu’elle vient d’avouer implicitement que j’étais le gendre parfait … ouh deuxième femme de l’émission qui me balance ça, après Ember la jolie petite fée qui me manque aussi celle-là… Attention je vais vraiment prendre la grosse tête, si ce n’est déjà fait. « De même pour toi … J’espère que tu trouveras quelqu’un qui saura te rendre heureuse … comme moi par exemple » héhé que je m’adore quand je fais mon type précieux qui pète la surconfiance à trois kilomètres … Non mais j'espère vraiment qu'elle ne rencontrera plus de tête de bite à la Jason, elle mérite pas la petite, elle mérite des Amédée ou des Zadig, pour pas dire l'excellence de sa majesté Jan héhé, hum ...

Dans les bras de Jan, j’ai l’impression que tout est à sa place. Jan est devenu un ami en si peu de temps que cela m’effraie, je suis presque sure que plus jamais je n’aurais le droit ni l’occasion de me loger dans ses bras de la sorte ou de venir le réveiller avec son chocolat chaud. J’ai l’impression d’être dans un monde parallèle, à part, le nôtre, commun à toutes les personnes ayant partagées une aventure Prima Lucienne. Jan fait partie de ces personnes que je regretterais à la fin de l’émission, parce que confrontée au monde extérieur, notre relation n’aura surement plus lieu d’être, parasitée par tout ce qui n’est pas là. La distance, nos proches, nos vies respectives, la pseudo célébrité et la vie de manière générale. Pourtant à l’heure actuelle, ce n’est pas à tout ce que je pense. Je suis lovée contre lui et je ne pense à rien d’autre qu’à ce moment précis. C’est ce qui est agréable avec Jan, il sait être drôle quand il faut et doux quand vous en avez besoin. « C’est parce qu’on est de loin, les meilleurs de cette émission. » Je dis dans un sourire. A vrai dire, je ne me suis jamais penchée sur la question. Je n’ai pas cherché à savoir pourquoi nous quatre plutôt que les autres. Je pense qu’on a un capital sympathie plus développé que la moyenne et puis, on a dû savoir toucher le public. Ou alors ce dernier a eu pitié de nous et s’est dit que ce serait une bien maigre consolation que de nous laisser en finale si ce n’est gagner. J’étais venue dans ce jeu pour gagner. Mais j’ai très vite perdu le fils de mon aventure, laissant trop d’importance à mon histoire avec Jason. Maintenant, qu’elle n’a plus lieu d’être et que je suis allée si loin dans l’aventure, je me surprends parfois à espérer la marche finale. Ce qui me peine le plus dans toute cette histoire, c’est que je suis quasi sure d’avoir porté Jason avec moi aussi loin dans l’aventure. Personne ne l’appréciait ici, à chaque fois qu’il a été immunisé ou qu’il est passé à lasse, il ne le doit qu’à ma personne, j’en suis persuadée. Et maintenant que j’y réfléchis vraiment, ça me fait mal au cœur qu’il est à ce point utilisé ma personne pour son bien être à lui. « Moi non plus, je ne m’en fais pas pour toi. » Clairement. Après avoir vu Jan évoluer dans l’émission, aucune femme digne de ce nom ne voudrait le repousser. D’ailleurs, même avant, je pense qu’elles devaient déjà tomber comme des mouches. Je lève la tête vers lui, dans un regard et un sourire emplis de malice. « Si jamais dans cinq ans, on est toujours seul, promis, je me marie avec toi et je te fais des tas d’enfants tous plus beaux les uns que les autres. » D’ici là, tout peut arriver.