Ringo - vers 21h

Je navigue librement, n’ayant plus rien à faire de la soirée. Ma séance de muscu quotidienne ne suffit plus à divertir ma journée entière, ni à me prendre mon temps tellement je commence à trouver que du temps, bah j’en ai trop. Ouais les journées commencent à être trop longues, les contacts humains démunient vu que la zone pion commence à gravement se vider, et du coup on commence à divertir le public, surtout les femmes de moins de soixante ans avec des séances d’abdos, alors que y’a largement mieux à faire. Je passe par la douche histoire de me laver, sauf que je me décide finalement de virer source chaude en vue du moment relaxant que cela peut m’offrir. Parce que oui du calme, pourquoi pas un massage ou de la sérénité, j’en ai besoin en ce moment. J’ai les muscles en compote tellement je les ai sur-utilisé ce soir … fallait pas, d’habitude je fais le strict minimum mais là je vois que le tissu a pris cher. J’accélère le pas vers les sources car je n’ai qu’une seule envie : plonger, caler mon dos à mon habitude contre la surface rocheuse brûlante des sources, et me déconnecter de ce monde … J’arrive et je tombe, grosse nouveauté mesdames et messieurs, sur ½  aka Ringo, ou l’inverse je sais plus c’est quoi son vrai prénom. Grosse surprise quand même, et gros moment parce que je me dis que huit milles téléspectateurs étaient entrain de suivre la scène avant que je ne vienne, où madame va certainement se déshabiller pour plonger … Elle fait monter le thermomètre en puissance dis donc. Quoique non avec ma présence elle va rougir une nouvelle fois et rester à sa place comme un asticot dans le froid. Et puis c’est bizarre quand même, je suis peut-être sur le point de la voir pour la première fois hors manteaux et hors habits, c’est quand même nouveau ça. Munie de mon plus beau sourire, je m’approche de son petit corps avant de m’annoncer, au cas ou elle piquait une crise ou un truc similaire … « salut ½… » y’a plusieurs variante comme minus, microbe et demi-portion, mais j’ai signé pour ½ et c’est pas prêt de changer. Et puis je sais que ma présence suffit à l’emmerder, mais j’y peux rien hein, je peux vraiment pas m’arrêter d’exister pour ses beaux yeux. « Alors t’attends quoi ? » Faudrait que je lui montre comment on fait pour se déshabiller ? Je m’amuse déjà à pronostiquer le type de maillot qu’elle porte … « D’ailleurs tu portes un maillot ? » Ouais parce que … je vois que c’est pas nécessaire dans ce cas. Un type qui n’a pas de pieds va pas s’acheter des chaussettes non plus qu’on soit clair … Bon excuse moi j’aurais bien aimé papoter, mais là ça urge j’ai le dos qui souffre, du coup je l’ignore, ouais gros scoop, je l’ignore pour une fois tellement j’y suis pas habitué avec elle, et je déboutonne ma chemise que j’abandonne par terre. Je réajuste mon short, avant de me fourrer définitivement dans l’eau dont la température ambiante calme déjà mes douleurs … Je me dirige vers mon petit coin salvateur, j’y cale mon dos, ne prêtant qu’une légère attention à la petite … Je pourrais fermer les yeux et me détendre, au cas où elle se sentait pas bien … ouais je suis gentil ce soir …

Ils me regardent bizarrement. Vraiment. J'ai croisé quelques candidats en remontant le sentier et chacun d'entre-eux m'a observé avec le même air un peu inquiet qui me souffle qu'ils commencent à se poser des questions sur ma santé mentale. Sauf que moi, la Sibérie, je l'emmerde. Marre du froid, de la neige, des sapins monstrueux. Je veux une plage. Une vraie, qui donne tout le loisir aux téléspectateurs de se rincer l'oeil face au spectacle que peut offrir une jolie fille en maillot de bain. J'emprunte le  chemin menant aux sources chaudes, une serviette de bain drapée sur mes épaules en guise de châle, des lunettes de soleil coincée sur le sommet de la tête malgré que la nuit soit déjà tombée et un bouquin dérobé dans la bibliothèque sous le bras. Arrivée à destination, je pose mes affaires sur le ponton de bois soigneusement, disposant le tout comme je le ferais sur le sable de Miami: serviette étendue, ma lecture rangée à portée de main et mes chaussures alignées sur le côté. Je me lève doucement en m'étirant, sereine face à la quiétude du lieu, afin de commencer à me déshabiller. Une voix me stoppe nette dans mon élan. Je me retourne pour river mes prunelles sur Jan qui s'incruste  tout naturellement dans le havre de paix que je venais de me constituer. Il parle fort, adopte son sourire agaçant et commence sans plus attendre à se moquer de moi.« Que tu partes. » je siffle, sachant d'avance que cette réponse ne parviendra pas à le chasser aussi facilement. Pire, il déboutonne sa chemise, déjà prêt à se jeter dans l'eau. Je lève les yeux au ciel lorsqu'il me demande si je porte un maillot, ne daignant même plus lui répondre. Je l'ignore et contre toute attente, il ne bronche plus un mot dans mon dos. Au bout d'un petit moment je jette un coup d'oeil en arrière et le vois s'approcher des roches. Il ne parle plus, ne me regarde plus. Je le fixe pendant encore un instant, avant d'être sûre qu'il ne me reluque pas de loin. Je fais glisser mon jean sur mes hanches et me débarrasse des couches de vêtements que je garde pour me préserver du froid. Je tourne la tête vers le jeune homme pour le surveiller et reviens à ma tâche en pliant mes vêtements convenablement pour les déposer sur ma serviette. Je m'attache les cheveux et pense enfin à pénétrer dans l'eau tout en douceur. Je prends garde à ce que mon [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] reste en place, bien qu'il n'y ait pas grand-chose à cacher. J'avance lentement, légèrement recroquevillée sur moi-même. Je ne suis pas à l'aise avec mon corps. D'autant plus en sachant que Jan se trouve non loin de moi que si j'avais été seule. Je déteste mon allure squelettique et mon absence de courbes voluptueuses que je planque sous un short assez éloigné des bas de bikinis habituels. Je m'habitue doucement à le température essayant d'ignorer la présence masculine qui me perturbe l'esprit. Je m'arrête, rive mes prunelles dans sa direction pour lui faire remarquer avec curiosité.« Tu es silencieux. » Il ne peut pas se moquer de moi dès qu'il en a l'occasion et me laisser brusquement dans le doute en se taisant de la sorte. Je m'inquiète. J'ai quelque chose d'anormal ? De bizarre ? Ce crétin me fait flipper.

Cette fois, elle me tape sur le système, parce que j’ai pas ramené avec moi mon gilet pare-Ringo et que je suis pas d’humeur à faire des blagues. J’ai juste envie de me relaxer et me détendre un peu, me vider l’esprit et me calmer pour évacuer la fatigue qui s’était accumulée durant mes exercices. Sauf qu’elle ne pige pas que ce domaine demeure et demeurera toujours un domaine public. D’ailleurs les pièces maîtresses doivent avoir un endroit bien plus meilleur que celui-là nan ? Alors pourquoi elle se fatigue à venir ici, alors qu’il y’a du 5 étoiles ailleurs ? Elle est trop bizarre enfaîte. Je sais pas comment elle raisonne, et là j’ai pas envie de le savoir tellement je m’en fous carrément. Elle m’annonce donc, avec sa belle trombine et son air de petite princesse précieuse qu’elle attend que je parte. Sympa la réponse, mais de mon côté je me contente d’un sourire léger, presque fade pour la contrer. Et la meilleure, c’est que je l’ignore, alors que j’aime pas faire ça. Ouais j’aime pas ignorer les autres, ça rentre pas dans la définition que je me fais de moi-même, mais mes muscles m’imposent de le faire et d’aller les calmer ailleurs, dans mon coin à moi. Je sens d’ailleurs mes muscles se détendre sous l’effet de la chaleur, et ça me fait un putain de bien salvateur que je ne refuserais pour rien au monde. Je m’exécute et je la laisse toute seule avec ses problèmes conjugaux causés par son corps. Elle en a fait un complexe, alors que c’est pas nécessaire, mais c’est les femmes, donc je trouve ça normal, il suffit d’un truc hors contexte pour qu’elles pensent qu’elles sont grave à chier. D’ailleurs je la surveille d’un demi-œil pour voir un peu l’avancement de la chose, et découvrir pour la première fois de ma piètre existence son corps. C’est une grosse nouveauté ça, voir un privilège carrément tellement c’est rare de la voir nue, ou quasi-nue on va dire. Je croyais qu’elle était du genre à ne pas miser sur le haut et à se morfondre avec une tenue de mec, genre un short de surfeur et puis c'est tout, mais elle a bien un maillot, ce qui me soutire un sourire en silence. Et pas n’importe, puisque je l’aime bien son chiffon, mine de rien. Du moins j’ai toujours aimé ce genre de fille à l’échelle microscopique pliable comme une chaise et qu’on se plait à encercler avec nos gros bras, surtout dans une piscine. J’arrête de la reluquer, et je lève les yeux au ciel pour profiter de la beauté de ce ciel étoilé, sauf qu’elle attire une nouvelle fois mon attention avec sa remarque, ce qui me pousse à abandonner ma contemplation et river immédiatement les yeux vers elle … Je croyais avoir bien fait de la laisser nager toute seule dans son coin, sans venir la déranger, sans venir faire le requin débile et con pour l’embêter, je crois que c’est ce qu’elle cherche toujours, alors pourquoi elle me parle … ? Ouais pourquoi ? Ma pose jacuzzi lui suffit pas pour qu’elle remarque Ô combien j’ai envie de me détendre ? Faut pas non plus sortir des lunettes pour ça hein, c’est assez visible quand même … J’affiche néanmoins un sourire simple, mes yeux toujours fixant son petit corps tout mignon … Lui manque plus que les brassards en canard et une bouée rose et elle me ferait presque bander sur place … « Bah c’est ce que tu cherches non ? » Ouais ne veut-elle pas le silence la petite ? Je sais pas j’arrive plus à la comprendre … Quand je fais le crétin elle me traite … bah de crétin, et quand je parle pas ou que je ne réagis pas, bah elle me fusille avec ce regard, donc moi je comprends pas alors qu’on, ou plutôt qu’elle m’explique parce que là franchement c’est dur à comprendre … « moi j’dis que tu dois en profiter … » ouais qu’elle profite de ce moment de lucidité et de placidité, ça n’arrive que rarement … Et puis je vois que ça la fait flipper dans son coin … Quoi je suis anormal ? J’ai quelque chose de bizarre ? Cette conne me fait flipper aussi.

J'ai chaud. Et froid aussi. Je crois qu'en fait, il n'y a pas meilleur endroit que les sources d'eau chaude à la température diamétralement opposée à celle de notre environnement pour se choper une bronchite. Du coup, je m'immerge entièrement pour faire cesser mes grelottements dûs au vent gelé qui vient secouer mes cheveux. Un brin masochiste, j'aime bien être malade, mais pas ici. J'apprécie être chouchoutée à ma juste valeur, de rester sous ma couette pendant qu'on m'apporte une tasse fumante de chocolat chaud et de ne strictement rien faire sans qu'on vienne me  le repprocher. A la place on me plaint, pensant avec utopie que sans fièvre, j'aurais fait plus de ma journée. C'est chouette d'être traitée en princesse. Sauf qu'ici, ils sont tous ingrats. Ils ne me prêtent pas l'attention que je mériterais de recevoir. D'ailleurs, je suis presque vexée de ne pas entendre Jan clamer une de ses répliques remplie de lourdeur alors que je m'agite en petite tenue sous son nez. C'est vrai ça, je suis sûre qu'il me trouve tellement hideuse sans mes vêtements pour faire illusion, qu'il n'ose même pas se moquer de ma frêle silhouette. Il a tellement pitié de moi qu'il ne trouve pas la cruauté d'en rajouter encore une couche à travers l'une de ses plaisanteries. Je nage dans mon coin, accumulant les allers-retours en face de lui au cas où il n'aurait pas encore remarqué de loin ma peau dénudée. Mais rien. Il reste atrocement silencieux, me laissant seule avec mes complexes. Quel connard. Je le préfère encore crétin plutôt que vicieux de la sorte. J'essaye d'ignorer sa présence et de me le chasser de la tête, mais le capter dans mon champ de vision affalé contre son rocher à chaque fois que je pivote n'aide pas vraiment. Je craque et il ne trouve rien d'autre à me dire que le silence est précisément ce que je recherche en temps normal. Véridicte, mais pas dans un moment comme celui-ci. Je veux du calme parce que je suis seule et non pas parce que monsieur a décidé de se détendre et de rester muet à quelques mètres de moi. Je ne vois vraiment pas comment je pourrais profiter de la situation alors qu'il s'amuse, consciemment ou non, avec mes nerfs. J'angoisse presque là. Je me sens dévalorisée, terriblement moche et pendant que je me pose toutes mes questions existentielles, lui, il barbote dans son coin.« T'es chiant, tu ne comprends jamais rien. » je siffle à son encontre. Je dois être la fille la plus compliquée et lunatique du monde, mais il pourrait au moins faire un tant soit peu semblant parfois. Je ne veux pas qu'il me dévore des yeux, un regard appuyé parce qu'un peu curieux me suffirait. Je ne suis pas exigeante tant que les apparences sont sauvées. Je viens m'asseoir à mon tour. Pas très loin de lui, mais pas non plus juste à côté.« Tu devrais apprendre à jouer la comédie. j'incarne ma vie. » je lance à titre d'exemple. Sortir les bonnes répliques lorsqu'elles sont attendues, sourire quand il le faut... On pourrait croire que je ne m'embrasse déjà pas de ces petites conneries, mais si je cessais réellement de le faire, j'aurais tout d'un robot dénué de sensations ou sentiments.

J’arrive plus trop à la comprendre ça c’est plus un mystère pour personne, et au fur et à mesure que je la côtoie, je me dis qu’elle dépasse de loin Hina en matière de complication. Moi qui croyait que ma brune était le spécimen féminin le plus lourd de la planète, je viens de retrouver pire. Genre cette fille c’est une équation de huitième degré avec quatre inconnus … Non mais c’est vrai y’a pas moyen de la résoudre tellement je comprends pas ce qui lui passe par la tête … ou peut-être c’est juste moi qui ne veut pas faire l’effort de comprendre, ce qui est possible aussi. Je la surveille d’un demi regard à moitié intéressé, de là où je suis, confortablement installé, et je la trouve mignonne dans sa petite baignade solo qui s’essaye au maximum de me virer du décor,  de m’oublier et de faire comme si je n’existais pas, sauf qu’elle y arrive pas la pauvre vu qu’elle lance constamment des regards en ma direction pour voir si je la surveille ou pas. Je sais pas mais elle veut que je la reluque c’est ça ? Que je la viole du regard pour qu’elle se calme ? Je sais pas. Je comprends que dalle quand il s’agit de Ringo. Je m’étire histoire de voir si mon dos me fait encore mal, et je remarque que la douleur commence à disparaître lentement. Je la vois bien qui risque à tout moment de piquer une crise, alors que limite j’ai rien foutu. Genre je suis juste là, tranquille, à ne rien faire, et malgré ma placidité elle bouillonne et risque d’éclater … Pire encore, je la laisse se baigner dans un périmètre sacré, par soucis d’éducation et par respect à son entité de chair que je ne voudrais en aucun cas souiller ou brusquer avec ma promiscuité dangereuse, mais non ça lui convient pas. Et puis c’est drôle, sa personnalité commence à se dessiner au fur et à mesure que je la côtoie, trouvant qu’il ne lui faut qu’un léger recadrage pour qu’elle devienne fréquentable, parce que là, si y’avait quelqu’un d’autre que moi dans les environs, par exemple Amédée qui est du genre pas très patient, je pense qu’il en aurait eu assez de son cinéma. Mais j’essaye d’oublier et je fais en sorte que ça doit lui plaire de faire la gamine capricieuse qui veut impérativement récolter l’attention d’autrui, du coup je vais lui donner de l’attention. Je comprends pas non plus pourquoi elle se sent ainsi, comme si je la délaissais du regard alors que non. Je conçois le fait qu’elle veuille être le centre d’attention et de gravité du moment, mais faut pas quand même pousser trop loin … Et maintenant je suis chiant et je comprends rien. Ça je le sais, et je suis désolé si je fais pas d’effort ce soir, vraiment … Je dépose un petit regard perdu et nonchalant sur ses opales qui viennent de gagner en éclat, et en férocité combative aussi. Si elle en avait l’occasion elle m’aurait éclaté la tête contre une roche je suis quasi-sûr vu comment elle me regarde, et ça me pousse moi à afficher un sourire énervant … juste pour la faire chier encore plus ouais, une sorte de plaisir innocent on va dire. « bah explique moi … » ouais si je comprends rien, qu’elle m’explique hein, je demande à écouter alors. Et là elle me sort une histoire de comédie ou je sais pas quoi. Faudrait peut-être lui rappeler que je suis comédien, humoriste et gros connard de profession ? Du coup le théâtre ça fait partie de ma formation, donc ça aurait été tellement facile de lui mentir et de faire exprès comme elle le désire, sauf que … bah non je veux pas. Surtout pas avec elle. Je me comporte comme je veux, et c’est pas à elle d’en décider. « tu mérites mieux que de la comédie Ringo ... Mais vraiment je t’assure … » Je me relève et là je sens vraiment qu’on va me prendre pour un pédophile, mais bon je me suis levé. Je bouge lentement pour me relever définitivement et je marche en sa direction, prenant soin de ranger mes cheveux mouillés sur le côté … Je lui fais face, réduisant la proximité jusqu'à ce que mon corps frôle légèrement le siens … Je m’éclabousse le visage et les cheveux avec un peu d’eau chaude histoire de virer la fatigue qui avait plombé mes yeux, avant de replonger mes yeux à nouveau dans les siens … « Mademoiselle à toute mon attention maintenant … » voilà … faut que je descende d’un étage peut-être ? C’est préférable oui, du coup je me mets sur mes genoux histoire de ne garder que la tête en surface … « et tu peux être sûr que c'est pas de la comédie … » je profite de ce léger moment de silence pour plonger mon regard là ou il ne faut pas … AAAAAAh j'ai enfin pigé !! J'ai mit du temps on dirait ... « Ah alors c’est ça que tu voulais me montrer … !? » je pointe son petit haut de maillot tout mimi avec mon index, sourire narquois sur les lèvres … je comprends mieux là et je fais comme si je comprenais enfin alors que ça doit pas être ça ce qu'elle s'essaye depuis tout à l'heure à me faire passer… ça aussi ça doit l'énerver je crois ... « j’ai le droit de toucher ? » Aller une première blague pour la détendre … Parce que ouais elle a vraiment besoin de se détendre la petite sinon je sais pas, elle risque de mourir d'une asphyxie du cerveau tellement elle parait sur les nerfs…

Je n'aime pas sentir une paire d'oeil masculine se balader sur mes jambes ou ma poitrine. Ca me fait presque frissonner d'une étrange peur de pouvoir plaire à quelqu'un qui va se mettre dans la tête de tester les différents codes de séductions sur moi. Me parler, me toucher... Non, vraiment c'est exactement le genre de choses qui me mettent mal à l'aise. Je ne suis pas habituée, je n'ai pas appris à éconduire les hommes dans un sourire poli sans être prise de violents rougissements. Sauf que ne pas plaire est encore bien pire. Je me remets en question, je m'interroge sur l'image que je peux renvoyer aux autres. C'est flatteur tout en étant agaçant. Quand bien même ça se cantonne à une brève inspection observatrice, c'est embarrassant de se faire reluquer. Les pensées ou l'imagination sont assurément plus vraies que la réalité comme je me tue à essayer de lui faire comprendre. On ne joue pas la comédie dans nos têtes. Je mérite mieux selon-lui, mais c'est tellement plus facile de se laisser convaincre par l'hypocrisie des autres. On interprète, on transforme, jusqu'à ce que ces actes deviennent vérités dans nos esprits. Je suis experte en la matière. Je crois fermement aux illusions tant qu'elles me conviennent. J'arque un sourcil pendant qu'il se lève lentement. Il surgit de l'eau pour marcher dans ma direction en se passant la main dans ses cheveux mouillés. On se croirait dans une putain de pub de parfum, ça en est même perturbant. Je le suis du regard avec mes deux prunelles rondes d'appréhensions. Qu'est-ce qu'il fait encore ? Si j'avais voulu m'asseoir à côté de lui, je me serais assise à côté de lui. J'aime pas trop la proximité avec les autres, je préfère discuter avec une infime distance de sécurité. Mais ça semble trop compliqué pour Jan de comprendre une chose pourtant aussi évidente. Il s'approche tellement qu'à un moment je sens nos peaux se frôler. Je réprime une réaction de recule passablement effrayée par les contacts humains pour plonger mon regard dans le sien pendant qu'il se met à ma hauteur. Du coup, je ne rate pas une miette de ses yeux descendant de mon visage pour se river un peu plus bas et de l'éclat de satisfaction qui les illuminent. Il pointe son affreux index en direction de mon haut de maillot de bain avec son sourire d'idiot agaçant. Je m'enfonce un peu plus dans l'eau et vire le doigt qui me désigne toujours du bout de mon pied qui vient de surgir à la surface. Je suis excédée. Et un peu rassurée aussi, parce que ne pas être le centre de ses railleries m'avait vraiment fait flipper. Un peu comme s'il s'était passé quelque chose chez-moi qui m'avait reléguée au second plan, que j'avais perdu de mon importance dument méritée. « Quoi ? » je réponds aussitôt feintant de ne pas être sensible à sa connerie. Et puis ce n'est pas comme s'il y avait quelque chose pouvant vraiment être touchée, il a oublié que j'étais dénuée de seins ?« Ce que tu peux être con. » je souffle à raison informative au cas où il n'en aurait pas conscience. « Est-ce que ça fait rire des gens ? » Parce que je commence à m'inquiéter si c'est bien son boulot comme il semble le dire. « Si t'y arrives avec moi, je te laisse toucher. »

Quoi, elle a pas entendu ? Genre elle fait semblant de pas avoir entendre c’est ça ? Bah elle est pas crédible la petite, d’autant plus que c’est ce qu’elle cherchait après tout. Putain mais je me dis que d’ici la fin du jeu, si je reste encore en vie, je vais surement péter un gros câble parce que je comprends que dalle. Je vais me suicider deux fois contre une roche, et je suis sûr que ça va pas suffire. Mais voyons le bon côté des choses, parce que mine de rien elle me fait vraiment rire, et ce qui me plait chez elle, hormis son petit teint qui vire directement au rouge après chaque acte à connotation sexuelle qui ne l’est surement pas, ou juste de surface, c’est son petit regard enfantin de petite fille capricieuse. Son petit pieds et si petit aussi qu’il est mignon, ce qui ne m’ôtera jamais mon gros sourire lourd à encaisser. Mes muscles sont peut-être en compote et hors d’état de servir sa majesté Jan ce soir, mais le visage est clairement à sa fête vu qu’elle m’amuse. Elle rajoute en me rappelant Ô combien je peux être chiant, con, lourd, énervant … la panoplie du teubé en un seul mot : con ... et tout ce que je ne suis qu’avec elle. Ça aussi c’est drôle, et au contraire moi j’aime bien. « ce que tu peux être beeeeeelle … » ça aussi c’est con, mais c’est pour appuyer ses dires … ouais effectivement je suis con haha. Et j’y peux rien hein, y’a des phases comme ça. Et si ça fait rire des gens ça ? Carrément. Moi j’appartiens à la catégorie des ‘gens’ et ça m’a fait rire, donc oui ça doit faire rire les gens. Voilà. Je pourrais le lui démontrer par A+B, mais elle s’empresse d’ajouter que je pourrais éventuellement caresser ses pseudo-seins si j’y arrive … à les trouver ? Mais arriver à quoi ? A la faire rire ? Je sais pas. D’ailleurs elle a pas encore pensé à la chirurgie machin non ? Ou plutôt si elle est dispo j’ai une pompe dont je m’en servais pour gonfler … bah une piscine gonflable, et je crois qu’avec deux voir trois petites manœuvre y’a moyen de lui arranger les choses … quoique non, je l’aime bien en mode ipad aussi, ça a son charme. « Toucher l’intouchable ? » J’écarquille les yeux comme si je m’étais fait sodomiser par un âne … Oh elle est prête à se faire toucher les seins ? Je fais le con avec ma tête avant de reprendre une expression normale, amusé par la tournure que prends la situation. Non je vais pas la toucher bizarrement, je passerais gravement pour un pédophile et je risque après ça ma place en finale, du coup j’ai une meilleur idée que je compte exécuter le plus doucement possible, le plus rapidement aussi parce que ça demande force, rapidité, agilité et acuité visuel. La dernière c’est pour bien viser, au cas où. Je soulève son menton avec l’index qu’elle vient de chasser avec son mini-pied, et je m’approche dangereusement de ses lèvres histoire d’y déposer un baiser que je juge entre 20 et 22 sur 20, en toute classe bien sûr… Je vire mes lèvres des siennes un instant, reculant légèrement parce que là je pronostiquerais bien une petite tarte pour dérangement inapproprié, mais j’en ai jamais reçu, donc ça me réconforte, quoique légèrement … Et qu’elle ne se fasse pas trop de scénario la petite, c’était juste pour la décoincer et la décomplexer un peu … « bon t’as 15 secondes pour me gifler, au cas où tu voulais … » baffe retentissante dans allez 8,7,6,5,4 ... sauf qu'elle vient de se faire embrassé par le sex-symbol de la saison, j’en connais certaines qui en aurait rêvé haha donc bon, elle serait pas crédible… parce qu'elle est vachement chanceuse la Ringo, vu sous un autre angle … je reprends mon sourire bidon avant de poursuivre… « mais je suis sûr que t’as kiffé … »  héhé ouais donc je vois pas pourquoi elle le ferait … quoique je me dis qu’elle peut quand même me gifler, mais elle aura kiffer tout de même donc bon… « J’embrasse vachement bien non ? Je suis le gendre parfait tu vois … » Ma mère a vraiment fait de moi grâce à sa science de merde un bébé parfait on dirait ... boulversant je sais, sauf que je suis prêt à péter et faire ressortir de grosses bulles juste pour contredire mes derniers mots parce que c’est un procédé marrant en lui même ça, mais non ça risque d’exécuter mon image et ma nouvelle place dans les sondages donc… non ... et en plus j’ai pas les gaz pour péter donc … dommage ouais. « allez on en refait un autre ? » Je ricane et je souris sous l’idiotie voulue de ma question … non mais je la comprends quand elle dit que je suis con, ouais je la comprends la pauvre …

Et il est lourd en plus. Tellement fatiguant et agaçant. Je souffle d'un air blasé pendant qu'il affiche sa mine légèrement satisfaite qui ponctue chacune de ses railleries. Je me demande s'il y a des personnes sensibles à son humour, parce que ce n'est clairement pas mon cas. Jusqu'à maintenant, il m'énerve bien plus qu'il ne m'amuse, mais c'est sans doute parce que la majorité de ses plaisanteries sont directement dirigées à mon encontre. Je lui lance un défi, de toute façon je suis sûre que je vais gagner. C'est vrai, est-ce que quelqu'un m'a déjà vu rire sur l'échiquier ? Pari tout de même osé puisque je ne laisse pas le premier venu toucher ma poitrine, même personne à vrai dire, mais je crois que formuler cette proposition vaut toutes les conséquences à venir vu la tête qu'il fait. Ses yeux se sont écarquillés façon merlan frit. Il a l'air encore plus crétin, la surprise ne lui va pas vraiment.« Bah oui, pourquoi pas ? » Ce ne sont que des seins après tout. J'aimerais pouvoir me moquer encore un petit peu de la mine qu'il affiche, sauf qu'entre-temps quelque chose s'est passé dans son regard. Quoi, je ne sais pas, mais comme souvent avec Jan je préfère rester sur mes gardes. J'arque un sourcil, l'observant avec méfiance jusqu'à ce que son index soulève mon menton. Sur le coup je ne comprends pas. Je suis naïve, peu expérimentée, donc non, je ne me devine pas tout de suite qu'il compte m'embrasser. Quand il se rapproche non plus. Je crois que je ne comprends ce qui se passe que lorsque ses lèvres ont déjà atterries sur les miennes. Le temps que ça monte jusqu'à mon cerveau, je n'ai pas le temps de protester que c'est déjà terminé. Je ne réagis pas, je reste immobile. Jan, lui, parle, parle, parle. Ce qu'il peut être bavard, je ne m'entends plus réfléchir. J'aimerais bien le gifler, en plus il m'en donne l'autorisation, mais c'est super bizarre de frapper quelqu'un de cette manière. C'est théâtrale, pas toujours naturel donc non. Je suis sûre que ma main s'écraserait contre sa joue mollement ce qui me vaudrait de nouvelles moqueries de sa part. Il continue, insinuant que j'aurais pu apprécier la chose. Je fais une légère moue hésitante, me mettant à me mordiller la lèvre inférieure. Elle me chatouille. J'ai chaud aussi. Je crois que mes joues ont dû prendre une teinte encore plus rouge que d'habitude. Je n'échange que rarement des baisers, ça a dû m'arriver une ou deux fois, mais s'il s'agit des effets secondaires, je ne suis pas sûre de vouloir réitérer l'expérience. Je me sens bizarre. Furieuse et engourdis. « On demandera à mon père ce qu'il en pense … » C'est stupide, je ne vois pas celui-ci être comblé de savoir que Jan embrasse convenablement. Même pas du tout. « T'es stupide d'avoir fait ça. » je siffle après avoir récupéré toutes mes capacités. Sa meuf va me tomber dessus. Vicieuse, la production va diffuser les images, les autres vont se faire des idées sans rejeter toute la faute sur la connerie de Jan et Hinarani va me détester. Elle essaiera de m'écorcher avec ses ongles parfaitement manucurés ou de m'étouffer avec cette poitrine généreuse que je n'ai pas. Vraiment, je n'ai jamais vu un crétin pareil. Et en plus il me demande de faire un autre baiser avec son sourire idiot.« Dégage. » je m'emballe en martyrisant son torse de petits poings inoffensifs pour le faire reculer. Ca m'énerve, je ne peux même pas partir en toute dignité. Je perdrais instantanément toute ma superbe en bataillant pour enfiler mon jean sur ma peau mouillée. Du coup je reste coincée sur mon bout de rocher comme une débile. Il veut pas partir, lui ? Je lui lance un regard noir en essayant de lui faire passer le message.