D. Amédée - vers 17h

Huit semaines bordel, et y’a déjà certains lieux que j’ai pas encore visité ... et puisque je me dis qu’il ne reste plus que quelques semaines, voir quelques jours avant la toute fin, je me mets à la conquête des lieux que j’ai pas encore mémorisé. J’oublie la villa vu le mec qui risque de m’étrangler si je passe le seuil prohibé, et je commence à naviguer dans mon territoire de non-abonné, une zone qui ne regroupe que les newbies comme moi de niveau inférieur ou égal à dix, comme si j’étais limité à astrub ce qui me fait grave chier. J’arrive devant une sorte … d’étable, du moins un truc non-répertorié chez moi puisque j’y ai jamais mis les pieds. Je pousse la porte et là je me fais bousiller le nez par une odeur de foin insupportable. Ils ont vraiment regroupé toute les télé-réalités ici c’est drôle, et c'est puissant aussi. Et même si je me demande à quoi peut bien servir cet endroit là, je me dis qu’il y’a pas plus pire que l’église en bois ou la bibliothèque. On pouvait bien se passer de ses trois là, et à la place, pourquoi pas une bonne grosse piscine avec la même température que celle des sources chaudes, ou bien une cabane dans un arbre que j’aurais bien aimé réquisitionner pour en faire ma seconde maison. Je me glisse donc à l’intérieur, faisant le plus soigneusement possible abstraction sur l’odeur du foin, et je jette un léger regard vers le contenu de cette pièce, remarquant une grosse installation de vaches entrain de brouter, complètement out et déconnecté de la vie, et un peu plus au loin, Amidon planté bizarrement devant l’une d’entre elle. Je sais bien qu’il a un faible pour les vaches donc moi ça me surprends pas, au contraire je m’approche, le saluant au passage au cas où il me faisait une crise encore une fois … « Salut l’ami … » ou l’eternel second des sondages, héhé. Même si je me dis que les votes doivent être surement sabotés,  ou bien c’est le public qui sait pas vraiment voter parce que de loin il est, et je dois l'avouer, plus charmant que moi, quoique pas beaucoup faut pas exagérer non plus. Je réduis la proximité, arrivant à sa hauteur avant d’enfoncer mes mains dans mes poches. Là je me dis mais … qu’est ce qu’il peut bien foutre à regarder une vache brouter ? Le cycle est vraiment interminable et vicieux chez cette cochonnerie, elle ne sait que brouter hein, donc qu’il s’attende pas vraiment à de l’action en venant ici. Je fixe la bête à mon tour, regard presque absorbé par sa bouche volumineuse qui n’arrête pas de mâcher … alors ça doit être ça ? C’est pas si hypnotisant que ça mais bon. Je tourne légèrement la tête en sa direction parce que moi du coup ça me fait penser à un truc … « t’as déjà essayé la position du rodéo avec une meuf ? » si c’est non il devrait tester, c'est amusant, et ça donne 'vachement' de la résistance en plus …

C’est bientôt la fin, et je ne suis pas suffisamment déconnecté de la réalité pour ne pas en avoir conscience.La fin est la même pour tout le monde, désormais : proche. Très proche. Qu’elle soit pour dans quelques semaines ou quelques jours, le tout n’est qu’une question de derniers instants. Et mon soucis principal, en cet instant, n’est pas de stresser pour ma sortie, ni même de tenter le plus possible de la repousser -j’ai déjà fais mon temps, désormais tout n’est que bonus, en quelques sortes- , non, mon soucis actuel ressemble à une petite montagne de poils avec des deux de deux couleurs différentes. Satan. Le chiot qui m’a adopté. Celui qui ne mesurait que quelques centimètres à mon arrivée, et qui, désormais se hissent sur de grandes pattes encore un peu maladroite. Le problème c’est qu’il s’est tellement habitué à moi qu’il en a pris de mauvaises habitudes. Il est bien plus souvent avec des humains qu’avec ses frères et soeurs. Il mange comme nous, et délaisse ses croquettes. Il dort dans mon pieu, et dénigre sa litière. Qu’en sera-t-il lorsque je ne serais plus là ? Voilà mon inquiétude première. Et c’est dans un soucis de bien faire que je me trimballe dans le village avec mon chien sous le bras. Je veux le ramener à sa mère, et l’obliger à y passer la nuit. Il est encore tôt, mais je pressens qu’il va me falloir du temps pour “l’abandonner”. Il peut tenter le chantage affectif avec le regard, ou encore la fourberie en tapant un sprint pour arriver avant moi à la porte. Un milliard de possibilités s’offre à lui pour contrecarrer mes plans, d’où ma précaution à m’y rendre tôt, histoire de ne pas me retrouver à rester pioncer au chenil lorsqu’à 3 heures du matin, je ne serais toujours arrivé à rien. Sauf que... En passant devant l’étable, un hurlement m’immobilise sur place, le chien grimpant à mon cou de trouille. Super courageux, ce iench’ ! C’est cool. Il tremble de tout ses poils, et sans mentir, j’suis pas hyper rassuré non plus. Le hurlement reprend, et... Bah je recule carrément d’un pas. C’est quoi ce délire ? Une blague de la Production, ou le monstre du lac s’étant échappé pour aller se faire un petit festin de vaches ? N’écoutant que mon courage, je rebrousse chemin, et trace comme si ma vie en dépendait. Et surement qu’elle en dépend, d’ailleurs. Sauf que Satan en a décidé autrement, et se jette de mes bras dans le vide, pour entamer une course en direction de l’étable. Le fou ! Qu’est-ce tu fais, bordel ? J’hésite un court instant à le laisser se faire bouffer par le monstre, puis je décide que non, je risquerais de m’en vouloir, et j’ai horreur de m’en vouloir. Alors je trace à sa suite, et lorsque j’arrive, à pas de loup, à la porte de la tannerie, je remarque qu’il n’y a aucun monstre, juste une vache qui mugit intensément. Merde, elle est entrain de crever ? Je me rapproche lentement, rejoignant le chiot qui l’observe en penchant la tête d’un côté, puis de l’autre. C’est drôle ce truc qui lui sort de derrière. C’est quoi ? Elle est entrain de chier ? Pas le temps d’étudier plus la question que Jan entre en se faisant connaître. Bien, visiblement il apprend de ses erreurs. Il s’approche, se pause à mes côtés, et observe avec moi. Je m’attends à ce qu’il m’explique ce qui se passe, mais non, à la place il me parle de rodéo et de meuf. Hein ? « Pourquoi faire ? » je demande, très sérieusement, mon regard perplexe porté sur lui. « Tes meufs se laissent pas faire ? » Oui, parce que s’il doit tenter un rodéo avec une meuf, c’est qu’elle est justement entrain de tenter de s’échapper. Et alors, s’agit-il d’un viol ? Non, j’suis pas super porté sur la kamasutra, vous remarquerez, je connais pas le nom des positions, ni les numéros, et ça ne me manque pas particulièrement. Et tandis que je suis encore entrain de l’observer, la vache se remet à gueuler, nous lâchant une rafale de son haleine en pleine gueule. « J’crois qu’elle est entrain de pondre un oeuf. » j’informe Jan en lui désignant la poche blanche qui lui sort un peu du derrière. Et je suis au fait que les vaches ne pondent pas, ce qui rend le tout encore plus inquiétant, non ?

Le rodéo il a l’air de pas connaître le petit … Quand il se pose la question sur mes meufs, si elles sont bel et bien en condition de ‘vouloir’ ou non, j’ai juste envie de lui lâcher un meeeeeuh naaaaan plus gros que le cul de toutes ces vaches réunis … C’est qu’il a pas compris que c’est une vanne bidon celui-là … Merde faut que je fasse du sous-titrage à mes vannes ou quoi ? « bah non t’as pas pigé … attends je t’explique … » enfaîte y'a rien à expliquer, c'est juste qu'il aura compris que j'ai envie de parler avec de l'humain, et ça n’a rien à voir avec ce que le petit bonhomme en cire est entrain de s’imaginer … « enfaîte c’est simple, tu choppe un soir une copine, au pif, tu la chauffes, et dès que t’es sur elle tu lui dis que t’as le sida, et là t’essaye de tenir le plus longtemps possible … » putain qu’elle me fait kiffer celle-là … J'aurais bien aimé lui lâcher mon record, mais j'ai jamais testé donc bon. Et puis genre moi je dis que ça c’est un vrai rodéo, avec une vraie vachette en plus, mais bon chacun son humour et chacun comment il voit les choses… c’était juste pour alimenter une petite discussion masculine, et histoire d’alléger le moment aussi parceque là on est quand même devant une grosse séquence vidéo. C’est quoi ce phénomène ? Sérieux j’ai l’impression que je vais lâcher le sandwich au thon que je viens de manger ce matin … Je préfère pivoter de la tête et fixer un autre point que ce que la vache semble vouloir sortir de l’un de ses orifices … Et en plus elle crie, elle rugit et ça me gonfle. Ça me donne envie de vomir et de déposer une pizza juste là, sous les pieds de cette vache à la noix. Et il se voit obligé de commenter … Je vois pas ce qui y’a pire dans le rodéo, mais là avec son histoire de l’œuf ça donne envie de gerber … « t’es sérieux ? » Une vache elle donne pas des œufs nan ? ça explique les kinder surprise alors … « bah t’sais on a perdu la seule meuf qui pouvait gérer ça … » ouais petite fée, aka Ember ou l’inverse je sais plus, fille d’un papa fermier … Dommage, niveau timing la vache elle tombe pas dans le bon moment, parce que je vois ni Eléa, ni Ringo –là c’est pire- ou bien Hina s’occuper de la pauvre bébête qui est entrain de souffrir… Bon moi ça me fait ni chaud ni froid parce que j’ai déjà pissé sur un écureuil l’autre jour, mais juste que … elle me fait pitié n'empêche, on sait même pas ce qu’elle a, et y’a aucun moyen de diagnostiquer ce qui lui arrive en ce moment. Je suis pas spécialiste en animaux, mais lui vu qu’il se trimballe un chien non-stop il doit surement … « tu t’y connais en vache toi ? » Je demande, mes yeux en mode hibou empaillé toujours rivé sur le truc qui lui sort du cul… Bon je sais qu’il doit certainement pas y’avoir un vétérinaire parmi l’équipe, mais le médecin des candidats peut faire l’affaire je crois, il doit surement avoir soigné le même truc auparavant chez quelqu’un … c’est pas con, du moins c’est ce que j’en pense…

Bon, visiblement, j’ai pas pigé, et il tient absolument à m’expliquer. Du coup, je me retourne et le contemple, très attentif à ce qu’il s’apprête à m’apprendre. Donc le Rodéo c’est un truc en particulier, c’est ça ? Apparemment oui. Il s’agit de choper une meuf au pif. Déjà, ça commence mal, je chope pas, je chauffe pas non plus. C’est l’inverse en fait. Totalement, même. Y a un dicton qui dit ‘l’homme propose, la femme dispose’. Bah avec moi, c’est le contraire. C’est moi qui dispose, pas l’inverse. Et donc, la suite c’est quoi ? Lui dire que j’ai le Sida ?! Là, sur l’instant, j’dois avoir l’air passablement con tendance choqué. Mais choqué, je le suis. Sans déconner, c’est quoi le but ? Y-a-t-il seulement un but ? « Tu mets pas de capote ? » à défaut de lui dire à quel point je trouve ça abjecte, je préfère évoquer le deuxième point qui me perturbe. « Parce qu’à trop jouer à ça, bientôt t’auras même plus à prétendre l’avoir, en fait. C’est chouette, non ? » En fait, très sincèrement, j’espère qu’il me fait une blague et moi, comme un gros con naïf, je tombe dans le panneau. J’espère très sincèrement, sinon j’aurais l’impression de rencontrer un autre Jan, un Jan que j’aime pas beaucoup en fait. Sauf que, pour l’instant, on a un peu autre chose à foutre que de s’interroger sur l’existence du Jan et de son jumeau maléfique. Là y a quand même une vache pondeuse. Et sachant que les mammifères ne pondent pas, j’imagine qu’on assiste à une première dans l’Histoire. Il me demande si je suis sérieux. « L’évolution de l’espèce... » je réponds, presque ému, t’sais. Il a l’air écoeuré, mais faut pas. « Je me demande ce qui va sortir de là... Est-ce qu’elle a été fécondée, déjà ? » Je sais que les poules doivent être fécondée par le coq pour avoir des poussins, sinon ça donne des oeufs à bouffer, quoi. Mais cette vache ? « Tu crois qu’on va pouvoir se faire un oeuf au plat pour dix ? » Il me parle de quelqu’un qui saurait gérer ça. Mais qui ? Sachant qu’on assiste à une première dans l’Histoire, j’imagine qu’il n’existe pas encore d’expert. Pareil, il me demande si je m’y connais en vache. « T’sais, c’est une vache qui pond un oeuf. J’pense qu’on peut oublier tout ce qu’on croyait savoir sur les bovins. » j’annonce, en entrant dans le box vide d’à-côté, afin de me rapprocher du lieu du sinistre, à l’arrière donc. « C’est étrange, viens voir ! » j’dis en grimpant sur la rambarde pour m’approcher un peu plus. « L’oeuf il a pas de coque. Il est pas rigide. Il est pas fini ! » j’en conclus, tout naturellement. « Vas-y, la vache, déconne pas, ravale le tout, il est pas fini. » je m’adresse directement à la bêtement, en lui tapotant le flanc. Sauf qu’elle m’écoute pas, et dans un mugissement de dingue, elle lâche encore un peu plus d’oeuf. « T’sais quoi ? J’commence à douter de ma théorie de l’oeuf... » Oui, seulement maintenant. « Elle met bas, en fait. » Bien, il m’aura pas fallu trop de temps, c’est cool.

La tête qu’il me fait c’est juste du pur bonheur … Faut la voir pour comprendre pourquoi j’arrive pas à réprimer mon rire. Elle est juste drôle quoi, et je m’amuse à la détailler, sourire au visage. Genre il doit être choqué par tant de noirceur, ou tant de mots trash déballés à la milliseconde … ça doit être trop pour lui, petit prince fils à papa des grands châteaux … L’humour noir il connait pas on dirait ? Les vannes douteuses, les blagues qui grincent, ça aussi ça doit pas être sa came. Les types comme lui on les trouve jamais dans nos salles … Les types comme lui je le verrais beaucoup mieux dans un opéra entrain de se faire chier à regarder un arbre danser et chanter en italien ou je sais pas avec quoi ils parlent … Je tapote sur son épaule, sourire au coin… « oublie, c’était une vanne … » C'est comme si je venais de lui ôter un fardeau plus gros que le cul de Ringo ... ouais calmos, c’est le genre de blaguounette à faire en compagnie d’une vache, d’un taureau ou d’un truc similaire, ou bien à un pote marié ou juste casé avec une copine toute new … Nous entre mecs on parle justement de ça et on se vanne sur ça, parce que ouais on a les potes qu’on a on y peut rien, donc lui au cas où il avait des potes –ce qui est peu probable- il vient d’apprendre un truc, moche je lui accorde, mais qui demeure tellement moche qu’il fait rire … Perso moi j’adore toujours, même si ça doit faire la trois centième fois que je la sorts celle-là… ouais ça veut jamais pourrir héhé … Le truc de la capote me fait sourire aussi, et là avec les grimaces qu’il est entrain de s’inventer pour exprimer ce qu’il doit ressentir bah ça me pousse pas vraiment à garder mon calme … « j’utilise pas de capotes, mais je baise pas n’importe quoi non plus … » ouais je suis très sélectif comme type, un gros romantique qui préfère la relation plutôt que l’acte en lui-même, et la preuve et que j’ai baisé avec personne ici, ou du moins avec aucun matériel non détecté au préalable … On saute du coq à la vache, et là il me sort l’évolution des espèces … On assiste à la genèse, non d’un œuf issu d’une vache je crois -reste à prouver si c'est une vache, ou si c'est un oeuf qui sort parce que les deux sont juste impossible à concevoir à la fois- mais à la genèse des théories para-néo-darwiniste d’Amédée sur l’évolution biologique d’une espèce primalucienne … Genre le mec vient de cracher sur Mendel et compagnie, et vient de s’approprier une grosse partie de la science d'un simple constat, d’une simple observation, la classe quand même … Et là les hypothèses fusent, genre un œuf pour dix … Ok ça c’est la quatrième loi d’Amédée c’est ça ? « La quatrième loi de Mendel dit que si une vache fait sortir un truc blanc de son cul c’est que c'est un œuf pour douze personnes maximum qui apparaîtra en F1, sauf si le papa et la maman sont de souches pures tu vois … parce que sinon c’est un truc orange pour huit personnes. »J'ai l'impression de commander une pizza.  J'essaye d'utiliser des termes basiques pour lui faire comprendre l'incompréhensible. On prépare notre thèse de doctorat pour la faculté PL ouais. Et comme exemple je citerais Milka qui demeure dans l'histoire de la génétique publicitaire la seule vache homozygote qui a éjaculer sur les théories de Richard Dawkins. Donc c'est soit Prima Luce tient une vache méta-hybride, soit on est entrain de passer pour des teubés. Enfaîte la quatrième loi n’existe pas, c’est que du baratin tout ça  … sauf si ... « mec t’as découvert la quatrième loi d’Mendel !! une loi qui appuie le concept de l’hérédité par mélange des vaches homozygotes à caractères phénotypiques … » je ne comprends même pas ce que je balance, j’ai l’impression de parler une autre langue et ça me choque même pas … Il prend le risque de s’approcher de la bête, m’invitant à venir voir, et moi pour le coup j’obéis sans réfléchir, comme un con qui sait même pas si ce qu’il y’a à voir est intéressant ou pas. Et là il lâche son diagnostic, style scientifique diplômé comme si le mec se croyait dans les Experts. Il lui reste plus qu’à prendre les photos et tout transporter au labo pour qu’il termine le cliché. Et c’est bon les analyses y’a que ça pour le moment ? Genre l’œuf est pas dur et pas fini ? C’est tout ? Il lui parle même, ce qui me soutire un léger rire … Il est quand même taré l’Amidon … Et là il doute de sa théorie, mon blabla qui se voulait être très intelligent passe pour de la connerie et finalement, et je dis bien finalement, il me sort qu’elle est entrain d’accoucher ou je sais pas quoi. Je m’y connais rien en animaux, c’est pour ça que je bave sans la bave devant ce phénomène … Enfaîte c’est pas la vache et ce qui en sort qui m’impressionne, c’est plutôt … « t’sais, c’est toujours drôle quand on me parle de naissance … » que ça soit chez les animaux ou chez les humains … ouais c’est un truc tout bizarre chez moi, qui me fascine aussi … voir une femme enceinte suffit à me rendre heureux en l’espace d’un instant, et ça s’explique pas je dois dire … « Et maintenant faut faire quoi ? » ouais je demande à voir l’étape suivante, parce qu’il est plus apte à déduire la suite que moi … limite ce que je peux faire, c'est lui expliquer non-scientifiquement avec des mots plus difficile à retenir qu'anticonstitutionnellement les phénomènes qu'il observe, pour éviter de faire tapisserie devant lui, hum ...  

C’était une vanne, ouai bah précise avant, steuplé, au lieu de te marrer comme un connard, j’suis pas censé savoir, hein. J’y connais que dalle en pratiques sexuelles déviantes, j’suis assez basique de ce point de vue là, et ça me convient parfaitement. Et puis y a tellement d’abrutis dans notre génération, j’imagine que tout est possible, et ça aussi... Il se fout de ma gueule, et j’hausse les épaules, pas le moins du monde vexé. Il m’en faudrait tellement plus. Il précise qu’en effet, il n’utilise pas de capotes, mais qu’il ne baise pas avec n’importe quoi. J’dois être vieux jeu, mais le terme ‘baise’ introduit directement la notion de ‘n’importe qui’, selon moi. Tu baises pas avec quelqu’un que tu respectes, et si tu le ou la respecte, alors tu le ou la baise pas. M’enfin, c’est peut-être une vision archaïque des choses. La mienne, en l'occurrence. Changeons de sujet, y a plus important, là, tout de suite, à savoir une vache pondeuse, une poule next generation ! Je lui demande de s’approcher pour observer, avec moi, le phénomène de plus près, et c’est là qu’il décide de se lancer dans un monologue pseudo scientifique visant, très clairement, à me noyer et/ou m’impressionner, au choix. Sauf que... « Attends, t’essayes de m’embrouiller avec les théories d’un putain de botaniste qui sniffait ses coques fin XIXème ? » Non, mais, parce qu’il espérait quoi, en gros ? Que je sois teubé pur souche, avec aucune notion de génétique ? J’peux pas lui en vouloir, même mon frangin ne sait rien de cette préoccupation qui fut mienne pendant genre... super longtemps. Et, évidemment, qui s’interroge sur la génétique tombe inexorablement sur Gregor et ses trois lois. « Alors, déjà, nous sommes deux siècles plus tard, quand même, et donc tout peut arriver, hein, faut le savoir. Et puis, c’est pas un petit pois, là, c’est une vache ! » que je lui affirme en désignant le bovin de mes deux bras, des fois qu’il ne l’aurait pas encore remarqué. « Donc les lois de Mendel, tu les oublies, et tu t’en tiens à la première loi d’Amédée... » Ouai, j’vais pas lui balancer mon nom de famille si facilement, quand même, j’suis pas dupe. « Mais s’tu veux, on partage la découverte. » comme ça, je ne serais pas le seul immortel de cette étable.Y aura lui, moi, et puis la vache. Bah oui, c’est un peu comme le premier mouton clôné, là... Comment elle s'appelait cette conne ? Dolly ? Bref, on s’en fout. L’important c’est la vache. Et j’suis entrain de m’efforcer de lui trouver un nom lorsque je me rends compte que l’oeuf est quand même méga bizarre. Tellement bizarre que j’en viens à la conclusion, tout seul, comme un grand, qu’il ne s’agit pas d’évolution de l’espèce, mais d’une vache donnant naissance à un truc bien dégueulasse, encore dans sa poche de fluide tout aussi dégueulasse. Et l’autre qui s’extasie devant le miracle de la naissance. Il est sérieux, là ? L’autre elle pousse des hurlements à réveiller des morts, ça suinte de partout, et lui il observe le tout avec émerveillement. « T’es bizarre, t’sais. » Non, sérieux. J’l’aime bien, mais il est un peu chelou, quand même.Et là, là il a cette question-réflexion de ouf, celle que je voulais pas entendre, et qui, grosso merdo, m’érige en maître décisionnaire. Genre j’suis le boss. J’aime bien, en général, mais pas là. Non, là, y a une vache qui enfante, et c’est pas dans mes options d’études. Alors faut faire quoi ? Bah... « Elle a l’air de gérer. » j’affirme en tapotant le flanc de la vachette. « Elle sait c’qu’elle fait, on a qu’à superviser. Tu prends le cul, j’prends la tête, hein ! » Chuuut ! J’suis le boss ! Et ne lui laissant pas le temps de la réflexion ni celle de la protestation, je saute de mon perchoir pour cavaler en direction du bon côté de la vache. « Tu m’dis si tout va bien, hein. » Oui, et moi, pendant se temps, échange de regard avec Marguerite. « Souffle, souffle... Comme un petit chien, genre saccadé. Vas-y... Et... POUSSE ! POUSSE ! POUSSE ENCOOOORE ! Et souffle ! Petit chien ! » J’ai vu ça dans Grey Anatomy. J’suis doué, n’est-ce pas ?