Je sens que c'est bientôt la fin pour moi, j'ai réussi à échapper au nomination grâce à Lee qui a pas tenu le coup jusqu'au bout, mais sinon c'était moi qui viré ma gueule, alors pour une fois, je me vois pas en demi-finale, mais alors là, pas du tout. Du coup je profite des derniers jours qu'il me reste pour dire au revoir au village où j'ai vécu pendant chez pas combien de temps. J'ai envie cette fois de dire au revoir à mon pote tupac, le chien que j'ai adopté depuis le début du jeu. Du coup je marche là-bas en traînant des pieds, pas trop motivé d'affronter le froid encore et toujours. J'arrive là bas et tupac me reconnait direct, vu qu'il me saute dessus et moi je tombe par terre et je me fais attaquer par les autres chiens. Je me mets à rire, parce qu'il me chatouille ces cons. « Putain les gars, stop. » Ouais genre ils vont m'écouter, ils sont déchainés, y a rien à faire et alors que je suis sur le sol, je sens une présence derrière moi et je retourne la tête pour voir qu'il s'agit de Eléa. « Yo la ballerine. » que je lui dis, me relevant un peu en poussant les chiens sans trop de brutalité. Elle aussi elle va me manquer si je pars en fin de semaine. « Tu viens faire un câlin d'adieu à ton renoi préféré ? » que je lui demandes, en tendant les bras vers elle. Elle peut quand même pas me refuser ça.

Bon je vais peut-être m’occuper des chiot, histoire de voir qu’ils ne sont pas entrain d’agoniser seuls dans leur coin, parce qu’on a oublié de les nourrir. Je prends quand même le risque de laisser Amédée mais j’pense que Zadig ne doit pas être loin. Tant pis. On s’est un peu transformé en magnettes ces derniers jours mais c’est de sa faute. Du coup, je m’habille en conséquence, chaudement, manteau et tout le bordel, bottes et le reste pour affronter le froid. J’ai même le temps de me fumer une cigarette sur le chemin, c’est mon luxe. Je finis par entrer dans le chenil et y a déjà Marcus qui jouent avec les chiots, il s’éclate bien en plus ! «  Yo le black. » Je réponds et l’apostrophe sur le même ton que lui, très naturel,  avant qu’il ne s’ouvre à moi en réclamant un câlin, biiien, je me dévoue pour la bonne cause encore une fois ! «  Ouiiiiiii ! » Je dis en lui sautant dans les bras, je crois qu’il est obligé de me porter même tellement je m’appuie sur lui. Les chiens se sont directement écartés, nous laissant la place, braves bêtes, elles comprennent tous. Il me parle d’adieux. Mes bras l’enserrent.  « Dis pas des conneries. » Je lui demande avant que le plat de ma main ne vienne s’entrechoquer avec sa nuque. Ce qu’il peut être con parfois, sérieusement. «  Ce n’est pas des adieux que je te fais là. » Je rétorque en levant les yeux au ciel, des au revoir à la limite et encore. Ce n’est pas parce qu’on va sortir tous les deux qu’on est obligé de rompre le contact

Eléa me salue de la même manière que je les fais quelques secondes auparavant, du coup ça me fait sourire. Double sourire quand elle accepte mon câlin, puis au moment où elle est dans mes bras, je regarde droit l'une des caméras pour la première fois de cette aventure et je lève le pousse en l'air. « Je t'avais dit que j'allais pécho, moumou. » Ouais, petit message dédicace à l'un de mes potes, puis je lâche la brunette avant qu'elle ne me tape, non parce qu'elle a l'air toute petite là comme ça, mais c'est une sauvage en vérité cette fille. D'ailleurs elle hésite pas à me taper quand je lui dis que c'est un câlin d'adieu, du coup je me frotte là où sa colère vient de s'abattre en la regardant avec la lèvre inférieur qui ressort un peu plus comme pour faire la tête du chien battu. Je m'inspire des toutous autour de nous. Puis après j'analyse sa phrase et je souris comme un imbécile. « Tu comptes m'inviter en France ? Je vais pouvoir visiter la tour Eiffel, j'ai jamais fait Paris. » Ouais, c'est clair que si elle m'invite, je suis le plus heureux des gars là. Je la regarde alors plus sérieusement, même si y a toujours un petit sourire au coin de mes lèvres. « Tu vas faire quoi quand t'auras gagné ? Ouais parce que si tu gagnes pas, je boude. »

« Aller il se sent plus ! »  Je dis en grognant tout en lui administrant une tapette. Il ne peut pécho personne sauf son oreiller sur lequel il bave la nuit, donc voilà, crédibilité zéro.  Il me demande de l’amener à Paris, là n’est pas la question mais ... « Alors par quoi commencer mon petit Marcus ...  » Je laisse échapper en pinçant les lèvres tout en le relâchant. « Déjà par le fait que je n’habite pas en France mais en Angleterre, ta mémoire te fait défaut. » Je lui dis tout en soupirant, faussement désespérée. Ok, j’ai un accent français. Mais bon, ce n’est pas grave, on lui pardonne ! On l’aime comme ça le Marcus, complètement à côté de la plaque, c’est la base. « ... Mais j’ai quand même un appartement à Paris donc ça peut se faire. » Je finis tout de même par lui dire pour ne pas briser ses rêves et ses espoirs. Une résidence secondaire, si on peut dire ça, bien placé en plus l’appartement, au niveau du champs de Mars, tout le monde en rêverait. Sauf chez nous, j’imagine les bâches qui recouvrent les meubles précieux.  « Mais t’es sûr que tu veux vois la Tour Eiffel ? Y a des monuments bien plus beaux. » Je lui dis alors, mais c’est vrai en plus, je ne comprendrais jamais l’engouement autour de cette tour de ferraille, incompréhensible ! Puis il me parle de gagner. « Mais ne fonde pas tes espoirs sur moi. » Je lui dis alors. « Il y en a qui ont plus ‘besoin’ de gagner que moi. » Je précise, déjà pour le fric, moi, j’compte plus le nombre de zéro de mon compte bancaire, en toute humilité en plus.

Putain, comment je suis déçu de la life. Pendant toute l'émission je pensais qu'elle vivait en France et c'est maintenant que j'apprends que j'avais tout faux. Elle m'explique alors qu'elle vit à Londres, mais le truc c'est que cette ville elle m'a jamais intéressé. Non mais big ben et tout, c'est bon quoi, pas de quoi s'émerveiller non plus. Alors que la Tour Eiffel, ça c'est un vrai monument, un vrai truc à visiter. Et puis y paraît que la bouffe en France c'est un truc à pas rater. Puis elle me redonne espoir en me disant qu'elle a un appartement à Paris, du coup je suis trop heureux. Elle me dit que y a des monuments plus beau que la tour Eiffel, du coup je hausse un sourcil, septique. « Ah ouais ? Comme quoi par exemple ? » Non parce que là j'y crois pas, moi je veux voir Paris, un point c'est tout. Puis on vient à parler de la finale et de la victoire de Eléa, mais elle me dit de ne pas fonder mes espoirs sur elle et que des gens ont plus besoin de gagner qu'elle. « Je pense qu'avec l'argent -si je gagne bien sûr- je réparerais le toit où vit ma mère. Tu vas me dire pourquoi tu lui achètes tout simplement pas une nouvelle baraque, j'ai déjà bien essayé, mais depuis la mort de mon père, elle veut pas quitter Harlem. » J'ai un petit sourire nostalgique qui se glisse sur mes lèvres, puis je pose mon bras sur l'épaule de Eléa. « Mais ne dis pas ça, tu mérites vraiment de gagner aussi. T'as été aussi importante dans cette aventure que n'importe qui d'autres. »

Il me défit de trouver mieux, je soupire, si tu savais Marcus, mon petit. «  Comme le Louvre, ou même les Invalides, ou alors l’Arc de Triomphe, le Sacré Cœur, Notre Dame de Paris. » Je commence à énumérer en comptant sur mes doigts mais il faudra bien plus que mes deux mains pour tout lister en fait. « Oh et il y a le pont des Arts mais je ne sais pas si c’est considérer comme un monument, mais bon pour le côté sentimental il faut absolument y aller quoi. » je dis, oui c’est le pont où l’on accroche des cadenas pour célébrer l’amour, je me souviens en avoir accroché un, une fois. Mais c’est assez sympa de passer devant, en tout cas, toujours plus touchant qu’une Tour Eiffel entourée de chinois selon moi, mais bon, ce n’est que mon avis, effectivement. J’attends que Marcus m’annonce ce qu’il pourrait faire si hypothétiquement, il gagnerait. Je l’écoute avec attention. Ça fait bizarre de voir Marcus dans un état comme cela, c’est presque surréaliste en fait. « Tu comptes rester toute ta vie à Harlem ? » Je lui demande alors, juste pour savoir s’il imagine réellement faire toute sa vie là-bas, par curiosité surtout. Il rectifie mes propos. « Ce n’est pas une histoire d’importance. » Je le corrige alors en secouant la tête tandis qu’il installe son bras autour de mes épaules, il a pris beeeeaucoup de confiance, qu’on se le dise. « C’est juste une histoire de mérite. » je lâche simplement.