Gaïa - vers 17h

La fin est tout proche, la preuve c’est l’avant dernière semaine synonyme de demi-finale avant le sacre final … Et franchement le temps passe extrêmement vite. Du moins il commence à passer très vite puisque je ne vois plus défiler des minutes à me faire chier tout seul dans ma chambre, mais bien des jours maintenant, à une vitesse ahurissante en plus. Bouleversant ouais. Cette semaine d’ailleurs, c’est open-bar du côté de la villa, du coup tout ce que je n’avais pas foutu y’a des lustres, et bah je me retrouve à le faire. Fini les sources chaudes, maintenant c’est une vraie piscine dans laquelle je plonge quotidiennement avec les autres, et fini les petits exercices basiques de musculations et place à une vraie salle de sport. J’arrive avec toute la panoplie du pro sous la main, le sac, la bouteille, la serviette, mon casque, la banane, le yaourt … bref tout est dans un sac qui englobe presque ce dont j’aurais besoin pour ma séance. Avant de m’échauffer, je me place devant le miroir pour remarquer le bilan corporel de toutes ces semaines passés ici … Et là je pousse un ouf de soulagement ... Non mais je trouve que j’ai géré c’est bon, j’ai maintenu la forme, tout est pour le mieux parce que j’avais vraiment peur de grossir et devenir piriforme… Mes séances d’abdos quotidiennes, quoique moindre, ont finalement payer on dirait. Je m’échauffe sur le tapis roulant quinze minutes, avant de passer au développé coucher, débutant ainsi deux séries de 15 pour que je m’y habitue, ne surchargeant pas vraiment le poids. Je fais une pause, portant la bouteille à hauteur de mes lèvres pour en boire le contenu, et je retourne à mes exercices, surchargeant successivement en pyramide ma barre qui commence à prendre considérablement de l’importance. Énième pause, j’en profite pour manger le premier quart de ma banane et je dépose les derniers poids de ma formation, arrivant ainsi à 80 au total je crois, et là je commence à soulever, concentration maximal pour gérer les trois séries qu’il me reste. La première se passe à merveille, la deuxième un peu moins, et au moment de commencer la troisième et toute dernière, avant de passer à autre chose, je surprends la présence de la petite blondie qui arrive, remarquant ainsi d’un demi œil fuyant sa trajectoire qui se dessine en ma direction, oula faut que je commence ma mission intimidation elle m'a pris en traître là ... et je commence du coup à gueuler tout en soulevant ce qui me reste à soulever … « 12 893 … 12 894 … 12 895 … 12 896 … 12 897 ….. 12 8…98 … …. … 12 899 …. Et …. » après 12 899 y’a quoi déjà ? Putain o dirait que je sais plus compter ? C'est grave je dois repasser en CM2 non ? Je sais pas ça doit être 12 900 nan ? Putain j’ai mal choisi mon nombre ça me gave quoi … « ET 13 000 !! pfiou … » je souffle un bon coup, me relevant pour emprunter ma bouteille et en boire le contenu à nouveau, avec plus de ferveur, ignorant sa présence … Non mais c’est bon j’ai l’air crédible pas vrai ? J’arrête de boire, et je soulève mon attention vers la blonde, sourire aux lèvres, théâtralisation presque parfaite du type qui vient de sortir d'un combat à mort, carrément exténué mais souriant quand même … « oh Gaïa t’étais là depuis tout à l’heure !? » genre attends je viens de remarquer sa présence, bien sûr … mais bien évidement que je suis professionnel et carrément puissant dans mon rôle hoho ... C'est con tout ça je sais, mais c’est passionnant quand même.

Allongée en étoile dans la suite royale, je savoure ce moment de perfection absolue, que j’avais attendu depuis si longtemps. Parce qu’il faut être honnête je n’avais rêvé que d’une chose depuis mon arrivée, c’était de me rouler dans les draps moelleux de ce lit mille fois trop grand pour moi. Malheureusement, le sort en avait été autrement et je n’avais pas eu la chance d’accomplir ma mission. Maintenant que la villa est ouverte pour tout le monde et pas seulement en raison de nos performances, je profite du luxe qui m’est dû pour avoir tenue aussi longtemps dans l’échiquier alors que je suis de loin, la fille la plus chiante qui soit. Mais si j’ai l’occasion de me prélasser de cette manière c’est surtout le signe que la fin approche à grand pas. Et je dois admettre que ça me fout un peu le cafard. Je vais retourner à ma petite routine quotidienne à savoir la superette et le surf. Jusqu’à présent je m’en étais contentée, mais maintenant je me dis qu’il y a un monde beaucoup plus grand qui m’attend. Des vagues, je pourrais en surfer aux quatre coins du monde et des superettes il y en a partout. Je sais pas pourquoi je m’obstine à vouloir rester sur mes terres quand je peux profiter de ce qui me tend les bras. Du coup, je me mets à rêver de ce que serait ma vie si j’allais checker les vagues en Australie avec Jason où en Indonésie. Ce n’est que lorsque je constate qu’il est presque dix-sept heures et que je suis toujours au lit, que je me dis que le chemin est encore long. Je presse donc vers la salle de bain, il faut bien commencer par quelque part et je prends tout le temps du monde pour me laver, genre shampoing, après-shampoing, masque et tout le tralala. Et pourtant, quand je me regarde dans le miroir, j’ai toujours l’air d’une larve, flasque et moelleuse. Je suis mince c’est un fait, mais je suis plus du tout aussi tonique qu’avant, je crois bien que j’ai perdu tous mes petits muscles. Je suis dépitée, il est grand temps que je fasse quelque chose si je ne veux pas avoir l’air d’une anguille sur les plages du monde. Je farfouille donc ma valise à la recherche d’un jogging et je suis super surprise d’en trouver un. Je suis même quasi sure que j’en avais pas pris et ça m’étonnerais pas que ma mère l’ai glissé là dans l’espoir que je me bougerais. Regarde maman, c’est le moment ! J’enfile donc ce corsaire gris super moulant qui me met plus mal à l’aise qu’autre chose et ce haut rose riquiqui qui s’arrête juste sous ma poitrine. Il n’y avait pas de t-shirt en stock ou quoi. Je la vois d’ici sourire comme une andouille, je suis sure qu’elle a voulu que j’ai l’air belle même pendant l’effort. C’est gentil, mais je me sens nue et pas du tout à l’aise. Enfin ce n’est pas très grave, il y a peu de chance que je rencontre quelqu’un à la salle de sport tant maintenant nous sommes peu nombreux et dispersés dans les méandres de la maison. La bouteille à la main, je cherche, pendant ce qui me semble être des heures, cette fichue salle de sport. D’ailleurs, c’est bien la première fois que j’y mets les pieds. En même temps, les sports que j’aime ne se pratiquent pas dans une salle et encore moins dans cette partie du globe, je suis plutôt du genre beach volley ou surf. Ma motivation est à son comble, jusqu’à ce que mon regard se pose sur Jan. Il a l’air au bout de sa vie et ça me fait sourire. Je reste à ma place sans mot dire un instant parce que j’ai peur qu’il se blesse si je le surprends. Il s’arrête et je fini pas exploser de rire quand il fait mine de ne pas m’avoir vu. « Quel mauvais menteur tu fais ! » Je lance en m’approchant de lui, le sourire toujours aux lèvres. « En plus, j’ai comme l’impression qu’il t’en manque. Genre, une bonne centaine. » Parce que moi aussi je sais compter figurez-vous. Finalement, je voir ici, en sueur et fatigué, ça m’a coupé toute envie de faire du sport, j’ai pas envie de ressembler à rien pendant qu’il rigole. Du coup, je fais genre en faisant quelques étirements, genre t’as vu je suis super souple et je viens de courir de ma chambre à ici, c’est bon, je suis en paix avec mon corps.

Je fais mon mariolle, essayant de frimer par un procédé d’exagération plus au moins en vogue ces derniers temps. C’est une méthode de drague 2.0 qui est trop naze on le sait tous, mais qui, contrairement à ce que l’on peut penser, prodiguent l’effet inverse. La femelle s’emballe toute seule et entre aussi dans le jeu. Sauf qu’avec Gaïa, on sait jamais à quoi s’attendre. Des jours c’est une sainte que t'as trop de respect pour elle pour l'approcher, et des jours c'est une grosse chaudasse qui propose des situations ou elle se porte volontaire pour être en position de soumission totale, ce qui a bien évidement l’affreux don de m’exciter aussi, mais après le truc c'est qu'elle te plombe après par je ne sais quelle barrière qu’elle place directement genre ... paf comme ça. Donc du coup là elle me chauffe trop avec sa petite tenue digne d’une sportive amateur, genre la tenue qui passe avant l’effort… parce que là c'est catégoriquement un appel au viol ça désolé. Ce genre de tenue doit vraimentt pas exister, surtout pas sinon bah … bah je pourrais jamais me concentrer sur mon travail. Et ça se voit pourquoi de nos jours les nouvelles salles proposent des journées hommes/femmes, évitant ainsi le mixage et le brassage chromosomique des gènes féminins et masculins dans un même lieu comme celui-ci, ce qui allège notre fardeau. Ouais parce qu’avec ce genre de bidule féminin avec ce sous-type de tenue un peu trop voyant, c’est la dos d’âne assuré dans l’calçon, direct. D'autant plus qu'on est à Prima Luce, la salle est ouverte pour tous le monde, que ça soit des hommes, des femmes ou même des hermaphrodites ... Et puis je se suis sûr que sa mini-combine n’est que de la pure décoration, un accoutrement adapté à la salle, mais qui a plus pour but de faire exciter les voyeurs que de procurer à son possesseur souplesse et agilité. Les femmes mettent pas ses conneries pour mieux courir, non ça c’est une idée qu’on arrivera jamais à me faire gober … Si elles nous sortes ces trucs là de leurs tiroirs c’est bien pour nous mettre au défi, et moi bah … je suis faible quoi. Je peux pas ça me fait trop vibrer une tenue pareille. Et en plus c'est du rose p’tain !!  C’est trop sexy qu’il m’est difficile de ne pas afficher ma petite tête de gros imbécile, que j’essaye néanmoins de gérer. Et en plus elle ne doit surement pas le faire exprès la pauvre, ça doit être féminin ce truc. J’essaye de focaliser mon attention sur le poids qu’il me reste à soulever, sauf que sa petite voix de piapia trop mignonne pour être vrai me pousse malgré moi à relever les yeux vers elle, et qui dit ‘elle’ dit bien évidement son corps féminin. Genre Jason c’est une vrai tête de bite pour avoir raté l’occasion de coucher avec ‘’ça’’ … Jason t'es trop con pour exister tu sais, va te pendre gros boudin. Et ... euh moi un menteur ? Mais pas du tout hein … Et puis pourquoi elle essaye genre de me piéger ? ça doit l’amuser la coquine … Elle veut me prouver qu’elle a un cerveau ? Qu’elle sait compter ? « C’est pas vrai noon ? T’es sûr ? » Genre attends c’est vrai qu’il me manque une bonne centaine ? Trop crédible je sais. « Bah quand t’es venu … tu vois … tu m’as déconcentré … » Je théâtralise une mine dépitée. J’adore mon excuse ! Franchement je suis trop bon. En plus c’est vrai quoi, y’a une part de vérité. Et ça lui suffit pas, puisqu'elle s’approche de plus en plus … Oulaa ma belle vaut mieux rester à ta place, tu m’aiderais vraiment hein, déjà que j’ai du mal avec une certaine distance, là si t’approche, mon petit contrôle émotionnel forcé risque de pas trop tenir … voir carrément d'imploser. Je bois une gorgée pour oublier … ça doit être la fatigue qui me pousse à sexualiser dans mon imaginaire complexe. Et elle fait quoi maintenant ? Des étirements ? Devant moi ? Sérieux !? Je suis avec une grande attention ses petits mouvements digne d’une petite lady toute fragile … Les mouvements précis, avec une lenteur presque bandante, le tout chronométré avec une précision chirurgicale qui fait peur … ou bien ça doit être mon petit cerveau qui faiblit … m'ouais surement … « T’as besoin d’un coach sportif ? » J’affiche mon plus beau sourire de gamin … Genre attends on sait tous comment ça fini avec les profs de sport privé … Je bois une nouvelle gorgée, m’essuyant le front avec ma serviette blanche sorti tout droit d’un Wimbledon que je dépose sur mes épaules, avant de relever à nouveau mes yeux vers la petite blondie qui se force à bouger … Pas besoin de sortir un loupe pour remarquer qu’elle est pas habituée à faire du sport, du coup, Jan le super coach hyper sexy et gros séducteur est là pour toi, donc une grosse opportunité et un gros rêve qui va se réaliser pour elle ; et faut lui dire que les cellules de mon corps 5 étoile se commandent deux mois avant de les recevoir … J'adopte un ton professionnel avant de m'élancer dans une auto-éloge des plus bidons ... « Et je suis expert en abdos fessier m'dame… vous serrez pas déçu » que c'est con tout  ça … ou comment lui dire que j’ai un Bac +19 en polissage de cul féminin héhé … non mais je dois être sous NZT, c'est pas possible autrement...

Je me demande de plus en plus ce que je fiche ici. Surtout quand mes yeux se posent sur Jan et que je le vois faire effectivement du sport. J’ai toujours cru que les salles de sport c’était plus pour se pavaner et draguer de la minette déjà parfaite. Visiblement je me suis fourrée le doigt dans l’œil, il y a des personnes qui font vraiment du sport dans ces salles. Jan par exemple. Et même si je fais grave la maligne en lui disant qu’il lui en manque une petite centaine, en vrai, je suis super impressionnée par ses capacités. Genre il parvient à porter je ne sais combien de kilos, mais ça à l’air tout de même bien lourd comme si c’était rien. C’est vrai, il est à peine essoufflé et il parvient encore à faire son Jan. Je pensais pas qu’il était si fort. En fait, je m’étais jamais vraiment posée la question. J’avais déjà remarqué que Jan était beau et musclé mais je m’étais jamais demandée comment il se débrouillait pour en arriver là. J’ai l’air d’une pauvre fille avec mes petits étirements. Sans compter ces vêtements qui me sert de partout, j’ai l’impression que je vais exploser ou que le vêtement va exploser, je sais plus trop. Franchement, je me demande bien où ma mère a trouvé ce genre de truc. Je l’ai jamais vu porter quelque chose de ce type et ça ne lui ressemble pas du tout. Elle a dû acheter ça spécialement pour moi. Elle s’est peut être dit que ça me motiverait pour faire du sport. J’admets que c’est joli, mais ce serait mille fois plus joli sur les autres, sur une fille grande et élancée, super musclée, pas un petit tas mou comme moi. J’ose espérer que Jan ne fera pas de remarque, même pour rire, parce que je me sentirais vraiment super conne et très vexée. D’ailleurs, je rêve ou il est en train de me reluquer là. Ouais, non, je rêve c’est obligé. J’ai peut-être déjà fait trop de sport pour la journée. Quand on est pas habitué, il faut y aller doucement. Je souris quand il me dit que c’est de ma faute s’il ne parvient pas à compter comme il faut. J’avoue que Jan est vraiment drôle. D’ailleurs, je crois bien qu’il est le plus drôle de toutes les personnes ici. « Je fais souvent cette effet-là. » Je lui lance en levant le menton bien haut pour faire genre j’ai l’habitude. Non parce que la seule raison pour laquelle je fais ce genre d’effet, c’est seulement parce que je parle sans arrêt, personne ne parvient à se concentrer avec moi dans les parages, surtout avec ma petite voix mielleuse à vous faire peter un câble. Je ris doucement parce ce n’est absolument par crédible. « Pfou, on s’en fout, c’est pas comme si t’avais besoin d’en faire plus. » Je lance en secouant la main pour lui montrer que c’est si peu. Non clairement, j’ai l’impression que Jan est le genre de personne qui restera beau et musclé même s’il buvait de la bière à tous les repas et qu’il ne se nourrissait que de pizza et de chips. Je reprends mon sérieux cinq minutes pendant qu’il fait je ne sais trop quoi avec sa petite barre. Et je me remets à mes petits étirements. Les étirements c’est de loin ce que je préfère dans le sport, ça marque la fin de l’effort et le début du réconfort. Tout ce que j’aime, en somme. Jan fini par me demander si j’ai besoin d’un coach sportif. L’espace d’un instant je me sens offusquée. Est-ce qu’il sous-entend que j’ai besoin de faire du sport. Je m’apprête à ouvrir la bouche pour râler puis finalement je me ravise. Non c’est con, il doit juste se dire que je suis dans une salle de sport donc que j’ai surement envie de faire du sport. Cette idée me rassure et je souris de nouveau, plus largement cette fois. « Oui carrément. » je finis par dire avec enthousiasme. « Non parce que clairement, si tu ne m’encourage pas, et comprends là, si tu ne m’aide pas, j’y arriverais jamais. » Je me rends compte que ça sonne très demoiselle en détresse et clairement très peu autonome mais c’est pas bien grave. « Et puis, j’ai pas envie d’avoir l’air d’une baleine échouée quand je reprendrais le surf. » Je voudrais pas que ma combinaison me boudine, c’est déjà pas très flatteur en temps normal, n’en rajoutons pas. Je me redresse fasse lui et je pose un regard malicieux sur lui, posant mes mains sur ma taille. Je d’attaque. « Vas-y fais-moi faire n’importe quoi, je suis là ! » Je lance avec l’enthousiasme d’une pompom girl. Jan a plutôt interet à être doué parce que je sens que d'ici dix secondes et demi ma volonté se sera dissipée.